Un petit recueil de 5 nouvelles, toutes très ciselées, efficaces mais terriblement sarcastiques, voîre cruelles. Auteur qui l'était totalement inconnu, la présentation de son recueil pour l'opération Masse Critique de Babelio m'avait attiré et j'ai été ravi de le découvrir.
C'est une vision peu optimiste mais terriblement réaliste des travers de l'âme humaine et de ses contradictions à laquelle Serge Cazenave -Sarkis entraîne ses lecteurs.
Pour sa première nouvelle ; "
Embrassades et simagrées" c'est tout d'abord à une joyeuse petite famille d'escrocs très inventive mais trés désargentée que nous sommes présentés. le fils de la famille, le narrateur, se prête, plutôt de bonne gràce aux différentes grivèleries orchestrées par un père très créatif et une mère complice mais dans un relatif sentiment d'amours partagés... jusqu'au jour où la tendresse de l'enfant qui l'éloignait un peu de la réalité tombe, dévoilant la nature détestable de l'exploitation et du mépris des valeurs libertaires que ses parents lui avaient enseignées. Une entrée en matière drolatique et fine qui va se ternir serieusement avec les nouvelles suivantes....
Avec "Une maladie de trop" c'est l'amitié sincère que le narrateur portait à François qui va être réduite à néant par la découverte de sa vraie nature de pervers narcissique. Au début un homme touchant, anxieux, hypocondriaque pour lequel le narrateur va tout laisser passer... côté "embrassades" donc avant de découvrir celui plus sombre "simagrées"...
Pour "Acte manqué", c'est encore plus cynique et glaçant dans cette maltraitance avéré dont l'enfant qui est le narrateur est une victime involontaire en premier lieu avant de devenir complice.. Maltraitance maternelle vis à vis de cet enfant - narrateur de 6 ans dont le père n'est plus et dont la nouvelle volonté de conquête d'un nouveau compagnon va nourrir chez elle les plus noirs desseins.
Avec "Les Pieds dans l'heure", le lecteur va toucher le fond du malaise avec cette histoire où l'amitié du narrateur vis à vis de son complice Fred devient trop inclusive et possessive lorsqu'il se voit préférer à un troisième larron. Mensonges, faiblesses, lâchetés du narrateur comme de la petite communauté où il évolue et qu'il va retourner contre Fred, pourtant innocent, jusqu'à des extrêmes. Involontairement c'est néanmoins un certain juste châtiment qui va frapper ce pauvre homme dont le passé est gravement entâché....
Enfin, un drame profond et famillial est au coeur de "Le philosophe et le bulot", là aussi un narrateur marqué par la disparition accidentelle de son père et de son frère dont on pourrait croire qu'il a pu la provoquer et dont sa mère lui impute l'entière responsabilité, lui l'enfant qu'il va découvrir être comme non -désiré à l'origine. Une conférence à contre sens des notions de bonheurs, d'optimisme et de son contraire va déclencher de bien sombres pensées.
Pour chacune de ces nouvelles, c'est le style et la connaissance des troubles et incertitudes de l'humanité qui emportent le lecteur dans une découverte en apnée et sans interruption. Un vocabulaire, un style clair sans ambages... Une belle découverte.
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