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EAN : 9782226327017
656 pages
Albin Michel (13/09/2017)
4.83/5   3 notes
Résumé :
Préface de Haïm Korsia.

Le Livre de Job est peut-être le plus honnête des grands textes spirituels. Il se confronte directement à la seule question qui vaille : si Dieu est bon et tout-puissant, pourquoi permet-il que les justes souffrent ? Et à cette question, il n'apporte pas de réponse facile ; au contraire, il procède à la réfutation de tous les discours cherchant à disculper Dieu du mal.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il manquait en français une bonne traduction du Livre de Job, et une étude du texte, de ses lectures et de ses enjeux. Isabelle Cohen s'est chargée de ce travail encyclopédique : elle traduit le texte du Livre de Job, justifie chaque mot de sa traduction par deux mille ans de tradition interprétative, elle l'explique verset par verset (mais les explications et les versets ne figurant pas sur la même page, la lecture du commentaire est peu confortable), enfin, elle conclut par un essai qui reformule les grands thèmes de ce Livre biblique. La tâche du lecteur francophone est donc grandement facilitée, ce livre est une vraie référence et un bon outil de travail, malgré la piètre qualité du style de l'auteur.

Que retenir de cet ouvrage ? Le Livre de Job cherche un sens à la souffrance du Juste, qui soit compatible avec la justice divine. Nulle part la foi en Dieu n'est remise en cause par le Juste souffrant injustement : son angoisse vient précisément de ce qu'il n'arrive pas à réconcilier sa misère personnelle et l'idée qu'il se fait de Dieu. Il est conduit à voir Dieu autrement et à affiner ses relations avec Lui. Nous, qui ne sommes pas des Justes, conclurons de nos souffrances à l'inexistence de Dieu ou à son indifférence. Mais le Juste aime Dieu et sa misère est insupportable parce qu'il ne la comprend pas, venant de Lui. En 1993, on retrouva un commentaire hébreu du Livre de Job écrit au XII°s, de la main du grand talmudiste français Rabbenou Tam, violemment agressé par un Croisé qui le laissa pour mort. Dès qu'il guérit de ses blessures, il se remit à l'étude. Ainsi de nombreux commentaires, médiévaux ou faits par des Juifs espagnols expulsés après 1492, plongent leurs racines dans le vécu dramatique des commentateurs.

C'est dire que le travail d'Isabelle Cohen ne cherche pas l'objectivité : elle sait tenir compte de toutes les opinions des débats millénaires qui entourent ce livre, mais elle prend fortement parti, dans son commentaire, contre les "amis" de Job qui cherchent à justifier Dieu en accusant Job. D'autres l'ont fait avant elle et cela se justifie, même si des lectures plus approfondies, comme celles du Rav Shimon Schwab ou surtout de Rabbi Moshe Eisemann, publiées toutes deux chez Artscroll, permettent de dépasser ce blâme moderniste (anti dogmatique) et de replacer les propos des amis de Job dans une réflexion juive plus nuancée et plus profonde. Isabelle Cohen s'enferme dans des antinomies parfois stériles. La lecture comparée de son ouvrage et des commentaires de Job par R. Schwab et R. Eisemann (en anglais) fait nettement voir les limites du travail de notre auteur.

Le Livre de Job peut nous tenter par l'audace extrême de ses questions à Dieu : depuis le génocide, des auteurs comme Elie Wiesel ont banalisé ces accusations de négligence et d'abandon lancées à Dieu. Le monde juif est familier de ces audaces qui vont à rebours de nos habitudes de chrétiens, et des coutumes musulmanes. Dans le monde juif, toutes ces questions sont permises, mais non à n'importe qui : les Justes seuls sont habilités à les poser, et les débats élevés entre Job et ses amis nous placent en position d'auditeurs, non de participants. Donc apprenons d'eux, à l'image du Grand Prêtre qui, la veille de Kippour et de son entrée dans le Saint des Saints, où il allait prononcer, à ses risques et périls, le Nom ineffable de Dieu, devait lire le Livre de Job.

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Qu'est-ce qu'un Juste ? Il est défini par son aversion pour la destruction. C'est la raison pour laquelle "il voit le destructeur avec les yeux d'un homme sain d'esprit visitant un asile de fous : il ne comprend pas comment un tel comportement est possible." (1) Le désir de détruire, non seulement ne peut le traverser, mais encore son spectacle le révulse, allant jusqu'à susciter un malaise physique. La deuxième caractéristique du Juste consiste dans sa capacité à ressentir profondément la présence divine et à jouir de ce que les commentateurs médiévaux nomment la "fruition" de Dieu. Cela équivaut à voir le monde qui vient de son vivant. (2)

Note 1 : cf Adin Steinsaltz, "Opening the Tanya : discovering the Moral and Mystical teachings of a Classical Work of Kabbalah" p. 55, 34.

Note 2 : Ibid p. 34 et 51. Cf Midrash sur Psaume 11-5, "Dieu éprouve le Juste") : parabole des cruches fêlées. Dieu ne vérifie pas leur solidité, puisqu'elles se cassent à la première chiquenaude. Il ne vérifie donc que les cruches solides, qui résistent même aux coups les plus violents...

p. 489
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Selon Lacan, la volonté d'ignorance compte au nombre des trois grandes passions humaines, aux côtés de l'amour et de la haine.

note 43 p. 539.
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