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EAN : 9791030409185
64 pages
Allia (23/08/2018)
3.38/5   25 notes
Résumé :
Et si Baudelaire revenait parmi nous ? S'il flânait de nouveau dans nos ruelles ? En l'occurrence à Paris, comme en son temps. Dans ce récit haletant, Baudelaire resurgit sous la forme, non du dandy qu'il incarna jadis, mais du vagabond, misérable hère qui assiste, affalé sur le bitume, à la valse de nos contemporains et essuie leur mépris. Lui qui redoutait tant de se sentir inférieur à ceux qu'il dédaignait, le voici hué, puis bientôt hissé à la tête d'une parade ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
"La rue assourdissante autour de moi hurlait." Charles Baudelaire dédiait dans Les Fleurs du mal en 1857, ces vers " A une Passante". Éric Chauvier a convoqué le poète décédé, à notre époque, en 2018.


Il doit revivre, toujours maudit, mais comme un zombi! Il voit partout, sa muse Jeanne Duval...
En 1848, la ville lumière, Paris était différente ( sans eau courante et sans égouts) mais aussi sans tous ces véhicules pétaradants et ces gens stressés, l'oreille collée à un portable.


Vautré dans son vomi, il tente de se redresser, hagard, l'écume aux lèvres... Une femme veut lui venir en aide, lui parle comme à un débile, alors Baudelaire tend ses bras, l'attrape et la dévore. Sa faim assouvie, il se lève !

Une adolescente avance face, à lui, les yeux ravis par quelques vers, sur son SMS ( tirés des "Fleurs du mal?) Il va la suivre..." son rire jouant en son visage, comme un vent frais en un ciel clair".
Il la suit, les bras tendus, la démarche hésitante. Derrière le poète, le fou, le zombi, un groupe de "flâneurs-hipsters" le copient et singent sa zombi walk, en rigolant...


L'auteur ne manque pas d'imagination et utilise brillamment les vers de Baudelaire, en les insérant dans son récit. Les réseaux sociaux ont diffusé le cortège de ces zombis, avec Baudelaire en tête... " Ce fantôme dans l'air dansait comme un flambeau." La foule grossit, grossit, grossit...


Baudelaire a écrit dans Spleen et idéal, ces vers qui reflètent si bien le livre de E.Chauvier:
" Mais qu'importe l'éternité de la damnation, à qui a trouvé dans une seconde l'infini de la jouissance ".
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Le pas de côté anthropologique désespéré d'un zombie nommé Baudelaire.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/11/12/note-de-lecture-le-revenant-eric-chauvier/

Éric Chauvier, né en 1971, docteur en anthropologie, est avant tout connu aujourd'hui comme un scientifique inventif, contribuant par ses approches et son écriture à renouveler profondément le travail contemporain de l'ethnologie, tout particulièrement celle des marges, des frontières et des inframondes, mais aussi des espaces où l'industrie rencontre et agresse l'humain, comme l'illustrent remarquablement, par exemple, son « Anthropologie » de 2006, son « Contre Télérama » de 2011, son « Somaland » de 2012 ou sa « Rocade bordelaise » de 2016.

Il produit aussi à l'occasion des textes beaucoup plus étranges, où l'anthropologie, de simplement buissonnière, se fait carrément onirique et fantastique, avec une visée toutefois bien différente de celles décrites récemment, malicieusement, par son confrère Pierre DéléageL'autremental : figures de l'anthropologue en écrivain de science-fiction », 2020).

Ce « Revenant », publié en 2018 chez Allia, c'est bien Charles Baudelaire. Mais un Charles Baudelaire réduit de facto à l'état de zombie de moins en moins apte à communiquer, en attendant peut-être de devenir la charogne dont Clémentine Beauvais jouait récemment des facettes logiquement culpabilisantes pour le poète oublieux dans son « Décomposée ».

Ici, Éric Chauvier a su trouver dès le début de ces 65 pages un ton mordant et tout d'ironie rentrée, qui lui permet de télescoper joliment l'histoire officielle depuis 1850 et la mise en perspective de notre 2018, en complicité potentielle avec les écritures alertes du Pierre Bergounioux du « Récit absent » ou de l'Éric Vuillard de « La Bataille d'Occident ». Dans l'ombre subtile du monumental « Baudelaire » de Walter Benjamin (dont provient l'exergue de ce « Revenant »), il se joue un pas de côté décisif, l'un de ces détours analysés par Georges Balandier en matière d'anthropologie politique, et c'est aussi ainsi, en proposant une immersion brutale et décharnée dans une pop culture toute contemporaine, que la littérature sait assister et comme démultiplier l'impact de la science humaine et sociale – ce que nous prouve là avec brio Éric Chauvier, en ayant imaginé ce Persan ô combien radical, dérisoire et impuissant, malgré ses possibilité, et logiquement en voie de putréfaction avancée.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Ce court roman est un croisement étonnant. Il emprunte le chemin de l'essai littéraire, de confronter la poésie de Baudelaire à notre époque. Il prend les airs de la mode des zombies par des descriptions précises d'un corps en pleine décomposition. Mais derrière ces faux-semblants, Eric Chauvier interroge des figures de la rue. Il place Baudelaire dans le rôle d'un citoyen, homme arpentant l'asphalte et observant le monde, la société. Face à lui, des passants, qui le rejettent, sans prêter attention. Eric Chauvier va plus loin que de prouver la pertinence de la poésie de Baudelaire. Il s'intéresse à cette société, la nôtre (et son propos sera peut-être d'actualité longtemps), qui ne voit pas les poètes. L'auteur tente de comprendre les rouages d'une certaine poésie. C'est une manière d'être au monde, de déambuler, de regarder et de piocher des éléments. Bien que son corps disparaisse au fur et à mesure du livre, une force persiste, assez forte pour créer cette poésie. Est-ce que cet art irait au-delà de la chair ? Très rapidement, ce roman se transforme en rêverie, en balade digne de François Villon, dans des univers urbains. Ce que Baudelaire a imaginé, les dérives qu'il a perçues existent maintenant. La réalité rejoint ses mots, s'en approche. le texte puise dans les images du XIXeme siècle et dans celles d'aujourd'hui pour questionner la possibilité d'accueillir le poète, l'observateur, celui qui voit au-delà. La fin terrible annonce cet impossible accueil mais témoigne également de la suprématie des mots du poète sur les actes.
Lien : https://tourneurdepages.word..
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Le Revenant est non seulement un bel éloge à la poésie de Baudelaire et à l'inventeur de la flânerie, mais c'est aussi un essai-roman malin qui permet à Eric Chauvier de scruter notre début siècle qui va vite, si vite qu'il n'est plus sensible à la poésie, qui s'arrête aux apparences et continue sa dérive, celle que Baudelaire avait deviné, mais une dérive trop rapide, car là où la lenteur favorisait la mémoire, la vitesse appelle l'oubli. Magistral.
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Baudelaire revient en zombi! Un service de presse très sympa. Un texte très bien écrit. A travers un Baudelaire zombifié qui pourrait retrouver un peu de raison face à la beauté de ce monde, on nous décrit notre société de manière sarcastique. Une critique sévère, juste et drôle, et un pauvre Baudelaire qui n'a jamais autant souffert, heureusement il ne se doute de rien et peut manger ses assaillants.
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critiques presse (1)
LeSoir
31 décembre 2018
Une résurrection provisoire sous la plume d’Eric Chauvier.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
De s’être débattu comme un diable dans le cœur sombre du XIXe siècle n’aura pas suffi. Rappelons les faits, pourtant extraordinaires. Né le 9 avril 1821 à Paris, Charles Baudelaire est âgé de 6 ans lorsque succombe son géniteur, disparition qui va influencer sa vie dans les grandes largeurs. De ce drame personnel naîtra une poésie universelle. Sans la mort de son père, notre homme n’aurait probablement jamais porté sa croix de poète maudit. Peut-être même serait-il devenu fonctionnaire, marchand d’art, ou pire encore. Il n’aurait pas passé son existence à honnir son beau-père, Jacques Aupick, ce général d’armée, autoritaire par profession, qui va involontairement nourrir la révolte de l’adolescent, le plongeant tout de go dans une insondable névrose et le frappant, pour ainsi dire, de malédiction. La mère symbolisera l’élan sensible et créatif, le père, la basse-fosse où agonisent les rêves et leur pendant sacré, la poésie. Prisonnier de ce schéma difficile, pour ne pas dire délétère, Charles va transgresser comme il respire. Renvoyé en 1838 du lycée Louis-le-Grand, il s’échine à mener une vie à l’encontre des valeurs bourgeoises qu’incarne la famille. Ce dégoût devient le nœud gordien de son inspiration. Il passe son bac, dernier repère du conformisme, mais replonge, comme l’opiomane (qu’il n’est pas encore), dans sa drogue : la sédition de principe. Jugeant la vie de l’adolescent scandaleuse et désireux de l’assagir, Aupick le fait, dit-on, embarquer pour Calcutta. Mais ce périple mystérieux, imparfaitement documenté, ne sert à Charles qu’à colorer sa révolte totale menée au nom de la Beauté : elle sera exotique ou ne sera pas. Jacques a raté son coup et, finalement, on ne sait si Charles devient poète précisément afin que le coup rate. Quoi qu’il en soit, le voilà désormais toisant les sensualités inédites de ce monde, méprisant la médiocrité comme d’autres se préservent d’une maladie mortelle. En 1840, à l’âge de 19 ans, le cours des choses s’accélère comme il était prévu, pour ce grand torturé, qu’il s’accélérât. Par provocation et par amour, il se lie à Jeanne Duval, à ce point citée par les futurs exégètes de l’œuvre de Charles, qu’elle semble, avec le temps, avoir revêtu le masque du personnage central. À en juger par son endettement, sa mise sous tutelle, sa vie dissolue, Charles serait sans doute pris pour un parfait raté s’il ne produisait une poésie absolument révolutionnaire relevée d’une posture de dandy qui magnifie sa vie de débauche. Pour parachever cette débâcle personnelle, lui, le jeune homme bien né, va contracter la syphilis. Il en combattra les douleurs grâce au haschich dont il devient dépendant. Il n’a que 21 ans et vient de débuter Les Fleurs du mal, le parfum vénéneux des adolescences des siècles à venir. Ce n’est qu’en 1857 que paraît l’ouvrage, aussitôt interdit pour offense à la religion et outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs. En attendant, Charles sera critique d’art, journaliste, défenseur de la liberté sur les barricades de la « Révolution de février ». Souffrant toujours d’addiction et d’endettement, il fuira en Belgique et connaîtra ce que l’on nomme alors des « troubles cérébraux ». Épuisé par quatre décennies de tourments créateurs, il meurt une première fois à 46 ans, en 1869, l’année où paraît son autre chef-d’œuvre, Le Spleen de Paris. Tant d’affres, d’aventures, de dérives, toutes aussi intenses que mille vies vécues, n’auront pas suffi à souffler l’existence de Charles Baudelaire : le 18 janvier 2018, 149 ans après sa mise officielle au tombeau, dans le quartier du Marais, entre une sortie de métro et un kiosque à journaux, Charles revient – si l’on peut dire – à la vie, sous la forme d’un zombi syphilitique.
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Ne vous demandez pas quelle malédiction l’a arraché aux ténèbres car, comme chacun sait, dans le cinéma populaire et dans la littérature de gare, un mystère nimbe toujours la zombification des mortels. Peu importe qu’il s’agisse d’un champignon toxique inconnu, d’une bactérie mystérieuse ou d’une source radioactive, Charles est bel et bien de retour parmi les vivants. Ce pauvre hère à la morsure vaine et à la bave torrentielle ignore quasiment tout, cependant, de son existence passée, qui il fut, qui il aima, ce qu’il transgressa et, surtout, ce qu’il écrivit et sous l’influence de quelle muse adorée. Il n’a qu’une extrêmement vague impression de cette existence. La souffrance de se découvrir en génie avili, aussi piteusement déclassé, ne lui cause aucun tourment puisque le voilà privé de toute capacité à raisonner et à éprouver. Il n’est rien de plus qu’un esprit primitif enfermé dans un corps humain délabré. Mais un esprit soumis à l’addiction de la morphine, comme pour augmenter un peu plus la charge de malédiction qui le frappe. Dans le Paris de la disruption, de ses limbes de morts-vivants, il traque des motifs de soulagement. Mais ne subsistent en lui que des idées fantômes et des sensations pâles. Il ne peut rien exprimer de sa quête passée et de sa damnation éternelle. Même si des souvenirs précis venaient à hanter son esprit demeuré, il ne pourrait rien en dire. Cette aphasie est peut-être une résurgence de ses troubles cérébraux, nous n’en savons rien. Pour l’heure, il ne peut que geindre, souffler, cracher et, lorsqu’il entrevoit un peu de ce qu’il fut, derrière les brumes épaisses des siècles passés, hurler.
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Ainsi, je voudrais une nuit, quand l'heure des voluptés sonne, vers les trésors de ta personne, comme un lâche, ramper sans bruit, pour châtier ta chair joyeuse, pour meurtrir ton sein pardonné et faire à ton flanc étonné une blessure large et creuse.
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Elle s'est peu à peu convaincue que son corps était attirant pour des hommes pauvres ou des hommes riches, mais pervers. Sa dose quotidienne de crack l'aide à accepter cette situation qui, sans cela, démoraliserait n'importe qui. Elle le fixe, non parce qu'elle le trouve beau, non plus pour l'attirer en vue d'une passe. Non, elle le fixe ainsi parce que, ravagée par le crack qu'elle vient de fumer en trop grande quantité, elle ne peut faire autrement que de se tenir là, à genoux devant le monstre qui se vautre dans les restes de son repas. Le monstre qui se réveille et tente d'abord de griffer avant, soudainement, de se rétracter comme si lui revenait le souvenir d'un soir chaud d'automne, l'odeur d'un sein chaleureux. Il la regarde et voit se dérouler des rivages heureux, qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone.
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La téléphonie mobile, c'est l'avenir. L'événementiel, tout ça. Elle pense à lui, au fait qu'on la trouve jolie et cela, tout de même, elle y songe maintenant en voyant Charles, ne peut constituer un argument recevable. Que seules les jolies femmes puissent startuper entérine au final une sorte d'injustice fondatrice des rapports entre les hommes qui startupent et les femmes qui startupent.
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Vidéo de Eric Chauvier
Eric Chauvier vous présente son ouvrage "Plexiglas mon amour" aux éditions Allia. Rentrée littéraire automne 2021.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2545362/eric-chauvier-plexiglas-mon-amour
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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