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Jean-François Cellier (Autre)
EAN : 9782746842014
48 pages
Editions du Signe (30/09/2022)
4/5   1 notes
Résumé :
Un cœur très rouge.
Un cœur tellement vif qu’on s’attendrait à le voir battre.
Un cœur miraculeusement imprimé sur le torse, teint dans les fibres même de la peau. Faisant peau.
C’est celui d’un vieillard au cheveux argent. Le vieil homme repose là, sur la dalle froide d’une chapelle. En son chœur.
Ce 8 frimaire an 1818 s’est éteint Jean-François Gaschon. Il était aumônier à l’hospice d’Ambert.
Pourquoi, alors, cette foule incomm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai beaucoup aimé la première partie BD du livre et j'ai trouvé la deuxième partie texte riche et relativement bien informée. Je comprends parfaitement et respecte l'intention et l'objectif du livre qui est d'amener l'église catholique à donner le titre – canoniser dit-on dans une autre langue – De Saint au Père Gaschon d'Ambert dont la chapelle de l'Hôpital d'Ambert justement vient d'être rénovée entièrement et remise dans son état le plus digne de ce Père Gaschon que nous vénérons tous dans le pays du Livradois Forez. Mais nous vénérons cet homme à la fois conformément à ce que nous pouvons savoir de SON histoire, de l'histoire du Livradois Forez, et d'une légende que tout le monde raconte régulièrement, même s'il y en a de nombreuses versions. Ce qui est partiellement absent du livre, c'est la façon – et disons-le clairement inattendue – dont le Père Gaschon a réussi à survivre dans le Livradois Forez pendant plus de dix ans en prêtre réfractaire refusant toute allégeance au pouvoir d'état, d'abord révolutionnaire, puis consulaire et impérial.

Cela tient à une propension historique de ce territoire, et cela remonte à loin. Je vais simplement donner quelques éléments sur la parfaite double allégeance du Livradois Forez.

La Seigneurie de Meymont est très ancienne et la chapelle castrale qui a survécu à l'histoire jusqu'à présent, la chapelle Saint Pierre, désacralisée par ailleurs, date du 9ème siècle, d'avant le style roman. le Seigneur de Meymont autorisa très tôt à ce que les serfs, principaux travailleurs agricoles à l'époque puissent (le servage a été imposé par la réforme religieuse et sociale de Charlemagne au 9ème siècle) avoir un métier à tisser dans chaque foyer, ou famille, ou « feu » comme on disait alors pour tisser l'année durant quand du temps disponible se présentait le chanvre qu'Olliergues et la Seigneurie de Meymont cultivait largement. Lesdits serfs pouvaient ensuite vendre la toile ainsi produite sur les marchés. Pour permettre cela la Seigneurie de Meymont et l'église mirent à la disposition de tous quatre types de moulins à eau sur le territoire de cette Seigneurie : moulin à grain, moulin à huile, moulin à tan et moulin à foulon pour la fibre et la toile de chanvre. Il reste de nombreux vestiges des biefs et des moulins concernés et un groupe d'entre eux à Repote ont trouvé des utilisations modernes. Un d'eux, ou plusieurs, un ensemble tant sur la Repote et sur la Dore sont devenu l'usine Omerin où la technologie du câble de haute sécurité dont Omerin est numéro UN mondial a été inventée à la fin des années 1950. Entretenue, cette usine cependant a cessé toute activité et il est regrettable qu'elle ne soit pas mise en valeur et utilisée par exemple pour des activités d'éducation du Collège d'Olliergues ou d'autres établissements scolaires.

Ces moulins ont laissé derrière eux de nombreux biefs et certains sont utilisés par un barrage EDF, par une turbine au cours de l'eau privée, par l'ancienne usine Villadère qui contient elle aussi une turbine sur dérivation canalisée, elle aussi privée. Un moulin en parfait état de fonctionner (moyennant quelques remises en forme) à Saint Gervais sous Meymont est encore debout, même si inutilisé. À Giroux Gare la papeterie est bien sûr un développement des nombreux moulins sur la Dore et la Faye.

Pour que les serfs puissent aller aisément au marché de Tours sur Meymont, ou même au-delà pour vendre leur toile de chanvre et les produits qu'ils pouvaient vendre (toujours sur la base du partage des émoluments de ces ventes avec le Seigneur de Meymont), le Seigneur justement fit construire le pont du Diable, premier pont sur la Dore au 12ème-13ème siècle. Dès le 11ème siècle une convention avec la toute jeune Abbaye de la Chaise-Dieu permit à l'Église Saint Martin de la Chabasse de payer une rente pour les services religieux fournis par l'abbaye, avec en plus un prieuré à Saint Gervais sous Meymont, mais d'autres églises comme celle de la Chapelle-Agnon (chapelle comme son nom l'indique) qui faisait partie de la Seigneurie de Meymont jusqu'à la fin du 13ème siècle quand le Seigneur de Meymont coupa sa seigneurie en deux pour doter ses deux filles.

Il y a sur le territoire de cette ancienne seigneurie un très profond attachement religieux qui se révéla extrêmement puissant dans deux occasions. Quand les soldats du Capitaine Merle, le militaire protestant qui occupait Mende (et y détruisit la cathédrale) arrivèrent à Ambert, ils commencèrent par abattre l'église Saint Jean, puis pillèrent le prieuré de Sauxillanges à Vertolaye, où l'usine EUROAPI est elle aussi positionnée sur les sites d'anciens moulins sur la Dore et le Ruisseau de Vertolaye. Puis ils continuèrent vers Olliergues, le village principal étant fortifié avec un château sur le piton central et une forte présence militaire du fait du rôle important de la baronnie d'Olliergues dans l'appareil militaire du Roi de France avec l'acquisition du titre de Vicomte de Turenne par la mariage d'Agne IV avec sa cousine directe Anne de Beaufort sur dérogation papale. Agne IV augmenta le rôle militaire auprès du Roi de France à la fin de la Guerre de Cent Ans. Les Protestants ne purent pas prendre le village. Ils incendièrent ce qu'ils purent dans la partie du village non fortifiée, rue du Pavé qui remontait à l'époque jusqu'à la route des pèlerinages. Puis ils continuèrent vers le Brugeron. le Baron d'Olliergues, Marquis de Turenne fit passer l'ordre à tous les serfs de faire le nécessaire. Il n'y eut pas un seul survivant du côté des protestants et un lieu-dit existe un peu en dessous du Brugeron, le Grun Batailler, où cet événement eut lieu.

C'est dire l'extrême sentiment religieux de ce pays d'Olliergues dans le Livradois Forez. le château des Barons d'Olliergues ne fut pas détruit à la Révolution, car le trésor du château avait été emporté sous Louis XV vers Paris pour une évaluation de la famille (N'oublions pas qu'alors Henri de Turenne, Baron d'Olliergues et Prince de Sedan était enterré dans la Basilique Saint Denis, Basilique où étaient enterrés les membres de la famille royale, car la famille des Barons d'Olliergues avaient du sang royal, la preuve en étant la bandeau route de bâtardise royale des armes de la ville. Il semble que les Barons d'Olliergues firent comme l'Amiral d'Estaing de Ravel, et le général La Fayette en Haute Loire. Ils libérèrent leurs serfs et nullifièrent tous les documents féodaux. Les cahiers de doléances de la ville d'Olliergues méritent qu'on y jette un coup d'oeil. le profond sentiment religieux de la population allait de pair avec le profond sentiment de la nécessité d'un changement politique et économique. le Livradois Forez produisit des révolutionnaires parfois sanguinaires. Cette double allégeance permit au Père Gaschon des survivre pendant près de dix ans dans la montagne, dans la forêt, passant d'une ferme à l'autre et continuant à officier et assurant les sacrements religieux. Cela ne fut possible que parce que la population, toute révolutionnaire qu'elle était, était aussi profondément religieuse. C'est une particularité historique d'Olliergues et cela n'est pas suffisamment mis en valeur. le Père Gaschon n'était rien sans cette assise dans la conscience des gens. Lors de la mort du Père Gaschon, une foule importante assista à ses obsèques et une vénération durable survécut et survit encore dans la population.

Ce travail de réflexion sur le long terme historique précédant le Père Gaschon n'enlève rien à cet homme, mais lui donne un ancrage dans le temps et l'âme des gens, certains souriront et diront la conscience des gens, d'autres diront même l'inconscient des gens, mais il n'en reste pas moins que le Père Gaschon est un prodige en soi, et rien que pour cela il mérite qu'on l'honore. La Chapelle de l'hôpital d'Ambert a été rénovée avec le soutien de l'entreprise et de la Fondation Omerin. C'est bien. Mais il serait probablement bien que les établissements scolaires du territoires réfléchissent sur cette dualité d'obédience et d'allégeance de la région depuis très longtemps. Olliergues était un poste militaire Gaulois avant de devenir un poste militaire romain ou gallo-romain. Et il est toujours là, le poste militaire.

La Chapelle Saint Pierre de Meymont mériterait une remise en état et une nouvelle utilisation. La structure souterraine bâtie – et heureusement murée – de l'église paroissiale d'Olliergues mériterait un chantier archéologique pour la réouvrir, murée qu'elle est depuis plusieurs siècles. Elle a été inventoriée en 1996. de même la Sainte Anne Trinitaire emprisonnée dans le grenier du château, commandée par Agne IV – comme le pont roman d'Olliergues lui aussi – au 15ème siècle (et gardons en mémoire que l'épouse d'Agne IV est Anne de Beaufort) et rénovée sous le maire Lucien Drouot au début des années 1970, mériterait l'investissement de mise en sécurité dans une châsse digne de ce nom dans l'église paroissiale, comme celle de la Vierge à l'enfant romane de Courpière. Mais ici le côté révolutionnaire de la population ressort et les rend grincheux et rapiats. Si on ajoute tout l'héritage économique, culturel agricoles avec les terrasses et les rases des bénédictins de la Chaise-Dieu du 11ème siècle (sinon le 10ème) au 18ème siècle, la structure bâtie sous l'église, les salles souterraines du château murées quand l'école publique était dans le château, pour empêcher les potaches d'aller dans les sous-sols, un vrai projet patrimonial est possible et les ramifications vers La Chaise-Dieu, la Basilique Saint Denis, les Invalides (où Turenne a été enterré par Napoléon) et bien d'autres encore, permettraient un projet à dimension européenne qui d'ailleurs pourrait aisément prendre une dimension régionale en s'appuyant sur le patrimoine roman, gothique et culturel de la région Livradois Forez ou de la grande Auvergne, la patrie de plus de Vierges Noires – et pas seulement noires – que n'importe où ailleurs dans le monde.

Le Père Gaschon dans tout cela est une étoile qui devrait nous mener sur la route de nos lendemains. L'ennui c'est que tout cela va si lentement. Mais là un miracle est toujours possible.

Dr. Jacques COULARDEAU

Lien : https://jacquescoulardeau.me..
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