Les contes avaient dit vrai. L’homme de la lune était en train de l’embrasser, et c’était encore plus merveilleux que dans ses rêves !
Le marquis, ne voulait pas l’effaroucher et son baiser fut d’abord plein de douceur et de réserve. Cette bouche qu’il effleurait, il la sentait si fraîche, si innocente… Puis il perçut l’émoi qui naissait dans tout le corps de Valessa, sans qu’elle-même en eût conscience, comme si elle cherchait à se fondre en lui.
Ses baisers se firent plus exigeants, plus possessifs. Il la désirait depuis si longtemps, sans oser se l’avouer ! Ce soir, il s’était laissé ensorceler par sa beauté, incapable d’y résister.
A Londres, le marquis s’était montré un amant fougueux et passionné, certes. Mais chacune de leurs séparations lui laissait une impression désagréable. Il ne lui demandait jamais quand il pourrait la revoir. Elle avait beau se répéter qu’elle se trompait, qu’il était fou d’elle… au fond, elle n’en était pas tout à fait sûre.
Il y avait en lui quelque chose qui lui échappait, malgré tous ses efforts pour le comprendre et le retenir. Elle savait ce qu’il attendait d’une femme et se montrait douce, affable et conciliante.
Des orchidées à profusion, de quoi éblouir ses invités. Des roses par centaines, sinon par milliers, pour décorer sa chambre, véritable nid d’amour. Ses amants croyaient vivre un conte des Mille et une Nuits. Non contente de les griser de parfums exotiques, elle les comblait de présents.
Beaucoup d’entre eux espéraient obtenir sa main, mais elle gardait la tête froide. Dès qu’il s’agissait d’argent, elle se montrait aussi prudente que son père.
C’était mal de tourner en dérision les sacrements de l’Église, surtout de sa part. Elle avait si souvent demandé dans ses prières la bénédiction divine ! Bénir était le privilège des prêtres, qui agissent au nom de Dieu. Et elle trouvait choquant que des acteurs eussent osé parodier ce geste sacré. Elle n’aurait pas dû se prêter à ce jeu.
Pas une seule fois, la pensée ne l’avait effleuré que Sarah songeait au mariage. Il savait que beaucoup d’hommes recherchaient sa main et méprisait, lui, ces coureurs de dot. Que l’immense fortune de la jeune veuve les fascinât, c’était hors de doute. Quant à lui, le mariage n’entrait pas dans ses projets. Il tenait trop à sa liberté.