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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une enquête policière en plein éveil féministe ? Je dis oui ! L'assassin du marais nous propulse en 1849, alors que les élections législatives de la deuxième République se préparent. Et cette fois, une femme tente de se présenter ! Jeanne Deroin se place comme le fer de lance d'une vague féministe qui tient à faire évoluer l'égalité des sexes. Et bien entendu, cela n'est pas du goût de tout le monde, en particulier des hommes. Il y a ceux qui les dénigrent dans les journaux, ceux qui les huent pendant leurs prises de parole... et ceux qui les tuent. de nombreuses femmes sont violemment assassinées, des femmes aux idées et aux moeurs qui dérangent.

Not all men, heureusement. Alexandre Delage, un jeune inspecteur, prend l'affaire très à coeur, contrairement à ses collègues. Il s'inquiète, s'implique et n'hésite pas à bien s'entourer pour retrouver le meurtrier. Julie, amie d'une des disparues, et Léa, médium à ses heures perdues, lui viennent volontiers en aide. Les deux jeunes femmes se lient d'amitié et enquêtent de leur côté, sans se reposer sur l'homme de la situation. Julie est une travailleuse indépendante et émancipée, qui s'est libérée de la tutelle paternelle et refuse de se jeter dans les bras du premier galant qui voudrait bien d'elle. Quant à Léa, elle est mère et divorcée. Une espèce rare à l'époque, d'autant qu'elle est belle et donc forcément fautive. le récit de Catherine Cuenca s'émaille aussi de vrais personnages historiques, de femmes qui ont tenté de faire évoluer la condition de leurs consoeurs. Nos protagonistes vont donc croiser le chemin de Jeanne Deroin ou de de Désirée Gay, entremêlant leur histoire à celle des personnages du roman. L'autrice vous laissera même des fiches en fin de roman pour vous les présenter plus amplement. Elle fait la part belle aux femmes, réelles ou non, qui sont au coeur de l'histoire et sur le devant de la scène : engagées, politisées, actives… et victimes.

Ah je sais, cette chronique est salée, mais les injustices subies par les femmes du roman font douloureusement échos à ce que l'on vit encore aujourd'hui. Il est plaisant de voir que les combats commencés il y a cent soixante-dix ans ont réussi à trouver certaines issues favorables, que ces femmes fortes ont su faire entendre leur voix. C'est grâce à leur courage et leur mise en avant – et en danger – que nous pouvons voter, avoir un compte en banque ou avorter. Mais le roman traite de féminicides, de femmes tuées parce qu'elles sont des femmes. Nous sommes en 2019 et cette année, on décompte déjà plus de soixante-dix féminicides en France. Alors oui, ce roman jeunesse, policier et teinté de fantastique est une jolie découverte, un beau moyen de montrer que les choses ne sont pas parfaites mais qu'elles évoluent, que les femmes peuvent se battre et obtenir justice. Mais c'est aussi un roman engagé, au fort message politique, qui ne pourra qu'intéresser les féministes en herbe et provoquer des discussions passionnantes avec les jeunes auxquels il s'adresse.

L'assassin du marais est un bon roman, à la fois divertissant grâce à son intrigue bien ficelée (dont le dénouement ne prendra pas forcément par surprise le lecteur ou la lectrice averti∙e) mais aussi porteur d'un message fort et important. le roman n'est pas exempt d'humour et laisse la place aux scènes d'amitié et d'amour fleurissant, n'oubliant pas de donner vie à ses personnages crédibles et attachants. Un livre prenant qui fait réfléchir !
Lien : http://allison-line.blogspot..
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tre une femme n'est pas facile. Lieu commun ? Non, évidence eu égard aux nombres d'injonctions que les femmes reçoivent. le combat pour nos droits est toujours d'actualité, mais qu'en était-il avant ?
1849. On ne s'en rend pas compte, mais l'espoir en de grands changements étaient là. La république avait été proclamée pour la deuxième fois de l'histoire de France. On ne refait pas l'histoire, nous savons ce qu'il est advenu. Les personnages ne le savaient pas, et les femmes essaient de faire évoluer leur condition. A chaque fois que les femmes ont essayé d'obtenir plus de droits, de violentes réactions ont eu lieu – aujourd'hui, hier. Hier plus qu'aujourd'hui, même si le discours peut encore être ressorti aujourd'hui : la place des femmes est chez elle, elle ne peut apporter que le trouble dans la vie publique/politique, tout est bon pour restreindre ses libertés et ses droits, y compris ses droits sur ses enfants : à l'époque, en cas (rarissime !) de divorce, la garde n'était pas confiée à la mère, il est bon de le rappeler.
Ce livre nous fait découvrir des femmes courageuses, des femmes qui essayaient de vivre libre, de se loger, de se nourrir, sans l'aide d'un mari ou de leurs parents. Une existence rude, difficile, où le moindre écart peut vous faire perdre votre travail, et rendre extrêmement difficile d'en trouver un nouveau.Une existence dans laquelle les femmes pensent, et ont bien l'intention de vivre selon leurs idées. Cela dérange ? Oui. Cela dérange quelqu'un (le féminin est ici inutile) qui s'en prend à des femmes fortes, des militantes, des femmes qui ne faisaient pas mystère de leurs idées, quelle que soit leur appartenance sociale. Les femmes écrivent, les femmes partagent leurs idées, l'une veut même se présenter à la députation.
Si l'enquête avance ? Bien sûr que non. Une femme ne peut avoir été tuée que par un de ses « galants », pourquoi enquêter ? A l'heure où soixante femmes en France sont mortes sous les coups de leurs conjoints ou de leurs ex-conjoints, il ne faut surtout pas oublier qu'un auteur de « crimes passionnels » ne risquaient pas grand'chose en France jusqu'en… 1994. Je m'écarte de l'objet littéraire qu'est l'assassin du Marais, et j'ai l'air de vous le montrer comme un texte aride, uniquement historique. Il n'en est rien. ce sont d'abord des personnages passionnés que nous croisons, dont Léa Caron et Julie. Elles se sont bien trouvées. Elles n'attendent pas un sauveur, pas même pour clore l'enquête, elles savent que le salut, la survie, viendra d'elles-mêmes. Bien sûr, il y a l'inspecteur Alexandre Delage, le seul policier qui a un tant soit peu d'intérêt pour trouver le coupable et le mettre hors d'état de nuire. Il n'est pas un personnage simple, son passé a fait pleinement de lui l'homme à multiples facettes qu'il est.Mention spéciale aussi pour Gustave, journaliste persévérant, bien plus intéressant qu'il n'aurait pu sembler de prime abord. Les gens peuvent changer, et c'est bien aussi de le dire et de l'écrire.
L'assassin du marais, un roman policier historique, féministe et fantastique aussi, un roman qui n'en finit pas de nous délivrer ses secrets, sans jamais céder à la facilité.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Au printemps 1849, Paris est en effervescence. Une épidémie de choléra décime la ville. Jeanne Deroin se présente aux élections législatives. C'est la première femme qui ose se présenter comme candidate. Elle demande instamment l'égalité entre les sexes et le droit de vote pour les femmes, faisant fi des menaces, des quolibets et des critiques de ses contemporains comme Proudhon et George Sand.

Alexandre, un jeune enquêteur, voyou repenti, se rend sur une scène de crime. Une célibataire de 29 ans, couturière et membre actif du club des Femmes d'Eugénie Niboyet a été étranglée. Bientôt, une autre femme est retrouvée étranglée dans Paris. Elle était aussi une militante active de la cause féministe. Alexandre en est alors certain, ces femmes ont été assassinées pour leur engagement politique. La haine, la misogynie est l'unique mobile de ces meurtres. Un homme, quelque part dans Paris, veut faire taire ces femmes. Lâché par son supérieur Dubon qui sent venir le fiasco de cette affaire, Alexandre Delage sera forcé de mener son enquête seul, risquant la vie d'autres femmes s'il ne se montre pas assez efficace mais aussi sa propre carrière.

Julie Paupelier est une vendeuse dans grand magasin parisien. Elle a fui la campagne et sa famille qui voulait la marier de force à un homme qu'elle n'aimait pas. Sur sa route, elle a croisé Sidonie, victime tout comme elle, des traditions patriarcales. Elles se considèrent comme des soeurs, travaillent côte à côte et se méfient des hommes. Mais Sidonie est tombée amoureuse. Un jour, Sidonie ne vient pas travailler. Elle a disparu, elle semble s'être volatilisée. Julie demandera alors l'aide de la police qui ne prend pas la disparition de Sidonie au sérieux. La jeune vendeuse, craignant pour la vie de son amie dans ce climat de peur, cherchera un soutien auprès de Léa, une spirite, capable de communiquer avec les défunt, femme adultère, mère séparée de son enfant et mise au banc de la société depuis qu'elle a divorcé de son époux.

Alexandre, Julie et Léa joindront alors leurs forces pour arrêter cet assassin qui sème la panique dans le quartier du Marais et plus particulièrement au sein des clubs politiques féminins.

J'ai adoré ce roman policier que j'ai trouvé ambitieux et novateur et qui s'adresse à de jeunes adultes. Choisir pour cadre l'année 1849 porteuse d'espoirs mais aussi de déceptions entraînés par la toute récente République de 1848 et les clubs féministes est original. le contexte est donc extrêmement intéressant, le roman très documenté devient alors un moyen d'acquérir de nombreuses connaissances historiques tout en suivant une intrigue pleine de suspense et de rebondissements. Quelques pages à la fin du livre sont consacrées à certaines féministes ayant véritablement vécu et que l'on retrouve dans le roman.

Le personnages sont attachants et le parcours des diverses héroïnes donne un aperçu de toutes les inégalités que subissaient ces générations de femmes sacrifiées dans la sphère publique et privée: femme mariée de force, rejetée par leur famille si elles n'obéissaient pas, exclue par tous en cas d'adultère, séparée de leur enfant selon la volonté de l'époux, assassinée sans véritable intérêt de la part de la police, privées du droit de vote, de s'exprimer librement, d'être élue ... Catherine Cuenca n'offre pas une vision manichéenne de la société française de 1849, certains hommes comme Alexandre ne tolère pas la misogynie de ses supérieurs.

Le roman se dévore en quelques jours tant l'intrigue est prenante et le rythme soutenu. Catherine Cuenca lance son lecteur sur de nombreuses pistes pour sa plus grande joie.

Roman policier, historique, féministe, L'Assassin du Marais offre un très bon moment de lecture.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Scrineo.
Lien : http://lecottageauxlivres.ha..
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* Coup de coeur ! *

     Catherine Cuenca place son roman policier dans un Paris après la révolution de 1848. Dans un contexte de contestation des femmes qui réclament elles aussi les droits déclarés dus aux hommes (=humains).
     Nous croisons donc de grands noms tel que Jeanne Deroin qui tente de se présenter aux prochaines élections et qui défend les droits des femmes :
"L'on a proclamé les droits de l'homme, mais l'on a imposé des devoirs à la femme sans lui reconnaître aucun droit" (Jeanne Deroin, 1805-1894)

     Mais aussi Désirée Gay, fondatrice des journaux "la politique des femmes" avec Eugénie Niboyet et "la femme libre" avec Jeanne Deroin. Dans notre histoire elle est la protectrice de Julie.
"Nous n'écrivons pas pour les esprits étroits qui veulent borner la femme aux soins du ménage. Les femmes n'ont plus à acquérir leur liberté, mais à l'exercer." (Eugénie Niboyet, 1796-1883)

     Un roman policier jeunesse très prenant. L'histoire m'a emballée. Pour plusieurs raisons : l'enquête difficile qui ne vous fait plus lâcher le livre, le contexte historique (Catherine a fait des études d'histoire), et le message féministe à travers l'histoire de ces femmes et la réaction de la société.

     Un super roman à diffuser. J'aimerai beaucoup retrouver ce petit monde dans une nouvelle enquête. Les personnages sont attachants. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé leur habitude de tirer des conclusions hâtives et d'accuser facilement... car nous faisons plus ou moins tous ça.

Je ne connaissais pas cette autrice mais mon petit doigt me dit que je vais en lire d'autres. A découvrir !
Lien : http://blondes-and-litterair..
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Le début du roman est prometteur, une ambiance singulièrement polar au XIXème siècle.

Le jeune inspecteur Alexandre Delage, 25 ans, se rend sur les lieux d'un crime à Paris, avec son supérieur l'inspecteur principal Dubon.



Le crime cotoie grandement la vie de quartier, on le verra, et les enquêteurs devront hélas venir constater un nouveau crime de femmes. Ils écarteront l'hypothèse d'un amant jaloux sur le meurtre de la couturière Fraisine Maillet, 29 ans.

C'eût été habituellement l'hypothèse la plus simple si certains détails ne venaient pas contredire la facilité de jugement.

Nous ne serions pas loin du "Mystère de la chambre jaune" de Gaston Leroux, avec ce nouveau crime dans une pièce close de l'intérieur.

Catherine Cuenca, qui nous mitonne régulièrement de très bonnes intrigues historiques pour la jeunesse, place ici un cadre particulièrement solide, proposant déja de grandes tensions et de multiples suspects possibles sans pour autant les connaître déja.



Les énigmes et intrigues principales vont tourner autour de la cause féminine.

Nous sommes en 1849, l'auteure nous intègre dans une vraie révolution et une émancipation féminine qui ne seront pas du "bon" goût de tout le monde, au début de cette Seconde République.

C'est la fin d'une Monarchie, les esprits réclament du changement mais pas trop quand même.

Certaines femmes ne cèderont pas devant les promesses non tenues d'une République sociale.

Partant de là, toutes les femmes du roman apparaitront comme des personnages courageux, dangereux mais aussi des cibles potentielles.

Frisson.

C'est en effet l'heure à l'audace et une femme se présente aux élections législatives de Paris.

L'événement, vrai catalyseur de passions, sera un peu l'excuse pour restituer une posture d'époque. Différents personnages interviendront au fil des enquêtes, ils reflèteront les différents enjeux à l'élection ou l'éviction de l'audacieuse candidate.

Certaines femmes se dégageront du lot.

Léa Caron, qui trouvera son voisin mort à son domicile. Elle est l'ex-épouse d'un mercier bourgeois. Elle perdra la garde de sa fille sur des raisons d'adultère à la séparation et subviendra désormais à ses besoins comme voyante. Les multiples écarts de son époux n'auront pas penché pas dans la balance.



Julie, vendeuse à la mercerie Caron. Elle signale la disparition de sa collègue Sidonie. Elle illustre des heures de travail harassantes pour le même prix et avec peu de reconnaissance.

Elle créera un lien entre l'enquête et la campagne.



Les chapitres alternent d'un personnage à l'autre et nous trépignons dans l'attente que les différentes se croisent. Car il ne peut en être autrement.



L'inspecteur Alexandre nous apparait comme un personnage intéressant. C'est un ex-petit malfrat étroitement concerné, selon nous, par l'idée de l'émancipation et la prise en main de son destin. Il est à l'image d'un Vidoq.

Il est efficace mais les traditions ont la dent dure, le personnage le sait bien.



L'auteure usera d'une stratégie narrative très habile pour apporter progressivement du suspens, faisant intervenir entre les personnages un prédateur de femmes. Il croisera d'ailleurs une de ses proies devant le pas de porte de la Mercerie.

L'identité de ce triste personnage seul ne comptera pas uniquement, nous attendrons de voir qui tombera dans ses filets et si, bien entendu, les démarches électorales ne vont pas attiser le feu du prédateur.

N'y aura t-il d'ailleurs qu'un prédateur à craindre?

Nous serons captivés par les avancées de cet élan vers le changement.

Les arguments avancés par la candidate imaginaire sont intéressants.



Il y a donc plusieurs biais excitants à saisir par le lecteur, de quoi lui donner envie d'aller au bout du roman.

Catherine Cuenca arrive à ne pas forcer le trait maladroitement pour ne pas déservir son intention.

C'est au contraire passionnant et l'intervention de la médium dans les affaires va ajouter du sel car les visions nécéssiteront des faits, sinon des preuves.

Un roman réellement captivant.
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En débutant ce livre jeunesse, je m'attendais vraiment à une enquête assez légère, plutôt basique surtout pas trop noire, résultat, je me suis bien trompée…
Ce roman est en effet hyper bien rythmé, assez sombre par moment et honnêtement, je n'ai strictement rien vu venir et j'ai adoré ça.
Les pistes se forment, se croisent, se défont et laissent finalement le lecteur / la lectrice dans un flou total jusqu'à la toute fin que j'ai d'ailleurs trouvé jubilatoire.
Bref, dans ce roman, on doute de tout le monde, chacun est suspect, on a l'impression que rien n'avance et que l'enquête tourne littéralement en rond et résultat, on ne fait que stresser et on ne peut plus lâcher ce livre jusqu'à l'avoir fini.
Une excellente lecture et je remercie sincèrement les éditions Scrineo pour cette découverte.
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Un roman policier féministe qui dépeint avec brio une époque et ses difficiles enjeux pour l'égalité des genres !

Je remercie les éditions Scrineo pour cette lecture très intéressante. Une fois n'est pas coutume, je me lance de nouveau dans un roman inhabituel pour moi. Une enquête policière avec une intrigue portée sur le féminisme, c'est une première pour moi. Je n'ai jamais lu d'histoire policière auparavant, ou c'était il y a bien longtemps…
Lien : https://www.acaniel.fr/lassa..
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Comme je vous le disais plus haut, quand j'ai reçu le programme des parutions Scrineo, j'ai tout de suite été attirée par ce polar historique et féministe. Je n'étais pas très assidue en histoire pendant ma scolarité, et du coup, j'apprends beaucoup des livres. Ici, il s'agit bien d'un roman, mais son contexte historique est tout à fait réaliste, tout comme son contexte féministe. On est en 1849, les ateliers nationaux créés en 1848 ont fermé car trop chers, les femmes n'ont pas plus de droits que les chevaux… J'entends par là qu'elles ont le droit de travailler, de faire les corvées, d'obéir aux ordres de leurs pères et maris, mais pas le droit de choisir leur vie. Et les rares qui osent le faire sont vilipendées, mises au ban de la société. Quelques femmes ont pourtant décidé de faire bouger les lignes, on en rencontre certaines dans le roman, et un dossier de quelques pages nous les présente en fin d'ouvrage, « Portraits de féministes de la révolution de 1848 » rédigé par Romane Fraysse. Quelques articles très abordables, qui nous raconte ces héroïnes qui se sont battues pour que les femmes aient enfin droit de cité… On retrouvera d'ailleurs certaines d'entre elles dans le roman !
J'ai beaucoup apprécié la structure du roman. Les chapitres qui nous déroulent l'intrigue sont parfois entrecoupés de passages aux côtés du tueur, et on croise parfois au détour d'une page une « reproduction » de lettre, d'affiche ou d'article. La présence des intermèdes de l'Assassin du Marais est comme un défi au lecteur. L'autrice nous donne des indices, parfois importants, mais cela ne m'a pas empêché de passer à côté de certains.
Du côté des personnages, j'ai apprécié le fait que, même si on est dans un roman féministe et que les femmes présentes sont fortes et osent leurs opinions, on croise aussi de nombreux hommes, comme l'inspecteur Delage ou le journaliste du Charivari, Gustave Petitjean. En effet, il n'aurait pas été crédible historiquement parlant d'avoir des femmes dans ce genre de rôles, tout spécialement la police.
Comme je le disais plus haut, je me suis laissée promener par le bout du nez par Catherine Cuenca pendant un bon moment. Je suis passée à côté d'indices pour certains extrêmement subtils, dignes de l'esprit d'un Vidocq, auquel d'ailleurs l'autrice fait référence. Mais je n'ai pas détesté me laisser balader, comme c'est parfois le cas dans certains polars. J'ai aimé mener cette enquête avec Léa et Julie, qui se débattent dans une société qui voudrait les voir rester dans leur cuisine, alors qu'elles ne veulent que retrouver l'assassin du Marais, qui tue des femmes qui ont le courage de leurs opinions.
L'autrice dresse un portrait sans concession de cette époque, pas si lointaine, où les femmes ne valaient pas plus que des esclaves, statut qui a vu son abolition à peine un an avant notre histoire. le personnel de maison est, lui au moins, payé, même si les femmes ne perçoivent pas leur salaire, puisque la gestion de l'argent est le rôle de leur mari ou père. Rares sont celles qui, comme Léa, osent divorcer, car vilipendées et privées de leurs enfants. Elles ne sont pas très nombreuses non plus, celles qui, comme Julie, n'ont jamais été mariées, mais travaillent et vivent seules, hors la tutelle d'un homme.
L'assassin du Marais est non seulement une enquête plaisante et bien menée, mais aussi un plaidoyer pour les femmes. Ce roman nous rappelle qu'il y a moins de deux cents ans, les femmes n'avaient pas un statut d'être humain libre, qui a finalement été obtenu (ou plutôt arraché) au prix d'âpres luttes. Que des femmes courageuses se sont levées et ont osé dire non, malgré les risques et les conséquences. Nous devons notre liberté actuelle à ces femmes et à celles qui leur ont succédé au fil des générations, et nous ne devons pas oublier nos filles et celles des générations à venir quand il s'agit de défendre des droits qui devraient être la norme.
J'ai reçu la version papier de ce livre dans le cadre de ma participation au Club des lecteurs Scrineo pour l'année 2019. Merci à eux pour la confiance.
Lien : https://leslecturesdesophieb..
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Au moment où j'ai lu ce roman, j'avais besoin d'une pause dans l'imaginaire et je me suis dit que lire de l'historique allait me changer les idées et me faire du bien. Et je ne me suis pas trompée ! J'ai vraiment passé un excellent moment !

Nous sommes en 1849. Pour la première fois dans L Histoire, une femme se présente aux élections législatives de Paris. Mais cette idée déplaît fortement à la gente masculine et tout est bon pour la faire plier. Des femmes sont alors retrouvées mortes, avec toujours le même mode opératoire : la strangulation. Alors, quand Sidonie disparaît, son amie Julie décide de mener sa propre enquête et d'essayer de la retrouver...

Je ne vous cache pas que ce roman m'a un peu fait peur au début, quand j'ai cru avoir deviné le meurtrier de ces dames. En effet, un gros indice est mis sur le devant de la scène et j'étais presque déçue d'avoir deviné si vite l'identité du méchant... Mais c'était sans compter sur l'ingéniosité de l'auteure, qui a su mêler une intrigue haletante à une époque de l'Histoire très intéressante !

Je le suis faite avoir en beauté et j'ai adoré ça ! D'autant plus que j'ai vite accroché aux personnages du roman, à la plume de l'auteure et à l'univers et l'époque traités. Il ne m'en fallait pas plus pour dévorer ce roman et ressentir un manque flagrant arrivée à la fin... Car oui, cette histoire m'a tellement plu, que j'y serai bien restée encore quelques centaines de pages... C'est ça, quand on accroche un peu trop aux personnages...

Mais même si j'ai passé un excellent moment, j'ai été outrée du comportement des hommes. Un comportement machiste, presque méchant à l'égard des femmes qu'ils ne prennent que pour des objets de décoration, ou des objets à sortir et montrer au reste du monde. Et même si ça se passe à une époque lointaine, ce n'est pas si éloigné que ça de la nôtre, d'époque. Les meurs ont évidemment évolué, mais pas complètement... Il reste encore des cas particuliers d'hommes avec de trop forts egos... Et j'ai trouvé sur l'auteure avait parfaitement su dépeindre cette atmosphère à la fois réaliste mais aussi tellement surréaliste, affligeante.

En résumé, un roman que j'ai adoré découvrir. Un pan de notre Histoire intéressant et très bien traité avec de bons personnages auxquels on s'attache rapidement. Et une surtout, une intrigue policière à laquelle on s'accroche et qui joue avec nous. Une belle lecture que je conseille à tous de découvrir.
Lien : http://lire-une-passion.weeb..
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J'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture. J'ai trouvé le récit très fluide, les personnages vraiment sympa, et l'enquête super intéressante. Il n'y a pas vraiment de temps morts donc pas le temps de s'ennuyer.

Le gros point fort c'est évidemment le contexte dans lequel évoluent les personnages. On suit des personnages féminins (pour la plupart) rattachés de près ou de loin à un groupe féministe, le tout dans une société profondément patriarcale, pour ne pas dire misogyne. Cette dimension a, je trouve, été bien traitée et apporte énormément au récit.

Le point faible serait peut-être la fin puisque tout s'enchaîne un peu vite dans les dernières pages. J'ai aussi été un peu gêné par un détail de l'épilogue, où l'autrice nous laisse un peu comprendre que si on a un bon fond, le harcèlement peut être récompensé... Je caricature un peu mais il y a quand même de ça. Malgré tout, j'ai passé un très bon moment avec ce roman.
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