Le troisième roman de
Arnaud Codeville est la preuve, une fois de plus s'il fallait se l'avouer, qu'il existe autant de variations sur un thème à priori classique sur le papier pour se laisser encore et délicieusement emporté par le flot brumeux et mystérieux de la terreur, cette essence vitale qui coule dans les veines de l'humanité, c'est dans sa capacité à faire confronter deux visions diamétralement opposées, la logique apparente et celle qui ... ne l'est pas.
L'une n'excluant pas l'autre, il est une question fondamentale pour mettre tout le monde d'accord, la notion du bien et du mal, où commence l'un quand l'autre prend fin ?
A travers l'histoire de
Parasite, en quête de sensations fortes, l'odyssée de 4 adolescents va les mener au coeur d'une forêt proche des environs à la découverte de vestiges oubliés, ils sont encore loin d'imaginer les conséquences de leur choix, le cauchemar peut commencer ...
Au-delà d'une belle construction alternative entre passé et présent, d'évoquer quelque peu certains sujets sociétaux qui interpelleront (chômage, alcoolisme, violence conjugale), la plume de l'auteur n'a qu'un seul but ici, de vous faire dresser les cheveux sur la tête, de vous faire sentir la morsure du froid quand l'histoire se passe en été, de puiser dans votre subconscient que rien n'est jamais acquis ni charité bien ordonné commence par soi-même, tout peut basculer d'un instant à l'autre, le poids des choix, la culpabilité qui vous poursuit toute une vie, l'impossible deuil à surmonter, la peur de la solitude, une chose demeure au gré de la progression de la lecture, l'auteur a pris un plaisir évident de revisiter le thème de la possession en l'intégrant dans une zone du terroir qu'il connaît bien, le Nord.
L'influence littéraire issue du cinéma se devine aisément par des petits clins d'oeil, s'il s'agit d'une véritable découverte en attendant de lire ses deux premiers romans,
La Tour de Sélénite et
1974,
Parasite révèle un style addictif, une fois commencé, l'envie de lire d'une traite s'impose très rapidement, ponctué par des chapitres courts et en mouvement permanent.
Rien ne manque pour faire monter le palpitant, entre accalmie trompeuse et soudaine accélération dans des scènes visuelles percutantes, l'auteur avertit en quatrième couverture qu'il s'agit d'une oeuvre pour adulte préparé à suivre un choc viscéral, personne risque de s'en sortir indemne ...
Une expérience sensitive qui ne manquera pas de vous faire sursauter plus d'une fois, de vous interroger sur la nature profonde de l'homme face à la destinée, sur l'irrémédiable marche funeste à l'oeuvre, comment trouver la force et le courage de protéger ceux qu'on aime, l'amour peut prendre différents visages à travers les griffes du temps, existe-t-il une volonté divine inscrite sur la carte mémoire de tout un chacun ?
Sommes-nous toujours maître de nos choix et devant certaines circonstances, fortuites ou préméditées, qu'auriez-vous fait à la place d'un des jeunes protagonistes ?
Un bon thriller horrifique n'existerait pas sans des personnages fouillés tant dans leur psyché dépassée par les événements induis que par les ravages causées, dans la blessure profonde de l'âme meurtrie, l'entité démoniaque fait froid dans le dos, entre frayeurs et déni de la réalité, il n'y a qu'un pas, la résistance par tous les pores de la peau, c'est une valse endiablée produit par un effet contagieux, les rebondissements malicieuses affranchissent d'une volonté sibyilline de porter à son paroxysme des révélations au compte-goutte, lecture jubilatoire pour les fans du genre, la jouissance pendra jusqu'au bout du nez le lecteur afin de mesurer toute la magie de la terreur, une ambiance électrique pour tenter de ralentir la cadence évoluant crescendo, une angoisse palpable et délétère, survivre c'est une chose mais à quel prix ?
Chaque livre regorge peu ou prou d'anecdotes personnelles ou de références autobiographiques, celui-ci n'échappe pas à la règle, associer la reconstitution fidèle et juste d'une période nostalgique, celle des années 80 avec l'envie de partager tout ce qui a déclenché des cultures chronophages dévorantes, de les distiller à bon escient dans une histoire écrite d'abord avec le coeur d'un grand passionné !
Parasite n'est pas juste un roman inspiré et exhalant de l'horreur à toutes les sauces, une violence parfois crue mais jamais gratuite, l'intelligence de la narration réside dans la juxtaposition parfaite d'éléments qui vont converger au fil des pages vers une fin comme on aimerait en voir plus souvent, audacieuse, totalement imprévisible pour insuffler toute la reconnaissance méritée, du sous-genre au roman fantastique, cette histoire pourrait justement le hisser d'un cran supplémentaire dans le coeur de tous les lecteurs, pas seulement des férus, tous les goûts sont peut-être dans la nature mais la nature humaine n'est-elle pas justement d'en dévoiler toutes les facettes et par d'autres voies, afin de trahir certaines idées reçues ?
Une plume ancrée dans une authenticité formelle et en phase avec la cohérence du récit, l'auteur dépeint avec justesse et émotions le parcours mouvementé de ces protagonistes qui voulaient juste s'amuser, une après-midi de vacances ...
Roman auto-édité,
Parasite de
Arnaud Codeville est disponible en numérique et en broché, c'est une excellente découverte ! ❤️