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Oui, Tituba est une sorcière dotée de pouvoirs magiques! Et elle s'en est servi sur moi puisqu'après avoir lu la première page, je n'arrivai plus à refermer le livre!!
Ce livre m'a totalement happée. Il m'a transportée dans une autre époque, dans un autre lieu, j'ai vécu avec Tituba dans son île, j'ai subi toutes les injustices en souffrant avec elle, mais j'ai également lutté avec elle.
Je me suis sentie entourée des esprits et donc sentie plus forte.

Ce livre permet de redécouvrir ce qu'était une sorcière, qui n'est là que pour aider, soulager, et guérir les maux des gens. Mais ces soit-disant sorcières n'ont fait que concentrer et attiser la haine des gens devant l'inconnu, elles ont ravivé leur peur et ils ont trouvé en elles un bouc émissaire.
Au delà de l'histoire des sorcières de Salem, il s'agit d'évoquer la traite des noirs et la dure condition des esclaves.

Un livre envoûtant.

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Tout le monde a plus ou moins entendu parler des sorcières de Salem. La littérature comme le cinéma se sont d'ailleurs à plusieurs reprises, en prenant parfois une grande liberté avec la réalité, emparé de ce fait divers alimenté par les luttes intestines et une paranoïa puritaine, qui marqua les esprits pendant plusieurs décennies.

Pour rappel des faits, des jeunes filles de Salem Village, Massachusetts, à la fin du XVIIème siècle, accusent certains de leurs concitoyens de les avoir envoûtées. Ces accusations visent dans un premier temps trois présumées sorcières : Sarah Good, une mendiante, Sarah Osborne, une vieille femme peu appréciée par les villageois suite à une histoire d'héritage, et Tituba, esclave de Samuel Parris, le pasteur de Salem, dont la fille et la nièce sont parmi les accusatrices. S'ensuit une véritable épidémie de "possédées", dont certaines vont jusqu'à accuser leurs propres parents...
S'ouvre une multitude de procès, qui tous se terminent par la condamnation à mort de l'accusé pour sorcellerie, aucun acquittement n'est prononcé. Seuls ceux qui plaident coupable et dénoncent d'autres suspects, telle Tituba, évitent l'exécution capitale.

Atterré par le nombre d'accusations (au total plus de 300 personnes, une vingtaine étant au final exécutée), le gouverneur Phips, qui reprend l'affaire, interrompt le procès, et les derniers prisonniers sont libérés quelques semaines plus tard. Les fillettes à l'origine de l'affaire avoueront plus tard avoir agi ainsi "pour se divertir" et s'être "bien amusées". En 1711, une indemnité est versée aux victimes et aux familles.

Seule Tituba, noire et esclave, ne bénéficiera d'aucune excuse, d'aucune réhabilitation...

C'est pour pallier cette injustice que Maryse Condé a écrit "Moi, Tituba, sorcière". Elle y fait s'exprimer la jeune esclave, imaginant, de sa naissance à son retour après le procès de Salem dans sa Barbade natale, ce que fut son existence.

Fruit d'un viol perpétré sur sa mère par un marin blanc, Tituba se retrouve très jeune orpheline. Recueillie par Man Yaya, elle apprend de cette dernière l'art de la sorcellerie qui soulage et guérit. Man Yaya meurt alors qu'elle est âgée de quatorze ans. Elle vit alors,seule mais libre au coeur de la forêt, jusqu'au jour où, tombée amoureuse de John l'indien, esclave au service d'une vieille blanche acariâtre, elle enchaîne son destin à celui de cet homme, perdant ainsi son indépendance, et s'acheminant vers son funeste destin...

Maryse Condé nous livre avec cette Tituba un beau personnage, complexe et émouvant. Libre d'esprit, sensée, mais incapable de résister à l'appel de l'amour qui la perdra, elle oppose à l'obscurantisme chrétien et au puritanisme des blancs sa spontanéité et sa bienveillance. Femme rebelle, en quelque sorte avant-gardiste, elle ne supporte pas le mépris dans lequel sont tenus les noirs. Pour pouvoir rester près de son mari, elle accepte pourtant de le subir...

L'auteure prend le parti de faire de son héroïne une véritable sorcière, qui converse avec les morts, et réalise des sortilèges. Mais il s'agit d'une sorcellerie bienveillante, qui prend racine dans les bienfaits qu'offre la nature, qui est à l'écoute des émotions humaines. le parallèle ainsi établi avec une religion blanche pesante, malsaine et culpabilisante, qui enferme ses ouailles dans des carcans de superstition, de peurs et de haine, non sans une amère ironie, est intéressant...
Mais avant d'être une sorcière, Tituba est une femme, ni puissante ni arrogante, simplement effrayée par l'injustice et la cruauté du monde, dont elle fera les frais, desservie sa couleur de peau et son statut d'esclave.

S'inspirant librement des faits réels, Maryse Condé met tout son talent de conteuse au service de cette belle mais triste histoire.
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Fille de l'esclave Abena violée par un marin anglais à bord d'un vaisseau négrier, Tituba, née à la Barbade, est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts.
Son mariage avec John Indien l'entraîne à Boston, puis au village de Salem au service du pasteur Parris. C'est dans l'atmosphère hystérique de cette petite communauté puritaine qu'a lieu le célèbre procès des sorcières de Salim en 1692. Tituba est arrêtée, oubliée dans sa prison jusqu'à l'amnistie générale qui survient deux ans plus tard. Là s'arrête l'histoire. Maryse Condé la réhabilite, l'arrache à cet oubli auquel elle avait été condamnée, et, pour finir, la ramène à son pays natal, la Barbade au temps des Nègres marrons et des premières révoltes d'esclaves.
Elle préside le Comité pour la mémoire de l'esclavage créé en janvier 2004 pour l'application de la loi Taubira qui a reconnu en 2001 la traite et l'esclavage comme crimes contre l'humanité. À ce titre c'est sur sa proposition que le président Jacques Chirac a fixé au 10 mai la Journée de commémoration de l'esclavage, célébrée pour la première fois en 2006
Lien : http://liberta-revolutiona.o..
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Je ne connaissais pas Maryse Condé avant d'avoir appris sa mort récemment. Son parcours, ses origines et ses faits d'armes m'ont incité à vouloir découvrir ses oeuvres. Comme je n'ai pu mettre la main sur le livre intitulé Ségou, je me suis rabattu sur celui-ci suivant les recommandations d'un libraire.

J'ai débuté ma lecture avec beaucoup d'enthousiasme, car l'histoire et le contexte m'interpellaient (je suis d'origine Antillaise). Plus j'avançais dans le déroulement et plus je trouvais que le tout était brouillon. En partant d'un fait réel peu documenté (l'existence de Tituba), l'auteure lui a imaginé une vie fort remplie, mais les diverses étapes sont déclinées avec beaucoup de rapidité. L'histoire est racontée au "je", et cela n'a pas aidé. En effet, il dur de croire qu'une esclave noire soit capable d'utiliser des termes et expressions aussi savants que "contrites", ou "soigner les langueurs de ma maîtresse"...

Bref, au final ce fut un livre instructif. Il vise à réhabiliter la mémoire d'une esclave de la Barbade, ou à la faire découvrir, et en ce sens ce fut mission accomplie en ce qui me concerne. Par contre, le style, la forme et certains aspects du contenu m'ont laissé sur ma faim. C'est comme si j'avais l'impression de l'auteure avait un peu bâclé son travail, avec tout le respect que je lui dois.
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Une très belle découverte marquante sur un sujet qui m'intéresse énormément : la chasse aux sorcières au XVIIe siècle.

Nous rencontrons Tituba à la barbade. Elle est née d'un viol entre sa mère et un marin anglais. Elle va être élevée et initiée aux pouvoirs surnaturels avec l'aide de Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. Tituba rencontre John Indien un esclave avec qui elle va se marier. John va être vendu à un nouveau maître les forçant à quitter la Barbade pour le village de Salem.

Un roman passionnant mélant sorcellerie, faits historiques, place de la femme et la folie des hommes. Malgré une plume brutale et difficile par moment, l'autrice a réussi à m'immerger dans cette histoire aux côtés de Tituba avec beaucoup de poésie. J'avais un peu peur au début de sa plume mais au final, cela ne m'a dérangée, bien au contraire. L'histoire débute avec le viol de la mère de Tituba. Les premières pages sont douloureuses et pourtant importantes pour comprendre tout le cheminement derrière.

L'autrice redonne vie dans ce roman à ces femmes qui, sous l'hystérie générale de l'époque, se sont retrouvées emprisonnées et persécutées pour leur croyance et pour leur différence.
Le personnage de Tituba m'a touché. J'ai souffert, pleuré avec elle, j'ai ressenti sa colère au plus profond de moi et wow quelle expérience.

Elle dégage une telle force que j'en suis restée bouche bée, refusant de se laisser marcher dessus, se battant pour ses convictions et sa liberté du début à la fin. Là où certains auraient flanché, elle n'a pas peur.

Un sentiment d'injustice et de colère s'est élevé en moi face à toutes ces atrocités commises par l'homme que ce soit envers Tituba et envers les esclaves. Nous avons droit à un tableau absolument terrifiant de la condition de la femme et des esclaves qui ne laisse personne de marbre.

Un roman puissant, dont on ne peut tirer qu'une belle leçon de courage. Merci à l'autrice pour avoir mis des mots sur les maux de Tituba.

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Encore un livre riche en émotions. On suit l'histoire romancée de Tituba, son périple jusqu'à Salem, les injustices qu'elle endure dans un climat où être une femme, noire, et sorcière qui plus est, représente une difficulté sans commune mesure à survivre dans le contexte de l'époque. J'ai apprécié le fait que l'auteur se soit documentée sur le procès de Salem et l'histoire qui l'entoure, afin de nous fournir une oeuvre certes romancée, mais qui s'appuie sur des faits réels. Cela donne un petit air de biographie à la lecture, entourée de magie. L'héroïne va d'espoirs en désespoirs. le texte nous offre un tableau très bien présenté de l'horreur qui caractérisait l'époque de l'esclavage.
L'écriture est belle et fluide.
Je vous conseille vraiment ce livre !
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Le procès des sorcières de Salem est un bout d'Histoire très connu, implanté jusque dans la pop-culture. Mais un personnage est très souvent laissé dans l'ombre : Tituba. Tituba, l'esclave, la sorcière, vue comme une demi-femme, à peine humaine non pas à cause de ses supposés pouvoirs mais du racisme. C'est d'ailleurs ce qui l'a paradoxalement sauvé du bûcher. Ils la détestaient et la méprisaient, et même de leur vengeresse tuerie elle n'était pas digne.

Maryse Condé, dont la plume, le talent et l'engagement ont été récompensé par le Nobel Alternatif de Littérature de 2018, nous livre ici l'histoire de Tituba dans son ensemble, pas la seule période de Salem qui devient presque anecdotiques. Et quel tour de force de prendre le lecteur à revers. Combien avons nous été à prendre ce livre en ne pensant qu'au procès de Salem ? Maryse Condé nous parle de la Barbade, du temps où Tituba était libre. Elle nous parle de son coeur si faible face aux hommes, permettant d'aborder de manière fine la perception des oppressions et la manière dont elles se hiérarchisent dans nos regards. Par l'histoire de Tituba, on découvre les grandes Histoires que sont l'esclavage, les procès misogynes pour sorcellerie, la haine des hommes, la pauvreté ; par la lorgnette de la petite histoire et de sa vie. Celle d'une femme qui se cherche, vit des expériences, belles ou mauvaises, et qui suit son chemin tant bien que mal pour rester fidèle à ses valeurs.
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Mélangeant faits historiques et fiction, Maryse Condé donne vit à une femme incroyablement marquante.

Une femme qui va traverser des épreuves abominables mais va garder sa force, son amour de la vie, ses croyances et qui va faire des choix extrêmement difficiles.

Tituba est une oubliée de l'Histoire, la « Sorcière noire de Salem » a pourtant eu un rôle déterminant dans les procès pour sorcellerie ayant eu lieu en 1692.

C'est Tituba qui nous raconte son histoire avec beaucoup de pudeur voire une certaine retenue.
Esclave passant de maître en maître, sa vie est jalonnée de moments poignants, bouleversants, révoltants, écoeurants mais aussi de moments d'amour et d'amitié.

Sa relation avec le monde invisible apporte un côté onirique qui donne une dimension mystique qui peut dérouter au premier abord mais j'ai énormément aimé cet aspect.
Esclavagisme, fanatisme religieux, peur des femmes sont traités, par l'autrice, tout en subtilité.

De la Barbade à Boston puis dans le tristement célèbre village de Salem, nous suivons son parcours en quasi apnée avec une tension, presque un effroi qui ne nous lâche pas et redoutant les dénonciations, trahisons et manipulations.

Un texte fort, puissant, choquant, et si marquant sous une plume riche et poétique.
Une histoire à découvrir. 🔥
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Je suis malheureuse de l'admettre tant j'aurais aimé pouvoir encenser ce roman de la grande écrivaine Maryse Condé qui traite de la condition de femme noire esclave et en dénonce toute la violence. Et pourtant, j'ai beau être en total accord avec la pensée de l'auteure, je n'ai pas vraiment apprécié cette lecture. On découvre sous la plume de Maryse Condé une Tituba un brin nympho qui pour les beaux yeux de John Indien troque sa liberté contre l'asservissement. Et pourtant c'est une femme intelligente, qui sait dialoguer avec les puissances invisibles puisqu'elle est la digne héritière d'une lignée de guérisseuses. Déjà, là ça coince. Et puis, il y a cette diabolisation constante des hommes blancs dans le texte qui m'a aussi pas mal gênée. Heureusement, j'ai bien aimé les passages où Tituba se connecte avec les esprits ou elle a du recul sur elle même et la frivolité qui l'a conduite à se faire volontairement esclave. Mais globalement, j'ai eu beaucoup de mal à finir, raison pour laquelle cette lecture a autant traîné.
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Je l'avais découvert un peu par hasard sur la blogosphère littéraire.

Dans ce roman de fiction, Maryse Condé retrace librement l'histoire de Tituba, l'esclave noire des Sorcières de Salem, dont on ne sait pas grand chose lorsqu'on s'intéresse aux Sorcières de Salem (lisez la BD Les filles de Salem de Thomas Gilbert).

Ce récit est très impressionnant, intéressant et immersif. J'ai été plongé dans l'histoire, de voir tout ce qui s'est passé dans la vie de Tituba et de découvrir cette partie de l'histoire dont on ne parle pas ou peu dans les livres d'histoires. J'aime de plus en plus lire ce genre de récit sur ces pans de l'histoire dont on ne parle pas.


L'histoire de Tituba est terrible, née d'un viol, sa mère est accusée à tort et pendu devant la petite fille de 6 ans, élevée par Man Yaya, la vieille sorcière qui l'y initie. Elle finit par épouser John Indien et sont vendus par la maîtresse de celui-ci au pasteur Samuel Parris, qui les emmène à Boston puis à Salem. le tout dans le monde du XVIIe siècle, des chasses aux sorcières et de l'esclavagisme. Sa vie est incroyablement terrible et impressionnante. Maryse Condé raconte son histoire de façon très juste.

Ce livre est incroyable, tout comme Tituba.
Lien : https://mathildelitteraire.b..
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