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3,94

sur 2424 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Décidemment Emmanuel Carrère a le sens du récit, ce don assez rare de trouver du sens, de la cohérence, de la pertinence dans des trajectoires qu'un observateur sans grande imagination ni talent trouverait au mieux surprenantes, au pire incohérentes.
L'histoire de ce Limonov est intéressante, mais son traitement ne demandait sans doute pas 500 pages à moins de compter sur le talent de ce biographe-là... En résumé, tout le potentiel de ce héros auto-proclamé, de cette petite frappe égocentrique mais charismatique, staliniste mais fasciste est exploité dans ce récit qui prouve qu'on peut parler de n'importe qui et de n'importe quoi si c'est suffisamment bien fait.
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Je n'avais jamais entendu parler d'Édouard Veniaminovitch Savenko auparavant. Quel personnage haut en couleurs ! Baroudeur, poète, soldat, clochard, hétéro, homo, les deux à la fois, … Limonov semble avoir eu plusieurs vies et être passés par tous les états. La plume, parfois acerbe, d'Emmanuel Carrère brosse un portrait qui se veut objectif du personnage et d'une Russie dont l'histoire est aussi riche et dure que celle du protagoniste du roman. S'il y a quelques longueurs, Limonov se lit aussi comme un livre d'histoire qui m'a fait découvrir des pans inconnus de l'histoire de ce pays que j'aimerais tant visiter.
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Limonov est une personnalité russe bien difficile à cerner et à raconter. Emmanuel Carrère y réussit. Tout l𠆚rt de son récit est de faire se rencontrer la petite histoire de Limonov et la grande histoire de la Russie de 1943 à 2011.
A la fois rebelle underground, poète dans une banlieue pauvre de la Russie de Gorbatchev, punk clochard à New York puis écrivain en France (bon ou mauvais ? Cela ne semble pas toujours évident pour l𠆚uteur), soldat en Serbie puis fondateur du très discutable Parti national-bolchevique en Russie, la vie de Limonov est une aventure incroyable. D𠆞rrance en ratages, de réussites en reconnaissance nationale, l’homme ne cesse de se chercher depuis que le communisme s𠆞st effondré.
Guidé par son égo surdimensionné et sa soif de reconnaissance, l’homme est prêt à tout pour devenir une célébrité. Son image de « rouge-brun » (fasciste et communiste) me dérange. Malgré tout, le « raté » Limonov peut se transformer en héros presque attachant, du moins authentique à défaut d’être sympathique, grâce au talent et à la finesse d𠆞manuel Carrère.
Après la classe de neige et Yoga, c𠆞st clair : je suis définitivement accro au style carrérien, tant son écriture rend tous les sujets passionnants. Il raconte sans en avoir l𠆚ir, à partir de tous ces petits détails qui font de grandes histoires.

 
 
 

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« Il faut construire sa stratégie de vie, disait-il, sur le présupposé de l'animosité d'autrui. » Avec un mantra pareil, il faut s'attendre à découvrir un ego surdimensionné chez cet écrivain russe, Édouard Veniaminovitch Savenko, dit Limonov, né en Ukraine sous l'ère stalinienne. Une jeunesse de petit voyou précède une période dandy et des prétentions à la poésie dont il souhaite qu'elles deviennent un tremplin vers la célébrité et surtout une échappatoire au travail en usine. Un exil à Paris, ensuite à New York City où ses débordements sexuels alliés à une existence quasi clocharde achèveront de forger sa personnalité d'écrivain enfin publié. Un retour dans l'empire russe éclaté, entrecoupé de passages survoltés en ex-Yougoslavie déchirée par la guerre civile, lui permettront de se coller au plus près de la politique active en Russie.
Cette vie aventureuse et cet esprit fantasque ont fasciné Emmanuel Carrère et, même si l'homme n'est, somme toute, qu'un autre de ces narcissiques accros à la gloire, le style et la construction de cette biographie en font une lecture intéressante et instructive. Les pages sur l'effondrement de l'URSS sont, à ce titre, édifiantes.
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L'auteur, conscient de la normalité de son parcours, jette un regard envieux sur celui de Limonov. Délinquant juvénile, poête, dandy, clochard, facho, guerrier : cette existence aventureuse, ponctuée d'une sexualité débridée, fréquemment pathétique, inspire dégoût et fascination. La découverte de ce personnage controversé ne laisse donc pas indifférente.
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Instructif
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La dernière page de Limonov tournée et me voilà sur Wikipédia, cherchant à en savoir davantage sur l'histoire politique de l'URSS et sur Édouard Veniaminovitch Savenko, dont j'ai appris le décès quelques semaines après ma lecture.
Emmanuel Carrère écrit avant tout sur Limonov, mais aussi sur les conditions de vie en URSS entre les années 45 et 90 et sur l'après-communisme en général. J'ai appris beaucoup de choses grâces aux références, dont ce roman n'est pas dépourvu.

Emmanuel Carrère a beau préciser en quatrième de couverture qu'il suspend son jugement au sujet de Limonov: héros ou salaud? Pourtant, à le lire, il me semble que loin d'être objectif, il a lui aussi eu beaucoup de mal à l'aimer. Je ne l'apprécie pas non plus.
Limonov est un homme controversé, il change d'humeur trop souvent, il est difficile "à cerner", malgré qu'il soit aimable parfois, il n'en reste pas moins détestable souvent. Enagagé, certes, mais vulgaire. Doté de qualités d'adaptation exceptionnelles, mais dépourvu de compassion.

Malgré certains passages violents et difficiles à la lire, Carrère a les mots pour nous transporter dans les péripéties de Limonov, qui, bien que romanesque n'est pas un personnage de fiction. Il a été voyou, clochard, valet de chambre d'un milliardaire, écrivain, soldat, chef de parti...
Ses rencontres, débauches, violences, amours, haines m'ont fait aimer l'écriture d'Emmanuel Carrère, et ce monde d'après-guerre que je ne connaissais pas.

Le héros de ce roman est l'anti-héros par excellence. Mais un anti-héros fascinant.
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Lecture agréable, mais je ne suis pas trop Histoire, ni biographie.
Lien : https://mespetitsloisirs.fr/..
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Mon idéal de vie est un mélange de tranquillité, de confort simple et douillet , de discrétion et d'habitudes. Autant dire : à l'extrême opposé de celui d'Edouard Savenko alias Limonov, "héros du jour".

Je ressors donc de ce bouquin en étant un peu partagée :

... J'ai été assez fascinée de découvrir le parcours extrême (à tous les niveaux... Physique/mental/professionnel/idéologique/etc ) de Limonov (ayant un niveau de culture générale situé bien au dessous du niveau de la mer je ne connaissais pas cet individu avant d'ouvrir ce livre ... ), l'écriture d'Emmanuel Carrère est fluide, vivante et on lit un véritable roman d'aventures "modernes" (j'ai souvent pensé à "Je, François Villon" de Jean Teulé au fil de cette lecture : les errances d'un homme atypique, le sexe, la violence, la loi/l'autorité, les hors-la-loi, la crasse, les extrêmes ...).
J'ai été intéressée par tout l'aspect historique/culturel/politique des pays de l'Est cités (...je me souviens des infos-TV à l'époque, je regardais ça de loin... sans trop chercher à comprendre ...Et même en tâchant de comprendre on s'aperçoit , comme dirait E.Carrère , que: "c'est plus compliqué que ça"... ).

... En revanche j'ai été exaspérée, de façon croissante au fil du texte, par cette façon de présenter des Pourritures en Héros.

Alors certes E. Carrère place chaque fois une petite phrase pour préciser qu'il ne cautionne pas tel ou tel truc mais l'impression du contraire sourd de toutes parts ... On sent qu'il est fasciné par ces personnages cabossés et tarés et que dans son échelle de valeur il doit y avoir d'un côté les mous-du-genou-honnêtes qui ne font (à ses yeux) rien d'intéressant de leur vie et de l'autre côté ces desperados-hystériques-et-flamboyants qui font des choses qui aboutissent souvent à rien et/ou à des bains de violences mais au moins qui sont "vivants" Eux (!)... Rhaaaa ça m'agace ... ce côté " leur-vie-c-était-la-misère mais Eux ils sont Fiers et Courageux et peu importent leurs actes on peut dire qu'ils auront 'vécu', Eux ! "

Eh bien : NON , je suis désolée , je suis mémé-la-morale peut être mais non quoi ...Le côté lyrique pour évoquer les prisonniers haute sécurité de la prison où Limonov se sent enfin "à sa place" entouré de gens siii fiers et siiii sensibles (et tant pis s'ils ont violé ou tué avec barbarie, etc ce sont de vrais "hommes" qui ont fait comme ils ont pu avec ce qu'ils étaient...), ça ne passe pas pour mémé-la-morale.

Il y a des gens qui viennent de la misère et qui tâchent d'avancer dans leur vie à la force de leur travail, sans faire suer le monde, sans tuer , sans violer ou sans chercher à trucider des peuples et ce sont eux les Héros. Après c'est sûr que leur vie est sans doute moins rocambolesque à "écrire" (et "à lire" ... soyons francs, ah!) que celle des psychopathes ...

Et je le répète : même si Emmanuel Carrère répète ici ou là au fil des pages qu'il ne cautionne pas ou qu'il ne sait pas trop quoi penser de telle ou telle réaction de Limonov mais que blablabla (et tout en écrivant sa phrase il fait une pirouette et finit toujours par lui trouver des excuses...) son écriture (la façon dont il articule son récit , dont il fait ses descriptions, fait des parallèles avec sa propre vie, etc) dit le contraire (il est fasciné par le gars et semble tout lui laisser passer parce que ça a du panache quoi, de la gueule...).

Même quand Carrère évoque les "NazBols" (c'est à dire les membres du parti d'extrême droite (?)(gauche?droiche?gaute?)(bref extrémiste...) fondé par Liminov et sa clique) en nous expliquant qu'ils ne sont pas ceux-que-l-on-croit (ex: page 387, édition POL ... parce que eux-patati-patata-mecs-gentils-vie-misérable-pas-représentés-par-les-autres-groupes-politiques-etc) il semble aveuglé d'admiration car je trouve que sa démonstration ne fait, au contraire, tomber aucun cliché, et ne vient que confirmer que les jeunes NazBols (jeunes femmes ou jeunes hommes) de la clique de Limonov tels que les décrit Carrère sont exactement les mêmes que ceux à-qui-on-pensait, il ressemblent tellement à tous les jeunes membres de n'importe quel parti d'extrême droite de n'importe quel pays occidental ... ils en sont venus là pour les mêmes raisons, ils ont le même look, le même âge, les mêmes références, etc. Bref en pensant nous montrer combien ils sont différents (et/ou "excusables" d'en arriver à certaines extrémités ... ) il ne fait que nous montrer combien ils sont similaires à ceux-que-nous-connaissons. Pour fonder son parti Limonov n'a rien inventé, il n'a fait que reproduire une recette qui fonctionne depuis la nuit des temps quel que soit le pays ...

Pour ma part dès le chapitre 5 (où il est question d'un viol collectif dans la rue , auquel Limonov participe alors même qu'il n'est qu'un jeune adolescent ) je n'ai plus trouvé aucune excuse au personnage, qui m'est apparu de plus en plus antipathique au fil du récit (franchement il pourrit la vie de ceux qu'il croise alors que lui s'en tire toujours ... Genre le suicide-assassinat de Zolotarev ... autant sans avoir croisé Limonov ce gars serait toujours en vie ...). Limonov me fait l'effet d'un gars qui n'avait finalement qu'une aspiration (malgré tout l'enrobage idéologique de son discours...) : être un "People/Pipole" comme on dit de nos jours.

Qu'est-ce qu'il m'aurait fallu pour ne pas être agacée ? Je ne sais pas, peut-être le même bouquin mais avec un ton plus neutre (vis-à-vis du personnage et des faits) de la part de l'auteur ... Cela dit c'est parce qu'il était fasciné par Lui qu'Emmanuel Carrère a eu envie d'écrire son bouquin (un égocentrique qui écrit sur un autre égocentrique, uh uh)... alors sans fascination il n'y aurait sans doute jamais eu de bouquin "Limonov" , certes... Et cela aurait été dommage car c'est tout de même l'occasion de brosser un pan de l'Histoire d'une façon vivante et rock'n roll (j'avoue ... ) et c'était intéressant de traverser tous ces bouleversements historiques et culturels dans ce récit . On se mord la queue quoi ...

Bon ma critique part dans tous les sens je m'arrête là , uh uh ...

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Tout est dit dans l'entretien final. Limonov interroge Emmanuel Carrère : "C'est bizarre quand même. Pourquoi vous voulez écrire un livre sur moi ?", qui lui répond : "parce qu'il a - ou parce qu'il a eu, je ne me rappelle plus le temps que j'ai employé - une vie passionnante. Une vie romanesque, dangereuse, une vie qui a pris le risque de se mêler à l'histoire" Suite à cette réponse, la remarque de Limonov fuse : "une vie de merde, oui". L'ambivalence du personnage est ainsi posée et traversera cette biographie.

Cette vie racontée, à laquelle l'auteur lie la sienne, nous promène d'abord dans les milieux artistiques et intellectuels de plusieurs capitales : Moscou de 1967 à 1974, New York de 1975 à 1980 et Paris de 1980 à 1989. On retrouve les traits de l'auteur et les saillies érigées en art littéraire mais à sa décharge, Limonov ne semble pas avoir eu une vie prude. On découvre ainsi que le Zapoï, cette cuite à la Vodka qui dure plusieurs jours, n'est pas une légende. Elle a éloigné sa jeunesse de la mienne car ma quantité d'alcool absorbée était moindre. Tiens, je fais comme Carrère, je rapporte ma jeunesse à celle de Limonov !

En deuxième partie, c'est dans son pays que l'éternel dissident mènera ses derniers combats. On visite ainsi l'histoire de l'URSS de 1989 à 2001 qui a placé Poutine au pouvoir à la fin du mandat d'Eltsine ; alors qu'il n'était pas sûr d'en avoir la carrure ! Cela finit par une comparaison des parcours de Limonov et Poutine !

Celui qui se voulait le créateur du roman russe moderne raconté par Carrère m'a donné envie de retrouver l'âme russe d'autres auteurs : Tolstoï, Dostoïevski...
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