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3,55

sur 139 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pascal est un homme damné (d'ailleurs il est condamné à mort et attend son exécution, mais avant il va raconter sa vie et la succession d'événements qui l'ont conduit à cette situation) mais aussi un homme foncièrement bon; qui n'a pas choisi d'être un criminel mais voulait seulement vivre en paix. Cependant, le mauvais sort s'acharnait contre lui depuis son enfance (des parents ivrognes et violents, une soeur qui devient tôt une prostituée et un petit frère handicapé au sort atroce qui nous rappelle un peu le fameux Ben de "Le bruit et la fureur") et même son mariage n'est pas une joie avec une fausse couche et un enfant qui meurt très tôt...

"La famille de Pascal Duarte" est un roman sur la violence, l'adultère, le crime, la vengeance, le malheur et la vie exigeante dans les villages. Une oeuvre maîtresse qui a été à l'origine du mouvement du "tremendisme", avec son réalisme cru, ses personnages démoniaques et son contexte social assez lourd. On sait que cette oeuvre a fait scandale lors de son apparition.
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L’auteur nous conte la confession en prison de Pascal Duarte.

Comme il est indiqué au quatrième de couverture, le style est âpre et farouche et l'histoire nous transporte dans un monde fort proche de celui du théâtre de Lorca, que j’appelle personnellement Garcia Lorca.

Ce n’est pas drôle du tout ce monde-là, à moins que l’on se réjouisse du malheur d’autrui. Car de malheur et de malheurs, la vie de Pascal Duarte en est pleine jusqu'à ras bord et le lecteur que j’étais aurait bien aimé qu’il n’y en ait pas davantage mais, comme un rouleau compresseur, Camilo José Cela ne nous épargne aucune des vicissitudes de ce monde pauvre, d’argent et d’esprit, qu'était l'Espagne de l'Estrémadure des années 20.

Mais quel chef-d’œuvre.
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J'ai le souvenir exact de l'endroit où je me trouvais lorsque j'ai lu ce livre, comme tous ceux qui m'ont marqués. J'étais étudiante en LLCE Espagnol, je voulais lire ce roman pour mieux appréhender la notion de "tremendismo" abordée en 5mn à peine en cours magistral. le trémendisme est un "courant" littéraire né au milieu du XXeme siècle en espagne, qui se caractérise par une "crudité notable dans la présentation de la trame narratrice, associée à une récurrence de situations violentes et dramatiques. La description des personnages, habituellement des êtres marginaux, affectés de défauts physiques ou psychologiques, ou bien issus de milieux frustes et défavorisés (ouvriers ou paysans pauvres, prostituées, criminels etc...) est faite sur un mode hyper-réaliste et pessimiste. La langue utilisée est dure, grossière, emploie des termes de jerga (d' argot)."

J'attendais le bus qui devait me ramener du centre de Bordeaux à chez moi, je l'ai raté évidemment, seule la nuit qui tombait m'a fait prendre conscience que j'étais assise là, à lire, depuis presque deux heures. C'est l'histoire d'un homme qui revient sur sa vie depuis la cellule de prison où il attend la mort. Il raconte la vie de sa famille, jonchée de malheurs, de coups, de prostitution, d'alcool et de violence. le narrateur ne semble pratiquement pas avoir de remors ni de regrets concernant son acte, il justifie ses crimes par la fatalité de sa naissance. Je ne vous en dis pas davantage, et vous laisse le plaisir de le découvrir.
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La Familia de Pascual Duarte
Traduction : Jean Viet
Présentation : Albert Bensoussan

ISBN : 9782020306485

Petit livre qui, en édition de poche, ne fait que cent quarante-cinq pages, "La Famille de Pascual Duarte", premier roman de son auteur qui n'avait alors que vingt-six ans, provoqua un grand scandale à sa parution en 1942, dans l'Espagne franquiste. On ne peut pourtant pas dire qu'il y soit question de politique et les personnages cléricaux qu'on y croise sont en général représentés de manière positive. Pourquoi dans ce cas un tel tollé officiel - et une telle admiration occulte ?

Eh ! bien, parce que l'on s'aperçoit très vite - en tous cas de nos jours mais les lecteurs des années quarante, encore tout secoués par la Guerre civile et perdus eux-mêmes dans un monde extérieur où la Mort régnait du Pacifique à l'Atlantique, en eurent certainement la prescience même s'il leur était peut-être impossible de l'exprimer clairement - que ce roman est la confession d'un psychopathe, d'un homme qui se dit poursuivi par une mauvaise étoile ensanglantée mais qui, si l'on fait fi de la tendance quasi générale de l'être ibérique (et méditerranéen) à monter pour un rien sur ses grands chevaux (tendance d'ailleurs admise par le héros lui-même), prend goût à cette destinée de malheur et de crime. Duarte n'est pas né par hasard sous une mauvaise étoile : il a recherché une étoile maudite pour naître juste sous ses rayons.

Duarte, qui a des origines portugaises par son père, est pourtant un assez joli garçon, pas bête du tout et qui ne rechigne pas à la besogne si on lui en propose. Evidemment - ce mot-là, vous l'attendiez, n'est-ce pas ? mais hélas ! il est presque toujours là quand on se penche sur la destinée d'un tueur (ou d'une tueuse) - le petit Pascual n'a pas vraiment eu une enfance heureuse. le père buvait, la mère se disputait avec lui, les coups pleuvaient, les querelles éclataient, aussi nombreuses que variées : la violence au quotidien. Pascual a une soeur, Rosario, sans doute la personne qu'il aimera le plus (et sans ambiguïté sexuelle, un peu comme il aurait aimé un jumeau), qui choisira le métier de prostituée dès ses quatorze ans afin de s'évader de leur sinistre quotidien. Et un petit frère, Mario, assez "lent" pour le dire avec la délicatesse voulue, enfant aimable et souriant par ailleurs, dont les cochons de la petite ferme mangeront les oreilles alors qu'il n'avait que quatre ans et qui ne vivra guère vieux - tant mieux, la vie n'est pas pour les faibles, surtout quand ils n'ont pas grand monde pour les défendre.

Pascual, lui, grandit plutôt bien mais c'est un impulsif et - la chose est amenée de manière extrêmement subtile - on perçoit tôt l'attirance qu'il éprouve envers le sang, la tristesse, la Mort - le crime. le roman constitue ses "Mémoires", mémoires qu'il compose dans sa cellule, pendant les mois qui le séparent de l'exécution finale (par garrot, cette horrible coutume espagnole) pour cause de matricide. Ils sont précédés par une "Note du Transcripteur" et la lettre d'accompagnement de Duarte lui-même à un ecclésiastique qui se montra particulièrement bon envers lui, et s'achèvent par cette phrase du Transcripteur qui reprend la main : "Que pourrais-je ajouter pour mon compte aux paroles de ces messieurs ?"

Le procédé, loin d'embrouiller le texte (ce qu'il eût peut-être fait si celui-ci eût été plus long), simplifie au contraire l'analyse du caractère du héros. C'est très tôt, je le répète, qu'on comprend que Pascual Duarte a une fascination pour l'acte de frapper, d'enfoncer, de tuer. L'étrange - et courte - scène durant laquelle il abat sa chienne, Etincelle, qu'il aimait pourtant très sincèrement mais parce qu'elle semblait le regarder à ce moment-là comme "un confesseur", résume à merveille l'âme du livre. Duarte ne saurait l'expliquer ainsi mais le Mal le domine - et ceci même quand il n'est pas vraiment sous l'effet d'une crise de colère. Il aime tuer, il le sent, il ne comprend pas ce besoin mais il se sait (ou se croit) damné pour l'Eternité.

Ce qui fait que, même s'il n'est pas question là-dedans de la Guerre civile (ou alors très, très vaguement et sans aucune préférence idéologique) et si le clergé est considéré de manière très bienveillante, comme on le concevait avant Franco et comme on le concevra après, "La Famille de Pascual Duarte", bien que, dès le titre, il pointe du doigt l'influence de l'enfance tourmentée du héros sur sa vie d'adulte, rejoint en quelque sorte le fameux "¡ Viva la Muerte !" que le général Millán-Astray lança à Miguel de Unamuno.

Ce roman concis et qui préfère sous-entendre qu'affirmer marque la fascination ibérique pour le sang et la Mort de la même manière que la corrida, tenue pour un art (et qui, sous certains aspects, si l'on respecte certains codes, l'est bel et bien) ET une boucherie. Planant sur chaque page du roman, l'ombre du Destin qui accompagne aussi bien l'animal que l'homme dans l'Arène : c'est ainsi, on ne peut y échapper. L'eût-il voulu que Pascual (qui s'en fait, pourtant, des promesses de ne pas recommencer ) n'aurait pu échapper à sa destinée. Il devait tuer.

Maintenant, tuer sa mère, c'est quand même énorme, dira-t-on. Mais la mère de Pascual ne l'aime pas, lui a très rarement manifesté de la tendresse et le considère elle-même comme un être à part, différent, "maudit." A la limite, elle eût préféré que la Mort emportât Pascual et non le petit Mario. Et cette haine larvée de la Mère, qui rappelle le théâtre antique dans une région sur laquelle il a de toutes façons eu une réelle influence, est comme l'épée de Flammes avec laquelle l'Ange vengeur biblique poursuit des personnages que Jéhovah lui-même a, il fil faut bien l'avouer, poussés au crime. En bref, Pascual Duarte est acculé à tuer sa mère comme, si l'on doit en croire la Bible, Caïn le fut mais pour Abel. Dans les deux cas, pour arriver à ses fins horribles, le "Dieu des Armées" utilise la faiblesse centrale de l'assassin : Pascual aurait souhaité que sa mère l'aimât et le protégeât, déjà de lui-même, et Caïn ne désirait rien tant que de voir son offrande acceptée avec autant de bienveillance par Yahveh que l'avait été celle de son frère.

Du coup, le lecteur est amené à se poser la question bien normale : dans ces deux histoires, qui, finalement, est le vrai responsable ? ...

Une réponse que le régime franquiste, la société qu'il protégeait et qui l'avait aidé à obtenir et à conserver le pouvoir, sans oublier tant et tant de siècles d'une rigidité religieuse qui fit prospérer l'Inquisition ne pouvait tolérer.

Et pourtant, même si Cela renia un certain moment le régime du Caudillo, il s'était bel et bien battu pour lui. Censuré par les autorités littéraires franquistes, il trouva le moyen de travailler lui-même en tant que ... censeur et il reste, indiscutablement, l'écrivain qui ressuscita la littérature espagnole en créant, à partir de "La Famille de Pascual Duarte", un genre nommé "tremendismo", qui accumule les personnages bizarres, amputés, etc ... et les détails les plus sordides d'existences qui ne sont guère aisées et se rapprochent le plus souvent d'une simple vie végétative. Répétons-le, en effet, Duarte n'a pas réellement conscience de son goût pervers - inné ou non, c'est à ses parents de nous le dire - pour le meurtre, le sang, la Mort. C'est quelque chose d'instinctif, d'animal que seuls ses efforts de conscience et d'intelligence lui permettent en définitive de reconnaître comme tel.

Camilo José Cela est donc un auteur espagnol à découvrir, si vous vous en sentez le courage. Il a écrit bien d'autres romans dont "La Ruche" en 1954, qui nous brosse un portrait saisissant de la vie dans le Madrid de Franco (contrairement à l'intrigue de "La Famille ...", vous trouvez là-dedans plus de trois-cents personnages) sans oublier, pour les amateurs de stylistes comme l'Irlandais James Joyce et / ou de William Faulkner, le roman "San Camilo - 1936", qui sortit en 1969.

Bref, un auteur important, une figure de la vie littéraire ibérique et que nous relirons certainement en 2016 puisque je vous annonce dès aujourd'hui que nous continuerons l'an prochain notre "Tour d'Espagne" littéraire si compromis par cette (censurée ) année 2015.

Et bien entendu, si vous voulez déjà faire sa connaissance et si ce que j'ai pu écrire de son premier roman vous intéresse, lisez dès maintenant "La Famille de Pascual Duarte" : sec, raffiné cependant, une merveille de non-dits et, déjà, un sacré tempérament d'écrivain. ;o)
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Coup de tonnerre dans un ciel serein! Je viens juste de découvrir ce roman, dont on peut comprendre qu'il ait ébranlé le monde littéraire espagnol à sa sortie.

Un des plus forts livres sur la psychologie du meurtrier, qu'il m'ait été donné de lire. Je n'ai pas pu ne pas penser à Hygiène de l'assassin, brillant exercice, qui rétrospectivement m'a paru bien fade en comparaison.

On navigue quelque part entre le réalisme à la Zola et la noirceur de Dostoïevski. Avec le mérite de dépeindre le monde paysan tel qu'il est. On est loin des ploucs simplets et de la vie idyllique que certains citadins en mal d'évasion post-Covid croient encore possible de nos jours.

Le contraste est violent entre les sentiments complexes et profonds qu'exprime Pascal Duarte dans son journal, du fond de sa prison, et les dialogues pauvres de mots qu'échangent les protagonistes (y compris Pascal Duarte lui-même). Mais cela ne les empêche pas d'y faire passer des sentiments sincères.

La clé du roman est peut-être dans le fait qu'à force de haïr d'autres personnes, y compris sa propre mère (crime des crimes, s'il en fut) on en vient à se détester soi-même. À accepter cette fatalité implacable. La suite de malheurs qui semble pourchasser le 'héros' est cependant illuminée à de brefs moments par quelques éclairs de bonheur. La vie, en somme? Il nous avoue qu'il n'éprouve aucun remords pour les assassinats qu'il a commis. On doit regretter l'injustice, nous explique-t'il: battre un enfant, tuer une hirondelle. Mais pas les actes auxquels la haine nous a poussé.

On notera aussi que le roman donne la parole aux quelques personnes qui ont hérité des écrits du prisonnier. Un procédé littéraire qui en renforce le réalisme, et souligne le tragique de cette destinée.
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La famille de Pascal Duarte
Camilo José Cela (1916-2002)
Prix Nobel 1969.
Dans la prison de Badajoz capitale de l'Estrémadure (Espagne), au début du XXe siècle, un condamné à mort âgé de 55 ans raconte sa vie et celle de sa famille. Une vie tachée de violence et de sang qu'il a couchée sur le papier et dont le manuscrit sera remis aux autorités après sa mort.
Humble paysan, Pascal Duarte a connu une enfance baignant dans la violence et le drame, avec un père qui battait sa femme, et une mère alcoolique, une soeur Rosario fugueuse et voleuse, son petit frère Mario, un peu idiot, mort à l'âge de 10 ans.
« Mes parents s'entendaient mal ; ils n'avaient guère d'éducation, moins encore de vertus et n'observaient pas les commandements de Dieu…Ma mère ne savait ni lire ni écrire, mon père oui, et il était si fier qu'il le lui jetait à la figure à tout bout de champ… Quand je quittai l'école, j'avais 12 ans…Je me suis demandé souvent, et pour dire vrai, je me demande encore maintenant comment j'avais cessé de respecter ma mère, et comment j'avais perdu l'affection et même la retenue qu'elle m'inspirait…Pour la haïr, je dus mettre quelque temps, mais ne pense pas me tromper beaucoup en indiquant l'époque où mourut Mario. »
Plus tard, la rencontre de Lola avec qui il se marie semble être le tournant pour lui qui aspire à la paix depuis toujours, mais le sort s'acharne. Pascal est convaincu qu'il est victime de la fatalité ; à son contact, tout se défait : mort de ses enfants, de sa femme, de ses proches…
Une vraie tragédie antique que cette histoire très racinienne où le héros malheureux est marqué du signe de la mort. Dans un climat passionnel et ardent, les personnages se délitent et courent à leur perte.
Ce récit âpre et noir publié en 1942 est considéré comme le chef d'oeuvre de Camilo José Manuel Juan Ramon Francisco de Geronimo Cela, grand romancier espagnol, Prix Nobel de littérature 1969. Un livre culte écrit dans un style sobre et précis.
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Tellement de fatalisme en 150 pages. Pascal Duarte sait que les catastrophes vont arriver, et pourtant il est impossible de les éviter, pire, parfois il les provoque volontairement, pourtant parfaitement conscient qu'elles feront son malheur. Car il est des situations où l'homme doit affronter son destin, quel qu'il soit. Et le destin de Pascal Duarte est rude, marqué dès son enfance par la misère et la violence. Et si, çà et là, surnagent parfois quelques étincelles de bonheur, elles sont éphémères, et n'en font que plus durement ressentir la dure réalité quand on a perdu ce à quoi on tenait le plus. Un livre sombre, dur, aussi aride que la terre séchée d'Estrémadure, un livre qui dévoile sans concession le pire de la nature humaine.
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