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3,55

sur 139 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans la prison où il attend son exécution, Pascal Duarte raconte son histoire. La longue histoire qui l'a mené à commettre l'irréparable. D'abord, son enfance malheureuse à Estramadure. Un père violent, une mère analphabète et distante, une jeune soeur dépravée. Bref, une famille de parias. Pourtant, lui, était un petit garçon plutôt docile, pas rebelle ni foncièrement méchant. Mais la fatalité s'est acharnée sur lui. La mort étrange de son père, qui n'a pas survécu à la morsure d'un chien enragé. Puis celle de son frère cadet handicapé, à peine âgé de dix ans. Entretemps, sa soeur va et vient, tout en continuant sa vie dissolue.

Mais Pascal Duarte ne pense qu'à une chose : échapper à cette fatalité impitoyable qui semble accabler sa famille, fuir Estramadure et son malheur. Mais une nuit de plaisir l'enchaine à sa terre. Les années passent et il est de plus en plus malheureux. Et pauvre. Il doit absolument tenter sa chance ailleurs. Quand il revient, quelques années plus tard, il apprend que sa femme l'a trompé et il commet l'irréparable. C'est pour lui le commencement d'un cercle vicieux qui a vu le jour plusieurs générations plus tôt… On ne peut que plaindre l'infortuné Pascal. Un destin digne des tragédies des héros grecs antiques.

La famille de Pascal Duarte n'est pas un grand roman, j'en conviens. Mais ce petit bouquin m'a plu, et c'est en grande partie grâce à l'évocation de l'Espagne rurale du sud. Ces terres pauvres et sèches, constamment attaquées par les rayons ardents du soleil, qui produisent peu, qui semblent maudites et qui n'amènent rien de bon. Ces terres maudites. Mais en même temps, elles sont envoutantes et il est difficile de les quitter. Après tout, la terre et le sang ne forment qu'un tout, non ? L'auteur Camilo José Cela les a bien rendus, j'avais l'impression d'y être. Un peu comme Marcel Pagnol et Jean Giono ont sû évoquer la Provence. Bref, malgré la dureté de l'histoire, j'ai bien aimé.
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Atavisme et hérédité, fatalité et circonstances, Pascal Duarte jette ses horrifiques et poignantes mémoires sur une liasse de feuillets, en tentant de démêler, de comprendre et de faire comprendre.
Parce que, pour Pascal Duarte, la partie est finie! Bien triste partie, en vérité, de rares éclats de bonheur noyés dans la grisaille brûlée d'un malheur tenace.
Alors, Pascal Duarte raconte, dit tout ou presque puisqu'il en manque un bout: Son terrible père, son horrible mère, sa jolie soeur, son frère martyrisé, son autre frère innocent... Quelle famille!
Pascal Duarte va se marier, fuir, revenir, tuer, être emprisonné, se re marier... Rien n'y fera: Pas moyen de trouver la tranquillité à laquelle son être aspire! Ironie du sort, la libération anticipée pour bonne conduite de son premier emprisonnement, va le précipiter vers encore plus de malheur!
Alors, Pascal Duarte écrit, écrit pour rassembler ces souvenirs de misère.
Pour conter ce bonheur entrevu avec son enfant prématurément disparu.
Trop d'amertume, de haine, de tourments: La ronde de Pascal Duarte va s'achever, comme si le Monde ne voulait décidément pas de cet être-là!
La famille de Pascal Duarte? Un livre bref, mais tellement lourd de malheur.
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Que dire de Cela ? du malheur brut, un texte dur qui ne donne pas dans la dentelle.

Un condamné à mort écrit ses mémoires : enfants maltraités, disputes qui se règlent à coup de couteau, mère alcoolique, soeur qui fait la pute, agonie du père atteint de la rage. Et lorsque l'homme trouve un peu de bonheur dans son mariage, ses enfants meurent. Il raconte aussi ses crimes, l'insulte qu'on venge impulsivement ou la haine qui croit pendant des années.

Le tout est raconté de manière froide, avec une érosion de sentiments face à une vie qu'on ne choisit pas, face au destin qui s'acharne (ou des choix qu'il fait ou pas).

Cela a reçu le prix Nobel de littérature 1989 et a signé cet ouvrage en 1942. On y trouve une atmosphère lourde, insupportable, que l'on souhaite très éloignée de notre quotidien.

Une lecture troublante aussi, car si cette misère est celle d'un village espagnol des années 30, des enfances sordides, il en existe encore aujourd'hui…
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Cela commence par la mort d'un chat, tombé sous la balle d'un homme, Pascal Duarte.
Et ce n'est que le début, car la mort n'en finit pas de faucher ses victimes autour de Pascal Duarte, paysan miséreux né sur une terre sèche et sans avenir d'une brute de père et d'une mère taiseuse et mal aimante. C'est ce parcours de mort que Pascal confesse du fond de sa cellule, en attendant la mort.
Il y a quelque chose qui vous happe dans ce récit violent, hyper réaliste, où la terre d'Extrémadure vous dessèche les yeux, l'atrocité du sort réservé aux innocents, le frère handicapé de Pascal puis son propre fils, vous tire des larmes, sa bestialité des cris et sa mauvaise fortune des larmes. l''auteur vous place dans la position inconfortable d'un juge dans l'incapacité de juger mais tenu de regarder en face, à travers le personnage de Pascal Duarte, la réalité d'une misère indicible et absolue.
Belle découverte pour moi par ce roman d'un nouvel auteur nobellisé, dont je ne suis paradoxalement pas sûre d'avoir envie de recroiser la plume.
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Quand on évoque les précurseurs de la forme romanesque, le nom de Cervantes fait à coup sûr partie des tout premiers. L'Espagne peut donc s'enorgueillir d'avoir donné naissance au premier romancier moderne.
Et pourtant, quand on regarde la liste des lauréats espagnols du prix Nobel de littérature, on trouve d'abord deux dramaturges (José de Echegaray en 1904 et Jacinto Benavente en 1922), puis deux poètes (Juan Ramon Jimenez en 1956 et Vicente Aleixandre en 1977). C'est donc finalement Camilo José Cela qui fut le premier (et le seul si on exclut le Péruvien naturalisé ensuite espagnol Vargas Llosa) romancier espagnol honoré par le Nobel de littérature.

A travers Cela, c'est sans doute tout le tremendisme que l'
Académie a voulu honorer en récompensant son précurseur. le tremendisme, ce mouvement littéraire espagnol né des souffrances de la guerre civile et utilisant le sexe, la violence et le drame pour dépeindre la société espagnole, souvent par le prisme de personnages déficients ou issus des milieux les plus défavorisés. L'exagération de certaines scènes peut faire penser d'ailleurs à Cervantes ou aux littératures sud-américaines modernes qui sont un peu filles de ce mouvement.

Ce roman est d'ailleurs le premier de Cela et coche bien toutes les cases du mouvement littéraire. On remarquera également l'astuce du récit apparemment récupéré par hasard, retranscrit tel quel sans ajout, comme s'il s'agissait d'une confession réelle d'un homme arrivé au bout de sa vie et cherchant l'absolution auprès d'un notable de son village.

En s'adressant au destinataire de son témoignage, le personnage principal de Duarte prend à parti le lecteur et l'invite dans son récit de vie. Il cherche à lui expliquer en quoi cette famille, ce terreau où il a grandi, n'a pu que le mener où il finit. Les portes de sortie que le narrateur ouvre ne sont là que pour confirmer le destin inéluctable: il aurait pu devenir plus sage, plus raisonnable... si les leçons que toute sa vie lui a appris lui avaient été données à la naissance. C'est donc bien le pardon que le personnage vient nous demander, conscient que la confrontation avec Dieu est proche et que la violence ne lui permettra pas de se sortir de cette rencontre là.

Malgré toute la noirceur bien évidemment présente dans le récit, on ne peut s'empêcher de sourire à de nombreux moments de la naiveté de Duarte. Elle est admirablement rendue dans des phrases simples mais fortes à l'image de "Je voulais me calmer, parce que je me connaissais et que, d'homme à homme, il n'est pas bon de se disputer un fusil à la main, quand l'autre n'en a pas". Quel fatalisme ironique se cache dans cette phrase si prémonitoire quand on connait la suite de l'histoire.

Une vraie belle découverte que ce Nobel pour lequel une lecture d'un deuxième opus ne sera pas une contrainte mais un réel plaisir.
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Souvent en littérature, les personnages sont tiraillés, blessés. Pascal Duarte ne déroge pas à la règle. Né dans un coin perdu de l'Espagne, à la frontière portugaise, Pascal Duarte semble sans relâche rattrapé par le mauvais sort. Une guigne tenace et récalcitrante qui le suit comme un ange gardien maléfique. Ses péripéties l'amène à être garroté, et pendant les derniers mois de sa vie, il rédige ses mémoires, où il essaie de se justifier mais avant tout recherche le pardon. Atteindra-t-il l'absolution ? Comment affrontera-t-il le moment ultime ?...
Lien : http://djbeltounes.wordpress..
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Camilo José Cela, né en 1916, prix Nobel 1989, est l'un des grands classiques et des grands narrateurs de la génération espagnole d'après la guerre civile, et c'était l'un des auteurs majeurs de mon cours de littérature espagnole. J'ai eu l'idée de le relire des années plus tard, et je n'ai pas été déçu. Il a le rare talent de conter les évènements de manière expressive, à la fois sensible et réaliste. Pascal Duarte attend son exécution dans une prison et passe en revue toute sa vie, et surtout toute sa famille, d'où le titre du livre. Une famille pauvre dans une région pauvre. Une mère dure, violente, maladive, alcoolique, sale et analphabète. Un père contrebandier, violent et trop vite décédé. Un frère handicapé. Une soeur prostituée. Une scolarité courte car, selon la mère, ce qu'on apprend à l'école ne sert à rien. Un couple raté. Bref, la totale! La faute à pas de chance qui l'a amené à commettre l'irréparable.
Citation «Ma mère avait dans la bouche un langage que Dieu lui aura pardonné car elle blasphémait les pires choses à chaque moment et pour les motifs les plus futiles. Elle s'habillait toujours de noir et était peu amie de l'eau, si bien qu'à la vérité, pendant toutes les années que j'ai vécu avec elle, je ne l'ai vu sa laver qu'une seule fois... Mes parents… manquaient de conformité avec ce que Dieu nous ordonne, défauts dont pour mon malheur, j'ai eu à hériter».
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Parole, une bien navrante famille que celle de Pascal Duarte! Un père violent, alcoolique, qui agonisa de la rage, enfermé dans une armoire. Une mère illettrée, que l'amour maternel n'étouffait guère, la carne! Une soeur de mauvaise vie, et un bâtard comme frère, avorton et idiot, mort noyé dans un récipient d'huile. Bien triste en vérité. Duarte livre sa confession, un peu pour soulager sa conscience mais surtout à des fins édifiantes. Il narre son désolant chemin dans la vallée de larmes, qui l'a conduit de l'humble masure familiale en bordure d'une route, en Estrémadure, région espagnole frontalière avec le Portugal, jusqu'à la prison, antichambre de la mort.

La Famille de Pascal Duarte est l'oeuvre la plus connue de Camilo José Cela, prix Nobel de littérature 1989. Elle a initié une nouvelle esthétique littéraire de la littérature espagnole, fruit et sublimation des souffrances endurées par les auteurs de cette période durant la Guerre Civile : le Tremendisme. C'est un roman relativement cours qui se lit aisément en une journée; c'est très empreint de pathos, de religiosité et ça laisse libre cours à la violence sous toutes ces formes. Je ne m'avance guère en disant qu'il laissera un souvenir proportionnel au temps qu'il a fallu pour le lire.
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Pascual Duarte est un personnage très violent qui cherche à justifier son comportement tout au long du roman. Il raconte son histoire depuis la prison, ce qui ajoute encore plus de dureté à son récit. Il se sent victime d'une société qui le condamne à être un raté et la violence est la seule réponse qu'il trouve. C'est donc un livre très dur. L'histoire est racontée de façon si réelle que l'on réussit à sentir ou à comprendre comment se sent Pascual. C'est justement cette façon de raconter l'histoire que j'ai beaucoup aimé. L'auteur n'omet aucun détail.
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Une histoire sur la misère, et la fatalité qui s'abat sur une famille au début du XXè siècle.
Comme tant d'autres romans, ceux de Victor Hugo, Zola, Steinbeck et tous les autres peintres de la vie brossant des destinées pitoyables, de mauvais choix guidés par l'ignorance et la violence, ce récit met en scène un paysan Espagnol né dans une gueuse famille, entouré de piteux autres personnages.
Dans ce décor sordide se traîne Pascal Duarte qui aurait pu vivre humblement mais qui provoque des situations inextricables dont seul le meurtre peut en faire sortir.
Une famille d'affreux, sales et méchants.
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