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4,08

sur 9992 notes
Se plonger dans du Céline pour la première fois, c'est comme passer sous une douche froide en pleine chaleur d'été. le début est compliqué et puis ça devient de plus en plus agréable.
Le début fut en effet une tâche fort ardue car le style de Céline est évidemment très particulier. Les premières pages furent donc longues et fastidieuses à digérer. Puis, de fil en aiguille, l'on s'y habitue et la lecture devient beaucoup plus fluide. A ce moment là, on comprend toute la beauté du fameux style de Louis-Ferdinand. On a l'impression qu'un vieil ami nous raconte une histoire incroyable qui lui est arrivée il y a peu. Cette mélodie d'oralité captive, envoute le lecteur et ce dernier reste dès lors pendu aux lèvres de l'auteur en attendant la suite du récit. C'est ce qui fait de ce roman, selon moi, un grand classique de la littérature.
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et voilà, je suis arrivée au bout de ce voyage.
un voyage dont on ne ressort pas indemne
Je veux faire abstraction de la personnalité de l'auteur, de son parcours de vie et de ses idées, seule l'oeuvre m'intéresse.
c'est un tourbillon, un maëlstrom de situations , de sentiment, de personnages décortiqués, mis à nus avec une précision de mèdecin légiste.
une écriture déroutante tantôt Maupassant, tantôt Audiard ….
C'est réaliste, cru et cruel, personnellement je n'avais jamais fait une semblable rencontre.
À avoir lu certainement dans une vie de lecteur et pour les plus hésitants en écouter l'admirable lecture par Denis Podalydes.
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Chaque page, chaque phrase y va de sa petite idée géniale et s'aventure sur les terrains de la poésie en prose. Cette violence faite à la langue, cette autopsie d'infirmités et ces surcharges permettent de remettre à jour des rouages, un fonctionnement intime. Nos mécanismes de lecteurs, immanents, intériorisés, figés souvent, nous rappellent leur formidable liberté et sortent de leurs gonds pour nous sauter au visage. Voyage au bout de la nuit est à ce titre une formidable grammaire. Car on l'oublie trop souvent : la grammaire, ce n'est ni plus ni moins que du vivant.
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Deuxième livre d'affilée sur lequel je peine à me forger un avis.
Je l'ai lu sans a priori sur l'auteur, uniquement parce que certains le considèrent comme un monument de la littérature française et que cela m'intriguait.
Objectivement, j'aurais plutôt mis la note minimale. Parce que je me suis fait ch*er pendant la majeure partie du bouquin. Parce que je n'ai même pas été capable de le finir. Au bout d'un moment, ça m'a gonflé : il n'y a pas réellement d'intrigue, Bardamu se laisse porter par des événements sans queue ni tête et porte toujours le même regard sur le monde et les gens : tout est noir et tout est moche. le style d'écriture, très agréable au début, devient lui aussi pesant à la longue. le tout manque donc cruellement de relief : la forme, le fond, le déroulé, ...
Et pourtant...
Et pourtant, même sur les 100 dernières pages que j'ai survolées parce que je me foutais un peu de l'histoire, j'ai trouvé de nombreuses pépites. Des phrases, des paragraphes qui dépeignent l'âme humaine avec une acuité frappante. Des vérités intemporelles magistralement formulées. Et il y en a eu tout le long du bouquin, des étincelles. C'était un peu comme regarder le ciel au milieu d'une froide nuit d'août : on se caille, c'est tout noir, on est mal installé, il ne se passe rien de particulier, mais mince quoi, toutes les minutes, y a une étoile filante qui passe et c'est beau et ça donne envie de rester jusqu'à la suivante, au cas où, en espérant qu'on sera encore assez réceptif quand elle se montrera et oh bah tiens en vlà déjà une encore plus brillante que la précédente !
Bref, j'ai trouvé le roman mauvais, mais j'ai admiré les innombrables traits de génie littéraire et psychologique qu'il contenait.
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Lorsque j'ai fait le voyage au bout de la nuit de Céline, j'étais bien jeune et je ne connaissais nullement ses positions antisémites. J'ai donc lu cette oeuvre uniquement concentré sur la découverte du voyage d'un homme auprès de toutes sortes de misères, voyage servi par une écriture d'exception. J'ai savouré son cynisme et ses relations avec les êtres qu'il a forgés pour son roman. J'ai eu l'impression de découverte d'une oeuvre majeure dont j'ai retiré la quintessence. Par la suite, j'ai su pour l'antisémitisme de l'auteur. Peu m'importe par rapport au livre en lui-même sur lequel mon opinion n'a pas changé. le hasard a fait que je n'ai jamais rien lu d'autre de Céline, ni livres, ni écrits quelconques.
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« Qu'on n'en parle plus ». Ce sont les derniers mots de ce roman et je les fais miens bien volontiers pour parler de ce monument de la littérature française !
Que ma lecture fut laborieuse... Nous suivons les déambulations de Ferdinand : dans la guerre, dans ses amours, aux colonies africaines, aux États-Unis, en tant que médecin en région parisienne et pour finir dans un asile de fous.
Vous vous demandez comment ces vies peuvent n'en faire qu'une seule ? Moi aussi. J'ai eu du mal à raccrocher les wagons à de nombreuses reprises ; je lisais avec fluidité plusieurs pages et puis pof ! je perdais le fil.
Ça blablate quand même beaucoup pour ne pas dire grand-chose, avec de grands discours ponctués de points de suspension.
Je suis sans doute passée à côté. J'ai lu et apprécié les petits traits provocateurs et quelques critiques de la société de l'époque. J'ai plutôt aimé l'écriture, sans que ce soit une Révélation, ce mélange de beaux mots et d'argot. Mais rien de plus.

Pourquoi je suis allée jusqu'au bout ? Déjà parce que je veux le lire depuis longtemps, sans avoir osé jusque-là (monument littéraire « intellectuel » + personnage de l'auteur). Ensuite parce que tout de même, j'ai lu pas mal de passages avec plaisir, au milieu de tous les autres inaudibles, donc ça me relançait !

Bref, je l'ai fini. « Qu'on n'en parle plus » ; j'ai déjà d'autres lectures en ligne de mire !
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J'ai lu ce livre deux fois, à une vingtaine d'années d'intervalle. Lors de la première lecture, j'avais assez peu lu préalablement et l'impression que me fit ce livre s'apparente à l'effet d'une bombe. Je me souviens avoir été particulièrement enthousiasmé par le début du roman. J'ai également le souvenir que mon plaisir avait un peu décru vers la fin.

Eh bien, malgré les années écoulées et les nombreux livres que j'ai lu depuis lors, mes impressions sont assez similaires, avec l'admirable surprise en moins car je savais exactement à quoi m'attendre.

En effet, les trois premiers épisodes étaient, sont et resteront un must, je pense, pour les siècles à venir. Je vais même essayer d'être résolument plus précis par ce que j'entends par les " trois premiers épisodes ". Les chapitres du livre ne sont pas numérotés, ce qui n'est pas très pratique pour en parler, mais si l'on accepte de prendre un crayon à papier et de combler cette lacune, on comptera 45 chapitres.

Le premier épisode, qui s'étend sur les chapitres 2, 3 & 4 concerne les réalités concrètes du front lors du début de la guerre de 1914. Le deuxième épisode court sur les chapitres 11, 12 & 13 et concerne une colonie imaginaire et composite d'Afrique sub-saharienne. Enfin le troisième épisode touche à, ce que j'appelle de façon simpliste, l'Amérique avec les chapitres 15, 16 et 17 dédiés à New-York puis le chapitre 19 à Détroit.

Entre ces trois épisodes on trouve des transitions plus ou moins longues, l'un d'elle, assez longue correspondant à la vie sur l'arrière pendant la Première guerre mondiale. Mais dès le chapitre 20 et jusqu'à la fin, excepté un bref intermède à Toulouse au chapitre 35, tout le reste n'est qu'un seul et même épisode, ayant lieu en proche banlieue parisienne et s'étalant sur une dizaine d'années (un peu plus, un peu moins, on ne sait pas trop).

Or, quand je parle un peu autour de moi, je m'aperçois que tous ou presque, parmi ceux qui ont apprécié le roman, gardent un souvenir ému des trois fameux premiers épisodes et que peu me parlent de la suite. (L'explosion du clapier à lapin, le meurtre de la vieille, les affaires de cœur de Robinson, etc.) Peut-être est-ce justement dû au fait que l'auteur a fait un effort de concision, de symbolisation plus marqué pour ces épisodes qui correspondaient à une réalité vécue par lui depuis plus longtemps.

Tandis que l'autre, la banlieue, il la vivait encore lors de l'écriture et ça se sent, ça se vit, ça s'éprouve… On sent le marasme, le gris, la noirceur, la suffocation du quotidien, plein la figure à longueur de pages. Peut-être a-t-il moins condensé cette partie, peut-être aurait-il dû, qui sait ? Certainement pas moi, car qui suis-je pour donner à Céline des conseils d'amélioration pour son oeuvre ?

Non, loin de moi tout cela, je ne fais que constater les effets de l'oeuvre sur ma jouissance de lecture et je constate qu'elle est superbe et maximale pour les trois épisodes en question et qu'elle a parfois décliné dans le dernier quart du roman. C'est tout, rien de plus.

Toutefois, j'ai pu interpréter un peu mieux mon ressenti en lisant l'essai (assez ardu à lire, j'en conviens mais très intéressant) de Mikhaïl Bakhtine qui s'intitule Esthétique de la création verbale. Dans cet essai, le critique analyse le rapport de l'auteur à son héros et cela m'a permis de comprendre ce qui me plaisait moins dans la fin de roman et qui me semble différent dans les fameux trois épisodes.

Le personnage de Robinson, qui devient prépondérant justement dans cette fin de roman m'apparaît être une béquille maladroite. Il n'a aucune épaisseur, ce n'est qu'un dédoublement de Bardamu ayant pour unique fonction de permettre à Bardamu de continuer d'exprimer son jugement. Je dirais même que tout est un dédoublement de Bardamu dans la longue partie parisienne.

On voit Bardamu, on entend Bardamu, on parle Bardamu, on perçoit Bardamu et à propos de quoi ? de Robinson, qui n'est autre qu'une image affadie de Bardamu dans un miroir. Bardamu devient le castelet dans lequel les pantins jouent leurs scènes, or de pantins il n'y en a qu'un, et c'est Robinson. D'où mon manque d'intérêt dans cette partie.

Dans les trois épisodes sus-mentionnés, c'est Bardamu le pantin qui s'agite dans un décor donné et là c'est intéressant, captivant, même. Je pense que Céline s'est un peu trompé sur ce qui faisait son succès. Il pensait que c'était son style et je suis le premier à admettre que son style est exceptionnel, mais il n'y a pas que cela : la preuve, lorsqu'il a poussé son style jusqu'à l'outrance, les livres suivants n'ont pas eu le succès escompté.

Je pense même que s'il n'y avait pas eu ces trois fameux épisodes, le Voyage au bout de la nuit n'aurait pas du tout connu le retentissement que l'on connaît, style Céline ou pas style Céline. Je pense aussi que ce qui est particulièrement plaisant dans le Voyage et qui l'est moins dans les autres romans de l'auteur, c'est justement l'alternance, le mélange entre le style pur Céline et le style " ordinaire ", qui rend l'ensemble digeste.

En somme, Céline, c'est un peu comme ces alcools surpuissants qui gagnent à être coupés pour être savourés pleinement. J'ai le sentiment que ces deux éléments : le coupage nécessaire du style, et le placement de l'auteur-héros dans un véritable castelet et non être lui-même le castelet explique le relatif échec de ses livres ultérieurs.

Je remercie Bakhtine de m'avoir permis de comprendre ça. Donc, un livre que je trouve inégal, tout bonnement exceptionnel dans les trois premiers épisodes (disons du début au chapitre 19) carrément inégalé à ce jour selon moi, mais très inférieur dans la suite, non pas quant au style, qui reste le même, mais quant à la construction romanesque et à la place que s'attribue l'auteur-héros dans la narration et qui me paraît plus carencée, littérairement parlant.

En tout cas, une expérience littéraire que je conseille à quiconque d'effectuer. J'ai volontairement écarté le sujet très polémique de la personnalité et des engagements politiques de Céline qui, si j'en crois Proust dans son célèbre Contre Sainte-Beuve, n'ont pas vraiment lieu d'être dans une critique littéraire. Je ne suis pas là pour juger Céline car je pense n'en avoir ni les capacités, ni la licence, ni même l'ensemble des éléments du dossier qui me permettraient de m'en faire une opinion objective. Un livre par contre, j'arrive plus ou moins à en dire ce que j'en pense.
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La danse macabre de Ferdinand et Robinson. Atrocement sublime.
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J'ai commencé à le lire il y a environ vingt ans. Et je ne l'ai jamais terminé.

D'une part, parce que séparer l'oeuvre de l'auteur, c'est comme séparer le goût de la texture.
Je n'approuve pas les idées de ce monsieur. Par conséquent, je n'approuve pas son oeuvre.

MAIS, comme j'étais jeune et naive en ce temps là, j'ai quand même essayé de poursuivre ma lecture, pensant que bon, quitte à lire un truc, autant lire un "classique".

Alors, la question est : en quoi est-ce un classique ?
J'ai pas compris.
Non, mais, vraiment... j'aimerai qu'on m'explique. Parce qu'à part des injures et un langage inutilement violent en continu, qu'est ce qu'on peut en dire ?
J'étais sans doute trop jeune pour comprendre quoi que ce soit mais même, je n'en ai absolument pas saisi le fil conducteur.
Il ne m'en reste qu'un vague sentiment dégoûté, écoeuré et franchement, je ne le relirais pas même s'il était le seul roman disponible au monde.
Me frapper les neurones pour le plaisir de la douleur, ça ne m'intéresse pas.
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(Pour ceux qui connaissent déjà ma critique du Voyage, je les invite à se rendre à la fin de celle-ci, car ne pouvant en rédiger deux autour d'un même livre, comme me l'a précisé un administrateur de Babelio, j'ajoute ici un commentaire qui se focalise sur les illustrations de Tardi.)



Il y avait avant, puis il y a eu après. Après la Première Guerre mondiale: les lendemains qui déchantent. Comment écrire ça ? La littérature d'autrefois est morte sur les champs de bataille. On ne peut plus prendre le temps, il faut écrire vite, en un spasme, enragé, dégoûté, rendre compte du monde tel qu'il est: tellement sale !
Que dire de ce roman inclassable, inépuisable, insupportable tant il démaquille l'homme pour découvrir sa vraie nature?
Voyage au bout de la nuit c'est notre voyage dans notre nuit.



Voyage au bout de la nuit, illustré par Tardi:


Accompagnant graphiquement la descente de Bardamu aux enfers terrestres, les dessins de Tardi sont à Céline ce que Gustave Doré fut jadis à Perrault, La Fontaine, Dante, etc.
Tardi saisit le cauchemardesque du texte en le traduisant avec une incroyable intensité dramatique et une grande rigueur, notamment à travers les décors parisiens, qui occupent par ailleurs une place majeure dans son oeuvre.
Les planches captent le style unique et exclusif – juste copié plus ou moins heureusement – d'un écrivain de la modernité.
Rencontre posthume entre un roman dévastateur et un auteur de bande dessinée de premier ordre dont le résultat n'aurait, je veux le croire, pas déplu à Louis-Ferdinand Destouches.
Tardi poursuivra cet échange d'outre-tombe avec l'oeuvre de Céline, toujours avec la même maîtrise.
Hélas, marketing oblige, la nouvelle couverture perd en sobriété au regard de l'édition originale de 1988 qui reprenait celle de la Nrf.
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