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sur 2441 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
°°° Rentrée littéraire 2019 #1 °°°

Le voilà, mon premier coup de coeur de la rentrée littéraire, de la trempe d'un Né d'aucune de femme de Franck Bouysse.

L'histoire d'une lignée de femmes ( la grand-mère et la petite-fille ) qui renoncent à leur vie pour une terre, celle de la ferme du Paradis, comme une malédiction. Quasiment une tragédie grecque, presque un conte intemporel sous forme d'un huis clos au Paradis. La tension gonfle, l'angoisse sourde monte. Il est difficile de savoir quelle forme le Mal prendra, mais on sent une sorte de fatalité implacable qui va le faire surgir.

Chaque chapitre porte le nom d'un verbe «  Faire mal », « protéger », « construire », «  surmonter », «  grandir » ... «  venger », « surgir », « mordre », «  vivre » ... ils remontent des tréfonds des âmes pour parler de liberté, de fatalité, de renoncements, de passions, de trahisons, de vengeance dans un mouvement organique d'une rare densité.

Il y a beaucoup de chair dans ces pages, celles des corps qui s'aiment, celles des êtres qui souffrent. Les personnages de Cécile Coulon sont remarquablement caractérisés, d'une terrible humanité, psychologiquement intenses. Leurs tourments et leurs excès s'entrechoquent :

- la vieille Emilienne, la matriarche qui tient ferme l'exploitation agricole, elle dont le corps était celui « d'une ogresse affamée, d'une rudesse et d'une solidité à toute épreuve, capable de douceur comme de violence, capable de caresse comme de gifle, et tous autour d'elle s'appuyaient sur ce corps pour rester debout »

- Blanche, « depuis la mort de ses parents, elle restait aux yeux des autres une enfant seule que l'absence avait frappée au moment des naïvetés normales et nécessaires. Ce chaos avait fait de Blanche une guerrière de cinq ans ». Elle qui lorsqu'elle aime, c'est à la vie à la mort, pour toujours, droite dans son amour. Une héroïne absolue.

- Louis, le commis d'Emilienne, qui aime passionnément Blanche alors que pour cette dernière, « il n'avait aucun charme, aucun pouvoir érotique, il occupait la place d'un animal domestique, intelligent et docile. »

- Alexandre, le premier amour de Blanche, qui rapidement comprit que «  ses parents redeviendraient vite des gens dont on ne retient pas le nom, des gens qu'on appelle ceux qui ont la petite maison oui mais laquelle, la troisième avec le pré derrière, mais le pré n'est pas à eux, c'est tout de même dommage », celui qui construit son ambition de s'extraire de ce milieu dès l'enfance.

- Gabriel, le frère de Blanche, hanté par la tristesse, «  aussi frêle dans sa peau que gigantesque dans son chagrin » avançant sur le bas côté dans l'ombre de sa soeur et de sa grand-mère.

Tous inoubliables. Cécile Coulon veut que le lecteur ressente des choses pour eux, soit habité par eux. Et cela fonctionne parfaitement car cette très jeune auteure ( 29 ans seulement ) déploie une virtuosité narrative rare avec une écriture qui m'a râpé la couenne au plus profond et a fait vibrer chacune de mes cellules. Je me suis délectée de ses mots si bien lâchés, entre poésie et rudesse, violence tapie et lyrisme. C'est exactement ce que je recherche lorsque je lis, de l'organique, du tellurique, du vital. On sent à quel point l'auteure doit aimer Steinbeck, Faulkner, Tennessee Williams.

Cécile Coulon a dit qu'avec ce roman elle voulait arrêter d'être l'auteur très sage qu'elle est depuis 12 ans. Elle y est parvenue tant ce roman est plus noir, plus violent, plus sexuel aussi que ces précédents romans.

Un roman empli d'un souffle puissant, profond, hypnotique, à l'empreinte singulière.

Disponible à partir du 21 août
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Un roman prenant et magnifique qui hante quelque temps, après sa lecture!
Dès les premières lignes, description est faite de ce qu'est ce Paradis : une ferme isolée au bout d'une route sinueuse, une cour avec au centre un arbre centenaire, des dépendances et une fosse à cochons.
Blanche, 80 ans se souvient.
Émilienne, la grand-mère est la gardienne du Paradis. À la mort de sa fille Marianne et de son gendre Étienne tués dans un accident de voiture, elle élèvera ses deux petits-enfants Blanche et Gabriel.
Louis, un adolescent qu'elle sauvera de la violence de son père viendra vivre à la ferme et lui sera totalement dévoué sans pour autant faire partie de la famille.
Puis, il y aura Alexandre, le bel Alexandre, doux séduisant mais ambitieux qui répugne à vivre la vie simple et résignée de ses parents. Ce sera l'amour de Blanche, le grand amour.
Cécile Coulon raconte une vie à la campagne avec le dur labeur que cela représente, l'isolement souvent, cet attachement à la terre qui fait oublier les peines, les fatigues mais aussi le plaisir et la joie de vivre dans un environnement unique. Malgré tout, c'est un investissement de chaque instant où il ya peu de place pour la vie personnelle. Cette vie rurale n'a pas été sans me rappeler le roman "Joseph" de Marie-Hélène Lafon
Ce qui est le plus remarquable c'est la façon dont elle dépeint chaque personnage. Ses portraits tant physiques que psychologiques sont particulièrement beaux, frappants et d'une étonnante justesse. C'est un roman qui se déroule en crescendo. Comment l'amour peut conduire jusqu'à la folie !. Dès le début, une once d'inquiètude, d'angoisse est latente sans qu'on puisse la définir. Bien vite, nous allons comprendre que cet amour entre Blanche et Alexandre pourrait devenir tragique. Car, si Blanche est folle d'amour pour Alexandre, elle l'est également pour sa terre.
Les sentiments qui vont animer tous les personnages de ce roman, l'amour, la passion, la jalousie, l'ambition, la haine, la trahison, le renoncement, la vengeance sont restitués avec une maîtrise parfaite.
Les titres des chapitres : Faire mal, Protéger, Construire, Surmonter, Grandir, Tuer, Naître... sont autant de verbes qui nous font monter en tension, et donnent un rythme haletant à ce roman.
Bien que connaissant avant de le lire, la trame du livre, j'ai été captivée de bout en bout par cette intrigue, et suis restée admirative devant cette écriture concise, précise, colorée, fluide et avant tout plaisante. Une bête au Paradis est une sublime tragédie, un roman sur la vie à la campagne, noir, mais éblouissant !

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Bouleversant, émouvant, après avoir été attendrissant et m'avoir laissé beaucoup d'espérances, Une bête au Paradis, de Cécile Coulon - auteure découverte et appréciée avec Trois saisons d'orage puis rencontrée aux Correspondances de Manosque 2019 – m'a fait passer par tous les sentiments.
Ce roman tellement bien écrit m'a plongé en pleine campagne, dans cette ferme appelée le Paradis, à une époque non précisée que je situerais dans les années 1960. Comme cela arrive assez fréquemment, les premières pages sont prémonitoires mais comment s'y arrêter et même s'en souvenir lorsque, comme beaucoup de lecteurs, je suis impatient de plonger dans l'histoire ?
Cette famille Émard a été frappée par un terrible drame. Émilienne, la grand-mère, s'est retrouvée seule pour élever Blanche et Gabriel, orphelins, leurs parents s'étant tués en voiture, tout près de la ferme.
Après le texte introductif, débute une série de chapitres tous intitulés par un verbe laissant supposer ce qui va se passer mais sans rien révéler. Faire mal est le premier. Sans détour, Cécile Coulon présente ses deux héros, Blanche et Alexandre, à peine sortis de l'adolescence. Ils font l'amour pour la première fois dans la chambre de la jeune fille pendant que le cochon tué par Louis, le commis, hurle à la mort. Odeur de sang, atmosphère de drame, je sens bien que rien ne va se passer normalement dans cette histoire.
Si les personnages vieillissent, quelques retours dans le passé éclairent l'histoire de cette famille qui a recueilli Louis, jeune garçon violenté par son père. Dévoué corps et âme aux travaux et à l'entretien du Paradis, malgré une dizaine d'années de plus, il aime et désire Blanche qui le repousse.
Finalement, tout le drame est là car la jeune fille tombe raide dingue amoureuse d'Alexandre, un camarade d'école, beau garçon à défaut d'être brillant scolairement. D'ailleurs, elle l'aide à réussir ensuite au lycée puis…
Tout se joue dans ce Paradis, sorte de ferme idéale du temps passé où le modernisme agricole outrancier d'aujourd'hui ne semble pas s'être imposé encore même s'il est fait allusion à la concurrence et aux premiers suicides d'agriculteurs. L'auteure ne parle ni machines géantes, ni pesticides, ni engrais chimiques… Malgré tout, cette bête au Paradis est déjà confrontée à l'appétit de promoteurs voulant étaler villes et villages, construire, goudronner, bétonner les meilleures terres permettant de nous nourrir mais c'est un autre débat.
Je vous laisse découvrir, savourer, détester peut-être cette histoire peu ordinaire et très prenante qui confirme un peu plus le talent de Cécile Coulon.

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Je ressors toute déboussolée , chamboulée de cette histoire. L'auteure nous plonge dans un monde sombre oppressant , suffocant , laissant traverser une petite pointe rayonnante de lumière . Un huit clos, qui tourne autour d' Émilienne , la patriarche, qui fait régner l'ordre, tout doit fonctionner comme elle le souhaite, ange et démon, font partie intégrante de son être. Elle prend en charge , ses deux petits enfants Blanche et Gabriel, qui deviennent orphelins de père et mère , suite à un accident de voiture. Louis , enfant battu, va trouver le courage de partir et se réfugier chez Émilienne, ce dernier lui rendait quelques services. Il devient apprenti , il s'occupe des travaux d'un parfait fermier. Ces personnes vivent dans une propriété nommée "Paradis", Les années passent , Blanche devient une jeune fille attirante et tombe dans les bras d'Alexandre, son premier amour, amour avec un grand A, qui va vriller lorsque ce dernier lui annonce son départ pour ses études, une sorte de mélancolie va l'envahir . Va t'-elle réussir a reprendre les commandes de sa vie. Louis voue une soif de vengeance , de haine envers Alexandre, Lui qui rêve depuis des années former un couple avec Blanche, Ce roman est un véritable petit bijou, les chapitres courts donnent une sensation d'électrochoc. Une sensation intense se dégage de ce récit, L'auteure utilise des mots forts, elle les place avec une grande dextérité, là ou il faut quand il le faut . Elle travaille la psychologie des personnages avec minutie, dégageant ce sentiment d'empathie ,et un sentiment de révolte envers Alexandre Elle a l'art et la manière de nous enrober dans son monde, nous sommes hypnotisés , envoûtes, un ressenti de faire partie des membres de cette famille , avec leurs maux et leurs joies.
La plume de l'auteure est percutante, visuelle, subtile, saupoudrée d'un brin de sensibilité. Une lecture totalement addictive, captivante ,je viens de me prendre une véritable claque , j'en reste bouche bée . le titre du roman, résume à merveille le contenu de l'histoire.
deuxième roman de l'auteure, deuxième coup de coeur,
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Après la mort accidentelle de leurs parents pendant leur tendre enfance, Blanche et Gabriel ont été élevés par leur grand-mère Emilienne à la ferme du Paradis, où la vie n'aurait pu continuer sans Louis, commis dévoué corps et âme à la famille. A la sortie de l'adolescence, Blanche, indifférente aux sentiments de Louis, s'éprend du jeune Alexandre, qui ne tarde pas à lui préférer la vie de la ville où il compte bien réaliser ses ambitions.


Puisant au tréfonds de personnages façonnés avec une grande acuité psychologique, l'auteur nous livre un drame passionnel intense, qui voit sa violence décuplée par une atteinte à ce qu'ils ont de plus viscéral : l'attachement à la terre.


Le récit, qu'on pressent d'emblée dramatique, enveloppe peu à peu le lecteur dans une ambiance âpre et noire, où les fulgurances du bonheur ne rendent la tragédie que plus cruelle. Tout contribue à la puissance de cette histoire pourtant simple, mais développée avec une force et une profondeur hypnotiques : le scenario implacable et tragique, les personnages si humains dans leurs déchirements et leurs excès, l'atmosphère tellement prégnante et électrique qu'elle vous prend aux tripes, l'écriture sobre et précise qui excelle à faire sentir la tendresse sous la rudesse, la fragilité sous le courage et la détermination, le désespoir derrière la violence et la folie.


Une bête au paradis est de ces lectures qui vous marquent, vous imprègnent et vous submergent, de celles qui se lisent en un souffle et vous font guetter le prochain roman de l'auteur avec impatience. Coup de coeur.

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J'ai ouvert ce roman et , dés les premières pages , je me suis senti " transporté " au "Paradis " , un lieu clos situé au bout d'un chemin , juste après le panneau de bienvenue . Dés lors , plus d' échappatoire possible , si ce n'est la sortie du jeudi pour se rendre au marché vendre les productions et assurer la subsistance du domaine et de ses habitants placés sous la houlette d'Emilienne , la doyenne , gardienne de la mémoire familiale et garante de " la bonne marche " et de la transmission du patrimoine . Avec elle , Louis , un pauvre gamin recueilli et Blanche et son frère Gabriel , élevés par leur grand - mère après le décès de leurs parents .Un noyau dur , une mini - société avec ses fonctionnements propres , 4 personnages regroupés ici pour assurer la continuité . Une sorte de " Fort Alamo " où l' étranger ne pénètre que rarement , pour la " fête du cochon" par exemple . Aussi , lorsque le bel Alexandre se retrouve dans les bras , puis dans le lit de Blanche , c'est tout l'équilibre humain qui va se fissurer car Blanche , amoureuse du jeune homme , ne se résoudra jamais à quitter le Paradis . Pour Alexandre , au contraire , pour échapper à la vie médiocre qu'ont eu ses parents , le seul mot d'ordre , c'est " partir " . ...L'équation est posée , le drame peut tisser sa trame ...
Cécile Coulon possède un immense talent pour traduire l'atmosphère rurale . Les " restes " qui constituent un repas , les poules qui s'agitent dans la cour , les cris du cochon qu'on sacrifie , la carcasse qu'on jette au chien dans l'embrasse de la porte , l'odeur rance de la sueur des travailleurs , le côté " taiseux " du monde rural , le dur labeur quotidien ...Pour quelqu'un qui a connu le monde paysan , tout y est , de belles images esquissées , des images qui , loin de s'imposer , déroulent " un tapis rouge " au drame qui couve , qu'on sent venir sans toutefois vraiment savoir où , quand , ni surtout comment , même si...
Le roman commence dans le sang , le sang de la mort , le sang de la vie ....Il se terminera dans....Entre ces deux moments , une atmosphère parfois étouffante, accablante , plus oppressante que celle de la chaleur de l'été. Un huis clos écrit avec une belle plume , incontestablement . Un huis clos qui pose bien des questions quant à l'exode rural , le devenir des campagnes , l'abandon de métiers durs et mal rétribués et l'amour viscéral de la terre et de la famille qui " emprisonne " à jamais certains dans un carcan de sacrifice, souvent jusqu'au malheur ...
Les personnages , notamment ceux de Blanche et Emilienne ...Que dire ? le matriarcat dans toute sa force et...ses faiblesses . Louis , Gabriel ....Des oppositions, des garde- fous , des protecteurs ...muselés en raison de leur caractère ou leur condition ..Des personnages forts ...Je vous laisse juges pour Alexandre ..
J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a vraiment " parlé " , je n'ai pas pu le lâcher et , dans ma chambre , la lumière a brillé longtemps , jusqu'au bout , en fait . Je ne saurais dire vraiment pourquoi mais j'ai encore " des papillons " dans le ventre ce matin en rédigeant ces quelques impressions . Un livre " qui prend aux tripes " , sans doute , en ce qui me concerne même s'il n'aura évidemment pas eu le même impact sur chacun ou chacune d'entre nous et ...tant mieux . Cette " jeune auteure " a bien du talent et a su me " prendre dans ses filets "( littéraires, bien sûr ) , je vais la suivre ( enfin , la suivre à travers ses romans , hein , pas dans la rue ) , j'y retournerais bien , moi , au " Paradis" , même si , chez Cécile Coulon , ce " Paradis " , il se trouve un peu près de " l'Enfer ".
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Au bout de l'écriteau "Vous êtes arrivés au paradis", une ferme où vit Blanche, une vieille dame de quatre-vingts ans : "une bête" nous dit-on.
Où sommes-nous tombés?
Nous sommes vite rassurés. On remonte dans le passé en compagnie d'Emilienne qui dirige la ferme sans son mari, décédé. Sa fille Marianne et Etienne son beau-fils sont décédés accidentellement.
Très courageusement, à la dure mais pas injustement , elle élève les deux petits de sa fille, Blanche et Gabriel.
Pour lui venir en aide, Blanche abrite Louis maltraité chez lui et en échange, celui-ci l'aide comme valet de ferme à demeure.
Blanche, poursuit de bonnes études au lycée mais pas question d'abandonner la ferme, et sa grand-mère même quand elle rencontrera Alexandre.
Tout ceci paraît presque banal mais nous sommes dans un roman noir, rural, bestial parfois cruel mais l'écriture est majestueuse, imagée.
Les personnages sont très typés, aucun personnage n'est commun.
J'étais fascinée par les faits, les mots, l'ambiance.
Un excellent roman que j'ai pourtant tardé un peu à lire car je craignais l'ambiance trop rurale mais c'est bien plus que cela.
Elle est très jeune Cécile Coulon pour avoir déjà écrit tous ces romans. Ce ne sera certainement pas le dernier livre d'elle que je lirai.
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Blanche et Gabriel sont élevés par Émilienne, leur rude mais aimante grand-mère, au Paradis, une ferme un peu isolée du village. Leurs parents sont morts dans un accident de voiture. Emilienne a également recueilli Louis, de 10 ans l'aîné des enfants, maltraité dans sa famille, qui est devenu l'homme à tout faire de la ferme.
Blanche est pleine d'énergie, à l'école comme à la ferme. Gabriel vit dans la mélancolie, ne parvenant pas à faire son deuil de la mort de ses parents.
À l'adolescence, Blanche vit un grand amour avec Alexandre, au grand dam de Louis, amoureux silencieux. Quand l'adolescent décide d'aller poursuivre ses études en ville, c'est un déchirement pour la jeune fille qui ne veut pas quitter la ferme.

J'avais beaucoup aimé l'écriture de Cécile Coulon dans Trois saisons d'orage. J'avais été un peu déçu par l'intrigue, un classique du genre, racontée de façon un peu molle.
J'ai retrouvé cette qualité d'écriture dans Une bête au Paradis ; une écriture très riche, très imagée, remplie de métaphores, mais qui reste fluide et facile à lire. Une écriture qui est de toute évidence la marque de l'auteure.
L'intrigue reste une sorte de classique : la jeune fille séduite, puis abandonnée, puis... En revanche, les cinq personnages principaux sortent clairement du rang, même Gabriel, en apparence le plus effacé des cinq. Ils ont des caractères très affirmés, et les plus fragiles ne sont pas forcément ceux auxquels on penserait naturellement. L'histoire est racontée avec violence, une violence que s'inflige chacun des personnages, et que les autres subissent parfois par ricochet ou par maladresse. L'environnement est sauvage (cela aussi semble être une marque de l'auteure), en apparence plus bucolique, moins brutal et violent que dans Trois saisons d'orage, mais ce n'est qu'apparence...
Une très belle confirmation du talent de Cécile Coulon ; un coup de coeur où la violence des personnages est gommée à la lecture par la qualité de l'écriture.
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Cette lecture est urticante, grattante comme du papier de verre. J'en sors toute rugueuse, usée jusqu'à la trame, essorée de tant d'âpreté.
Quelle détermination habite Blanche ! Mais pas qu'elle. Il faut avouer que les autres pensionnaires du Paradis sont tous dessinés avec des angles bien pointus, des destins tragiques.
J'ai aimé l'écriture de cette auteure qui souffle le chaud quand elle dépeint la nature, et le froid quand elle aborde les personnages. le Paradis (une ferme) est un petit coin de campagne qui repose mais ses habitants ne vivent pas au même rythme de sérénité qu'il suppose.
J'ai aimé également l'intitulé de chaque chapitre, un verbe, un verbe d'action qui donne le rythme au roman et qui emmène le lecteur jusqu'au dénouement ahurissant de cette histoire.
Et puis bien sûr, j'ai aimé le regard de Cécile Coulon sur la difficulté du métier de paysan face à l'appel des sirènes de la ville.

Pour résumer ce roman, je dirai que c'est l'histoire d'une femme qui est née au Paradis, y a grandi et y mourra. On ne quitte pas la ferme ancestrale qu'elles que soient les circonstances et les événements, l'héritage colle aux semelles comme la boue.
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Après le dernier roman de Pete Fromm, encore une très belle lecture dans cette rentrée littéraire ! J'ai retrouvé dans ce récit l'ambiance des romans de Franck Bouysse, Glaise ou Grossir le ciel...Un vrai bonheur ! Blanche vit avec son frère chez sa grand-mère qui les élève après la mort accidentelle de leurs parents. Son univers est celui de sa famille proche, de Louis que sa grand-mère a recueilli, de la ferme où elle réside, de la nature, des grands espaces et des animaux. Sa rencontre avec Alexandre va bouleverser ce doux équilibre...Un texte construit intelligemment, sans mot superflu, où la tension monte au fil des pages. C'est un récit brutal, terrien, rondement mené, de passion et de trahison, avec un personnage de Blanche très émouvante dans sa manière d'être, forte et entière. Une vraie héroïne de tragédie grecque !
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