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La couverture du livre fait immanquablement penser à un tableau de René Magritte et l'écriture de Julio Cortázar pourrait s'approcher de l'écriture surréaliste si l'on cherchait à établir une parenté.
Bien sûr, comme Cortázar est argentin, on chercherait bien aussi du côté du réalisme magique cher aux écrivains d'Amérique du Sud.
Cet opus nous livre cinq nouvelles qui paraissent parfois étranges mais sont toutes reliées, à mon sens, à l'introspection des êtres.
La première, au titre évocateur porte le nom de: lettres à maman. Un couple d'origine argentin vit à Paris une vie ordinaire lorsque Cortázar nous fait comprendre tout le mystère, les non-dits de la construction de ce couple et de son fonctionnement. La femme était la fiancée du frère du mari. L'arme secrète, ici pourrait être le silence qui va détruire progressivement ce couple.
Une autre nouvelle, très déstabilisante pour le lecteur teur est celle de bons et loyaux services où une femme de ménage est payée pour garder des chiens dans une fête déjantée.
La nouvelle la plus longue, est celle de l'homme à l'affût, l'histoire d'un critique de jazz lié à un saxophoniste qui voit et comprend des choses que les autres ne perçoivent pas.
Au total, un livre qui se lit bien, qui nous laisse peut-être un peu sur notre faim surtout si on n'a jamais lu cet auteur.
Peut-être faut-il commencer par un autre titre ?
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Cortazar a une façon très personnelle, presque obsessionnelle, dans ces nouvelles, d'interroger le réel, aussi bien que les possibilités de la fiction, de le scruter dans tous ses détails, de le ruminer, tout en sachant qu'il lui échappe, entrant à la limite du vertige dans des monologues labyrinthiques, faisant surgir à partir de situations banales, l'étrange ou le tragique et dans une sorte de mélopée absurde le grotesque ou le scabreux. C'est dans ce recueil qu'on trouve notamment « l'homme à l'affût », portrait d'un jazzman qui ressemble à Charlie Parker, qui mène à Paris une vie misérable, émaillée, sous l'emprise des drogues et de l'alcool, de scandales et de délires, laissant, cependant, percer çà et là son inspiration et son génie.
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Certaines nouvelles sont vraiment surprenantes dans leurs conceptions.
L'auteur s'amuse à nous tromper, avec un certain talent. Les histoires sont très différentes les une des autres. L'auteur nous fait pénétrer dans son monde, parfois étrange, teinté de " fantastique". Parfois un peu difficile à suivre, mais la récompense est au bout.
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Des nouvelles vertigineuses mettant en scène des univers labyrinthiques, décalés, où l'art et le fantastique (mais n'est-ce par la même chose ?) constituent des armes secrètes permettant à l'homme de s'extraire d'une réalité trop dure… Dérapages garantis.
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Un recueil convenable sans être le meilleur de l'auteur


Ce recueil de 1959 de l'écrivain argentin Julio Cortázar rassemble cinq nouvelles où le monde réel et ancré dans le quotidien se mélange avec quelques éléments fantastiques et oniriques. Les cinq nouvelles du livre oscillent entre 30 et 90 pages et on y croise, entre autres, un frère décédé depuis longtemps mais inexplicablement attendu à la gare, un photographe qui interrompt un piège mortel et un saxophoniste aussi génial que pathétique qui s'enfonce dans une inexorable déchéance.

Comme souvent Cortázar joue avec le lecteur, le laisse choisir entre les multiples possibilités (ou impossibilités) que laissent apparaitre ses histoires quitte à le laisser parfois un peu perdu après la lecture d'une nouvelle. Cela a son charme même si c'est un peu frustrant. L'aspect fantastique s'il est bien présent, se fait plus discret qu'à l'habitude.

J'ai apprécié la première nouvelle (Lettres à Maman) narrant l'histoire d'un couple vivant dans un mélange de culpabilité et de déni vis-à-vis de la disparition du frère du narrateur. de même, j'ai été charmé par le troisième récit le fils de la vierge, une histoire de photographie à l'écriture impeccable où la réalité et l'imagination finisse par se confondre. Deux autres nouvelles, deuxième et quatrième, sont plutôt plaisantes sans me paraitre particulièrement mémorables. Après cela, Les Armes secrètes se clôt sur la nouvelle éponyme dans laquelle deux espace-temps se superposent et qui décrit une relation ambiguë entre amour, désir et violence. le texte est intéressant mais m'a laissé sur ma faim car l'auteur multiplie les allusions tout en nous laissant encore une bonne part de flou à la fin de la nouvelle.

Le rythme est un lent, parfois un peu mou, en comparaison des nouvelles issues des autres recueils de l'auteur. Surtout, je n'ai pas retrouvé le gout de l'absurde, le grain de folie surréaliste et l'humour généreux que j'ai pu trouver dans d'autres livres de cet écrivain.

SI la qualité est globalement au rendez-vous sur ce recueil qui semble être le plus connu de Julio Cortázar, je pense qu'il n'est pas le meilleur de l'auteur et sans doute pas le plus adapté pour le découvrir car les textes sont loin d'être les plus remarquables ou les plus accessibles. Je recommande bien davantage les plus mémorables Tous les feux le feu ou Fin d'un jeu que je trouve un bon cran au-dessus ou encore le léger et pétillant Cronopes et Fameux.
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Le livre dont je vais vous parler aujourd'hui est un livre très profond, qui m'a beaucoup touchée, et pas seulement par son histoire, mais surtout par son écriture et par la psychologie des personnages. Certes, l'histoire d'une jeune femme, Michèle, violée pendant la seconde guerre mondiale, est terrible, et fait partie des choses trop nombreuses et malheureuses qui sont réellement arrivées. Mais ce qui est le plus frappant dans ce livre, c'est le caractère qu'elle développe, sa façon de vivre, d'être. C'est la personne qu'elle devient.

Car les personnages de Cortázar ont une caractéristique bien spéciale : ils ne sont pas de simples personnages, mais paraissent des personnes. Et pourtant ! Son écriture est brève, directe, sans tabou. Tout est dit sans retenue, avec le vocabulaire le plus simple. En effet, le livre est très facile à comprendre en version originale. L'écriture de Cortázar est ce qui m'a épatée, également : elle semble être du point de vue de Pierre, l'amant de Michèle, comme si on pouvait lire toutes ses pensées les plus intimes. On est donc dans l'attente incessante de Michèle, qu'elle se livre à lui, qu'elle apparaisse, qu'ils aient enfin la relation tant attendue…. Mais non. Avec une lenteur qui pourtant ne lasse pas le lecteur, Cortázar laisser voir la distance entre les deux personnages, et il laisse imaginer leur profil, leurs vies, leur passé.

Car le texte à beau être interne à Pierre, on n'en découvre pas moins un personnage torturé. Une ambivalence qui fait passer son personnage pour quelqu'un de presque schizophrène. En effet, lui-même semble avoir un passé terrible, il semble mélanger ce qu'il voit. Il croit que chez Michèle se trouve la fameuse « boule de verre » sur la rampe de l'escalier, alors qu'il n'est jamais allé chez elle. Cette perspective ouvre des possibilités infimes d'imagination : est-il coupable d'un viol par le passé qu'il n'assume pas ? Ou est-il simplement défaillant mental, auquel cas tout est imagination ? Sans doute ne le saura-t-on jamais.

Reste que le lecteur est bel est bien acteur, dans ce livre. Car, puisqu'il n'a pas les réponses à ces questions, il les imagine lui-même. A la manière d'un policier, il examine les preuves, mais ces preuves sont issues des pensées de Pierre, lequel est si instable qu'on ne peut trouver la vérité. Alors, le livre se résume-t-il à un « jeu », vain et futile ? Je ne crois pas. Selon moi, il laisse entrevoir ce que peuvent vraiment être les vies déchirées des personnes durant la guerre. Que Pierre soit coupable ou non, il restera toute sa vie marqué par ce qu'il a fait : il est un homme qui ne pourra jamais aimer comme il se doit.

Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il n'aime pas. Ce sentiment, il l'éprouve, et le lecteur le sent quand il lit tous les compliments de Pierre envers Michèle. Mais ces longs fragments sont peuplés de contradictions, et la belle « chérie » se transforme parfois en « chienne », sans que Pierre semble le vouloir. Personnage paradoxal qui amadoue par son incapacité à aimer, il correspond finalement à celui de Michèle qui, perturbée par le viol de son enfance, voit le coupable en Pierre. Si bien qu'elle s'enfuie alors qu'il la touche.

Mais son personnage est tout aussi intéressant que Pierre. Car si finalement elle parle peu, si elle ne « pense pas », dans le sens ou le texte n'offre pas son point de vue, ce sont les paroles des personnages secondaires, qui paraissaient absolument inutiles, mais ne le sont pas, qui nous permettent de mieux la connaître. La seule fois où elle s'exprime, c'est pour tenter de révéler à Pierre la raison de sa gêne, de ses peurs. Et quand elle s'enfuit ressurgissent les fameuses feuilles mortes, dans lesquelles fut tué son assaillant, quand elle était petite. Je vois dans cette façon d'écrire tout l'art de Cortázar, qui donne une envie furieuse (soit dit en passant) de découvrir ses autres oeuvres.

Et cette dernière nouvelle est annoncée par un des personnages secondaires, qui laisse donc planer un mystère : le violeur a bien été tué. Mais qui donc est Pierre ? Et, comme si le roman était circulaire, le lecteur retrouve alors ses hypothèses de départ : Pierre est coupable, ou il ne l'est pas. Mais en tous les cas : les deux amants sont incapables de s'aimer, quoiqu'il arrive. Ou alors, ils s'aimeront : dans la douleur.

Je vois dans ce roman une image de l'amour difficile, de l'amour impossible, mais surtout, de l' « effet papillon ». Car ce livre semble montrer comment un évènement peut perturber toute une vie, et ce jusqu'à la fin. Car il semble évident que jamais Michèle ne pourra aimer normalement, ni vivre sans cauchemarder. de même, Pierre, coupable ou non, sera toujours hanté par ses démons.
Pour conclure, et pour rendre encore plus frappante cette ambivalence filée le long de la nouvelle, la dernière phrase de l'ami de Michèle, qui se rend sur les lieux pour l'aider, est : « j'espère qu'il y aura du cognac ». Amer, comme le nom de l'alcool évoqué, cette dernière phrase donne à sourire. le cognac est bel est bien sur la table, chez Michèle, siroté peu de temps auparavant par Pierre avant qu'ils ne se séparent. Cette note, pour ma part, est d'un humour plutôt noir. Une note dénuée de rapport avec le texte, singulière, elle tranche complètement avec le ton du récit. Une manière d'amplifier le mal-être, et la situation paradoxale de cette amour stagnant.

Lien : http://lettresevanescentes.b..
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Cinq nouvelles composent le recueil "Les armes secrètes", et c'est la dernière qui lui a donné son nom.
Julio Cortazar se meut dans la marge fluctuante qui sépare la vie imaginaire de la réalité, dans l'aura des choses.
Des lettres qui réveillent le remords, une employée de maison qui sort de son rôle, un photographe revivant son passé, la splendeur et la décadence d'un jazzman, un violeur amoureux.
A moins qu'il ne s'agisse de tout autre chose : une mère folle, une domestique aimante, un indiscret, un critique musical envieux, le retour d'un fantasme.
Les nouvelles de Cortazar sont ouvertes à toutes les subjectivités, de la plus terre à terre à la plus débridée.
J'ai beaucoup aimé la plus longue et la plus belle "L'homme qui guette". Elle retrace l'itinéraire d'un saxophoniste célèbre mort à 35 ans, Johnny Carter, double romancé de Charlie Parker, étoile au firmament du be-bop. Davantage qu'une nouvelle, il s'agit d'un court roman, le plus abouti des cinq textes.
J'ai été fascinée par l'art avec lequel l'auteur a abandonné toute latinité pour se fondre dans l'univers musical international et surtout nord-américain. J'ai pensé à James Baldwin pour le style, et à Amy Winehouse, à Jim Morrison, à Jimi Hendrix, à Janis Joplin pour l'évocation de ces courtes vies en feu d'artifice : des "Absinthe stars" dit le saxophoniste perdu dans les vapeurs de son génie et des drogues.
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Sans doute le chef d'oeuvre de Cortazar. Lu et relu avec toujours le même plaisir, la même admiration, le même effroi!
Mention spéciale pour l'ultra-courte "Continuité des parcs" : vertigineuse mise en abyme dont la chute finale nous CLOUE littéralement.
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Ce recueil de cinq nouvelles dont la dernière donne son titre au livre nous entraîne dans un univers décalé, à la limite du réel et du fantastique, ou de l' "anormal" au sens propre du terme. Chaque nouvelle est très différente des autres, mais toujours l'auteur creuse profondément son propos: situations, caractères des personnages; les thèmes abordés sont la perception du temps, la notion de double ou de dédoublement, du sens de la vie, l'imaginaire et l'absurde ... On boit du cognac et on fume beaucoup chez Cortazar, et la fin de chaque petit récit est soit très étonnante soit à décider par le lecteur lui-même. Une littérature très intéressante, à découvrir ou à relire avec beaucoup de plaisir !
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Continuité des parcs (accessible sur le Web)

Le professeur Nabokov, du haut de sa chaire, clamait haut et fort :  « Tout grand écrivain est un grand illusionniste. » La nouvelle Continuité des parcs, celle que je préfère dans ce recueil, en est un excellent exemple. Je ne la résumerai pas en détail pour ne pas en dévoiler toute la trame à ceux qui ne l'ont pas lue mais elle est stupéfiante.
Dans ce court récit (2 pages) il y a deux lecteurs : le lecteur de Babelio - vous, moi - , bien réel, qui lit cette nouvelle et le lecteur fictif d'un roman qui va lui apprendre l'intrigue. Fiction et réalité vont s'interpénétrer . Ce second lecteur est totalement absorbé par son roman. Une femme et son amant préparent un meurtre et ce lecteur va devenir « le témoin » de ce qui se trame. Les deux protagonistes vont, à leur tour, sortir du roman, l'un pour s'enfuir, l'autre pour pénétrer, un poignard a la main, dans la demeure du lecteur du roman et le lecteur Babelio comprend que...(à vous de continuer)
Voilà, vous n'avez rien compris... alors lisez ce récit avec toute l'attention requise et amusez-vous à répondre à ce petit questionnaire ludique.
● En quoi peut-on dire que Cortázar est un grand illusionniste ?
● Prendriez- vous ce lecteur comme ami chez Babelio ?
● Réalité et fiction font-elles bon ménage ?
● Lire peut-il s'avérer dangereux ?
●La lecture peut-elle être considérée comme une arme secrète ?
● Pourquoi les parcs ont-ils une continuité ?
● Quel est le sens de ce conte ?
Les trois questions suivantes s'adressent exclusivement aux BHL en herbe ou aux thésards en mal de notoriété.
● Continuité des parcs est-elle un bon exemple de métalepse rhétorique ?
● En quoi transgresse-t-elle le pacte fictionnel habituel ?
● Ce récit enchâssé viole la frontière entre la diégèse et la métadiégèse dans le récit qui l'enchâsse. Expliquez pourquoi .
« Qu'en termes élégants ces choses-là son dites », n'est-ce pas ? Merci Wiki.
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