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4,02

sur 533 notes
Attaquez la rentrée par un énorme coup de coeur, quoi de mieux? Car oui, je vais le dire tout de suite: j'ai été enthousiasmée par Lord Jim et je vais recommander ce livre à tous les lecteurs de ma connaissance!
Le plus marquant à mes yeux, c'est la narration. Jamais Jim ne s'exprime lui-même et son histoire nous vient par le biais d'autres yeux, parfois même par une voix qui retranscrit non ce qui a été vu, mais déjà ce qui avait été raconté. Cela ajoute au mystère de Jim, ces témoignages, ces contradictions, ce besoin de démêler comment le biais du narrateur a pu modifier le fait sans même le vouloir...Le style est superbe et prend le lecteur qui ne sait plus reposer le livre. Et Jim!!!
Je ne suis pas sûre qu'il faille résumer ce roman, déjà parce que ce serait rendre un bien piètre service au lecteur, de condenser en quelques phrases un langue riche narrant un tel récit, mais sur Jim, je vais tout de même dire ceci: une âme romanesque, un peu naïve, portant dès le début le germe de tout ce qui arrivera. Jim s'imagine en héros et quand il trébuche terriblement,cela a sur son âme un effet indélébile, une tâche tragique. Et dès lors, tout est joué d'une certaine façon.
C'est aussi le propre des grands livres de frustrer le lecteur qui tâche d'en faire une critique: rien ne semble leur faire suffisamment honneur et comment être sûr de convaincre qu'il faut le lire, là, maintenant ?

Un très grand roman à vous procurer de toute urgence.
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Un roman excellent, un vrai classique propre à embrasser l'ensemble de l'humanité. Même si je vais vaguement raconter l'histoire, ça n'a aucune importance car l'intrigue n'est qu'un canevas et il est impossible de rendre toute la portée de ce livre en quelques lignes.
Nous avons là l'histoire d'un naufrage. le naufrage du Patna, un bateau transportant des centaines de pèlerins musulmans à travers l'océan indien. Mais c'est moins le récit de ce naufrage et de ses conséquences - longtemps laissées à l'imagination du lecteur - que celui de l'enquête judiciaire. Jim est le seul inculpé, puisqu'il est le seul homme de l'équipage à affronter ses responsabilités et à ne pas avoir fui le jugement ; et précisément, l'accusation porte sur la désertion de l'équipage, abandonnant les centaines de passagers à leur sort. Avec sa manière originale d'aborder des sujets philosophiques inattendus, Conrad donne à ce jugement une ampleur métaphysique. A travers Jim mais aussi les autres personnages, il donne l'impression d'interroger le coeur (ce mot qu'il emploie si volontiers) de l'Homme. Il s'agit d'un procès dans lequel le tribunal des hommes est au fond incompétent. L'éternel naufrage de l'homme, psychologique, moral. Et Jim apparait, lors de ce procès, très mystérieux ; j'ai longtemps hésité sur ses qualités, voyant en lui un mélange inextricable de courage et de lâcheté, d'humilité et d'orgueil, de dignité et de honte… avec une imagination toute-puissante, se forgeant les plus beaux rêves comme les pires cauchemars, et surtout un sens de l'honneur particulièrement exacerbé. En tout cas, un pathétique représentant de l'humanité ! « Il était l'un d'entre nous » répète à l'envi Joseph Conrad, sans qu'on sache s'il parle du marin, du blanc, de l'Anglais, de l'occidental ou finalement de l'homme.
(Je note juste au passage que j'ai été troublé de lire ce livre tout en suivant les comptes rendus de procès du commandant du Costa-Concardia qui s'est déroulé ces derniers jours. L'histoire est très similaire et à la lumière des interrogations de Conrad, tout cela prend des proportions effrayantes.)
Dès cette première partie, on sent une certaine communauté d'esprit avec « Au coeur des ténèbres » (les deux romans ont été écrits à la même période). D'abord dans la construction des récits enchâssés, puis dans ces interrogations sur le coeur de l'homme et enfin à cause du personnage de Marlow qui intervient ici comme le principal narrateur. Cette impression s'accentue dans la seconde partie, puisque Conrad reprend un peu l'histoire d'« Au coeur des ténèbres » pour la transposer en Indonésie. Succinctement, Jim remonte une rivière vers une humanité plus sauvage, moins civilisée, où il espérera trouver la rédemption. Dans ces contrées il gagnera son surnom de Lord Jim, ou Tuan Jim dans la langue locale. C'est aussi là-bas, loin de tout, qu'il deviendra ce qu'il est vraiment, un héros tragique, accablé par la fatalité de son destin, tant on a l'impression que Jim se trouve lancé dans une version moderne des Euménides d'Eschyle, harcelé par quelques mauvais génies, incapable d'affronter ses démons.
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Voici un chef d'oeuvre de la littérature anglaise… que je n'ai pas vraiment apprécié ! On connait le sujet, qui semble a priori assez mince: un capitaine, Jim, s'est déshonoré en quittant précipitamment son navire en détresse; jugé pour sa conduite, il est surtout en souffrance par rapport à son idéal de droiture. Ce synopsis sous-tend un récit confus et fastidieux, rendu encore plus pénible à lire en raison du style lourd de l'auteur. En outre, je n'ai pas été très intéressé par la problématique de Conrad. Je suis passé à côté du livre: tant pis...
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Tant a déjà été écrit sur Lord Jim, ce chef d'oeuvre qui invite si puissamment aux analyses d'une nature humaine particulière et, finalement, de la nature humaine, si tant est que "Lord Jim, c'est nous", comme il a été dit.
Comme toute formule fulgurante, celle-ci a sa part d'exactitude et aussi d'exagération et de simplification systématique qui contribuent précisément à sa valeur.

Pour Conrad, Lord Jim se caractérise par un" sens aigu de l'honneur perdu".
Pourtant le grand auteur ne se trouve-t-il pas dépassé par son oeuvre, que les lecteurs accaparent et sur laquelle ils projettent leurs mouvements émotionnels jusque là mal ou inexprimés faute de substrat adéquat?
Question par laquelle je me trouve autorisé, au risque de paraître présomptueux, à suggérer que "Lord Jim", c'est, plus généralement, plus systématiquement, plus exagérément peut-être, la représentation romanesque d'une faille irréductible dans la nature humaine: faille que l'homme n'aura de cesse, sa vie durant et fatalement sans succès, de vouloir éliminer ou combler, faille entre l'image qu'il a ou s'est faite de lui-même et celle qu'il lui apparaît que les autres ont ou risquent d'avoir de lui, au gré de ses pérégrinations.

Il faut lire Lord Jim si on a envie d'aborder cette problématique et sans doute le relire pour tenter de mieux l'appréhender.
La forme du récit nous y aide, à travers le narrateur, Marlow, lui-même éminent acteur du destin de Jim et guide précieux, humain, modeste dans le décorticage de sa personnalité.
En revanche, à moins de l'apprécier tout particulièrement, le style littéraire de Conrad, luxuriant, chirurgical, perfectionniste, visant à la complétude, peut être un obstacle, de même que le fond, marin, de son inspiration qui, plus souvent qu'il ne conviendrait à la paresse d'un lecteur généraliste, pousse à consulter les notes de l'éditeur afin de comprendre le vocabulaire très spécifique de la mer et de la navigation.
Toutefois, nonobstant le caractère non obligatoire d'une compréhension exhaustive, les fins me semblent largement justifier le moyen.
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« Imaginez une grosse araignée velue à la tête verte et dont les yeux sont des points brillants, s'affairant par un matin de rosée sur une extraordinaire toile, – et vous avez l'intrigue de Lord Jim. Son fil se déroule à partir de rien, elle est pleine de digressions qui ne mènent nulle part et de voies transversales qui repartent en arrière, puis recommencent et finissent à nouveau – parfois au bord du vide, parfois au centre même de l'intrigue. »
Telle est la réaction du journal « Critic » en 1901 à la parution de l'ouvrage.
Il y a en effet quelque chose dans Lord Jim qui résiste à l'explication, et qui demande à se fondre comme l'auteur dans la jungle opaque des métaphores.
« « Qu'est-ce qui remue là ? » se demande-t-on. « Est-ce un monstre aveugle ou seulement un reflet perdu de l'univers ? » ».
Dixit Conrad. Comme dans « Au coeur des ténèbres » avec lequel il devait être publié, avant qu'il ne prenne l'ampleur d'un roman à part entière, Lord Jim possède une atmosphère envoûtante, sombre, située cette fois-ci dans la mer de Chine, du côté de la Malaisie, dans un Patusan imaginaire. L'imaginaire et le réel, l'héroïsme rêvé et la monstruosité humaine, le colonialisme et la souveraineté de l'océan et de la nature, ce sont ces affrontements que travaille le texte, par vague, par pointes.

Lord Jim est un roman de la dérive, de la fuite et de la non-rédemption.

« Étrange fatalité, que celle qui donnait, à chacun de ses actes une allure de fuite, de désertion irréfléchie et impulsive, de saut dans l'inconnu. »

En quelque sorte, Conrad joue là un peu son côté Dostoïevski des mers (ou devrait-on qualifier Dostoïevski de Conrad d'eau douce ? A voir). Les courts chapitres à rebondissement – ce qui est lié à la publication en revue – s'enchaînent et croisent des niveaux de récits, avec des excursus et des suspens souvent réflexifs avec, cependant, la voie majeure de Marlow (le narrateur d'« Au coeur des ténèbres » et de « Jeunesse » romans qui forment une trilogie fantôme avec Lord Jim, fantôme, oui, toujours, puisque jamais présentée tel quel en volume). Marlow, jumeau lointain de Conrad, dans le sens où un écrivain peut partager avec ses créatures une fraternité incommunicable, une amitié du plus lointain, stellaire, à demi-mot, même imaginaire, apparaît après un début intriguant où le procès de « Jim » prend place sans que l'on aperçoive exactement le sens de sa faute.
La puissance d'évocation de Conrad est sans égal, pas seulement celle des « hommes de la mer », qui tourne court suite à la mésaventure initiale du « héros ». Pour ses personnages, comme le glorieux Brierly au destin torturé, l'entomologiste allemand, ou la figure magiquement éclairée de la femme de Jim. Sûrement que la part noire des opposants, comme Cornelius et Brown ne sont pas à ce niveau mais révèlent subtilement les failles de l'impeccable Tuan Jim. Au-delà de cet horizon tramé de figures marquantes, avec en son centre l'énigme de la destinée de Lord Jim, la lecture se révèle aussi dans les captations intenses de cet espace exotique rendu sensible, loin de l'exotisme, déjà fantasmatique et déjà cristallisant les tensions coloniales où la division entre barbare et civilisé se brouille.
La fin d'un monde, lit-on sous l'histoire de Lord Jim.
Il y a, à mon sens, quelque chose de purement shakespearien dans ce traitement de l'atmosphère, dans la sublimation du fantastique, des passions, de la langue. Quelque chose de profondément subtil que l'on peut retrouver dans les adaptations de Shakespeare par Kurosawa. Quelque chose d'infiniment rare.

Et bien sûr il y a Lord Jim, Tuan Jim. Personnage romantique et romanesque, comme ne cesse de le marteler Conrad. Il y a quelque chose de l'Idiot dans ce caractère naïf, franc, enthousiaste, mais finalement faible, et pour son cas, attaché au tragique de l'existence. Mais alors qu'il devrait nous apparaître comme ridicule, décalé avec le monde, enfant bercé par les récits d'aventures se perdant dans la jungle de la réalité, il survit et impose son image et forge un moment sa destinée et son petit paradis romanesque.
Cependant, il a finalement sa tragédie, à la fin de sa fantomachie ce sont les fantômes qui triomphent : « Comment peut-on tuer la peur, je me le demande ? Comment peut-on traverser d'une balle un coeur de spectre, trancher sa gorge spectrale, le prendre à sa gorge de spectre ? » C'est l'héroïsme prosaïque de l'impossible que tente Lord Jim, et sa ligne de fuite le porte loin, jusqu'à ce que s'installant, son destin fantasmagorique le rattrape.
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On sent planer une ombre diabolique sur ce roman méandreux, aux superbes descriptions, mais dominé par la présence du Diable, personnifié par certains personnages, mais qui vit également, à mon sens, dans la culpabilité de Jim, éternel ressasseur d'une occasion manquée, obsédé par une volonté de se racheter. Immense roman, immense romancier, par certains points il m'a fait penser à Diadorim, de Guimaraes Rosa, par le caractère conté, mais aussi par la présence diffuse du mal, d'un mal qui fleurit dans l'imprécision, dans le doute, dans le conflit obscur d'un coeur mélancolique.
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«"I had jumped . . ." He checked himself, averted his gaze. . . . "It seems", he added. (...)»

Plongée dans la psyché d'un homme, ce livre monstre possède une densité peu commune. Récit circonstancié d'une déchéance et d'une résurrection voire d'une transfiguration, le magnum opus de Conrad soulève plus d'interrogations qu'il n'apporte de réponses.

Ecce homo! Jim, second sur le Patna, abandonne le bateau et ses passagers lors d'une avarie qu'il juge fatale pour ce navire qui transporte des pèlerins vers La Mecque. Jugé, déclassé, il n'a de cesse de fuir cette tache originelle. C'est dans la jungle bornéenne qu'il trouve refuge : vierge de toute réputation, il gagne la faveur des habitants de Patusan, pacifie les relations entre les hommes du rajah Tuku Allang et les indigènes Bugis, devient le meilleur ami de Dain Waris, le fils unique du chef des Bugis, le vieux Doramin, et s'éprend de celle qu'il surnomme Joyau, la belle fille du seul blanc de cet enfer vert, le pleutre Cornélius. Confronté au mal en la personne du pirate Gentleman Brown, il choisit de trancher le noeud gordien de sa conscience en faisant acte de clémence. Cet élan de générosité se solde par une nouvelle faute qu'il lui faut expier.

Lord Jim est un roman à entrées multiples, un kaléidoscope littéraire : pour témoigner de la trajectoire de son héros, Conrad use de nombreux subterfuges. Il associe discours direct, récits rapportés, confessions de seconde main, dépositions amicales ou à charge, documents scripturaires, le tout dans un désordre sinueux, faisant fi de toute chronologie. le lecteur passe d'un présent flou à un passé fumeux, d'un aujourd'hui irrésolu à un hier indiscutable. La multiplication des voix entraîne la prolifération d'une ponctuation délirante qui dessine une destinée cryptogrammatique.

Qui est Tuan Jim ? Est-ce un lâche ? un demi-dieu ? un enfant ? un égoïste ? ou tout à la fois ? Mobilis in mobile. La parole profuse de Marlow, le narrateur d'une grosse partie du roman, tente de s'approcher de la vérité d'un homme mais il n'en fige qu'un reflet fugace et changeant. Miroir brisé, Jim est insaisissable : chaque protagoniste atteste des irisations de sa personnalité fuyante.

Magistral, ce roman résonne fortement en chacun de ses lecteurs : sommes-nous tels que nous croyons l'être ou tels que chacune de nos réponses aux aléas du destin nous modèle ? Sommes-nous finalement assignés à la désillusion ? La vie n'est-elle qu'expiation ?

Lord Jim est une mine d'or, on y devine un gisement qu'une seule lecture ne peut suffire à épuiser. J'y reviendrai...

"And besides, the last word is not said, — probably shall never be said."

"Et de plus, le dernier mot n'est pas dit — et probablement il ne le sera jamais. Notre vie n'est-elle pas trop courte pour cette complète formulation qui, à travers tous nos balbutiements, est, naturellement, notre but unique et permanent ?"
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Lord Jim est un long roman "puissant". Tourment psychologique d'un marin qui considère avoir définitivement perdu son honneur pour avoir manqué à son devoir, en abandonnant un navire chargé de ses voyageurs mais qui ne pouvait que sombrer suite à une voie d'eau. La vie de Jim bascule: il sait que le monde pourra toujours lui reprocher sa faiblesse, et surtout, même si ce monde oublie cela et finalement, ne se montrera pas si dur, c'est lui-même qui s'imposera sa punition morale, à vie. Ce livre est un "grand" livre, un "beau" livre, du fait de la force psychologique de la situation et de ce personnage qui se méprise. Il marquera donc son lecteur. Il me semble toutefois avoir un défaut: il se lit mal, d'une part du fait d'une structure de récit complexe, d'autre part du fait d'un style sans fluidité et d'un manque de clarté du récit. Phrase après phrase, l'on doit se concentrer - il m'a fallu souvent revenir sur la lecture d'un paragraphe.... Oublions cela toutefois, et retenons l'ampleur de l'oeuvre, qui mérite largement cet effort.
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Jim a abandonné un navire et ses passagers à une mort certaine, qui n'a finalement pas eu lieu. Pour cela, il est jugé et ne peut plus être officier de la marine marchande... Alors il erre, de port en port, jusqu'à trouver l'amour et un foyer dans un trou perdu sur une île. Mais des pirates débarquent et il dirige la défense, prêt à tout pour faire oublier sa lâcheté passée.
Plongée dans le monde du commerce maritime du tournant du XXe siècle, vision de l'océan Indien, page d'histoire et touchante destinée... le roman est tout cela à la fois. le style est un peu lourd parfois, l'intrigue n'est pas palpitante tout du long, mais le cadre est instructif.
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J'ai apprécié ce livre, où Conrad m'a démontré, que le travail peut tout. Rapporter des faits simplement, ne charme pas. Les lecteurs sont sensibles à la part de folie qui habite un récit. Ici, rien quasiment n'est réel. Dès le départ il abuse de métaphores, parfois loufoques, chargeant chaque objet ou vision d'une autre signification, pour ajouter un tourment ou un relief là où il n'y aurait que le vide. Ce que je ressens, mais c'est mon opinion subjective, c'est qu'il a beaucoup lu, il a été au terme de l'analyse de ce qui faisait un grand auteur, et il applique la procédure. J'y ai vu une stratégie laborieuse, de fourmi.
Quand j'ai lu dans sa biographie qu'il s'était trouvé fort désargenté et confiait à ses amis : « Il ne me reste que l'écriture » cela a corroboré mon sentiment. C'est un ouvrage de titan qu'il a entrepris sur chaque phrase, pour donner un relief, dont j'ai ressenti pour ma part, souvent l'éclairage artificiel.
J'ai quand même adoré ce roman. J'ai adoré parce que justement, même si je perçois l'intention et le secret de l'auteur - qui me fut visible dès le début, par la linéarité de la progression, très étudiée - sa volonté inflexible et le fait qu'il soit parvenu à donner un relief à son roman, est un défi. C'est aussi assez poétique, d'imaginer cet homme parvenir à un tel degré de compréhension et avoir la discipline d'appliquer ses conclusions. Pour moi, j'ai là un mathématicien plus qu'un auteur, mais c'est intéressant, de prouver que la littérature est aussi une méthode froide, elle ne nécessite pas forcément le sentiment.
Sur le fond, il ne raconte rien d'exceptionnel, si ce n'est la vie dans la marine et les coutumes dans cette profession, avec cette notion d'honneur désuète. Mais il a tellement chargé chaque phrase de métaphores tordues, qu'il donne à son roman une dimension profonde, qu'en réalité il n'a pas. Donc bravo pour cette méthode. Il y a mille moyens de séduire un lecteur, ce moyen là en était un aussi, pour me séduire. Je reviendrai à ce grand travailleur et sa formidable intelligence littéraire.
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