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3,82

sur 249 notes
Antoine Compagnon a pleinement réussi le défi lancé par Philippe Val lors de l'été 2013 de parler des Essais de Montaigne quelques minutes par jour sur France inter. Ce petit livre de 168 pages reprend donc en 40 entrées qui représente autant d'intervention sur France inter, les points essentiels à retenir sur l'écrivain. On y retrouve donc notamment un petit chapitre intitulé "L'engagement" ou encore "L'ami", "Le nouveau monde", "Les indiens de Rouen" ou "une chute de cheval" pour n'en citer que quelques-uns.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture qui nous permet en moins de 2h de nous rapprocher de cet auteur incontournable de la renaissance. Je conseille particulièrement ce livre aux lycéens qui préparent le bac. On retrouve dans ce livre 2 des textes obligatoires cette année avec des explications bien intéressantes.
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Un été avec Montaigne/ Antoine Compagnon
C'est à la radio sur France Inter que ces petits chapitres abordant les Essais de Montaigne ont été révélés au grand public. le défi était majeur de vouloir réduire ce monument de la littérature à quelques extraits, mais ce fut une réussite pour faire aborder ou découvrir ce grand nom de notre patrimoine littéraire. Regroupés dans ce petit livre, les 40 chapitres font passer un bon moment de lecture grâce aux explications très simples de l'auteur.
Un petit rappel de la vie de Montaigne n'est pas inutile.
Michel Eyquem de Montaigne naquit dans le Périgord en 1533. Sa première langue fut le latin. Il étudia la philosophie à Bordeaux puis le droit à Toulouse. Sa rencontre avec La Boétie en 1558 (mort en 1563) avec qui il se lia d'une grande amitié lui fit découvrir le stoïcisme. On a souvent dit que l'on devait les Essais à La Boétie, à sa présence puis à son absence. Il se maria en 1565. La rédaction des Essais commença en 1572 et la première édition eut lieu en 1580. Il devint maire de Bordeaux en 1581. Travaillant à une nouvelle édition complétée des Essais, il meurt en 1592.
La vie de Montaigne fut très mouvementée : guerres, voyages (toujours à cheval), maladie (maladie de la pierre), vie politique. Mais en fait il ne fut un homme d'action qu'à ses moments perdus. Assez indolent de nature, il aimait avant tout sa vie intérieure. Et les Essais nous peignent un être dans toute sa complexité, avec sa finesse d'esprit, son audace de pensée et son bon sens périgourdin. Esprit critique et sceptique (Que sais-je ?), avide de liberté (il n'y a pas de bien supérieur à la liberté) et de vérité, il fut un homme complet. Montaigne ne voulut pas faire des Essais une leçon, un exemple : les Essais sont en quelque sorte le journal d'un homme en quête de la sagesse avec sincérité et honnêteté. C'est un livre sans précédent dans la littérature. Au fil des chapitres, on découvre un parfait honnête homme, libéral, respectueux des idées, tolérant et indulgent, connaissant le doute, ne mettant aucun amour-propre dans la conversation, ne cherchant pas à avoir le dernier mot et condamnant la suffisance et la fatuité.
Les Essais sont aussi une préparation à la mort : « Philosopher, c'est apprendre à mourir ». Concernant le Nouveau Monde dont la découverte est encore récente, Montaigne se présente en protecteur des autochtones et de leurs coutumes. Il fut l'un des premiers censeurs du colonialisme.
Les Essais se présentent aussi comme un autoportrait, une étude de soi sans complaisance pour atteindre la sagesse, reprenant à son compte le mot de Socrate : « Connais toi toi-même. » La sagesse, ce fut aussi pour Montaigne de connaître ses limites : « il n'est pas donné à l'homme de connaître le fond des choses. » Disciple de Socrate, « il savait qu'il ne savait pas ». L'écriture pour Montaigne était avant tout une distraction, un remède contre l'ennui, un secours contre la mélancolie. Épicurien, Montaigne prônait le temps de vivre en suivant sa nature, la jouissance du moment présent sans se précipiter pour rien : « Festina lente » comme disait Erasme ou « Carpe diem quam minimum credula postero » comme disait Horace.
Malgré une santé fragile, Montaigne aima toujours voyager, à cheval de préférence que ce fût dans ses terres ou plus loin à Paris, Rouen, en Suisse, en Allemagne et jusqu'à Rome pour faire connaître les Essais à Sa Sainteté le Pape. Remarquer les choses nouvelles et inconnues fut pour lui la meilleure école pour façonner sa vie, le voyage proposant la diversité de tant d'autres vies. Il avait toujours présent à l'esprit qu'Aristote pensait en marchant et enseignait en déambulant. Et quant à choisir la façon de mourir, ce serait de préférence à cheval plutôt que dans un lit !
Montaigne parla le latin avant de savoir le français. Mais il écrivit en français car c'était la langue du peuple. Toujours à l'écoute des autres, il disait que « la parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui écoute. » Homme politique et homme engagé, il fut maire de Bordeaux à plusieurs reprises. Il avait pour devise de ne pas confondre sa personne avec sa charge.
Dans le domaine de l'éducation, Montaigne fut un adepte de « la tête bien faite » plutôt « que bien pleine », les compétences passant avant les connaissances, sans pour cela négliger ces dernières.
Quoiqu'il mourût en chrétien, Montaigne fut souvent considéré comme le précurseur des libertins et des libres penseurs annonçant les Lumières. Il montra cependant un attachement indéfectible à l'Église, rejetant toutefois toutes les superstitions et les miracles.
Dans un tout autre domaine, Montaigne s'étonnait et ne trouvait pas de véritable justification à cette pudeur qui touche aux choses du sexe. En amour, il était pour la lenteur, la séduction et la galanterie.
Dans l'édition posthume des Essais de 1595, Montaigne rend un vibrant hommage à Marie de Gournay, sa fille d'alliance comme il disait. C'est en effet cette jeune personne qui mit au point cette édition de l'oeuvre, si bien que l'on a parfois douté de l'authenticité de certains passages. Il faut bien dire que ce commerce entre un homme d'âge mûr et une très jeune femme de plus de trente ans sa cadette a intrigué. Solitaire depuis la mort de la Boétie en 1563, il prit sous son aile cette fine lettrée, férue de grec, de latin et de culture classique, qui découvrit les Essais à l'âge de 18 ans. S'étant rencontrés en 1588 à Paris, ils correspondirent jusqu'à la mort de Montaigne. C'est l'épouse de l'écrivain qui chargea Marie de Gournay de préparer l'édition posthume des essais. Montaigne eut six enfants avec sa femme dont seule une fille, Léonor survécut.
En conclusion, un petit livre de 170 pages permettant de (re)faire connaissance avec Montaigne avant de se plonger dans l'intégrale des Essais, les années d'étude de français sur le XVIe siècle de notre adolescence étant bien loin !

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Un petit livre offert par une amie tunisienne en Tunisie peu de temps après la "Révolution de jasmin" et lu effectivement au coeur de l'été africain .
Tout un symbole !
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On connait tous Montaigne. Au moins de nom car depuis plus de 4 siècles il fait partie de notre culture.
Certains peuvent même le lire "dans le texte". Ce n'est pas du tout mon cas mais celui de Antoine Compagnon. Par sa chronique il nous permet d'aborder Montaigne, de tenter de le comprendre et d'apprécier sa pensée, son état d'esprit.
Et ça me plait. Je lirais bien encore et encore du Montaigne expliqué par Compagnon.
Petit livre à laisser traîner dans son sac pour le feuilleter aux moments "perdus", qui ne sont pas si "perdus" que ça mais plutôt propices à la rêverie.
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Lecture intéressante réfléchie, qui donne envie de relire Les Essais. En tout cas, le choix arbitraire de Monsieur Compagnon, de ces 40 chapitres, commentés avec tact et modération, donne une très bonne idée de la magnitude, de la complexité du personnage de Michel de Montaigne à la fin De La Renaissance française, à un moment de notre histoire plus que troublé.
Par un pur hasard j'ai enchainé avec l'excellent livre du chilien Jorge Edwards intitulé "La mort de Montaigne" essai qui apporte un autre point de vue, cette fois sur les dernières années du philosophe et son amour tardif et passionné avec Marie de Gournay, une égérie moderne pour ce XVIème siècle.
Lien : http://pasiondelalectura.wor..
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Pour lecteurs pressés, cette charmante anthologie récrite des Essais dans leurs passages les plus connus. C'est un peu l'équivalent, en moins scolaire, des pages du Lagarde et Michard XVI°s de notre jeunesse.
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J'attendais énormément de ce livre du fait de ses excellentes critiques, et j'ai été un peu déçue.
Je crois que j'ai été un peu déconcertée par la forme.
Les chapitres sont très courts car il s'agit en fait de la retranscription de chroniques radiophoniques.
C'est à la fois agréable car on aborde un thème en 3 minutes, mais cela crée aussi le risque d'une lecture décousue. Je suis tombée dans ce piège et cela m'a empêchée de me plonger complètement dans le livre, qui n'en demeure pas moins une lecture fort intéressante.
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Une lecture éclairée de Montaigne qui rend Les Essais accessibles à tous. Fidèle à l'oeuvre, à l'homme, Antoine Compagnon en fait une analyse passionnante.
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C'était assurément "LE" livre qu'il fallait avoir (j'ai pas dis : lire ...) sur les plages cet été.
Un été avec Montaigne, ça vous pose quand même son baigneur sur la serviette de bain, autrement que Dan Brown, Maxime Chattam ou d'autres nuances de diverses couleurs.
Ce petit bouquin fait recette, au-delà de toutes les espérances de son auteur : Antoine Compagnon, professeur au Collège de France, histoire et littérature. Oui quand même.
Mais en plus de disposer ostensiblement le petit bouquin jaune sur sa serviette de plage, on pouvait également lire les textes réunis ici, qui sont les transcriptions d'une émission de radio de l'été 2012 sur France Inter (chaque court chapitre aborde un thème différent).
Antoine Compagnon lisait ses textes, Daniel Mesguich prêtait sa voix à Montaigne lorsqu'il était cité.
Alors Montaigne pour l'été ?
Oui, tout à fait. Les textes du professeur Compagnon respirent l'intelligence et savent remettre au goût du jour les pensées de ce cher Montaigne. On l'imaginait reclus dans sa bibliothèque périgourdine et l'on se trompait : Montaigne était un esprit engagé dans son temps, conseiller des puissants de l'époque, en prise avec les questions du moment dont beaucoup sont restées actuelles.
Ce qui donne l'occasion à Antoine Compagnon, ses auditeurs de 2012 et maintenant ses lecteurs de 2013, de revisiter les thèmes indémodables : la lecture bien sûr, l'enseignement et la philosophie, la religion et ses guerres, la maladie, la médecine et la mort, le pouvoir, le voyage, l'amitié ou l'amour, et même la sexualité ou les femmes.
Curieusement, Montaigne avait rédigé ses Essais en français, vieux français, chose inhabituelle à l'époque où l'on parlait latin à la maison (enfin, dans certaines maisons !).
Mais il faut bien la lecture d'Antoine Compagnon pour nous rendre accessibles ces tournures vieillies et alambiquées. : ce n'est pas tout à fait Montaigne que l'on lit aujourd'hui, mais plutôt un lecteur de Montaigne.
Sans doute pas de quoi nous donner le courage d'ouvrir les Essais en VO, mais peut-être de quoi nous donner l'envie de faire un détour en Dordogne par la maison de Michel Eyquem. L'été prochain ?
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
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On grapille, on grapille. Mais qu'il est donc plaisant de picorer, juste pour l'éveil. Un été avec Montaigne. Et voilà qu'il se confie à nous dans toute sa modernité, son approche, son époque et la nôtre. Ne serait-ce que pour cette phrase de Pétrone : « Le monde entier joue la comédie ».
Nous voilà prévenus, rassurés. Montaigne descend de son piédestal à nous de le rejoindre avec bonheur.
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