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"La rue assourdissante autour de moi hurlait." Charles Baudelaire dédiait dans Les Fleurs du mal en 1857, ces vers " A une Passante". Éric Chauvier a convoqué le poète décédé, à notre époque, en 2018.


Il doit revivre, toujours maudit, mais comme un zombi! Il voit partout, sa muse Jeanne Duval...
En 1848, la ville lumière, Paris était différente ( sans eau courante et sans égouts) mais aussi sans tous ces véhicules pétaradants et ces gens stressés, l'oreille collée à un portable.


Vautré dans son vomi, il tente de se redresser, hagard, l'écume aux lèvres... Une femme veut lui venir en aide, lui parle comme à un débile, alors Baudelaire tend ses bras, l'attrape et la dévore. Sa faim assouvie, il se lève !

Une adolescente avance face, à lui, les yeux ravis par quelques vers, sur son SMS ( tirés des "Fleurs du mal?) Il va la suivre..." son rire jouant en son visage, comme un vent frais en un ciel clair".
Il la suit, les bras tendus, la démarche hésitante. Derrière le poète, le fou, le zombi, un groupe de "flâneurs-hipsters" le copient et singent sa zombi walk, en rigolant...


L'auteur ne manque pas d'imagination et utilise brillamment les vers de Baudelaire, en les insérant dans son récit. Les réseaux sociaux ont diffusé le cortège de ces zombis, avec Baudelaire en tête... " Ce fantôme dans l'air dansait comme un flambeau." La foule grossit, grossit, grossit...


Baudelaire a écrit dans Spleen et idéal, ces vers qui reflètent si bien le livre de E.Chauvier:
" Mais qu'importe l'éternité de la damnation, à qui a trouvé dans une seconde l'infini de la jouissance ".
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Ce court roman est un croisement étonnant. Il emprunte le chemin de l'essai littéraire, de confronter la poésie de Baudelaire à notre époque. Il prend les airs de la mode des zombies par des descriptions précises d'un corps en pleine décomposition. Mais derrière ces faux-semblants, Eric Chauvier interroge des figures de la rue. Il place Baudelaire dans le rôle d'un citoyen, homme arpentant l'asphalte et observant le monde, la société. Face à lui, des passants, qui le rejettent, sans prêter attention. Eric Chauvier va plus loin que de prouver la pertinence de la poésie de Baudelaire. Il s'intéresse à cette société, la nôtre (et son propos sera peut-être d'actualité longtemps), qui ne voit pas les poètes. L'auteur tente de comprendre les rouages d'une certaine poésie. C'est une manière d'être au monde, de déambuler, de regarder et de piocher des éléments. Bien que son corps disparaisse au fur et à mesure du livre, une force persiste, assez forte pour créer cette poésie. Est-ce que cet art irait au-delà de la chair ? Très rapidement, ce roman se transforme en rêverie, en balade digne de François Villon, dans des univers urbains. Ce que Baudelaire a imaginé, les dérives qu'il a perçues existent maintenant. La réalité rejoint ses mots, s'en approche. le texte puise dans les images du XIXeme siècle et dans celles d'aujourd'hui pour questionner la possibilité d'accueillir le poète, l'observateur, celui qui voit au-delà. La fin terrible annonce cet impossible accueil mais témoigne également de la suprématie des mots du poète sur les actes.
Lien : https://tourneurdepages.word..
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Le pas de côté anthropologique désespéré d'un zombie nommé Baudelaire.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/11/12/note-de-lecture-le-revenant-eric-chauvier/

Éric Chauvier, né en 1971, docteur en anthropologie, est avant tout connu aujourd'hui comme un scientifique inventif, contribuant par ses approches et son écriture à renouveler profondément le travail contemporain de l'ethnologie, tout particulièrement celle des marges, des frontières et des inframondes, mais aussi des espaces où l'industrie rencontre et agresse l'humain, comme l'illustrent remarquablement, par exemple, son « Anthropologie » de 2006, son « Contre Télérama » de 2011, son « Somaland » de 2012 ou sa « Rocade bordelaise » de 2016.

Il produit aussi à l'occasion des textes beaucoup plus étranges, où l'anthropologie, de simplement buissonnière, se fait carrément onirique et fantastique, avec une visée toutefois bien différente de celles décrites récemment, malicieusement, par son confrère Pierre DéléageL'autremental : figures de l'anthropologue en écrivain de science-fiction », 2020).

Ce « Revenant », publié en 2018 chez Allia, c'est bien Charles Baudelaire. Mais un Charles Baudelaire réduit de facto à l'état de zombie de moins en moins apte à communiquer, en attendant peut-être de devenir la charogne dont Clémentine Beauvais jouait récemment des facettes logiquement culpabilisantes pour le poète oublieux dans son « Décomposée ».

Ici, Éric Chauvier a su trouver dès le début de ces 65 pages un ton mordant et tout d'ironie rentrée, qui lui permet de télescoper joliment l'histoire officielle depuis 1850 et la mise en perspective de notre 2018, en complicité potentielle avec les écritures alertes du Pierre Bergounioux du « Récit absent » ou de l'Éric Vuillard de « La Bataille d'Occident ». Dans l'ombre subtile du monumental « Baudelaire » de Walter Benjamin (dont provient l'exergue de ce « Revenant »), il se joue un pas de côté décisif, l'un de ces détours analysés par Georges Balandier en matière d'anthropologie politique, et c'est aussi ainsi, en proposant une immersion brutale et décharnée dans une pop culture toute contemporaine, que la littérature sait assister et comme démultiplier l'impact de la science humaine et sociale – ce que nous prouve là avec brio Éric Chauvier, en ayant imaginé ce Persan ô combien radical, dérisoire et impuissant, malgré ses possibilité, et logiquement en voie de putréfaction avancée.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Le Revenant est non seulement un bel éloge à la poésie de Baudelaire et à l'inventeur de la flânerie, mais c'est aussi un essai-roman malin qui permet à Eric Chauvier de scruter notre début siècle qui va vite, si vite qu'il n'est plus sensible à la poésie, qui s'arrête aux apparences et continue sa dérive, celle que Baudelaire avait deviné, mais une dérive trop rapide, car là où la lenteur favorisait la mémoire, la vitesse appelle l'oubli. Magistral.
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Très très étrange. J'ai toujours aimé Beaudelaire, ce qui m'a donné envie de lire ce livre.
Ce n'est pas mauvais, mais c'est tout de même complètement barré.
Mon plaisir de lecture a été atténué par le fait que je ne m'attendais pas vraiment à "ça". un certain malaise pouvait même parfois me gagner.
Une drôle d'expérience.
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Baudelaire revient en zombi! Un service de presse très sympa. Un texte très bien écrit. A travers un Baudelaire zombifié qui pourrait retrouver un peu de raison face à la beauté de ce monde, on nous décrit notre société de manière sarcastique. Une critique sévère, juste et drôle, et un pauvre Baudelaire qui n'a jamais autant souffert, heureusement il ne se doute de rien et peut manger ses assaillants.
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