Les femmes flics américaines qui prennent la plume ne sont pas légion. Entre la pionnière
Dorothy Uhnak et la dernière venue
Laurie Lynn Drummond (Rivages), voici certaine
Linda Chase, ancienne enquêtrice au BPS, une police des polices New-yorkaise traquant le ripou aussi bien dans la police que dans la magistrature. "
Une couverture parfaite" est son unique roman publié à ce jour, écrit en collaboration avec Joyce Saint George, co-directrice d'un institut de formation qui a longtemps travaillé avec la police à la gestion des situations conflictuelles – apprend-on sur le net.
Tina Paris, enquêtrice au BPS, serait donc le double de sa créatrice. Elle se fond dans des pince-fesses clinquants, louvoyants entre magistrats corrompus et maffieux déguisés en hommes d'affaire respectables ; elle traque un flic noir immonde impliqué dans toutes sortes de trafics et certainement auteur d'un meurtre ; enfin, elle coince de temps en temps une petite soirée pour un tête-à-tête avec sa meilleure copine, une jolie flic qui reçoit la nuit les confessions lapidaires d'un violeur en série sur le point de passer au meurtre pour pimenter un peu plus son activité.
On suit simultanément deux enquêtes (
le flic noir et le violeur), l'intrigue politico mafieuse s'étiolant jusqu'à devenir une simple toile de fond. La plus-value de l'écrivain flic de terrain est discrète mais bien présente. Les personnages sonnent juste (un très bon point), l'action est bien dosée et le suspens entretenu sans faiblesse ; la fin amène son petit coup de théâtre bienvenu (même si les fausses pistes égrenées par l'auteur sont un peu artificielles). Pas un chef d'oeuvre donc, mais un petit pavé tout à fait digne d'intérêt.
Déplorons tout de même une traduction souvent empruntée : des expressions classieuses, inusitées et en complet décalage avec l'ambiance élaborée par l'auteur plombent régulièrement la lecture (ce n'est pas une nouveauté, d'autres séries noires ayant été sinistrées de la même façon et plus gravement que celle-ci par le même traducteur). Enfin, soulignons le peu de cas que Gallimard semblait faire de ses lecteurs de polars en 2001 (j'ai pu compter jusqu'à trois coquilles dans une même page)... mais j'ose quand même insister : cette "couverture parfaite" vaut davantage que ce que l'éditeur a investi pour la faire partager au lectorat français.