Et de voir si la poussière c'est accumulée sur l'oeuvre de
Cervantes
et son inénarrable duo
Don Quichotte /Sancho Panza! Véritables « Doublepatte et Patachon » en vadrouille... pour le meilleur et le pire
Que c'est agréable de le retrouver X années après (lecture de jeunesse) les aventures de ce grand déglingué et son sacripant de domestique pansu personnages qu'il faut imaginer joués comme au théâtre à la manière de la commedia dell'arte, c'est d'ailleurs à peu près d'époque
On a l'impression que cette comédie s'improvise au fur et à mesure de l'itinérance des deux acolytes sans rien de prémédité ce qui fait la fraîcheur de cette narration avec parfois quand même quelques moments de lassitude un peu lourds .
Avec des personnages interlocuteurs, souffre-douleurs improvisés, qui devant ce couple infernal et improbable en restent comme deux ronds de flan et se demandent s'il doivent donner réplique ou fuir mais en fin de compte préfèrent rosser. On sent bien là une incompréhension entre le vulgum pecus et l'Illuminati spirituel
Le naïf « chevalier à la triste figue » qui vit dans son rêve mu par on ne sait idéal, fait chemin. Clopinant cahin- caha, avec un manant peu instruit certes, et encore il est passé maître en aphorismes comme
Sylvain Tesson, rustre, bavard mais surtout fidèle, ingénieux et bon conseiller
Scaramuccia et son Arlecchino
Matamore et son Zanni
N'oublions pas les moyens de transport ... écologiques : Rossinante l'haridelle de
Don Quichotte , ni Pégase ni Bucéphale ni Hippogriffe ni Frontin , plus bourrin que destrier mais qui assure et Rucio soit « gris » comme son pelage d'animal et communément appelé « grison » qui, en âne bien né et convoité, bon gré mal gré trimballe confortablement Panza
A eux quatre ils symbolisent toute la misère comique du monde
Exploits ;Charge contre un moulin à vent , combats contre un Biscayen, galériens délivrés, charge contre des armées de moutons , des chevriers, des religieux , agression des archers , combats contre les outres de vins etc...Avec ça dissertation sur le genre humain, l'amour, l'honneur et la comédie
En sus : une belle histoire d'amitié
Et « tu peux dire de l'histoire tout ce qui te semblera bon, sans crainte qu'on te punisse pour le mal, sans espoir qu'on te récompense pour le bien qu'il te plaira d'en dire. »...
Cervantes a accouché là d'un bien beau « fils sec, maigre, rabougri, fantasque, plein de pensées étranges... » (je cite)
Et avec en prime des conseils d' atelier d'écriture dans un prologue caustique dont nombre d'auteurs contemporains feraient bien de s'entourer (non je rigole c'est déjà fait les tartuffes ça a toujours existé )
Excellentes notes de
Louis Viardot ça aide beaucoup a comprendre l'époque ; Elles sont d'ailleurs aussi intéressantes que le récit lui-même.
Toutefois le style de
Don Quichotte redondant avec énumérations de personnages historiques ou imaginaires, phrases quelques peu retorses voire alambiquées, pitreries de « patachons », style littéraire grandiloquent , comique mais suranné peut paraître un peu lourd mais bon pour accéder à cette oeuvre d'abord dépoussiérer le style, on est un peu perdu au début et puis si on se laisse faire….
On accède à l'essence même du texte et on s'aperçoit qu'il est très universel et atemporel et puis d'une grande modernité lorsqu'on lit
…. Ainsi donc, ma chère dame, ou mon cher monsieur, ou ce qu'il vous plaira d'être….
À notre époque où les genres volent en éclats… Résolument moderne
Épique, lyrique, tragique et comique !
Et puis encore il y a là une belle brochette de joyeux lurons qui rigolent bien , curé en tête, il suffit de les imaginer