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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un récit personnel, un cri d'alarme, une plainte dans l'absurde, le livre de chevet de Barack Obama, une nécessité dans un combat sans fin, un geste de désespoir et un message d'amour, c'est tout cela à la fois mais c'est surtout une écriture fine et intelligente qui interroge et ne peut - en aucun cas - laisser le lecteur indifférent.

Magnifique !
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L'auteur partage avec justesse et honnêteté sa réflexion sur le corps noir et sa destruction en Amérique au travers de son histoire. Ce corps qui n'a pas le droit à l'erreur, qui grandit dans la peur de l'autre, notamment de ceux censés le protéger.

Au cours de la lecture, on découvre son cheminement, ses lectures, et les rencontres qui lui ont permis de mûrir et de développer une meilleure compréhension du monde qui l'entoure.

Il transmet ce message à son fils, pour que celui-ci ait conscience des combats menés et à venir même s'il évolue dans une réalité déjà plus sûre que celle de son père. Et pour qu'il soit responsable de son corps dans ce monde si beau et si terrible à la fois.

La question de la pertinence du terme noir pour regrouper des êtres si différents comme s'ils ne faisaient qu'un est soulevée avec intelligence. Des êtres dont le point commun n'est pas tant leur couleur que le fardeau qu'ils partagent.

En prenant l'exemple des actes de la police, l'auteur montre qu'il s'agit du symptôme d'un mal profond, le reflet d'un héritage, d'une pensée plus répandue qu'il n'y paraît.

Une lecture captivante, très sincère et extrêmement réfléchie pour un sujet si sensible et parfois encore tabou ou abordé maladroitement. Ce livre est une merveilleuse leçon sur la vie, une vision réaliste offerte avec amour par un père à son enfant.

"La race dans laquelle on t'a rangé fait que tu as toujours le vent de face et les chiens sur les talons. A des degrés divers, ceci est vrai de toute vie. La différence est que tu n'as pas le privilège de vivre dans l'ignorance de ce fait fondamental."
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Il est regrettable que j'aie une très mauvaise habitude : me méfier des textes qui rencontrent trop facilement l'adhésion du public, les oeuvres qui ouvrent les portes sans grincement. Une colère noire, de l'Américain Ta-Néhisi Coates, appartient à cette catégorie de livres. Je dois cependant reconnaitre une chose. Lorsque j'ai vu Ta-Néhisi Coates à la Grande Librairie, j'ai été troublé par la colère profonde et contenue de l'auteur américain. J'ai pensé que c'était soit un coup marketing, soit quelque chose de beaucoup plus profond que son livre allait me révéler.


Avant de rentrer dans les différentes thématiques de ce livre événement - il faut le souligner - j'aimerais dire que les discussions autour de la traduction du titre en français n'ont vraiment pas de sens. Cette lettre de Ta-Néhisi Coates écrite à l'endroit de son fils de 15 ans est imprégnée par des sentiments exprimés librement. La colère et la peur sont ceux qui dominent ce courrier. Et disons-le tout de suite, en parcourant ce livre, avant de le finir, je me demandais s'il était possible de faire moins anxiogène comme missive adressée à son fils. Et d'une certaine manière, le lecteur est obligé de se questionner et de remettre en cause le fameux rêve américain dans lequel son imaginaire a été sculpté à coup de burin, de documentaires, de films. Et pour en finir avec cette note introductive sans fin, ma lecture aurait été toute autre si j'avais lu ce livre avant mon séjour en septembre dernier sur la côte est des Etats-Unis. Nous y reviendrons. J'aimerais enfin dire, que ce livre qui arrive à la fin du mandat de Barack Obama, premier président africain américain, s'inscrit dans la lignée des grandes oeuvres qui questionnent le traitement des minorités aux Etats Unis, en particulier dans le prolongement du fameux La prochaine fois, le feu de James Baldwin. La référence de Toni Morrison est totalement justifiée dans la 4ème de couverture et Alain Mabanckou fait bien de le rappeler dans sa préface...
Lien : http://gangoueus.blogspot.fr..
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Ta-Nehisi-Coates, journaliste noir, né à Baltimore, écrit une lettre à son fils de 15 ans, sur la condition des noirs aux Etats Unis. Avec lui on fait le constat terrifiant que dans ce pays capable de tous les excès, les noirs sont en constante insécurité. Pire que cela, la peur est un sentiment quotidien: peur dans la rue, d'être "au mauvais endroit au mauvais moment" , peur d'être victime d'un banal contrôle policier, d'une personne qui aura ouvert le feu sans se poser de question, parce qu'elle sait qu'en Amérique, la justice lui donnera raison. "la race nait du racisme et non le contraire". "La façon dont on nomme les gens n'a jamais été une affaire de généalogie ni de phyisognomonie . Elle est plutôt une affaire de hiérarchie".
L'analyse est sans concession "n'oublie pas que dans ce pays, nous avons passé plus de temps esclaves que libres".
La lecture de cet ouvrage a trouvé un écho dans le film de Jeff Nichols Loving, qui montre comment l'amour d'un blanc pour une noire, dans les années 60, était encore interdit, et comment l'homme blanc sûr de son bon droit pouvait affirmer que si "Dieu avait crée des races différentes, c'était pour qu'elles ne se mélangent pas".
Et balayons devant notre porte, le viol de Théo, par des policiers, la mort l'été dernier d'Adama Traoré, résonnent douloureusement à la lecture de cet essai sans concession.
Je remercie les Editions J'ai Lu et l'opération Masse critique de Babélio pour l'envoi de cet ouvrage.
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Cri de colère d'un homme qui a grandi dans la peur. Mais aussi magnifique leçon de transmission à son fils et à nous tous :rester responsable de son corps, se libérer des chaînes, ne pas se laisser prendre dans le mirage du "Rêve", ne pas accepter la suprématie d'un pouvoir. Mise en garde contre toutes les injustices et toutes les barbaries dont l'esclavage constitue les prémisses, l'asservissement par la force, la violence pour opérer la scission, fabriquer une "race inférieure", briser les corps pour organiser le pillage , s'en nourrir, pour le confort et le profit d'un groupe. L'Amérique a construit sa puissance sur la base de ce pillage, tout comme les autres grandes puissances coloniales comme la France, et a cultivé les violence aveugles : violence politique, policière, éducative, civile...
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Comment expliquer à son fils de 15 ans ce que représente la condition de l'Homme noir aux Etats-Unis ? C'est dans ce brillant essai que Ta-Nehisi Coates, journaliste, écrivain et intellectuel américain, expose sa « colère noire » en retraçant sa vie sous la forme d'une lettre à son fils.

Dès les premières pages, l'enjeu de ce texte est clair : expliquer à un jeune homme noir américain la colère d'un homme, son père, qui est aussi la colère de tout un peuple. Au travers de cette lettre à son fils, Ta-Nehisi Coates reconstruit le récit de sa vie, de son parcours en le jalonnant d'éléments historiques et culturels. Il contextualise son propos, n'hésite pas à expliquer, à questionner, à exprimer ses doutes et ses incompréhensions même, dans une démarche d'une sincérité absolue. « Détruire le corps d'un noir était acceptable, à condition de le faire avec efficacité. » (p.136)

Il raconte ainsi à son fils sa vie avant qu'il ne vienne au monde, les expériences qui l'ont forgé, les rencontres qui ont marqué sa vie, les choix, les questionnements et les incertitudes qui ont été les siens. Il revient aussi sur les quinze années de vie que lui et son fils ont partagé, expliquant avec du recul ses décisions et reconnaissant aussi avec humilité ses erreurs. Il en découle un texte redoutable de clairvoyance à la fois sur tout ce que son auteur sait et comprend, mais également sur tout ce qui peut encore lui échapper. Sans basculer dans un processus victimaire sans but ni structure, sans mettre tout le monde dans le même sac et sans chercher à diviser, il expose avec justesse une réalité. « Ils ont fait de nous une race, nous avons fait de nous-mêmes un peuple. » (p.173)

Ce texte puissant est l'expression légitime d'une colère liée à la condition des noirs aux Etats-Unis, et au corps noir dans cet environnement qui lui est bien plus souvent hostile qu'on ne le pense. À la lecture des mots de Ta-Nehisi Coates, même quand on est farouchement engagé contre le racisme et toute forme de discrimination, on prend conscience qu'il est très difficile de saisir l'ampleur de ce fléau pour les victimes tant qu'on n'y est pas brutalement confronté. Soit on en est victime, soit on reçoit un témoignage si fort qu'on le perçoit enfin dans toute sa mesure. Ici les mots de l'auteur sont choisis à la perfection, et son essai nous permet de prendre le violent impact du racisme comme si nous avions vécu ce qu'il raconte. Impossible dès lors de ne pas être encore plus révolté face aux violences, aux discriminations, aux injustices. Sans s'approprier une colère qui n'est pas la nôtre, on ne peut qu'y adhérer, la comprendre, la partager.

Dans la dernière partie, autour des années partagées entre l'auteur et son fils, on perçoit l'espoir qui vient de ce dernier et de cette nouvelle génération. Bien que celle-ci soit encore forgée par tous les enjeux et le poids de l'Histoire des parents, des aïeuls et des ancêtres, elle est aussi animée par une autre vision, d'autres questionnements, d'autres aspirations. Et c'est inspiré par cet espoir que l'auteur, sans perdre les enjeux de sa colère, enrichi son propos pour appeler son fils et toute une génération à concilier tout cela, pour en ressortir plus grande encore que toutes celles qui ont pavé la route pour elle.

Une colère noire est une lecture dont on ne ressort pas indemne, à la fois par la qualité de son écriture mais aussi par la puissance de son propos. Un texte qui nous marque, qui forge une plus grande aspiration à la tolérance et qu'on a envie de faire partager autour de soi. Et c'est probablement la meilleure chose à faire.
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Le livre Une colère noire est sans hésiter à mettre entre toutes les mains des jeunes, des moins jeunes, des blancs, des noirs... Ta-Nehisi Coates évoque dans cette lettre à son fils la condition de l'homme noir aux USA. Il y a de la colère, de la lucidité, de l'amour, de l'humanité. L'auteur souhaite apporter à son fils les clefs pour qu'il puisse comprendre d'où il vient, ce qu'il est et ne pas avoir de ce qu'il est.
L'auteur évoque notamment son enfance. La relation du corps d'un noir avec la peur, le parallèle avec la rue et l'école. Il retrace dans les grandes lignes le chemin qu'il a pris jusqu'à sa vie d'adulte.
Un petit livre qui réveille nos questionnements...enfin si toute fois ile étaient en mode off...
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Entre rêve et réalité, entre rage et peur, entre doute et espoir, un père dit à son fils tout ce qui fait mal entre le monde et lui. Etre « noir », dans l'Amérique d'aujourd'hui, avec le poids de l'Histoire esclavagiste qui n'en finit pas d'empoisonner âmes et corps. Texte fort, soutenu par Toni Morisson, primé au prestigieux Book Awards ; texte engagé, terriblement factuel, qui porte haut la voix des opprimés. Et qui résonne tragiquement aussi, au bruit des récents événements d'outre Atlantique. Une déclaration d'amour comme un puissant cri pour briser les chaînes et vivre… enfin !
Véronique
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Ce livre était dans ma liste à lire depuis sa sortie en France en 2015. Aussitôt le déconfinement, comme beaucoup de lecteurs je m'étais rendu dans ma librairie préférée, et je suis tombé dessus (en poche). Et puis... est survenu le meurtre de Georges Floyd. Cette lecture m'a plongé dans l'actualité. Ta-Nehisi Coates, journaliste et écrivain noir, écrit une lettre à son fils de 15 ans pour lui expliquer l'histoire des noirs aux Etats Unis, lui dire comment lui, a forgé sa personnalité et surtout pour le prévenir des risques que sa condition d'homme noir lui fait courir dans une Amérique ou la ségrégation est latente, ou le racisme est présent notamment dans la police. Il commence par expliquer l'esclavage, les conditions dans lesquelles les africains étaient transportés, souvent à l'initiative de l'Europe, notamment de la France. Comment ils étaient maltraités, exploités, mais aussi combien ils ont contribué par leur souffrance à l'enrichissement de cette Amérique qui les méprise. Il lui parle de sa propre famille, de son éducation, et lui explique combien par ses lectures des écrivains tel que James Baldwin , et par l'étude des discours des leaders noirs tel que Malcolm X il s'est imprégné de sa condition. Il revient sur de nombreux assassinats de noirs, notamment celui de Prince Jones un ami d'université tué par un policier pourri qui n'a pas été inculpé. Il raconte sa rencontre avec Mabel Jones, sa mère, qui était la première femme noire chef de service de radiologie dans un hôpital américain. Il explique à son fils l'attitude qu'il doit adopter pour diminuer les risques d'être agressé, d'être détruit. Il le fait avec des exemples qu'il a vécu lui-même. En dehors des ghettos, des quartiers noirs, il n'y a pas de vie sereine pour les individus de sa couleur de peau. Au cours de cette lettre, il décrit un voyage à Paris et relate la différence de comportement de la population blanche française par rapport à celles des américains. Il est surpris que l'on s'excuse de l'avoir involontairement bousculé, alors que peu de temps avant son voyage sur un trottoir de New-York une femme a insulté son fils parce qu'il marchait devant elle.
Publié avant Trump, ce livre très fort montre que l'élection d'un président noir, Obama, qui avait soulevé des espoirs, n'a en réalité pas fondamentalement fait évoluer les discriminations. Il n'y a pas de meilleure lecture contemporaine pour comprendre la colère que le meurtre de Georges Floyd a déclenchée. Ce qui lui est arrivé, c'est exactement ce que Ta-Nehisi-Coates craint pour son fils et ce dont il voulait le prévenir.
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