Souvenirs sur Soutine

Car j'aime à rêver qu'un livre puisse être un éventail secret ! Et celui-ci l'est doublement. Oh combien ce tout petit texte renferme d'amitié. Là-bas par quelque inspiration de gentillesse une belle âme a lancé en l'air cet éventail et par magie il s'est transformé en papillon. Le voilà, une fin de matinée, petit flocon de neige me susurrant à l'oreille des merveilles. Et ce jour autrement gris se colore de la palette de Soutine, peintre totalement ignoré de moi bien que pour une raison inconnue ce nom m'interpelle.

Ou serait-ce son histoire sobrement et agilement racontée (sans cette idolâtrie si souvent présente dans ce genre d'exercice)  par Andrée Collié qui le connaissait d'amitié ? J'ai eu pour vous dire l'impression de parcourir tout naturellement à vive allure les vingt toutes petites pages de ce portrait sans fioriture ni flagornerie, entrainé par l'enchaînement enchanteur des petites touches juxtaposées en écho aux idées préconçues de gens aux jugements hâtifs sur un être complexe et singulier au point de me faire penser à Solal, héros du beau roman Les indociles de Murielle Magelan. Un détail, peut-être le rachat par le peintre de certaines toiles critiquées pour les détruire ?

Souvenirs de Soutine, ami de Modigliani mais qu'est-ce que cela change, attire mon regard sur un peintre que j'ai  pu (dû ?) croiser au musée de l'orangerie, ou encore à Grenoble, à Chicago ou à New York. Jamais, il ne m'avait été donné de lire une biographie aussi intimiste, directe, sans excès. Vingt toutes petites pages et j'ai l'impression de faire la connaissance d'un artiste sans concession, tortueux et torturé. Mais, comme souvent, la profondeur d'un livre va bien au-delà des mots et de l'histoire. Celui-ci, même en plein hiver, je le sais, transpire l'amitié. Merci donc à la personne qui me l'a envoyé.