Seule en sa demeure est le premier livre que je lis de
Cécile Coulon et c'est pour moi une belle découverte.
J'ai beaucoup aimé le style d'écriture de l'autrice, riche, élégant, poétique, très sensuel et me suis laissée emporter dans l'univers mystérieux et angoissant qu'elle nous décrit avec talent. Nous voici au XIXème siècle, aux fins fonds du Jura, au milieu de la Forêt d'Or et de ses arbres menaçants, sur le domaine de Candre Marchère, un riche propriétaire terrien.
Comme il était d'usage à cette époque, dans les bonnes familles, les mariages sont souvent arrangés. Candre est un bon parti, il est jeune (26 ans), sérieux et veuf, il a eu la douleur de perdre sa première épouse, six mois après le mariage, victime d'une tuberculose foudroyante. Aimée Deville, jeune fille ingénue de 18 ans, pleine de rêves et d'espérances va tomber sous le charme et accepter le mariage conseillé par son père.
« Aimée, un père ne choisit par un mari pour sa fille, mais il la détourne des âmes sombres de ce monde. Candre Marchère est un homme de nom, de foi et de travail. Et s'il est sur cette terre meilleur garçon que ses semblables, alors je crois en lui. »
Difficile pour elle de se retrouver seule dans cette grande et sombre demeure, témoin de drames et événements douloureux, de faire la connaissance des domestiques, Henria une femme imposante et son fils Angelin privé de paroles, et surtout de s'habituer à sa nouvelle vie auprès de son époux, un homme dont finalement elle connait peu de choses. Candre règne sur la maisonnée, il est raffiné, doux, prévenant mais sérieux, trop sérieux, voire austère, même s'il souhaite le bonheur de sa jeune épouse. Pour Aimée la déception est grande, sa solitude rime avec ennui et angoisse, une angoisse grandissante au fur et à mesure que certaines interrogations et non-dits surgissent.
Cécile Coulon restitue à merveille l'atmosphère inquiétante autour de la jeune femme. Les chapitres sont courts, le rythme haletant, la tension s'accentue mais le mystère reste entier. Aimée se rend malade, à tord ou à raison ? Ses peurs sont elles vraiment justifiées ?
Dans les 100 dernières pages les événements vont se précipiter ménageant au lecteur quelques surprises romanesques et un dénouement finalement assez conventionnel.
Néanmoins,
Cécile Coulon, de sa belle écriture, signe avec
Seule en sa demeure un roman percutant, addictif alliant classicisme et modernité ; un roman qu'on a plaisir à lire et qui tient le lecteur en haleine.
#Challenge illimité des Départements français en lectures (63 - Puy-de-Dôme)