James Fenimore Cooper nous offre ici un classique anglais pur jus, on y retrouve à la fois l'univers de Jane Austen avec des jeunes filles à pourvoir en mariage que les entremetteuses avides de bonnes fortunes peuvent induire en erreur, et l'aspect un peu plus intriguant de certains personnages qu'on retrouve chez George Elliot dans Middlemarch. Dans Précaution, ce sont des us et coutumes du monde britannique du xixe S qui se démaillent au fil des pages, des familles qui se côtoient selon leur appartenance à la bourgeois ou pas, et celles qui n'y font pas partie, déploient d'efforts pour y accéder au travers de bons mariages ou encore en s'achetant des titres de noblesse..
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Il est certainement bien doux de penser que nous avons rempli notre devoir, dit Mrs Wilson ; et ce devoir est moins difficile à accomplir que nous ne sommes portés à le supposer. Il suffit de poser des bases qui soient capables de soutenir l’édifice. Dans l’âge où l’âme est encore flexible, je me suis appliquée à former celle d’Emilie, et à lui donner des principes qui pussent lui servir de guide dans toute sa vie. Ces principes se sont développés avec les années ; j’en observais les progrès avec une constante sollicitude, prête à lui tendre la main pour la soutenir dès que j’apercevrais la moindre faiblesse. Le ciel a béni mes efforts, et il m’en a bien récompensée en la guidant dans le choix d’un mari.
Il y a dans la saison du printemps quelque chose de particulier qui dispose l’âme aux sentiments religieux. Nos facultés, nos affections sont comme engourdies pendant l’hiver ; mais le souffle bienfaisant des brises de mai vient bientôt nous ranimer, et nos désirs, nos espérances se réveillent avec la nature, qui sort de son long assoupissement. C’est alors que l’âme, pénétrée de la bonté de son créateur, aime à franchir l’espace pour se reposer auprès de lui.
...l’amour-propre, la cupidité et une sorte de rivalité, entraînent les femmes à se marier sans amour, et mettent le célibat en discrédit ; quant à moi, je ne vois jamais une vieille fille sans croire qu’elle l’est par choix et par principes ; et les chagrins inséparables du mariage, dont elle est préservée, devraient seuls suffire pour apprendre aux jeunes personnes que le bonheur ne se trouve pas seulement où leur imagination le place.
Nous ne pouvons nous empêcher d’exprimer le regret que des armes si dangereuses soient laissées à la portée du peuple, de ces gens que l’éducation n’a pas prémunis contre les faux principes que tant d’écrits aujourd’hui ne sont destinés qu’à propager, et que leur goût entraînera toujours à choisir un ouvrage licencieux ou immoral de préférence à celui qui pourrait les éclairer et les instruire.
La faiblesse de notre nature nous rend susceptibles de toutes les inconséquences possibles ; les scélérats les plus endurcis ont quelquefois, sur un seul point, de l’honneur à leur manière, et les hommes les plus parfaits ont leur côté faible. Les affections longues et éprouvées sont les seules auxquelles on puisse se fier ; encore nous manquent-elles quelquefois.
Le Dernier des Mohicans, film, 1992 - Bande-annonce VO