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non, la mort ne relève pas de la beauté
et pourtant
c'est bien la Beauté qui sourd
de ces derniers poèmes
qui font face et qui en même temps font
comme si ne pas
– s'entêtent – continuent à lancer à la cantonade l'intimité
la plus éblouissante – prorogent l'échéance – maintiennent
non pas l'espoir
mais l'éclat de ce qui fut
du noir de la douceur du sort des marguerites
jusqu'à nous laisser nous-mêmes
sans voix
au bout du corridor
sur le seuil de la chambre et des deux corps du roi
« Enfant, tête couronnée de
soleil »
par quoi naguère tout avait commencé
p.149
16
un été il y eut Ferrare
et le vif désir d'y revenir en hiver
pour accomplir
un vœu
secret ayant avoir avec
un pêcher dans le jardin du ghetto
les Este notre hôtel
tout à côté du palais jaune d'Ettore Bugatti
« la robe par-dessus la tête » – pas
tout à fait – la robe
juste avant que tu ne l'aies enlevée
alors que tu m'invites pour la cent millième
fois ou à peu près
à convoler
p.136
15
« pluie endormie pluie
endormi
qui me réveille
parce que mon sommeil n'est plus
à la hauteur de nos nuits
ni des rêves où je cours sans effort
apparent et que ce qui luit
tout là-haut
a le même air que ce qui luisit
– passé simple –
entre les deux rangées de peupliers
noirs de notre royaume à Lucques
« la pluie d'exister »
comme un dernier recours
p.135
ET IL Y AVAIT UNE ODEUR DE MENTHE
3
et les conjonctions de coordination relancent
la mécanique du poème comme
elles nous relancent
toi ; et ; moi ;
depuis ; n'as pas envie
de compter ; un temps
pas croyable en effet ;
nous qui rentrions tout juste des prez jaunissans
sous ce ciel de soye inlassable
avec du regret
mais léger dans l'âme comme
Ez — et le Campo Santo reste
vert à cause des morts et des vivants bras dessus bras dessous et des oies
qui volent la nuit dans la forêt obscure
c'est la vision de Pisanello
en turban bleu outre-mer mélangé
avec du blanc de plomb
ET IL Y AVAIT UNE ODEUR DE MENTHE
5
et ni les papillons ni les abeilles
ni la grâce
n'auront sauvé
ce pilote exposé la nuit de Noël
dans une cage en acier noir
avant d'être aspergé d'essence et incendié
— à Raqqa — où les nuages
étaient roses ce soir d'août 2010
nous y dormions
sans imaginer
une seule seconde
la tragédie qui se préparait
et le matin au réveil les oiseaux chantaient et notre
drap trop court était tout chiffonné ta nuque perlée
de sueur
et repartîmes alors en autocar
vers Deir ez-Zor
A l'occasion du Festival de Nancy "Le livre sur la place" 2022, Bernard Chambaz vous présente son ouvrage "La peau du dos" aux éditions du sous-sol. Rentrée littéraire automne 2022.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2640417/bernard-chambaz-la-peau-du-dos
Note de musique : © mollat
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