La fin du deuxième millénaire, et l'entrée dans le troisième, sont l'occasion de prendre conscience que, en Europe occidentale tout au moins, on a quitté ce monde de représentations. On est en train de sortir de la chrétienté. Ce passage détermine fortement la compréhension que l'on peut avoir de la religion, de son rôle social, et de la liturgie qui est la pointe émergée de l'iceberg. Celle-ci n'est plus « pour tout le monde », puisque tout le monde n'est plus chrétien, ne souhaite plus l'être. Le christianisme apparaît de plus en plus comme un choix, et non plus comme un habit que revêtait bon gré mal gré tout Européen qui se respectait. Il devient une option de vie, en relation avec un groupe particulier dans l'ensemble social qui, lui, ne se réfère plus explicitement au christianisme pour définir sa conduite et ses prises de position.
Bref, c’est tout le contexte de la liturgie, tout le monde qu’elle évoque dont certains voudraient se détacher, car ils l’estiment dépassé, désuet, vieilli et vieillot… liste d’adjectifs auxquels ils en rajoutent volontiers deux qui achèvent le procès : « médiéval » et « monastique ».
On incrimine le fait que la liturgie utilise (trop, ou mal) le langage biblique; on ne critique pas seulement les lectures de l'Ancien Testament, dont on se rend compte, bon gré mal gré, qu'elles font partie de la Bible, mais surtout le contexte que tout cela évoque : une société agraire, méditerranéenne, patriarcale, bref tout un monde que beaucoup - pas seulement les femmes - trouvent opprimant.