Apparemment,
André Crémillieux est ce qu'on appelle un auteur régional, qui situe la plupart de ses romans dans sa région, à savoir Gap, ou plus exactement dans les Baronnies. Premier hic : pour moi les Baronnies sont dans mes Pyrénées préférées, à savoir les
Hautes-Pyrénées, vers Capvern. Bon, ce n'est qu'un détail, c'est vrai.
Il reste que les paysages sont tout aussi beaux que ceux que je connais, les villageois suggérés plus que réellement animés par la plume de l'auteur, entre braves gens qui ne veulent pas d'histoires et rustres primates qui pensent que sauter sur toutes les jupes qui bougent relève du droit élémentaire du mâle
L'histoire nous ramène juste à la sortie de la guerre, entre 1945 et 1947. Les Allemands sont partis, mais pas tous. Restent ceux que la France retient prisonniers et affectent aux fermes qui ont besoin de bras. Juste retour des choses...C'est ce que pensent pas mal de villageois, peu enclins à laisser les « Boches » s'installer à la terrasse de leur café. La rancune est toujours là, les faits sont récents on peut comprendre. Accusations, délations, hontes cachées, femmes qui ont couché avec l'Allemand et dûment tondues, tout y est.
Ce qui est plus rare, c'est cette sorte de fraternité que se découvrent Maurice, ancien prisonnier dans une ferme allemande, et « son » prisonnier, paysan lui aussi. Et enfin cet amour juvénile entre Günther, l'Allemand discret, et une bergère un peu follette, dont la jupe tourbillonnante et les deux chèvres dociles ne sont pas sans rappeler la gitane, Esméralda.
Au final, il s'agit plus d'un tableau ponctuel, plutôt superficiel, dans un temps très court et précis, que véritablement d'une histoire. Tous les villages ont recelé des personnages et des petites histoires de ce type. C'est plaisant, d'une écriture simple mais cela ne suffit pas à faire vraiment un livre intéressant. A moins d'avoir tout à découvrir sur la vie de la France profonde dans l'immédiat après-guerre.