Lorsque pendant la semaine des Barricades, le 29 janvier 1960, de Gaulle prononça le discours bien connu, il demanda s'il était pensable que lui, de Gaulle, puisse ne pas souhaiter "la solution la plus française". Après coup, on peut revenir sur le fait que "souhaiter" ne veut pas dire "croire possible". Mais cela est du domaine de la restriction mentale et quand on s'arrange pour que des millions d'auditeurs pensent que "souhaiter" veut dire "faire tous ses efforts pour" il ne faut pas s'étonner que les braves gens se révoltent quand ils voient qu'on les a trompés.
Or nous savons maintenant que de Gaulle ne souhaitait pas, que de Gaulle faisait et allait faire tous ses efforts pour arriver à la solution opposée.
Et on envoyait les garçons se faire tuer pour un mensonge.
Le moins que l'on puisse dire est que nous n'avons pas été compris, et très souvent par des gens calmes et pondérés mais qui ne connaissaient pas toute les données des problèmes. Car je ne veux pas parler des insultes proférées par ce qu'on appelle l'extrême gauche, et qui nous a, qui m'a traité de fasciste ( qui l'eût cru, pour ceux qui me connaissent !), ou par l'extrême droite, surtout déçue à mon égard parce que je ne me présentais pas sous l'état de cadavre, plus facile à annexer et à exploiter.
Je raconte un certain nombre de choses auxquelles j'ai été mêlé, que j'ai vues ou que j'ai faites. Beaucoup de gens diront sans doute : " Encore un général qui veut se justifier !"
Et bien non ! Je n'éprouve pas le besoin de me justifier.