Jura - Fin du XIXème siècle : Aimée Deville, 18 ans épouse Candre Marchère de quelques années son aîné et propriétaire d'un domaine dans la forêt d'Or où il est à la tête d'une entreprise forestière florissante, mariage plus ou moins arrangé dans lequel entre Aimée sans rien connaître ni de l'homme auquel elle s'unit, veuf, sa première femme Aleth étant décédée six mois après son mariage de tuberculose, ni du mariage. Seul l'homme l'attire. Candre est un homme pieux, taiseux marqué par le décès, sous ses yeux en pleine église, de sa mère alors qu'il n'avait que 5 ans (scène d'introduction du roman) et fut élevé par Hendria, la domestique-gouvernante du domaine, elle-même ayant un fils, Angelin, né quelques années après Candre.
L'arrivée de la jeune épousée au domaine et la découverte à la fois des lieux mais également de ses habitants, pleine d'espoirs dans son nouveau statut de femme mariée au propriétaire du lieu et future mère d'un héritier du domaine, ne va pas se révéler aussi épanouissante qu'elle l'avait imaginée. Entre sa vie de femme mariée dont elle ignore tout de l'intimité, les ombres qui planent sur le lieu, sa rencontre avec une professeure de flûte traversière Emiline, engagée pour la sortir de sa mélancolie et qui va l'éveiller à la sensualité, Aimée va découvrir que le domaine renferme bien des secrets....
Il faut reconnaître à
Cécile Coulon un talent : celui de conteuse et je dois avouer qu'ici, encore une fois, elle m'a tenue tout au long de ma lecture, même si en fin de compte
Seule en sa demeure ne fait pas preuve d'originalité quand au choix du sujet et à son traitement. Comment ne pas faire le rapprochement avec Rebecca de Daphné du Maurier même si
Cécile Coulon y met des touches personnelles. Elle ancre son récit dans une époque par les prénoms de ses personnages et leurs places ou fonctions, elle dessine les paysages, s'attache à leur rudesse mais aussi leur beauté, aux parfums de la nature, elle imprègne ses personnages des décors dans lesquels ils évoluent, jouant sur les cordes du roman gothique où les fantômes du passé et leurs mystères créent un climat de suspicion et d'angoisse.
Qu'importe et là n'est peut-être pas le plus important. Je dois avouer qu'une fois commencé avec une scène saisissante de mort brutale qui installe le climat du roman, j'ai lu d'une traite les 333 pages et retrouvé les sensations de lecture d'un roman de littérature anglaise, que ce soit des soeurs Brönté ou de Daphné du Maurier, parce qu'il avait tout les ingrédients pour susciter mon intérêt et attention et parce que j'aime ces romans qui ont bercé mon adolescence. Ici, à la différence d'
Une bête au Paradis, pas de scènes violentes mais toujours une sensualité et une sensibilité à fleur de corps surtout pour son héroïne, découpant d'ailleurs en trois parties corporelles son récit : le coeur, la langue et le ventre.
J'ai eu un peu de mal avec la compréhension des sentiments d'Aimée et son inconstance, ne sachant finalement pas qui elle aimait, oscillant entre son mari mais également Emeline et même Angelin. Souvent femme varie et mettons cela sur sa jeunesse et sa découverte des sentiments.
Une lecture agréable dans laquelle on retrouve les thèmes chers à l'auteure : la ruralité mais également les familles bourgeoises et domestiques, chacune ayant un rôle à tenir mais qui, à se côtoyer intimement, finissent par se confondre et se mêler dans leurs destins.
Dans le genre, j'ai aimé mais j'aurai aimé plus d'originalité, plus de surprises car finalement cela est très conventionnel dans le genre et ressemble trop, au final, à du déjà lu et j'attendais peut-être un peu plus de la patte si particulière de
Cécile Coulon. Elle nous avait laissé sur le carreau avec son précédent roman par sa violence et sa bestialité et là nous la retrouvons dans un roman de pure tradition anglaise avec ce qu'il faut de romantisme et de mystère, adaptant son écriture au genre. Il plaira à un grand nombre de lecteurs et lectrices par sa facilité d'accès mais décevra peut-être ceux plus exigeants ou ayant déjà exploré ce genre de littérature.
Je reste avec le souvenir de
Trois saisons d'orage, mon préféré, celui qui m'a fait découvrir l'auteure, son univers et son style.
C'est réussi, j'ai aimé, une fois dedans on ne lâche pas surtout si on aime le genre mais j'aurai aimé un peu plus d'originalité.....
Lien :
https://mumudanslebocage.wor..