Je m'attendais à un roman d'aviation, quelque chose de presque technique : de la voltige, le combat des as, des descriptions d'avions. Et je suis tombée sur un livre qui parle de beaucoup plus, qui met en relief les vilénies, de tous bords, du mur sur lequel se cognent et s'effritent les idées de respect, d'humanisme face au carnage, aux atrocités, à la perte de sens auxquels conduit inéluctablement la guerre. Je suis assez surprise par ce texte. Et ce d'autant que je ne m'attendais pas à ce que l'action se déroule du côté des pilotes russes, incluant une escadrille de sorcières.
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- Et des chasseurs, nous en ont-ils donnés ? demanda un curieux.
- Encore plus lamentable. Nos chers alliés ne nous ont fourni que des Bell Airacobra. Un chasseur raté, que les Français avaient commandé en 1940. La défaite leur a épargné de s'en servir contre les Messerschmitt. Les Américains étaient bien embêtés d'avoir tous ces avions invendus. Ils les ont proposés aux Anglais, qui les ont poliment refusés, après les avoir essayés. Il ne restait plus que l'Union Soviétique, comme utilisateur éventuel, et les Américains nous les ont expédiés, avec soulagement.
- Je connais la culture allemande aussi bien que toi, m'interrompt-il sèchement, en langue allemande. J'ai lu Goethe, Heine, Schiller, et bien d'autres, dans le texte original. Cette culture-là, les hitlériens l'ont reniée. Sais-tu que plusieurs de ces auteurs sont interdits par Hitler, et que leurs livres ont été brûlés en place publique ?
- Je l'ignorais. Je sais seulement que je veux faire tout mon devoir, combattre bravement, mais sans haine.
Sur l'horizon, le ciel est rouge. Demain, 22 juin, l'offensive commencera. Le sort en est jeté, nous attaquons.
Stupéfait, je regarde cette jeune furie guerrière qui me paraît la plus récente incarnation de la Russie Éternelle, souvent envahie, jamais vaincue.
Il est vrai que la guerre permet à tous les sadiques d'exercer leurs ignobles penchants, dans toutes les armées du monde.