Le plus souvent, dans un recueil de nouvelles contemporaines, il est un fil rouge, une trame de fond où s'inscrivent les récits : fantastique, science-fiction, paranormal, policier, série noire, thriller psychologique, merveilleux, onirisme, épouvante, érotisme… Alors, même si j'affirme mon droit à un lot de surprises et d'inattendu, j'en connais à l'avance le cheminement général et les tonalités.
Mais dans Les Faux-Semblants, c'est la diversité qui prime, aucune charnière visible, sauf ce titre révélateur : un train peut en cacher un autre, les apparences sont sournoises.
L'univers des nouvelles de
Anne Courset-Stien est assez riche pour nous offrir un peu de tout, ou presque. Je passe de l'une à l'autre comme dans un diaporama où rien ne ressemble à ce qui précède et tout a emprise sur moi. Il me prend souvent l'envie de lire une seconde fois tel ou tel passage pour repérer les indices parsemés et la construction qui m'ont rendu captif. Cette envie, je le sais, est le signe infaillible d'une synergie efficace entre l'imaginaire et l'habileté de l'auteur. Et le tout est magnifié par un style de belle qualité, fluide, varié, imagé.
Les personnages sont multiples, leurs motivations changeantes et trompeuses. Il y a bien ici ou là quelques filons qui me semblent déjà surexploités par d'autres auteurs (l'anthropomorphisme par exemple), certaines chutes sans réelle surprise, mais même là, c'est bien ficelé et servi par une écriture enjôleuse, la magie est encore au rendez-vous.
Si
Anne Courset-Stien fait parfois l'économie d'un dénouement décisif, c'est pour laisser la main au lecteur et à son imagination. Alors, vous je ne sais pas, mais moi ça me plaît bien. Pensif et pantois, je voyage…
Je donne une mention spéciale à la nouvelle "L'Emissaire" pour son écriture au présent, un manière de contraster avec le traditionnel passé de la narration, elle intensifie la mainmise sur le lecteur mais demande aussi un savoir-écrire très précis.
Un recueil que j'ai dégusté avec gourmandise, pour reprendre les métaphores gouleyantes de la préface de
Pierre Luneval.