AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330068967
96 pages
Actes Sud (02/11/2016)
3.59/5   81 notes
Résumé :
Quand il n’officie pas dans le modeste cabinet juridique qui l’emploie, Álvaro pense à Flaubert. Comme lui, il veut écrire un grand roman. Son idée – simple et efficace – consiste à produire une nouvelle variation sur le couple et ses avatars : l’amour, l’argent, le crime. Le plan est précis, la routine efficace ; il ne manque plus que la réalité lui fournisse l’essentiel : le matériau, la vérité de son histoire. C’est ainsi qu’avec une méticulosité aussi attentive ... >Voir plus
Que lire après Le mobileVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
3,59

sur 81 notes
5
7 avis
4
16 avis
3
4 avis
2
2 avis
1
0 avis
Jusqu'où peut-on aller avec l'ambition d'écrire un roman de fiction, basé sur des faits et personnages réels, au départ non existants ?
Eh bien c'est ce que nous propose Cercas dans cette courte oeuvre de jeunesse.
Les romans de Cercas sont comme des tests de Q.I. Il pose un peu partout dans sa narration labyrinthique, des trappes de logique ; nous parachute nous lecteur, au coeur du labyrinthe, où se trouve le noyau de la fiction, et de là, à travers divers chemins qui alternent réalité et fiction, et trappes, on doit retrouver la sortie. Ici ,dans ce premier roman, c'est le plus simple et le plus parfait de ce que j'ai lu de lui jusqu'à maintenant.

Cercas écrit un livre sur un écrivain, Alvaro, qui écrit un livre sur un écrivain ambitieux , qui écrit un roman ambitieux ( les poupées russes à côté c'est rien) . Vous me suivez ?
Ce roman dans le roman raconte l'histoire d'un jeune couple en difficultés matériels qui finit par assassiner un vieil homme qui vit dans le même immeuble. Donc la plus petite poupée russe est un roman à quatre personnages, l'écrivain ambitieux, le couple en difficulté et le vieillard qui sera assassiné. Eh bien, partant de là, l'écrivain ambitieux, Alvaro et Cercas ( en faites Cercas et ses avatars ) vont s'acharner avec un plan à mon avis diabolique, et même à la limite du malsain, à la réalisation de l'histoire fictive dans la réalité, qui elle-même servira de matériau brut pour élaborer la fiction du départ. La fiction est contrôlable, mais la réalité ?

Déjà dés ce premier livre l'auteur nous livre sa fascination à brouiller les frontières entre fiction et réalité et relate les relations complexes entre l'écriture et la vie.
Brillant !
Commenter  J’apprécie          7311
Javier Cercas ne m'était pas inconnu, j'avais vu plusieurs fois ses romans exposés dans les librairies dont « Terra Alta », mais je n'étais pas allée plus loin. Alors merci Idil (Bookycooky) pour m'avoir permise de découvrir cet auteur espagnol avec ce court récit de moins de cent pages.

A l'origine, « le mobile » faisait parti d'un recueil de cinq nouvelles écrites dans la jeunesse de l'auteur. Au final, Javier Cercas conservera uniquement celle-ci qu'il publiera en 1987.

*
Le récit commence par la présentation du principal protagoniste de cette histoire, Álvaro. Ses réflexions sur la littérature et l'acte d'écrire nous permettent de découvrir un homme tourmenté, fermé, obsédé.
« Il considérait que la littérature est une maîtresse possessive. Soit il la servait avec un zèle et une dévotion absolus, soit elle l'abandonnait à son sort. »

Puis l'histoire évolue et devient un thriller psychologique dans lequel, entre les dialogues et les monologues intérieurs, on est amené à s'interroger sur les personnes manipulatrices, sur les obsessions de chacun et leurs conséquences.

*
Álvaro, le narrateur de ce récit, conseiller juridique passionné de littérature, projette d'écrire un roman policier ambitieux qui bouleversera l'histoire de la littérature.
Pour cela, il choisit les personnages de son roman parmi les habitants de son immeuble, un retraité discret qui cache ses économies chez lui, dans un coffre-fort fermé à clé, et un jeune couple en proie à des difficultés financières.

« Álvaro se plonge dans son travail. Ses personnages l'accompagnent partout : ils travaillent avec lui, se promènent, dorment, vont aux toilettes, boivent, rêvent, s'assoient devant le poste de télévision, respirent avec lui. Il noircit des centaines de pages d'observations, d'annotations, d'épisodes, de corrections, de descriptions de ses personnages et de leur milieu. »

Impitoyable, insensible, inébranlable, l'écrivain va jouer avec ses voisins, comme un marionnettiste tirant les ficelles, les espionnant, les manipulant, influant sur leur vie, leurs choix et leurs décisions, dans le seul but d'en faire des pantins, de leur faire jouer le rôle qu'il leur a attribué dans sa fiction et amener ainsi le couple à commettre le meurtre du vieil homme.

« Malgré tous les revers du siècle, il fallait continuer à croire au roman. Certains l'avaient déjà compris. Aucun instrument ne pouvait capter avec une telle précision et une telle richesse de nuances la complexité infinie du réel. Quant au certificat de décès du roman, il estimait qu'il s'agissait là d'un dangereux préjugé hégélien ; l'art n'avance ni ne recule : l'art advient. »

L'atmosphère du roman s'épaissit jusqu'à la toute fin, surprenante, originale.

*
La force de ce premier roman, c'est avant tout dans la mise en lumière des mécanismes de création littéraire d'Álvaro dans une vertigineuse mise en abyme. Ce « roman dans le roman » entretient ainsi un jeu de confusion entre la fiction et la réalité dans un format court qui maintient l'immersion totale du lecteur.

Je dois dire que le déroulement de l'intrigue, l'ironie que l'on perçoit également, la tension si bien ajustée, piquent forcément la curiosité. Et, même si je suis restée vigilante, essayant de garder le lien avec le réel, recherchant les moments de bascule, lorsqu'est arrivée la dernière page du récit, j'ai été stupéfiée de m'apercevoir que j'avais été manipulée par l'auteur.
Quel auteur, me direz-vous ? A vous de le découvrir, mais cette dernière page justifie tout l'intérêt du roman.

*
Pour conclure, ce court récit se lit d'une traite pour mieux savoureux la chute. « le mobile » est une sorte d'expérience littéraire dans lequel la fiction et la réalité, dans un jeu de dupe, se fondent jusqu'au meurtre.
Cette première nouvelle, grâce à une habile mise en abîme, laisse présager de très belles lectures à venir. Une découverte originale qui permettra de reprendre son souffle entre deux lectures plus imposantes.
Commenter  J’apprécie          4743
Voici un court roman de jeunesse qui nous tient en haleine dans la démarche méticuleuse, attractive , attentive et passionnée du narrateur et son entreprise d'écrire une" grande oeuvre."
Son plan est précis et la routine efficace.

Cet homme simple en apparence met en scène Alvaro, employé dans un cabinet juridique dont le rêve exclusif et exigeant est d'écrire un grand roman en y travaillant d'arrache pied, en subordonnant toute sa vie à la littérature.
Il jette son dévolu sur ses voisins les Casares, ne reculant devant aucun stratagème quitte à prendre d'assaut la truculente concierge : commére à souhait, grande, mince, osseuse, servile et obséquieuse assidue à fréquenter ses voisins masculins à des fins légéres .......
En fait , tout au long l'auteur excelle à organiser vertige, dérapage et à faire plier le réel dans son infinie complexité ;
Oú commence la vérité ?
Oú s'arrête le réel ?
La littérature est une maîtresse possessive à servir avec un zèle et une obsession absolus, l'auteur sonde avec talent et lucidité ses méandres..

L'histoire et le récit de sa construction s'entremêlent tout comme le monde réel et celui de l'imaginaire, tout comme les doutes, la manière et les obsessions de l'écrivain.

Il brouille les pistesà souhait, tâtonne.
.
Les frontières entre l'écriture et la vie sont complexes, fragiles, ambiguës, imbriquées, subordonnées;
Et manquer d'inspiration est- il un crime ? Jeu intraitable du hasard et de la fiction?
Le suspense monte, l'histoire distrayante, un peu malsaine ( la manipulation des voisins pour les emmener vers un crime, une mécanique parfaite ) améne un final un peu attendu.....
Un récit fort original et savoureux, surtout une réflexion riche et inédite , importante sur l'écrivain;
Un exercice littéraire irrésistible qui pourrait déboucher sur une belle définition de la Vocation !
Petit roman mais sublime écriture !
Commenter  J’apprécie          411
Le mobile est un vrai coup de coeur et j'ai dévoré ce court roman ou longue nouvelle d'une traite. On rencontre Álvaro qui souhaite écrire un roman, il cherche d'abord sous quelle forme, puis son scénario. "Álvaro prenait son travail au sérieux. Chaque jour, il se levait ponctuellement à huit heures. Il finissait de se réveiller sous une douche d'eau glacée et descendait au supermarché acheter du pain et le journal. de retour chez lui, il préparait du café, des tartines grillées avec du beurre et de la confiture et il petit-déjeunait dans la cuisine, en feuilletant le journal et en écoutant la radio. À neuf heures, il s'asseyait à son bureau, prêt à commencer sa journée de travail."
Pour créer ses personnages, il va s'inspirer de ses voisins et essayer d'influencer leur propre vie pour pouvoir avancer ses projets d'écriture.

Javier Cercas, que je lis pour la première fois, écrit avec humour. Il aborde le thème du réel et de la fiction avec brio. Une note de fin de l'auteur, indique que cette nouvelle faisait partie d'un recueil de 5 nouvelles mais qu'il n'a finalement gardé que celle-ci. Dommage, j'aurai bien aimé lire les autres. En tout cas, ce premier écrit montre le talent de l'auteur qui m'a séduite et qu'il me tarde de découvrir d'avantage.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
Commenter  J’apprécie          312
Un écrivain en manque d'inspiration épie ses voisins afin d'en faire les personnages de son futur roman, mais comme la vie de ces derniers semble un peu morne, il décide de pigmenter leur quotidien.
Un tout petit roman de 80 pages où le suspense monte crescendo mais où le final est un peu attendu.
Petite déception car j'avais énormément aimé « A la vitesse de la lumière » il y a quelques années et je n'ai pas retrouvé la force d'évocation de l'auteur dans ces quelques pages.
L'histoire est distrayante, légèrement malsaine, mais à mon grand regret, il n'y a rien de plus. le style semble plat et froid, presque clinique et cela m'a empêché d'éprouver de l'empathie pour les divers protagonistes.

Commenter  J’apprécie          280


critiques presse (2)
Bibliobs
09 janvier 2017
L'excellent écrivain des "Soldats de Salamine" combat l'agonie du roman en invoquant Flaubert.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaLibreBelgique
26 décembre 2016
Un vrai petit bijou et une réflexion sur l’écrivain.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Résigné, Álvaro atteignit son objectif avec un enthousiasme feint dans un énorme lit vieillot surmonté d’une tête de lit en bois d’où pendait un crucifix qui, en pleine euphorie adultère et suite aux secousses propres à ce genre d’activités, se décrocha de son piton et finit sa course sur la tête d’Álvaro qui préféra s’abstenir de tout commentaire et n’en rien penser.
Commenter  J’apprécie          394
Cette nuit-là, Álvaro rêva qu’il marchait à travers une prairie verte avec des chevaux blancs. Il allait à la rencontre de quelqu’un ou de quelque chose et il avait l’impression de flotter sur l’herbe fraîche. Il montait par une pente douce une colline sans arbres ni fourrés ni oiseaux. Au sommet, une porte blanche apparut, pourvue d’une poignée d’or. Il ouvrit la porte et, bien qu’il sût que de l’autre côté l’attendait ce qu’il était en train de chercher, quelque chose ou quelqu’un le força à faire demi-tour, à demeurer debout au sommet vert de la colline, tourné vers la prairie, la main gauche sur la poignée d’or, la porte blanche entrouverte.
Commenter  J’apprécie          156
Àlvaro prenait son travail au sérieux. Chaque jour, il se levait ponctuellement à huit heures. Il finissait de se réveiller sous une douche d'eau glacée et descendait au supermarché acheter du pain et le journal. De retour chez lui, il préparait du café et des tartines grillées avec du beurre et de la confiture et il petit-déjeunait dans la cuisine, en feuilletant le journal et en écoutant la radio. À neuf heures, il s'asseyait à son bureau, prêt à commencer sa journée de travail.
Commenter  J’apprécie          170
Il avait subordonné sa vie à la littérature; ses amitiés, ses intérêts, ses ambitions, son avancement professionnel ou l'amélioration de ses finances, ses sorties dans la journée ou la soirée, tout s'était vu relégué au bénéfice de celle-ci. (...)
Il considérait que la littérature est une maîtresse possessive. (p. 9-10)
Commenter  J’apprécie          160
Álvaro prenait son travail au sérieux. Chaque jour, il se levait ponctuellement à huit heures. Il finissait de se réveiller sous une douche d’eau glacée et descendait au supermarché acheter du pain et le journal. De retour chez lui, il préparait du café, des tartines grillées avec du beurre et de la confiture et il petit-déjeunait dans la cuisine, en feuilletant le journal et en écoutant la radio. À neuf heures, il s’asseyait à son bureau, prêt à commencer sa journée de travail.
Il avait subordonné sa vie à la littérature ; ses amitiés, ses intérêts, ses ambitions, son avancement professionnel ou l’amélioration de ses finances, ses sorties dans la journée ou la soirée, tout s’était vu relégué au bénéfice de celle-ci. Il rejetait tout ce qui ne représentait pas un stimulant pour son travail.

(Incipit)
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Javier Cercas (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Javier Cercas
Grand entretien avec Javier Cercas, modéré par Guénaël Boutouillet.
38e édition Comédie du Livre - 10 jours en mai Samedi 13 mai 2023. 17h - Espace Albertine Sarrazin
autres livres classés : littérature espagnoleVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (140) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature espagnole au cinéma

Qui est le fameux Capitan Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, dans un film d'Agustín Díaz Yanes sorti en 2006?

Vincent Perez
Olivier Martinez
Viggo Mortensen

10 questions
95 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , espagne , littérature espagnoleCréer un quiz sur ce livre

{* *}