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3,19

sur 216 notes
Le roi en jaune est un recueil de plusieurs nouvelles qui ont toutes un lien entre elles. Thriller, fantastique, l'on ne sait pas vraiment comment classer ce livre atypique et troublant. Après lecture, je reste un peu en retrait de que j'ai pu découvrir au fil des nouvelles. Je n'ai pas réussi à adhérer au style de l'auteur qui reste un peu vieillot à mon sens et surtout, j'ai eu des difficultés à comprendre le dénouement de la plupart des textes. Pas étonnant quand on apprend que ce roman peut être vu comme le précurseur du fantastique moderne en littérature et qu'il aurait en plus rendu fou bon nombre de ses lecteurs.

Ce roman fut donc difficile pour moi à lire et surtout à apprécier. le style de l'auteur est assez lourd et sa façon de raconter apporte beaucoup de lenteur et de longueur aux nouvelles. Pourtant, certaines nouvelles ont de quoi vraiment nous faire frémir, parce qu'elles évoquent un futur que l'auteur ne pouvait savoir. Les nouvelles sont effrayantes parce qu'elles sont étranges justement,et même malsaines.

En fin de compte, toutes les nouvelles évoquent ce fameux roman le roi en jaune qui rend fous quiconque le lit et même si le livre est interdit et qu'il est quasiment introuvable, certains seront justement tentés de le lire afin de voir pourquoi il rend aussi fou. Certaines nouvelles marquent davantage les esprits que d'autres, ainsi le masque est celle qui m'a le plus plu. À moitié romance et fantastique, elle raconte l'histoire d'un peintre et d'un sculpteur qui partagent tous les deux les mêmes sentiments amoureux pour Geneviève. Malgré tout, nos héros ne vont pas s'entretuer pour les yeux de la belle. Autre nouvelle à m'avoir beaucoup plu malgré qu'elle soit très courte : La rue des quatre vents. Je pense que c'est parce qu'un chat est le centre de l'intrigue et du coup, la nouvelle dégage une certaine poésie et sensibilité.

Les autres nouvelles n'ont hélas pas su me chercher même si certains thèmes m'ont étonnée puisqu'on peut y voir des prédictions (la Première Guerre mondiale, le droit à l'euthanasie...). Cependant, nul doute que les amateurs de fantastique à l'ancienne apprécieront ce recueil. Pour ma part, cela m'a tout de même donné très envie de découvrir la série Truc Detective qui s'est inspirée du recueil.
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Et bien j'ai bien aimé ce livre au final. Il y a des défauts bien sûr, le plus gros est la conception du livre : les nouvelles du début sont fantastiques alors que celles de la fin sont des souvenirs de Paris à la Belle Epoque. Une autre faiblesse est la structure de nouvelles, celles-ci ne sont pas forcément très bien construites ou rythmées et les fins arrivent souvent en queues de poissons.
Ceci étant dit les nouvelles fantastiques sont riches en ambiance et en idées sympathiques. C'est assez fin comme approche du fantastique et on voit bien ce qui va inspirer les auteurs postérieurs.
Les nouvelles parisiennes sont moins originales, mais j'ai aimé cette ambiance et il décrit très bien la capitale à cette époque, c'est très depaysant. Cela m'a beaucoup rappelé Contres Grivois de Maupassant.
Une lecture agréable et dépaysante mais un livre de textes vraiment bizarrement assortis.
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Dans le restaurateur de réputations, Hildred Castaigne n'est plus vraiment lui-même depuis son choc à la tête après une chute de cheval et la lecture du Roi en jaune, un ouvrage maudit, lors de sa convalescence. Il connait des transes provoquées par des bruits entêtants et des jeux de lumière, se rapproche de M. Wilde, patriarche érudit à l'apparence quasi monstrueuse et à la tête d'une organisation secrète. Pour accéder au trône dans l'ordre de succession, Hildred doit se débarrasser de son cousin Louis.
Dans cette anticipation de 25 ans dans l'avenir le suicide est un droit avec l'assistance d'une Chambre terminale d'État, évolution sociologique à la fois discrète et centrale dans le texte. Plus que la mort c'est la conjonction de la folie et de la révélation d'un autre monde après une modification cérébrale (comme dans le Grand Dieu Pan d'Arthur Machen) qui structure le récit semblant émaner d'une grandiloquente pièce de théâtre aux retentissements mégalomaniaques. le Roi consacré a des prétentions divines sur la réalité commune mais aussi sur des lieux transcendants dans lesquels se cache la vérité du monde. Et un chat noir rôde reliant Edgar Allan Poe et Howard Phillips Lovecraft à cette galaxie imaginative.
Dans le masque, Boris Yvrain est un jeune sculpteur qui a découvert une solution chimique cristalline transmutant les êtres vivants en pierre. Prise d'une fièvre délirante, sa dulcinée Geneviève s'immerge dans un bassin empli du liquide mystérieux et Boris en la découvrant se suicide d'une balle dans le coeur. Leurs deux proches amis peintres Jack et surtout Alec, amoureux de Geneviève, peinent à supporter cette situation jusqu'à la découverte de la nature temporaire de la transformation des êtres en marbre.
Éros et Thanatos, folie et suicide dans ce drame poétique aux échos mythiques montrent qu'un voyage au-delà de la matérialité et du masque de l'Art, porté par la lumière, est possible.
Dans le Signe jaune, Monsieur Scott est un peintre hanté par le même rêve que fait sa modèle Tessie, il est serré dans un cercueil vitré sur un corbillard mené par un cocher qui se trouve être le gardien de nuit d'une église en face de son atelier, une caricature d'humain qui terrifie tout le monde, et elle observe la scène d'une fenêtre jusqu'à son réveil. L'artiste et sa muse se rapprochent, elle lui offre une broche avec un signe inconnu, trouvée par hasard, et ils finissent par trouver le Roi en jaune dans un coin de la bibliothèque de Monsieur Scott et le lisent malgré sa présence inexplicable.
La tragédie morbide rôde autour de l'amour dans une séparation cruelle, il est mourant mais peut témoigner qu'elle est passée de l'autre côté du voile, un séide au déguisement grotesque faisant le lien.
Dans La cour du Dragon, un étudiant harassé après avoir lu le roi en jaune se rend dans une église pour la messe, s'assoupit et remarque un organiste blême et hostile qui le harcèle dans les rues pendant sa rêverie surnaturelle de musique et de lumière.
Ce court texte est le point culminant du crescendo de la thématique religieuse, avec à la clé un contact avec le Roi ubique, apothéose d'une emprise venue d'ailleurs.

Nonobstant la dimension amoureuse se trouvent dans ces lignes des thèmes ayant influencé Lovecraft, une dimension extérieure et derrière les apparences matériellement définie et perçue au travers d'un état psychologique, une oeuvre littéraire maudite chichement citée comme moyen d'invocation et de révélation, une contamination personnifiée par des apparitions pleines d'étrangeté malsaine et la prédominance d'un destin funeste pressenti.

Dans La demoiselle d'Ys, Philip se perd dans les marais du Finistère et rencontre Jeanne d'Ys qui chasse avec son faucon. Elle le mène à sa ferme fortifiée où un amour immédiat et réciproque nait entre eux.
Basée sur les légendes bretonnes, cette romance succincte advient dans une parenthèse féérique, un voyage temporel pour le héros jusqu'au Moyen-Âge. Un des fauconniers qui assistent Jeanne s'appelle Hastur, ce qui constitue une occurrence incongrue.
Dans le paradis du Prophète, l'amour entre un homme et une femme se fait attendre, manquant la Vérité et la Destinée dans l'irréversibilité du temps.
Dans La rue des Quatre-Vents, un vieux peintre reçoit la visite d'un chat misérable qui arbore pourtant une jarretière en soie autour du cou, ce qui le mène à sa propriétaire morte, à une romance avortée.
Dans La rue du premier obus, au milieu d'un groupe d'étudiants et artistes pendant le siège de Paris par les prussiens, Jack Trent est témoin des difficultés de l'époque, de l'amour incertain, du poids du passé et d'un avenir flou, des affres de la guerre mais aussi d'un nouvel espoir.
Dans La rue Notre-Dame-des-Champs, Hastings arrive à Paris de la campagne américaine pudibonde pour étudier la peinture et rencontre la belle Valentine à la vie très libérée.
Dans Rue Barrée, Selby est un nouvel étudiant américain en peinture à Paris et il tombe amoureux d'une mystérieuse pianiste qui se dérobe devant toute tentative de rapprochement, surnommée Rue Barrée par les étudiants au supplice.

Dans Un habitant de Carcosa d'Ambrose Bierce, un homme est perdu dans un désert alors qu'il était alité et fiévreux. Se sentant comme dématérialisé il se demande s'il est mort et finit par constater une translation vers l'avenir. le lien thématique avec Chambers est manifeste.

Quatre et demi pour les quatre nouvelles du Roi en jaune et trois et demi pour le reste.
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Mon retour sur cette lecture sera assez mitigé : partagé, en réalité, entre les deux parties très opposées du recueil. J'ai adoré les quatre premières nouvelles, qui développent la mythologie du Roi en Jaune. Allant crescendo dans le glauque et l'horrifique, j'ai beaucoup aimé le mystère qui entoure cette pièce et son univers, qui apparaissent pour chaque nouvelle dans un contexte différent, et font place à de nouvelles horreurs. À chaque fois, le rythme est maîtrisé et le récit est ponctué de scènes qui font froid dans le dos. J'ai également apprécié la forte présence de l'art dans les nouvelles pourtant très différentes, comme un écho de l'esprit enfiévré de la création et de l'expérimentation scientifique, un peu à mi-chemin du Frankenstein de Mary Shelley et du Docteur Jekyll de R.L. Stevenson.

La deuxième partie, par contre, m'a beaucoup moins convaincue, et cela tient à une raison très simple : lorsque l'on se plonge dans les nouvelles sombres et tortueuses du Roi en Jaune, comment se satisfaire des simples histoires d'amourettes que l'on y trouve à la place ? Les sept dernières nouvelles du recueil sont en effet avant tout des histoires d'amour, et le Signe Jaune et son fameux Roi ont complètement disparu. Il est question ici d'amoureux transis et éconduits, d'élans lyriques et de vaines tentatives de séduction… Rien de mauvais en soi, mais j'attendais désespérément l'arrivée du fantastique, de ce petit frisson dans le dos, de l'apparition de la sinistre pièce de théâtre, en vain. du fait de ce décalage on ne peut plus marqué, je me suis profondément ennuyée dans ces nouvelles, que j'aurais pourtant peut-être appréciées dans un autre contexte…

Si vous vous intéressez donc au Roi en Jaune, voilà à quoi vous attendre : votre curiosité et votre soif de noirceur seront apaisées avec les quatre premières nouvelles, et les suivantes, sinon complètement dispensables, devraient au moins être dissociées de la mythologie du Roi en Jaune. Cependant, cette première partie fut une excellente lecture, que je vous recommande chaudement si la nouvelle fantastique est un genre qui vous intrigue !
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J'avoue avoir été déçu de ce livre.

Je voulais connaitre l'une des oeuvres qui a influencé Lovecraft, un auteur que j'apprécie beaucoup. L'édition Livre de Poche est magnifique (un jolie jaune qui englobe toute la couverture avec en plus un dessin noir intriguant), et le mystère qui entoure ce fameux Roi en jaune m'a beaucoup attiré. Sans oublier le fait que les gens qui survendent le bouquin adorent dire que sa lecture peut rendre fou.

Alors évidemment je savais déjà que c'est de l'exagération volontaire, mais je m'attendais au moins à ce que ma lecture soit marqué par quelque de chose de bizarre (un peu comme La Maison des Feuilles). Que si les gens s'amusent à dire que ce bouquin entraine la folie, c'est parce qu'il dégage quelque chose d'étrange. Mais en fait, ce sont des histoires d'horreur assez simples en réalité.

Les 5 premières nouvelles (en plus du bonus de Ambrose Bierce) sont efficaces, mais pas marquantes non plus. J'ai bien aimé l'ambiance et l'écriture, mais cela m'a beaucoup frustré de ne toujours rien savoir au sujet du Roi en jaune. Dans le sens où on en sait trop peu sur le sujet pour être vraiment impliqué.

Tout ce que l'on sait, c'est que le Roi en jaune est une pièce de théâtre qui a eu lieu à Paris et qui a été interdite à cause de la folie qu'elle entrainait sur les spectateurs (il existe aussi une version livre qui a également une mauvaise influence sur les lecteurs, donc c'est assez bien joué que le livre que l'on lit dans la réalité s'appelle le Roi en jaune). Tout ce que l'on sait d'autre c'est des détails flous comme Carcosa, le Signe Jaune ou des fausses citations.

On ne sait tellement rien que l'on ne comprend pas vraiment la menace qui devrait nous terrifier. Lovecraft réussissait à enjoliver son mystère avec une dose minime d'informations sans trop nous en dévoiler, Chambers tue le mystère avec trop de mystère. En tout cas, j'ai eu beaucoup de mal à imaginer la menace. Et pourtant, cela donne un certain charme, mais un charme trop frustrant pour moi.

La 6e nouvelle est une sorte de compilation de "poèmes" étranges, mais je ne sais même pas s'il y a un quelconque rapport avec le Roi en jaune. Et concernant les 4 dernières nouvelles, je ne les ai pas lus car tout le monde rapporte qu'elles n'ont aucun lien avec le Roi en jaune. Je ne comprends donc pas pourquoi elles sont là. Je n'ai pas lu non plus la partie dédiée à la série True Detective, car je ne l'ai pas vu (je la verrai peut-être un jour).

Pour finir, je mettrai un 3 sur 5 pour ce livre (ce qui équivaut à un "sympa" pour moi). Il est décevant, mais j'ai quand même apprécié ma lecture et je suis content de savoir ce qui a pu faire peur à Lovecraft de son vivant (même si je n'ai pas ressenti la même chose que lui).
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Je pense que, malheureusement, comme une grande partie des lecteurs j'ai été victime d'une fausse publicité. Présenté comme une influence majeure, et terrifiante, de Lovecraft, je m'attendais à plonger dans des histoires très sombres, horrifiques, aux portes de la folie.
Finalement, comme pour la majorité des lecteurs ici, j'ai apprécié la première partie de l'oeuvre, je l'ai même franchement aimée. Mais la seconde partie s'essouffle, elle tend vers d'autres univers, et mon édition du Livre de Poche n'aide clairement pas à rendre l'oeuvre plus agréable (avec ces éléments autour d'une série et cette fausse publicité, justement)
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Pas accroché du tout
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Lu dans la version parue aux Editions Malpertuis.
Les premières nouvelles sont vraiment prenantes mais je ne comprends pas l'intérêt de certaines. Lecture très mitigée de cette oeuvre culte.
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Le livre du Roi en jaune recueille dix nouvelles écrites par Robert W. Chambers en 1895 liées, pour la plupart, entre elles de manière plus ou moins précise. de qualités et de thèmes et rythmes différents, il faut vraiment les aborder sans idées préconçues. Certaines devraient vous déconcerter si vous n'êtes pas habitués à lire du fantastique...
Mais ce livre devrait vous faire ressentir tout un panel d'émotions diverses. Vous n'en sortirez pas « insensibles » !
Chaque nouvelle est précédée d'une petite citation "introductive" et poétique.
N'ayant pas vu True Detective, série à succès qu'il a inspiré, je ne peux vous faire une quelconque comparaison, mais je peux donc vous garantir que je n'ai pas été "influencée" par une représentation graphique des histoires.

Le restaurateur de réputations

Fin 1920, Hildred Castaigne est un homme qui s'est métamorphosé après une violente chute de cheval. Il est obsédé par le livre le roi en jaune devenu particulièrement ambitieux, aidé en cela par l'énigmatique Monsieur Wilde qui exerce l'étrange profession de « restaurateur de réputations ». Ce dernier est le gardien de nombreux mystères et serait également détenteur du Signe jaune, qui permettrait de marquer le soulèvement du peuple américain et l'avènement d'un nouveau roi... Mais tout ne va pas se passer comme prévu dans le plan des deux hommes.

Dans cette nouvelle, Robert W. Chambers fait preuve d'un esprit remarquablement ouvert et visionnaire. Il a ainsi prévu une guerre avec les allemands (même si le motif n'est pas celui de la Première Guerre Mondiale)... Il prédit la création de « chambres terminales d'Etat » qui permettraient à ceux qui ne supportent plus les tourments de la vie de pouvoir trouver une « fin indolore », thème qui n'est pas sans rappeler la lutte actuelle pour le droit à l'euthanasie.
Nous y retrouvons Hildred, un personnage torturé, à tendances « illuminées » qui pense qu'il est destiné à devenir roi et que son cousin doit abdiquer en sa faveur... ainsi que le mystérieux Monsieur Wilde qui semble manipuler les gens dans l'ombre, sous prétexte de restaurer leurs réputations.
Cette nouvelle est extrêmement intéressante pour tout le contexte et les événements qui y sont contés et pour les relations entre les personnages (mais pas pour eux-mêmes... d'une certaine manière, ils constituent la trame de fond). Et je peux vous garantir que vous serez surpris par le déroulement de l'histoire ainsi que par le mystère que représente le personnage De Wilde.

Le masque

Boris, sculpteur, et Alec, peintre, sont amis et amoureux de la même femme : Geneviève. Et celle-ci a donné, semble-t-il, son coeur à Boris. Malgré cela, les deux hommes vivent et travaillent en bonne entente...
Boris a créé une substance qui permet de transformer tout corps vivant, qui est jeté dedans, en son double parfait en marbre, avec les veines marquées en rosé ou bleu. Il montre alors à son ami Alec un splendide lys et un poisson rouge qui ne tarderont pas à être rejoints par un autre poisson rouge et un lapin.
Et la tragédie ne va pas tarder à les frapper tous les trois... Quoique... Est-ce vraiment le cas pour tous ?

Cette nouvelle a été un vrai coup de coeur ! Sensible et poétique avec un brin de fantastique qui s'y mêle. Les personnages sont frappés à un moment par un malheur qui va les influencer et c'est Jack, l'un de leurs amis communs, qui va servir de témoin aux événements. C'est par lui que nous découvrirons une partie de ce qui s'est passé, Alec servant de narrateur pour la majorité de l'histoire.
Nouvelle d'une trentaine de pages, ce « Masque » a été un vrai plaisir à lire ! Il y est question d'amour, d'amitié, d'espoir... avec une fin qui clôture les choses en apothéose. Bien qu'écrite il y a plus de cent ans, elle n'a vraiment pas vieilli et fait résonner une corde sensible dans le coeur du lecteur.
Petite information : c'est la première du recueil qui se passe en France où l'auteur a résidé (plus précisément à Paris) de 1886 à 1892.

Le Signe jaune

Tessie, jeune fille timide, est l'une des modèles favorites de Monsieur Scott, peintre de son état, dont elle est follement amoureuse. Elle fait pourtant des rêves funestes à son sujet... car elle y voit passer un corbillard dans lequel il y a un cercueil où repose le peintre. Mais qui en est le mystérieux conducteur qui ressemble pour deux gouttes d'eau au gardien de l'église qui fait justement si peur à Monsieur Scott ? Et quel rôle va donc y jouer la pièce du Roi en jaune ? Ainsi que ce Signe jaune que recherche le gardien d'église qui fait si peur aux gens qu'il rencontre ?

Petite nouvelle fantastique qui nous emmène à travers les méandres des rêves prémonitoires... Assez étrange, c'est vrai et peut être un peu lente au déroulement, mais ce n'est que pour mieux nous servir la fin qui s'avère des plus déconcertantes... Car les prémonitions ne se réalisent pas forcément et c'est ce que nos deux personnages principaux vont apprendre à leurs dépends.
Elle n'est pour moi pas la meilleure nouvelle du recueil, mais c'est pourtant l'une de celles qui m'a le plus amené à réfléchir. Il y est question de mystères, d'amour, de douleur, de manipulation, d'acceptation... L'auteur fait preuve ici d'une sensibilité toute en finesse qui ne peut que toucher le lecteur.

La cour du dragon

Le héros de cette histoire est un homme qui aime à écouter l'orgue de l'Eglise de Saint Barnabé, il y trouve habituellement mélodie et harmonie dans un jeu de goût, maîtrisé, digne et tout en retenue. Pourtant un jour, il lui semble que ce jeu a changé, qu'il a pris une tournure quasi macabre. Mais il a l'impression d'être le seul à ressentir ceci... Qui est cet organiste qui paraît le haïr au plus profond de son âme ? Qui poursuit le héros jusqu'à son domicile de la Cour du Dragon ?

Si je devais dire deux mots sur cette nouvelle, ils seraient : ambiance et angoisse. Il ne s'y passe en soi pas grand chose, mais justement le tour de force ici est de réussir à raconter une histoire où il ne semble rien se passer, en jouant sur les impressions du héros et en réussissant par son intermédiaire à perturber le lecteur par l'angoisse qu'il y saisit. le héros est perturbé psychologiquement après avoir passé trois mauvaises nuits entre souffrance physique et désordre mental et nous le suivons jusqu'à sa fin « brutale ».
Moment bref de lecture auquel il manque un je ne sais quoi qui permettrait de réussir à ressentir ce qui arrive au héros au point d'en avoir le frisson qui correspond à tout bon roman d'angoisse.

La demoiselle d'Ys

Philip, américain aimant chasser, se perd dans des marais du Finistère près de Kerselec, étant parti seul alors même qu'il lui était conseillé de prendre un guide. Et c'est alors qu'il fait la rencontre de la demoiselle Jeanne d'Ys qui le recueille chez elle. Mais pourquoi maîtrise-t-elle si bien de langage ancien de la fauconnerie ? C'est ce qu'il va finir par découvrir... Et le lecteur avec lui.

Mystère, amour et sensibilité sont les maîtres mots de cette nouvelle-ci. Bien que le langage soit un peu suranné, je m'y suis faite assez vite (aidée il est vrai par le fait que ce langage est issu du vieux français et que j'aime beaucoup l'histoire médiévale) et l'auteur fait encore preuve ici de qualités certaines de conteur « à l'ancienne », avec juste ce qu'il faut de fantastique. Je n'ai pu m'empêcher d'espérer que l'histoire ne se finissait pas là où il le faudrait. Mais justement, la fin ouverte est parfaite pour laisser un semblant d'espoir chez le lecteur. Un peu comme si l'amour allait réussir à surmonter la difficulté posée par les événements contés dans la nouvelle.

Le paradis du prophète

Il est impossible de résumer les quelques textes très courts (maximum deux pages) qui sont réunis sous le titre de Paradis du Prophète. Chacun présente une petite histoire avec une morale à retenir. Mais je ne peux pas dire que j'ai compris à chaque fois de quoi il s'agissait. Assez déconcertant en bref.

La rue des Quatre-Vents

Un chat maigre et pelé se présente chez Severn, artiste peintre. Ce dernier le nourrit puis décide de tenter de retrouver la maîtresse du matou avec pour seul indice une jarretière de soie avec une boucle d'argent, nouée autour du cou de cette petite créature famélique...

Nouvelle brève et affreusement triste, mais en même temps si poétique... L'idée que le vecteur du récit soit un chat est original et en même temps nous prouve que parfois il n'est pas nécessaire d'être doué de parole pour se faire comprendre (ce que tout maître de chat devrait comprendre), que parfois, il suffit d'un son, d'un geste...
La chute de l'histoire m'a parue un peu bizarre et c'est ce qui m'a empêchée de vraiment l'aimer.

La rue du Premier Obus

Paris est sous les bombes... Chacune tombe un peu plus près de là où vivent Jack Trent, artiste américain, et sa femme Sylvia. Cette dernière tremble de peur pour son mari à chaque fois que celui-ci sort pour retrouver ses amis, pour chercher des renseignements... Et puis, à la suite d'un bon repas, un représentant du consulat Américain vient porter un message à Jack, message qui va le toucher de manière directe et indirecte : il doit aller identifier comme compatriote et artiste un homme qui serait en fait un espion allemand... et cet homme fait partie du passé de Sylvia ! Et brusquement Jack décide de prendre la place d'un blessé dans les combats qui vont opposer les français aux allemands... Jack parviendra-t-il à s'en sortir vivant ? Et que va-t-il retrouver s'il arrive à rentrer chez lui ?

Cette nouvelle, contrairement aux autres, n'a pas un bout de fantastique. L'auteur y aborde la vie qu'il pouvait y avoir à Paris lors de la guerre de 1870 : la chasse aux rats, les espions, les combats violents...
L'histoire est bien écrite mais je n'ai pas vraiment aimé. Pourquoi ? Je ne saurai pas forcément répondre. Je n'y ai pas retrouvé l'aspect « auteur inspiré » que j'ai pu trouver dans les autres nouvelles.
C'est assez linéaire, plat et factuel. Jack, le héros, vit ses « aventures » mais je n'ai pu ressentir aucune des impressions, sensations par lesquelles il passe. Qu'il s'agisse de la colère, de la joie, de la peur, du sens des responsabilité, l'auteur n'a pas réussi à faire ressentir les choses que vivait son héros. Contrairement à d'autres nouvelles du présent recueil. Nouvelle extrêmement décevante par rapport aux autres.

La rue Notre-Dame des Champs

Hastings est un jeune américain qui vient d'arriver en France pour des études d'art. Il loge dans une pension « bien sous tous rapports ». Assez libéral et doté d'une grande moralité, il ne se rend pas compte que la liberté dont jouissent certaines jeunes femmes françaises n'est pas pour les même raisons... Et c'est ainsi que par l'intermédiaire de Clifford, une connaissance qui vit en face de la pension, il fait la connaissance de Valentine aux jardins du Luxembourg. Mais pourquoi cette dernière tient elle tant à ce que leurs rencontres demeurent un secret ?

Un peu comme la précédente nouvelle, La rue Notre-Dame des Champs nous présente une tranche de vie de personnages plus ou moins hauts en couleurs. Toute en finesse, elle nous raconte l'histoire d'une rencontre... Rencontre de deux personnages radicalement opposés mais qui vont se rapprocher pour finalement s'aimer. Les choses ne sont pas dites clairement mais le lecteur les comprend facilement...
Parfois un peu longue, cette nouvelle nous présente de manière poétique, délicate et retenue les points de vue des deux « héros » ainsi que de Clifford, témoin involontaire de la première rencontre d'Hastings avec Valentine.
Moment agréable de lecture mais qui ne me laissera pas un grand souvenir (trop de descriptions...)

Rue Barrée

Académie d'art Julian à Paris. Selby vient d'arriver et Clifford le prend sous son aile et il lui présente nombre d'étudiants de diverses nationalités. Puis une jeune femme attire son attention... C'est celle que les autres étudiants surnomment « Rue Barrée » car aucun ne connaît son nom. Il ira même jusqu'à lui offrir de manière anonyme un rosier qu'elle ne peut acheter car étant trop cher. Mais comment finira cette rencontre indirecte ?

Nous retrouvons ici Clifford, personnage secondaire de la nouvelle Rue Notre-Dame des Champs, qui sert de nouveau de témoin involontaire et malheureux d'une rencontre entre un homme et une femme à laquelle il s'intéresse.
J'ai bien aimé la lire, comme la nouvelle précédente, mais j'y ai également trouvé le même défaut : trop de descriptions que je n'ai pas trouvé utiles ou nécessaires au développement de l'histoire. Et une frustration à la fin car j'ai eu le sentiment d'une histoire non finie (un cliffhanger qui ne trouvera jamais de suite)

BONUS : Un habitant de Carcosa

Le héros médite sur une théorie selon laquelle il existerait plusieurs sortes de mort... Puis, soudain, il réalise que les lieux qu'il arpente lui sont totalement inconnus. Il tente de se repérer, de savoir comment il a pu arriver là où il est, sans pour autant s'en souvenir... Et pourquoi la seule personne qu'il rencontre paraît-elle ne pas le voir?

Texte court et pourtant génial. Où l'on arrive à penser qu'il existe peut être bien une vie après la mort. Je l'ai vraiment aimé, mais heureusement qu'il n'est pas plus long et qu'il n'y a pas plus de descriptions, car sinon, je pense que l'effet n'aurait pas été le même. C'est la deuxième nouvelle du recueil qui m'a donné à réfléchir. L'auteur est très fort pour avoir réussi à faire passer autant en si peu de pages (un peu plus de 6)

Foncez la lire! Elle figure entre la biographie de l'auteur et les quelques pages "clés pour comprendre la série True Detective" (je n'aborde pas ces dernières car je ne connais pas du tout la série mais maintenant, je suis curieuse de la découvrir)
Lien : http://www.auboudoirecarlate..
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Fan de Lovecraft dans ma jeunesse, je me suis plongée dans le Roi en Jaune avec l'espoir de redécouvrir un univers fantastique au porte de notre réalité. En ce qui concerne l'univers fantastique aux portes de notre réalité, je n'ai pas été déçu. J'ai retrouvé dans ce recueil de nouvelles ce qui me plaisait tant chez Lovecraft, une mythologie brossé à coup de références discrète, comme s'il s'agissait de faits avérés.
Le livre est bien écrit, mais le style un peu vieillot et désuet.
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