AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,84

sur 196 notes
5
6 avis
4
16 avis
3
13 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après Terra Alta, Indépendance est le deuxième tome d'une trilogie policière. M'en étant rendue compte trop tard, et bien qu'il puisse aisément se lire indépendamment, je n'ai qu'une hâte, me plonger maintenant, rapidement dans le premier.
Melchor Marín, fils d'une prostituée a connu la prison avant d'entrer dans la police pour venger les assassins de sa mère. Après s'être montré héroïque en abattant quatre terroristes lors d'un attentat islamiste à Cambrils en 2017, il avait été affecté au commissariat de Gandesa en Terra Alta, une comarque à l'extrême sud de la Catalogne, une région supposée paisible.
Si la placidité rurale du commissariat lui fait beaucoup de bien, il n'en sera plus de même après la mort de sa femme Olga. Il demande alors d'être muté à Barcelone où il part avec son enfant Cosette. Puis, ne pouvant se défaire de ses pires souvenirs, il décide de retourner en Terra Alta.
2025. Alors qu'il songe à changer de carrière et à devenir bibliothécaire, tant il aime les livres, « Les Misérables » de Victor Hugo ayant bouleversé son existence, il doit à nouveau, quitter provisoirement sa terre d'adoption, appelé pour prêter main-forte aux services de police de Barcelone, où il doit intégrer momentanément l'équipe de l'unité centrale des enlèvements et extorsions.
L'inspecteur Melchor se retrouve alors au coeur d'une enquête où la célérité et la discrétion sont de mise, la victime étant la maire de la ville.
Celle-ci, Virginia Oliver, est victime d'un chantage à la « sextape », chantage financier qui va rapidement être assorti d'une demande de démission de l'édile. Il apparaît évident qu'il est le fruit d'une manoeuvre politique visant à déstabiliser la mairie pour favoriser quelques intérêts.
Très vite, l'inspecteur est sur la piste de trois hommes de pouvoir, issus des familles les plus puissantes de Barcelone et d'un quatrième issu d'un milieu moins favorisé que ces derniers. Melchor va devoir déterminer si les motifs de l'extorsion de fonds sont financiers, politiques, ou personnels, tout étant intimement mêlé.
En plaçant son enquête au sein de la haute bourgeoisie catalane, Javier Cercas met en évidence le cynisme et la corruption de cette caste de privilégiés à l'ambition décomplexée et démesurée. Il fait ainsi une violente critique de ces élites politiques et économiques barcelonaises qui se croient et la plupart du temps le sont, au-dessus des lois.
Javier Cercas porte un regard noir sur le monde politique espagnol et sur ce mouvement qui, en guise d'indépendance entendrait avant tout conserver celle de sa caste et c'est l'histoire récente du pays qui est présente tout au long de son récit avec notamment « le Procés », procès durant lequel des indépendantistes catalans ont été jugés devant la Cour suprême espagnole pour leur rôle dans la tentative de sécession d'octobre 2017.
Il est également beaucoup question de lutte des classes dans Indépendance avec une société où il y a les riches et ceux qui aspirent à l'être.
Javier Cercas sait parfaitement entretenir le suspense tout au long de son roman tout en livrant une analyse assez fine d'un mouvement régionaliste qui flirte avec le populisme. Pour moi, cette analyse inscrite au coeur de l'enquête donne toute sa saveur et son intérêt au polar.
Beaucoup de psychologie émaille ce roman avec des personnages jamais simples. S'ils ne sont pas bipolaires comme le sergent Vàszquez, ils sont souvent hantés par leur passé ou prisonniers de leurs secrets. Mais s'il est un personnage attachant dans ce roman, c'est bien l'inspecteur Melchor, cet homme dont l'indéfectible intégrité est mise à rude épreuve au contact des rouages du pouvoir où cynisme et opportunisme sont de mise. Comment ne pas être en empathie avec cet homme, qui, lors d'une courte peine de prison, grâce à son avocat, découvre Les Misérables de Victor Hugo, s'identifie à Javert et devient policier ensuite pour venger la mort de sa mère.
Ce livre est d'ailleurs un magnifique hommage aux écrivains et je laisse à Melchor le soin de nous délivrer ce message : « Alors, pour finir, je vous raconterai ce que j'ai aussi appris en lisant des romans. Ce que j'ai appris, c'est que les romans ne servent à rien. Ils ne racontent même pas les choses telles qu'elles sont mais comment elles auraient pu être, ou comment nous aimerions qu'elles soient. Et c'est comme ça qu'ils nous sauvent la vie. »
Indépendance est un polar politique à l'humour cinglant dans lequel Javier Cercas brosse un portrait terrible du monde politique espagnol, un monde mené par l'argent, une politique-fiction, violente critique des élites politiques corrompues.
Commenter  J’apprécie          1027
Second opus de la carrière de l'inspecteur Melchor Marin, rompant exceptionnellement sa routine de Terra Alta pour donner un coup de main à ses anciens collègues barcelonais, dans une enquête de chantage et extorsion visant la maire de cette même ville.

Au-delà des personnages récurrents, Javier Cercas produit une charge violente sur la société dirigeante de cette province catalane en désir d'indépendance, ses soubresauts politiques et ses élites pas toujours très nettes. La vision offerte des rouages du pouvoir catalan est très édifiante : un monde d'impunité, de corruption et d'entre-soi.

J'avais bien apprécié le premier livre avec ce policier fragilisé par son métier et qui subit le pire dans sa vie personnelle. Ici, je le trouve noyé dans un dossier sans énergie et trop verbeux. le roman est structuré par de nombreux et longs dialogues. C'est un brin désarçonnant, ça frôle l'ennui en dépit d'un montage narratif entremêlant l'enquête et le récit/confession d'un protagoniste inconnu… dont on subodore l'identité rapidement ainsi que le twist final impliquant notre héros.
Amusante trouvaille, en revanche, de voir un clone de notre auteur s'inviter dans la narration.

Une lecture intéressante mais un avis mitigé (pour ce qu'il vaut).
Commenter  J’apprécie          270
Deuxième volet de la trilogie commencée avec Terra Alta où nous retrouvons Melchor dans un chapitre choc d'ouverture où il défend de jeunes prostituées. Mais l'essentiel du roman n'est pas là puisque Melchor est appelé en renfort à Barcelone aux côtés de son ancien chef Blai. Cette fois il doit enquêter sur un chantage visant la maire de Barcelone.

Les recherches vont plonger les enquêteurs dans les sombres manigances des familles ‘régnantes' de Barcelone, celles qui détiennent toutes les clés de la richesse et du pouvoir depuis longtemps et qui sont prêtes à tout pour que rien ne change, indépendance de la province ou pas.

J'ai été moins embarquée dans ce roman que pour Terra Alta, les discours sur la politique catalane sont trop longs et desservent à mon sens le rythme du roman. On devine que l'auteur veut faire passer un message ou régler des comptes. Heureusement que le récit de l'enquête est parfois entrecoupée par les aveux partiels d'un des protagonistes ce qui donne envie d'en savoir plus.

La conclusion de l'intrigue est alors sans grande surprise sauf en ce qui concerne un twist final qui permet à Melchor de résoudre enfin un mystère qui touche à sa vie personnelle passée. Autre bémol en ce qui concerne des personnages un peu caricaturaux, vraiment très noirs et très cyniques d'un côté ou résolument humanistes de l'autre, seul Melchor, le héros dont on attendait le retour est en demi-teinte, plus nuancé, un peu trop peut-être même. Cela reste un assez bon roman policier et je lirai tout de même le troisième volet en espérant retrouver le même enthousiasme que pour Terra Alta.
Commenter  J’apprécie          262
Après Terra Alta,je retrouve avec enthousiasme Melchor. Homme qui a vécu plusieurs vies en une seule,qui a laissé tomber son costume de délinquant pour endosser l'uniforme de policier,et qui envisage de devenir bibliothécaire. Il faut dire que c'est grâce à la lecture des Misérables qu'il est devenu justicier,grâce aux livres qu'il a rencontré l'amour et eu une petite fille qu'il a nommé Cosette!
Indépendance se déroule principalement à Barcelone. Afin d'aider son ancien collègue dans une affaire de chantage "sextape" exercé sur la maire de Barcelone, il abandonne quelques temps sa terre chérie.
Javier Cercas nous plonge dans le milieu peu reluisant de la politique,de la soif du pouvoir . Si la critique acerbe de ce milieu s'ancre dans l'histoire de la Catalogne, la personnalité abjecte des personnages de ce roman,leur absence de scrupule pour arriver à leur fin,la soumission à laquelle peuvent être tenté certains pour accéder à une classe sociale élevée peuvent se transférer chez nous comme ailleurs!
J'ai moins aimé ce second tome mais le personnage de Melchor rachète bien certaines longueurs et des digressions parfois superflues à mon goût ! Je regrette aussi d'avoir deviné beaucoup trop vite un des éléments essentiels de l'histoire. Je vais cependant me lancer sans plus tarder dans le troisième volumes!
Commenter  J’apprécie          260
C'est un beau printemps pour les amoureux de littérature espagnole contemporaine avec la parution successive des romans de Almudena Grandes, Arturo Pérez-Reverte et Javier Cercas. Pour ce dernier, la suite de son splendide Terra Alta était impatiemment attendue et ce deuxième volet d'une trilogie annoncée, intitulé Indépendance, ne risque pas de décevoir les aficionados de l'auteur. Il est moins question de la région de Terra Alta, cette fois-ci, que de Barcelone, dans une légère dystopie, puisque l'action du livre est censée se passer en 2025, alors que la capitale catalane est dirigée par une première édile ultraconservatrice et xénophobe, entourée de conseillers issus de la grande bourgeoisie de la ville. Indépendance est un roman policier, bien sûr, avec une enquête sur un chantage à la sextape concernant la maire de Barcelone, mais aussi social et politique, où la question de l'indépendance de Catalogne, proclamée en 2017 puis suspendue par le gouvernement espagnol, représente une toile de fond prégnante. le personnage principal du livre, ce flic meurtri auquel la lecture des Misérables a sauvé la vie et qui rêve de devenir bibliothécaire, prend encore plus d'épaisseur dans ce deuxième tome de Terra Alta, avec ses méthodes et sa moralité très particulières, qui le hissent à la hauteur des plus grands policiers de la littérature. Il y a beaucoup d'humour et de malice aussi dans le roman et une mise en abyme délicieuse du précédent livre de Javier Cercas. Passionnant de bout en bout, Indépendance trouve une sorte d'acmé peu avant son dénouement, avec un entrecroisement virtuose de dialogues, situés dans des temporalités différentes, sans que jamais le lecteur ne perde de vue les différents fils narratifs. Après ce deuxième épisode qui aurait pu s'intituler Sexe, mensonges et vidéo, il n'y a plus qu'à attendre avec gourmandise l'ultime volet du triptyque, déjà paru en Espagne.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
Commenter  J’apprécie          250
« Ne me dis pas que tu n'as pas lu le dernier roman de Javier Cercas ? » (p.178)

Ce n'est pas la question que je veux vous poser, c'est une citation du livre, une autopublicité qui fait un peu bizarre au milieu de ce polar. Peut-être que ça se voulait un clin d'oeil au lecteur, mais ça m'a plutôt agacé.

Quand même, c'est un polar avec un policier vengeur qui veut devenir bibliothécaire, une incursion dans les cercles huppés de la Catalogne, les personnes qui se sentent au-dessus des lois et des magouilles financières et politiques, ce n'est pas à dédaigner.

Au final, malgré quelques maladresses, j'ai lu le dernier Cercas et je lirai bien le suivant!
Commenter  J’apprécie          230
Ce récit lambine un peu dans ses bavardages.
Cercas s'amuse aussi mettre en scène
son roman précédent "Terra Alta"
Il y revient lourdement.
Petite crise narcissique, cabotinage ?
Melchior est toujours aussi attachant.
Un flic qui rêve d'être bibliothécaire !
Sa façon de regler les féminicides
est toujours aussi inventive.
Son amour de la littérature
"qui ne sert à rien mais qui sauve" est contagieux.
Un récit trop dilué dans les détails.
On pourrait devenir chauffeur de taxi
à force de sillonner les rues de Barcelone .

Une lecture agréable mais, qui s'éternise
queque peu dans les detours du quotidien.

Commenter  J’apprécie          230
« Indépendance » de Javier CERCAS (éditions Actes Sud) est le deuxième tome de la trilogie « Terra Alta » qu'il convient préférablement de lire dans l'ordre d'écriture pour une complète compréhension et appréciation de l'ensemble de l'oeuvre.


Celle-ci s'inscrit dans une Espagne encore marquée par les séquelles du « Procès » (1), le processus indépendantiste catalan qui a dominé en 2017 en même temps que la tenue d'un référendum illégal sur l'autodétermination de la Catalogne et la proclamation unilatérale d'indépendance par le gouvernement régional. Ce mouvement a provoqué une crise institutionnelle, politique et sociale sans précédent dans le pays et la division profonde de la société catalane entre partisans et opposants à l'indépendance.


Le roman met en scène les conséquences de ce conflit sur la ville de Barcelone, qui est dirigée par une maire ultraconservatrice - après avoir opportunément oeuvré dans un univers opposé. Madame le maire est confrontée à un chantage à la vidéo porno (sextape), qui menace de ruiner sa carrière politique. Derrière cette tentative d'extorsion se cache en réalité un complot réalisé par un groupe de privilégiés issus de la haute bourgeoisie catalane, qui ont profité de la situation politique pour accroître son pouvoir et ses biens, et qui cherchent à éliminer le maire pour la remplacer par son premier adjoint, plus favorable à leurs intérêts


Le roman présente une vision critique du séparatisme catalan et dénonce également l'hypocrisie et la violence d'une certaine classe dominante, qui se livre à des crimes impunis, comme le viol collectif de jeunes filles droguées, filmé à leur insu.


Comme dans le premier tome, l'on retrouve, le personnage principal du roman, Melchor Marin, l'inspecteur de police chargé d'enquêter sur le chantage dont est la victime le maire de Barcelone. Toujours aussi complexe, mais néanmoins fascinant et très attachant – il convient de rappeler que celui-ci a connu une enfance difficile et une trajectoire singulière (fils d'une prostituée assassinée, ayant passé plusieurs années en prison pour trafic de drogue), il a ensuite intégré la police pour assouvir son désir de justice : retrouver les assassins de sa mère.


Il finira par s'illustrer par son courage lors d'un attentat islamiste à Cambrils en 2017, où il a abattu quatre terroristes. Aussi, et afin de préserver son identité et sa sécurité, il a été affecté au commissariat en Terra Alta, une région rurale et paisible du sud de la Catalogne, où il a refait sa vie avec sa femme Olga et sa fille Cosette. Mais après la mort accidentelle d'Olga, il a sombré dans le désespoir, il a finalement été muté provisoirement à Barcelone pour prêter main-forte à l'enquête du chantage contre madame le maire.


Melchor Marin est un personnage épris de justice, réputé pour sa discrétion et sa perspicacité. Il est déterminé à résoudre l'affaire qui lui est confiée et à faire triompher la vérité. Il est guidé par ses principes moraux et par son admiration pour les livres, notamment « Les Misérables » de Victor Hugo, qui ont bouleversé son existence. Il se sent proche du personnage de Jean Valjean, qui a su se racheter après avoir commis un crime. Il se considère comme un “misérable” qui a eu une seconde chance. Il est aussi attiré par le personnage de Cosette, la fille adoptive de Valjean, qu'il a donné comme prénom à sa fille. Alors, ainsi, il voit en lui l'espoir d'un meilleur avenir.


Melchor est un personnage attachant, complexe, mais qu'il est impossible de ne pas aimer. Il est pétri de contradictions, de dilemmes, de forces et de faiblesses en même temps. Il est à la fois catalan et espagnol, il aime sa terre natale, mais il se sent aussi chez lui en Terra Alta, il est loyal envers la loi, mais il n'hésite pas à la transgresser pour faire justice, il est solitaire, mais il a besoin d'amour et d'amitié. Il est le témoin lucide et désabusé des événements qui secouent la Catalogne, mais il garde aussi une part de rêve et d'idéalisme.


Bref, Melchor, c'est un peu nous, lecteurs !


Certains ont ergoté sur la nature du roman : c'est est un thriller politique, qui mêle suspense, intrigue et réflexion. Il suit le déroulement de l'enquête policière menée par Melchor Marin, qui doit faire face à de nombreux obstacles, rebondissements et fausses pistes. Il tient le lecteur en haleine jusqu'au dénouement final, j'insiste jusqu'au dénouement final nonobstant les apparences, qui révèle les secrets et les motivations des différents protagonistes.


Le roman utilise parfaitement les codes du genre policier, tout en s'en éloignant par moments, mais l'auteur le fait avec brio. C'est délectable et très jouissif.


Mais, c'est aussi incontestablement un roman politique, qui propose une analyse critique et sans concessions du séparatisme catalan et du pouvoir, en s'appuyant sur des faits réels et des personnages inspirés de la réalité, comme le maire de Barcelone ou le président de la Generalitat de Catalogne.


Il faut reconnaitre que le roman expose les différents points de vue sur la question de l'indépendance, en mettant en scène des personnages aux opinions divergentes et nuancées, sans prendre parti pour ou contre l'indépendance, mais en dénonçant les manipulations, les mensonges, les intérêts cachés et les dérives du pouvoir en posant les questions essentielles sur la démocratie, la justice et la morale.


Tout comme le premier tome, je me suis régalé, j'ai adoré le personnage de Melchor, je recommande vivement cette lecture.

Michel.

1) le procès des indépendantistes catalans devant le Tribunal suprême d'Espagne. Nom de dossier : Causa Especial 20907/2017, a débuté le 12 février 2019, à la suite d'une instruction qui s'est déroulée du mois d'octobre 2017 au mois de juillet 2018. L'audience s'est terminée le 12 juillet 2019 ; le verdict a été rendu le 14 octobre 2019 à l'unanimité des juges du « pouvoir » central.

Neuf des douze inculpés a été condamnés à des peines de prison de 9 à 13 années, pour crime de sédition, cinq d'entre ont également été condamnés pour détournement de fonds publics. Les trois autres ont reçu une amende pour désobéissance. le crime de rébellion n'a été retenu pour aucun des accusés.

Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
Commenter  J’apprécie          190
Après "Terra Alta", Javier Cercas nous offre un second polar de haute volée. Il s'agit d'une suite avec les mêmes personnages.
Nous ne sommes plus dans la région perdue du Terra Alta, mais à Barcelone le centre du pouvoir en Catalogne. Melchor, le héros - on peut le dire, tout y contribue – est appelé à renforcer une équipe de policiers enquêtant sur une tentative de chantage visant la maire de Barcelone, par le biais d'une vidéo à caractère sexuel. (Une "sex tape" comme on dit vilainement aujourd'hui, comme si la langue française manquait de mots pour dire la chose).
Et c'est l'occasion d'une plongée au coeur de la bourgeoisie catalane, du pouvoir et de ses moeurs, qui n'ont sans doute rien de spéciales, sont impitoyables et n'ont que faire de la morale.
A côté du policier Melchor au caractère si attachant, évolue une galerie de personnages croqués avec talent.
Le genre polar est ici pleinement maîtrisé, avec une construction remarquable. le récit est mené avec maestria jusqu'à un double dénouement : celui de l'intrigue et celui du drame qui pèse sur Melchor depuis son enfance.
Une mention particulière pour les traducteurs : la lecture du livre est d'une grande fluidité.
Commenter  J’apprécie          131
J'ai retrouvé dans Indépendance les mêmes défauts ou faiblesses que dans Terra Alta (à lire absolument avant Indépendance), le premier tome de cette trilogie qui s'achève avec le Château de Barbe-bleue, qui vient de paraître.

En un mot comme en cent, il faut se mettre en tête qu'il ne s'agit pas d'un polar, ou d'un thriller, encore moins d'un whodunit, appelez ce genre comme vous voudrez. Pour les polars, et les polars à Barcelone, il vaut mieux lire ou relire Manuel Vasquez Montalban, Francisco Gonzalez Ledesma, Eduardo Mendoza ou Carlos Zanon. La liste est longue, et certains des livres de ces auteurs épatants.

Certes, Indépendance s'appuie sur une intrigue policière et met en scène Melchor qui est policier, mais c'est bien tout. En réalité, en lieu de polar, on a à faire à un livre politique, engagé, souvent didactique (hélas), parfois un peu lourd (re hélas), répétitif mais puissant, juste, dérangeant, accablant - et de mon point de vue, quand on écarte le mobile de l'intrigue proprement dite (qui fait chanter la maire de Barcelone ?), réussi.

Il décrit avec justesse la manière dont le pouvoir, en Catalogne autant qu'ailleurs, corrompt, et le pouvoir absolu corrompt absolument. Les luttes présentées par certains comme les plus nobles, telle la volonté d'autonomie catalane, ne le sont pas du tout. Les populismes se nourrissent des peurs que suscitent ou entretiennent ceux qui y ont intérêt : moins de logements sociaux, plus de dénonciation de l'immigration en quelque sorte.

Javier Cercas est indépendant et en colère : ça se sent !
Commenter  J’apprécie          90




Lecteurs (450) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature espagnole au cinéma

Qui est le fameux Capitan Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, dans un film d'Agustín Díaz Yanes sorti en 2006?

Vincent Perez
Olivier Martinez
Viggo Mortensen

10 questions
95 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , espagne , littérature espagnoleCréer un quiz sur ce livre

{* *}