Richard Feynman, pour moi, c'est un ballon d'oxygène.
Alors que j'avais décidé de me lancer dans les sciences suite à la poésie et à la connaissance qui sortait de livres comme
Cosmos de
Carl Sagan ou Patience dans l'Azur d'
Hubert Reeves, j'ai reçu comme une baffe à l'université. Les profs n'étaient clairement pas des pédagogues, ni des poètes. On nous balançait du théorème et de la loi physique comme des recettes de cuisine sans chercher à nous faire toucher du doigt la beauté de tout ça (je généralise, mais en moyenne c'était ça).
Puis je suis tombé sur les cours de
Feynman, et le goût de la science est revenu. Sa passion pour l'organisation de la nature et les modèles qui nous la font connaître transparaissaient à chaque phrase. Ce cours ce lit comme un roman, littéralement, aujourd'hui encore je pense.
Mais avec tout ça, je connaissais peu l'homme et son oeuvre, et ce numéro des Génies de la Science est venu combler ma curiosité.
Feynman est un génie des maths américain et de la physique qui a oeuvré dans la deuxième génération de la physique quantique, donc après les Einstein, Bohr, Heisenberg, de Broglie et autre
Schrödinger. Son travail n'est pas très connu, il est pourtant énorme. Il a eu le prix Nobel pour avoir participé à la quantification de l'électrodynamique. Il n'était pas le seul. Ils sont trois à avoir eu le prix la même année pour la même chose, chacun ayant utilisé une approche mathématique différente.
Mais l'approche de
Feynman reflète la personnalité de l'homme. Elle est très « graphique », facile à utiliser (pour un matheux) et plus aisée à vulgariser. Schwinger, un des deux autres prix Nobel qui avait utilisé une approche plus classique mais plus opaque et complexe, dira avec un certain mépris très aristocratique que «
Feynman a ouvert le calcul aux masses ».
Mais
Feynman était fier de ça. Il adorait partager son savoir, l'expliquer de la façon la plus compréhensible possible. Une série de ses cours donnés entre 1961 et 1963 fut enregistré et on en tira les superbes « Cours de
Feynman » (ceux dont je vous parlais tout à l'heure).
Il effectua beaucoup d'autres travaux d'avant-garde, bien sûr. Il participa au projet Manhattan (la bombe atomique), s'intéressa au calcul quantique et intervint dans la commission chargée d'enquêter sur l'explosion de la navette Challenger. C'était un bon vivant, qui adorait rire, faire des farces, qui détestait les mondanités et les congrès d'experts s'automasturbant dans leur entre-soi.
Bref, un homme que j'aurais aimé connaître.
Ce magazine revient largement sur sa vie et sa carrière, nombreuses photos à l'appui. « Génies de la Science » oblige, il cherche à vulgariser les théories et les travaux sur lequel
Feynman a travaillé. Là, je dois bien avouer qu'il faut s'accrocher, même avec un bagage scientifique conséquent. L'électrodynamique quantique, les intégrales de chemin, la renormalisation… le magazine tente partout la vulgarisation à la
Feynman. Bel effort. Il devrait m'en rester quelque chose, ne serait-ce qu'une référence sur laquelle revenir.
Aujourd'hui encore, je regrette que cette collection se soit arrêtée. Mais les anciens numéros sont toujours disponibles. A bon entendeur…