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3,46

sur 179 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre est éclatant !
Après Agathe Ruga, il est mon second gros coup de coeur de ce mois !

A l'heure du féminisme, où l'on se polarise sur toutes les différentes souffrances et maltraitances de la femme, je reçois ce roman comme une très longue et tendre caresse pour l'homme que je suis.
Alors un énorme MERCI, Amélie !

Je ne connaissais pas cette excellente auteure.
Pourtant j'étais venu l'écouter au « Café littéraire », au dernier festival du livre Paris, en avril dernier.
Amélie avait parlé de son dernier roman et j'avais tout de suite su qu'il allait me plaire.
Mais j'étais loin de me douter que l'auteure avait écrit, avec un style assez cru, un roman aussi vivant, aussi puissant, une histoire d'homme très vraie et efficace. Et qu'elle avait de surcroit osé traiter de ce sujet tabou et grave, mais vieux comme le monde, avec de l'humour et de délicieux jeux de mots.
*

Car le choix du roman d'Amélie Cordonnier était clair, c'était celui de donner de la place à l'abstinence forcée d'un homme, en entrant dans la vie intime d'un mari.
D'un mari amoureux qui est détruit, décomposé dans son âme par une trop longue privation de tendresse, d'amour et surtout de sexe.

D'ailleurs l'auteure a été jusqu'à minimiser la souffrance qu'éprouve sa femme Isabelle, le second personnage de cette histoire.
Et je peux comprendre que ce roman ait pu gêner ou déplaire à certaines lectrices.

Pour moi, Amélie a dû être probablement un homme dans une de ses vies antérieures.
Et je suis admiratif, que l'auteure ait pu se mettre remarquablement dans la peau et surtout dans le cerveau d'un homme. Presque intrigué qu'elle ait pu décrire d'aussi vrais sentiments d'homme, avec ses fulgurantes sensations.
Avec ses terribles sentiments de frustration, de vexation, de refoulement, de honte.
Des sentiments qui le rendront égoïste, aveugle, et qui l'empêcheront souvent de chercher à comprendre la propre souffrance de son épouse ou de sa concubine, celle qui se refuse chaque soir, chaque semaine à lui.
Avec ses vraies douleurs et ses questionnements sur sa virilité méprisée.
Avec cette lourde culpabilité de trainer sa trop grande libido.
Avec ses fantasmes d'homme qui viennent ensuite le hanter, impitoyables. Et qui deviendront très vite des obsessions.
Avec ses films insensés qu'il se fait dans la tête et qui tournent en boucle et lui brouillent l'esprit.
Avec cette vision déformée d'un monde érotique qui l'entoure, où les hommes et les femmes ne sont que des animaux en rut et en chaleur, qui circulent, qui se croisent, qui se séduisent, qui se sentent, qui se reniflent, qui veuillent le coït, qui forniquent, qui cherchent une libération, une jouissance furtive, un plaisir sexuel, même des plus tristes lorsqu'il est virtuel.

Un homme frustré avec aussi ses envies lugubres parfois de violences verbales, de violences sexuelles, de violences conjugales, qui l'amèneront inexorablement à forcer et violer sa propre épouse.
*

Amélie Cordonnier a tout dit ou presque sur les relations très compliquées parfois conflictuelles du couple. Parce qu'il y a cette différence sur les aspirations, la perception et le sens de la vie de chacune et chacun. Parce qu'il y a toujours eu un énorme décalage entre les désirs sexuels de l'homme et ceux de la femme, surtout lorsque la demande chez le mari est démesurée malgré lui. Et quelque soit l'amour que l'un porte à l'autre
Parce qu'il y a cette différence physiologique, biologique et hormonal qui est parfois insupportable, parfois insurmontable et qui fracassera, désunira doucement les êtres.

La vie de couple n'a jamais été un long fleuve tranquille. C'est un tourbillon d'envies, de séductions, d'émoustillements, de désirs inavoués et inavouables, de petits compromis tacites, de résolutions, de promesses, mais aussi de frustrations, d'absences, de désillusions, d'abstinences.
Tout peut aller très vite lorsque bercé par le ronron du quotidien et englué dans les petits problèmes personnels, ce couple oublie d'entretenir la tendresse et le désir mutuel, ce feu qui unit les corps, la nuit et qui les rend vivants.
*

C'est alors qu'apparaissent insidieusement les mots.
Des mots qui dans la bouche d'une épouse peuvent, sans qu'elle en ait conscience, avoir une puissance dévastatrice sur son époux.
Des mots tranchants, des mots violents, des mots castrateurs, des mots qui vous mutilent l'âme.
Des mots, des phrases toutes faites qui émasculent le mari, l'homme, le mâle.
Des mots qui le rejettent et l'enferment dans sa solitude, son mutisme, sa consternation.
Des mots qui lui font ravaler son amour-propre, sa salive.
Des mots qui maltraitent son orgueil et son être tout entier.
Des mots qui lui font douter qu'il est vraiment un homme.
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L'abstinence sexuelle. En voilà un sujet tabou ! Et on le ressent encore plus à travers ces lignes, au près d'un homme qui ne comprend pas pourquoi sa femme dort dans le lit de leur fille et pourquoi elle se refuse à lui. Alors il fait genre que, au près de ses amis. Car c'est difficile pour lui, de l'admettre. Il attend, il espère, il en devient fou, ça devient une obsession pour lui.

Nous avons ici le point de vu d'un homme, clairement en manque d'amour, d'affection. Parce que ce n'est pas seulement le sexe qui est absent dans ce couple, la tendresse d'Isa à l'égard de son mari n'est plus au rendez vous.

C'est un roman qui m'a fait me questionner sur différents aspects. Je l'ai trouvé pertinent, bien écrit. Vraiment, j'ai trouvé ce roman criant de réalisme. Que devient un couple qui n'a plus de sexualité ? Quel impact cela a sur chaque individu ? Penser que seul cet homme souffre de la situation est réducteur. La personne qui n'a plus de désir souffre aussi et c'est important de le rappeler.

L'auteur nous dépeint un roman juste bien que dérangeant. Certaines phrases sont crues mais ça ne m'a pas dérangé. le lecteur est maintenu en haleine jusqu'à la fin pour savoir si ce couple survivra à cette épreuve…. Une superbe lecture !
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Pas ce soir.
Amélie CORDONNIER

Pas ce soir.
Ni hier soir, ni demain soir d'ailleurs !
Marc ne comprend pas. Il est blessé, inquiet et triste.
Depuis que sa femme Isabelle a décidé de faire chambre à part et se dérobe à tout contact physique il se remet énormément en question.
D'autant plus qu'ils sont des parents quinquagénaires bien dans leurs vies et en harmonie avec leurs deux grandes filles.
Pourquoi et quand l'amour s'est-il enfuit ?
L'envie s'est-elle fanée ?
Lui est toujours aussi amoureux et excité par sa femme.
Il va essayer de percer la carapace d'Isa tout en veillant à ne pas se perdre dans cette quête.
Un très bon livre sur les secrets d'alcôve de monsieur et madame tout le monde.
Personne ne peut savoir ce qui se passe chez ses voisins, ses amis, sa famille et ce roman raconte la difficulté à livrer aux autres la perte de l'intimité conjugale, les doutes et les ressentiments.
Narré uniquement du point de vue du mari c'est un roman captivant et troublant.
Une réussite !
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Je remercie très sincèrement Babelio Masse Critique, Nicolas et les éditions Flammarion pour m'avoir permis de lire et de critiquer "Pas ce soir ».
Et je mets cinq étoiles pour ce roman !
En poussant un peu le trait, je me dis qu'il pourrait être déclaré « d'Utilité Générale ». On pourrait le distribuer aux jeunes couples, puis le redistribuer vers trente-cinq ans (l'époque des premiers enfants), puis vers cinquante ans (les changements hormonaux, la lassitude, l'usure du couple).
Il serait salutaire que femmes et hommes le lisent et le relisent pour se rappeler que nous sont très différents, en particulier en ce qui concerne la sexualité, mais que la parole devrait permettre de se comprendre et d'éviter les tempêtes intérieures et conflit larvés au sein du couple.
Le « héros » de ce roman est… « ce désir » qui ne lâche pas la plupart des hommes durant toute leur vie. Et nous allons partager les frustrations d'un homme que sa femme, Isa, délaisse tant au niveau sexuel que sensuelle (plus de petits gestes tendres, ils ne se touchent plus, ni pour faire l'amour, ni même pour se prendre la main ou s'embrasser).
Comme dans toute histoire, on peut aimer ou détester, ou être indifférents aux protagonistes.
Détester cet homme qui compte le nombre de jours depuis qu'il n'ont pas fait l'amour, comme si tout cela pouvait se résumer à de l'arithmétique. Détester cette femme enfermé dans un schéma « sans tendresse », sans réussir à en parler.
Trouver que leurs problèmes sont bien insignifiants et ridicules.
Je comprends que certains lecteurs ne se sentent pas concernés par ce sujet et n'aient pas trouvé d'intérêt à cette lecture. Si on le lit à sens unique, ce roman peut en effet sembler mono-centré sur un problème typiquement masculin.
Pour ma part j'ai vu une dimension plus ambitieuse, car l'ensemble adresse des problématiques beaucoup plus large. En appréhendant entre autres : l'homme dans son son couple, mais aussi dans sa solitude parfois au sein du couple, dans ses amitiés masculines , la femme (au premier abord plus complexe que l'homme dans son approche des sentiments), dans la gestion du temps qui passe, du regard des autres, dans sa plus grande sensibilité aux variations du désir. Ce roman aborde aussi les liens entre amour-sexualité- tendresse, les enfants qui grandissent, les amis, les amies, etc…
J'ai vraiment aimé l'idée que l'auteure se glisse dans la peau d'un homme et j'imagine que Mme Cordonnier a fait sa « petite enquête » pour savoir ce que ressent et vit un homme, car le résultat est plutôt crédible (sans vouloir généraliser, mais avec ce que j'entends en tant qu'homme autour de moi). Je ne sais pas si elle a pu parler de tout ceci avec son mari (bravo dans ce cas… mais je n'ai cherché d'informations sur Internet sur son statut marital), mais en tout cas je lui tire mon chapeau, elle a réussi à brosser un portrait touchant de cette solitude que peut ressentir un homme ainsi abandonné.
Elle nous propose ainsi un monologue (de l'homme) et un 360° de cette problématique du désir sexuel.
Bien sûr tout serait si simple si on réduisait le tout à une histoire de « tirer un coup »… Ta queue, ta queue, ta queue comme le dit Isa à un moment, « il n'y en que pour ta queue ! ».
La queue, c'est la partie concrète et physique de l'histoire… et Amélie Cordonnier fait parler l'homme pour tenter d'expliquer ce qu'il y a justement derrière cet organe. Pour ne pas réduire l'ensemble à satisfaire un besoin physique (ce serait beaucoup trop simple).
Du côté d'Isa, j'ai aimé ses interventions à la hache. Pas de dialogues à proprement parler dans ce roman (pas de petits tirets pour nous dire qui parle), mais plutôt des monologues de l'homme, qui tourne en rond sur son sujet, puis, soudain, comme si la coupe était pleine : une avalanche de mots de la part d'Isa… des reproches… qui sortent d'un coup, sans qu'une discussion soit possible. Un jeu de cache-cache en fait, car l'un et l'autre doivent bien savoir que l'autre souffre.
En ne voulant pas considérer que bien évidement la situation est bien plus complexe que « tirer un coup », Isa enferme son homme dans un schéma réducteur qui le dévalue et le réduit à une simple bête de sexe.
En manquant de clairvoyance sur le sujet, en ne cherchant pas à comprendre Isa… cet homme, en manque de tendresse aussi, fait des erreurs, laissant penser à sa femme que ce dont il a besoin c'est juste « de faire l'amour ».
Se prendre la main, s'embrasser, se toucher, serait pourtant déjà beaucoup fait lui.
Et si on lit entre les lignes, on comprend bien sûr qu'Isa voit toujours poindre derrière ses marques de tendresse, le désir de son homme. Alors on imagine son manque d'entrain à garder de la tendresse pour lui : s'ils se prennent main, s'embrassent tendrement, elle sait que tout se finira au lit… et elle se dit qu'il en voudra toujours plus. Alors on imagine que pour couper court à tout cela, elle a pris ses distances. Et tout comme IL va éviter durant une partie du livre tout ce qui va pouvoir déclencher une envie, ELLE va supprimer toute marque d'attention envers son lui.
La spirale infernale est amorcée.
Notre homme va organiser un week-end en amoureux avec Isa, il est honnête avec lui-même, sa volonté est de refaire l'amour avec elle… mais il est touchant de voir qu'il se satisfait aussi de gestes simples.
Car il faut comprendre que le désir pour un homme est une constante durant sa vie et que chez une personne « frustrée » comme l'est notre « homme », tout autour de lui va éveiller le désir.
Si je me place du côté masculin.
J'ai trouvé assez injuste qu'Isa reproche à son homme de ne penser qu'à cela, de lui reprocher de penser qu'on ne peut pas aimer si on ne baise pas. Qui réduit donc son désir à la seule action physique de « faire «l'amour ». Elle serait plus honnête si justement, elle continuait à jouer la carte de la tendresse, peut-être que ce besoin impérieux de l'homme ce serait transformé en un besoin plus gérable au niveau du couple (tendresse, baisers, et de temps en temps, partie de jambes en l'air).
Si je me place du côté féminin.
Je comprends qu'elle est confrontée à cet homme qui lui en demande toujours plus alors que son désir à elle s'est fait la malle.
On aborde un autre sujet avec les essais de cet homme pour aller voir ailleurs et trouver une partenaire.
Dans « faire l'amour » il y a le mot « amour »… la question est posée : « peut-on faire l'amour sans aimer ? », une réponse est proposée dans ce roman : « non »… en témoigne cet homme incapable de faire l'amour à une autre femme et pourtant tellement en manque.
La découverte de ses propres limites est amusante, certains extrêmes le rebutant (ce qui est rassurant). Là aussi j'ai aimé, le contraste entre ce qui fait fantasmer une personne, et ce qu'il est capable d'accepter. Car il est facile de reporter sur l'autre une incapacité à se lâcher sexuellement, encore faut-il savoir connaître ses propres limites.
En fait cette petite sexualité pépère du couple, lui conviendrait bien. Si elle ne s'était pas étiolée au fil du temps.
Je conseille donc vraiment ce roman, en acceptant comme postulat de base que c'est l'histoire d'un homme qui souffre de ce manque d'attention de sa femme.
Partant de là, c'est un roman qui ne laisse pas indifférent ! Et c'est une très grande qualité pour une fiction contemporraine.
Allez ! Après avoir posté cette critique, je vais de ce pas roucouler auprès ma femme… peut-être me dira-t-elle « Pas ce soir ». Alors je lui prendrais la main, déposerais un tendre et délicat baiser sur sa bouche, et je lui glisserais ce roman en lui susurrant « Tu sais, s'il y a quelque chose qui ne va pas, on peut en parler » 😊.
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Il est rare qu'une seule critique m'intrigue suffisamment pour qu'elle me pousse à lire un ouvrage… C'est pourtant de cette manière que Pas ce soir a rejoint ma PAL. En effet, c'est l'avis d' ALDAMO21 / Alain qui m'a décidée à plonger dans le roman d'Amélie Cordonnier (le résumé n'aurait pas suffi à lui seul)...

Dans l'avis de mon collègue babelionaute plusieurs éléments m'avaient interpellée dont l'extrait suivant : "Et je suis admiratif, que l'auteure ait pu se mettre remarquablement dans la peau et surtout dans le cerveau d'un homme. Presque intrigué qu'elle ait pu décrire d'aussi vrais sentiments d'homme, avec ses fulgurantes sensations."
Une auteure qui mettait en avant l'époux ? Qui nous montrait à voir – et peut-être comprendre – ses blessures face au manque de désir de sa femme ? J'ai donc mis de côté Pas ce soir, me disant que ce titre serait parfait pour la semaine spéciale culture francophone.

Disons-le tout de suite, ami-lecteur, bien que cela a été une lecture fascinante, une lecture qui mérite beaucoup d'éloges, mon ressenti n'est pas le même que celui d'Alain. Particulièrement sur ce passage de sa critique : "Amélie Cordonnier a tout dit ou presque sur les relations très compliquées parfois conflictuelles du couple. Parce qu'il y a cette différence sur les aspirations, la perception et le sens de la vie de chacune et chacun. Parce qu'il y a toujours eu un énorme décalage entre les désirs sexuels de l'homme et ceux de la femme, surtout lorsque la demande chez le mari est démesurée malgré lui."
Pour moi, la question n'a pas grand chose à voir avec une différence entre le désir masculin et féminin même si le patriarcat a sans doute une responsabilité dans les agissements et émotions du héros de madame Cordonnier. Mais laissons un instant les critiques d'autrui pour se concentrer sur mes propres ressentis.

Nous avons donc cet homme qui n'a pas touché sa femme depuis plus de huit mois. Huit mois, deux semaines et quatre jours, puisqu'il tient les comptes. Il s'agit là du point de vu de cet homme, un monologue intérieur puisque si le récit est effectivement à la troisième personne, le lecteur ne voit les évènements qu'à travers le regard de l'époux. C'est seulement par lui, avec lui, que l'on assiste à sa triste misère de la conjugalité. Avant ma lecture, j'avais peur que tout l'ouvrage ne tourne autour du sexe. Que ce ne soit « que » le récit d'une abstinence subie. Sauf que nan… Pour moi il ne s'agit pas du tout du roman de l'absence de désir mais bien du roman du manque. Manque de mot d'abord car le silence envahit tout. Isa, l'épouse qui fuit le lit conjugal, se tait. Elle se dérobe au désir de son mari sans rien expliquer, dans un silence d'une violence inouïe. Lui se tait tout autant. de sa souffrance il ne dit rien, à part à nous lecteurs, ni à sa femme, ni à ses amis… Même leur fille, partie de la maison, se taira quand elle comprendra que ses parents font désormais chambre à part. le silence est partout. Ce qui tue ce couple, c'est le poids de ces multiples silences plus que le délitement du désir.

Enfin, et c'est là une grande qualité du livre, Amélie Cordonnier parvient à nous montrer que le désir inassouvi de son personnage n'est pas seulement celui de la chair. Si le héros est effectivement « en manque de sexe » - ce dernier prend d'ailleurs tout d'abord toute la place -, c'est l'absence de contact, de tendresse, de peau qui le taraude véritablement. Et sa souffrance est telle qu'il en nie celle de sa femme. Certains, à ce que j'ai pu lire sur le Net, ont vu dans Pas ce soir un récit pour redonner leurs voix aux hommes dans cette période où les combats féministes sont mis en avant. Sauf que l'on peut aussi s'interroger sur le poids du mythe de la virilité... Si le héros ne se confie à personne n'est-ce pas parce que le patriarcat lui a fait croire qu'un homme DOIT baiser ? Que sa virilité tient en grande partie à sa supposée puissance sexuelle ?

Personnellement ma lecture n'a eu que peu de rapport avec les combats féministes et la question de la virilité. Pour moi, il s'agit d'un roman qui parle du poison que peut être le silence. Pas seulement dans les périodes de crises, mais sans cesse... Dans nos relations amoureuses autant que dans nos amitiés... La douleur muette prend de l'ampleur, tant et si bien qu'elle finit par tout absorber. En cela, Pas ce soir est un grand roman. Un roman qui m'a touchée, un roman qui m'a rappelée aussi combien chaque souffrance est individuelle, que l'on soit homme ou femme, hétéro ou non, qu'on ne peut ni la mesurer à l'aulne de nos propres douleurs ni avoir la prétention de la comprendre.

Bref, le roman de madame Cordonnier est une très belle découverte qui non seulement nous interroge sur nos relations à l'autre et à nous-même mais qui offre des pages sublimes sur le désir, l'amour et la solitude.
Lien : http://altervorace.canalblog..
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💅 Pas ce soir 💅
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" Je vais dormir dans la chambre de notre fille" Depuis pas mal de temps Isa et son mari s'éloigne de plus en plus. Tous les deux ont dépassé la cinquantaine mais ce sont toujours aimé comme aux premier jour.
Isa, pourtant semble prendre son envol. Est ce à cause de la ménopause ? du départ des enfants ?
Isa continue sa petite vie entre le boulot, les copines, le yoga...
Son mari quand à lui le vit très mal, il est frustré, compte les jours où il n'a pas couché avec sa femme. Cela en devient une obsession.
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J'ai adoré ce livre, vous allez être transporté à travers le regard du mari en manque, du mari frustré, du mari blessé, du mari égoïste.
Un poil féministe mais sans en faire trop. Une pointe d'humour qui fait du bien.
Une belle découverte ☺️.
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Comme à son habitude, Amélie Cordonnier nous offre une lecture cash, sans tabou. Cette fois-ci elle nous ouvre la porte de la chambre à coucher d'un couple de cinquantenaires.

Un homme qui compte les jours depuis lesquels il n'a pas pu toucher sa femme. Une femme qui s'apprête à faire chambre à part ne supportant plus de partager ses nuits avec cet homme qu'elle a épousé il y a déjà 23 ans.

Il l'aime. Il ne comprend pas. Elle lui manque. Il se lance dans un combat pour la reconquérir. Mais réussira-t-il à briser la glace qui les sépare ?


Ce que j'apprécie chez Amélie Cordonnier c'est qu'à travers ses livres elle nous propose toujours des thématiques peu habituelles. Avec sa plume percutante elle nous emporte ici au plus près de l'intimité d'un couple.

J'ai trouvé intéressant le parti pris de raconter l'histoire du point de vue de l'homme. Un homme qui souffre. Un homme en manque de tendresse et de sexe qui assiste impuissant à l'éloignement de sa femme.

Ce livre aborde l'usure du couple, la lassitude et la perte de désir. C'est aussi un livre qui met en évidence la difficulté à communiquer, à expliquer ses sentiments, ses doutes, ses incertitudes, ses peurs.

Bref, encore une fois j'ai été séduite par le talent d'Amélie Cordonnier.

Lien : https://orlaneandbooks.wordp..
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Avec ce récit, Amélie Cordonnier nous plonge dans la tête d'un homme de cinquante ans soumis à une mise à distance par sa femme, elle-même bouleversée par le départ de sa dernière fille et les prémices de la ménopause. Isa a décidé de faire chambre à part et après 20 ans de vie commune heureuse, c'est une véritable blessure pour ce mari délaissé.

« Ah, bah d'accord. Ils en sont donc arrivés là…Des mois qu'ils couchent en décalé, des mois qu'il la trouve systématiquement endormie quand il la rejoint. Des semaines qu'il se demandait comment elle faisait pour trouver si vite le sommeil avant de tomber sur la boite de Donormyl. C'était déjà pathétique. La triste petite misère de la conjugalité. Mais alors là… Là, c'est encore autre chose. Un sale palier franchi. Un échelon supplémentaire gravi sur l'échelle de la désespérance. » (extrait de l'incipit)

La plume d'A. Cordonnier narre et dissèque avec élégance, parfois poésie, le parcours psychologique de cet homme malheureux, incapable de communiquer avec sa femme dont il aimerait tant se rapprocher à nouveau. Un compteur devient obsessionnel : le nombre de jours passés sans faire l'amour. Et se succèdent ses questions, ses colères, ses hypothèses pour mieux comprendre la décision d'Isa et faire changer les choses.
Un sujet tabou vraiment bien traité, l'originalité réside dans le fait de raconter les faits du point de vue de l'homme. Si le récit peut parfois sembler long, l'autrice réussit à maintenir une certaine tension dans la narration et l'on comprend aisément comment le silence s'est installé au sein de ce couple autrefois si complice…Peuvent-ils encore rétablir un dialogue après un silence et une abstinence d'un an malgré un amour encore vivant ? Un roman original et touchant…
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Il arrive un temps où le désir s'amenuise, où le quotidien fait son oeuvre et les caresses autrefois si savoureuses n'ont plus la même saveur, pire éloignent et dégoûtent. Notre personnage principal ne comprend pas pourquoi du jour au lendemain sa femme migre dans la chambre de leur fille, partie de la maison.

Un monologue masculin à la fois subtil et parfois lourd, qui expose toute la perte de repère de cet homme qui ne saisit plus le comportement soudain de sa femme. Plus de vie sexuelle du jour au lendemain, à l'orée de la cinquantaine, sans colère ni rupture. Il se pose des questions, tergiverse, tente des choses, louvoie et devient vite obsédé par le sexe. Un homme qu'on comprend, qu'on pourrait connaître ou reconnaître, un homme comme tant d'autres et c'est ce qui fait la force de ce texte.

Amélie Cordonnier qui avait dans Trancher traité du thème de la violence conjugale, revient ici avec un sujet tout aussi saisissant. Elle ne nous condamne pas à subir les tergiversations de son personnage sans aucunes avancées, elle nous embarque dans la spirale infernale de l'amour sans plus pouvoir l'assouvir. L'amour qui devient contrarié mais qui est toujours présent. le mal être absolu d'un couple qui ne se comprend plus. Jusqu'aux dernières pages où le voile se fait jour...

Lien : https://topobiblioteca.fr/
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Cela fait des mois qu'Isabelle esquive les gestes tendres de son mari. Ce dernier souffre, sans savoir comment aborder avec elle le sujet de la distance qu'elle met entre eux, infranchissable et vertigineuse. Leurs deux filles, Elodie et Roxane, ont grandi, vivent désormais leur vie loin de leurs parents. Il a la nostalgie des ébats avec Isabelle, tente vainement de rétablir un contact physique avec elle en organisant un week-end à Etretat, ou en s'approchant d'elle sur le canapé, centimètre par centimètre, pendant une visio Whatsapp avec Roxane. Sous prétexte de mieux dormir, elle s'est désormais installée dans la chambre de cette dernière, libre.
Ce couple m'a fait penser à deux aimants ne trouvant plus comment s'attirer et qui se repoussent.
C'est un roman touchant sur l'érosion du désir dans le couple. Amélie Cordonnier raconte avec une écriture délicate et subtile, souvent poétique, le tourbillon d'une vie, de deux corps qui se sont aimés passionnément et, dans la routine des années, se retrouvent en décalage, ne se comprennent plus. Sauront-ils retrouver les mots, les gestes pour se dire leur amour sans se meurtrir ?
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