Ça commence ploum ploum tralala avec des constats amusants et des principes clairement énoncés. Il y a même des petites blagues. On sourit. On est content, on comprend bien : le discours du citoyen lambda est pollué par un jargon de spécialiste auquel il ne comprend en fait pas grand chose. Ses mots sont donc dénués de leur sens réel au profit d'une image de ce mot qui finit par être désincarné.
Enfin c'est ce que je pense avoir compris… Parce que la suite devient de plus en plus pointue, avec pas mal de références tant linguistiques que sociologiques et philosophiques. On s'accroche tant bien que mal mais c'est passablement ardu.
Pour un public (très) averti et cultivé aurais je tendance à dire.
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Le capitalisme (en actes et en paroles) n'a pas seulement pénétré la place universitaire sur un plan économique. (...) Continuer à vendre l'invendable et l'inique sur un plan écologique, social, économique ou sur celui de la recherche n'est possible qu'en mobilisant une logique culturelle susceptible de rendre acceptable auprès des citoyens cet état des lieux que chacun, avec une acuité retrouvée, jugerait désastreux.
Comme les médecins cliniciens, l'homme ordinaire ne peut plus, aujourd'hui, se spécialiser dans ce projet simple, mais devenu ésotérique : se décrire lui-même, parlant et agissant parmi les autres. La gouvernance n'est pas pour rien dans l'émergence de cette incapacité. Dans une interview, Johnny Rotten, ex-chanteur des Sex Pistols, disait regretter Margaret Thatcher, parce qu'à l'époque, il pouvait focaliser toute son animosité sur elle. Selon lui, l'arrivée de Tony Blair a lissé les rapports sociaux en masquant les visages et en déguisant les colères. Encore une fois, il faut observer comment, en quelques décennies seulement, la conflictualité de classes est devenue inaudible, puis indicible. Le langage de la gouvernance nous pousse désormais à confondre un monde social sans tension et un monde social sans mots évoquant des tensions. En amont, les think tanks et les élites mondialisées travaillent beaucoup à ce programme et à son antithèse : confondre un monde social en tension et un monde social avec des mots évoquant des tensions.
Il faut observer comment, en quelques décennies seulement, la conflictualité de classes est devenue inaudible, puis indicible. Le langage de la gouvernance nous pousse désormais à confondre un monde social sans tension et un monde social sans mots évoquant des tensions.
Des mots calibrés sortent désormais des laboratoires de recherche pour être bradés au plus offrant des gouvernants : "éco-responsabilité, mixité, durabilité, ville-monde, planétaire, ville globale, ville diffuse, ethno-marketing, féminicide, care, ordre genré, justice environnementale" , liste non limitative.
Telle est la version tardive du capitalisme, à laquelle les sciences humaines et sociales contribuent très largement. Il a suffi que de nouvelles compétences soient validées : que les étudiants se plient à un modèle de sciences sans négativité pour obtenir des financements; que les enseignants leur apprennent à breveter et à diviniser en conséquence.
Eric Chauvier vous présente son ouvrage "Plexiglas mon amour" aux éditions Allia.
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Note de musique : © mollat
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