Une journée dans la vie de
Virginia Woolf, de Clarissa Vaughan, et de
Laura Brown. Chacune a un lien avec le roman "
Mrs Dalloway" :
Virginia Woolf l'écrit dans la banlieue de
Londres en 1923, Clarissa Vaughan à New York à la fin du vingtième siècle semble incarner son personnage éponyme, et
Laura Brown est en train de le lire à Los Angeles en 1949.
Peut-être qu'il faut avoir lu et aimé le roman "
Mrs Dalloway" pour apprécier les délicates variations que
Michael Cunningham nous en propose avec "
Les heures." Quand Clarissa descend acheter les fleurs, nous retrouvons toute la beauté du début de "
Mrs Dalloway", le "plongeon" dans l'air frais du matin, la vie bruissante de la ville et le flux de conscience qui fait se chevaucher tous les temps de la vie.
Avec le personnage de
Virginia Woolf, nous suivons la journée d'une écrivain qui doute de son art, oscillant entre un désir de liberté et la volonté de satisfaire son mari Léonard.
Avec Clarissa, on croit retrouver la
Mrs Dalloway du roman de
Virginia Woolf dans un nouveau contexte. Elle vit en couple avec son amie Sally et reste toujours préoccupée de réussir sa réception.
Quant à Laura, elle étouffe dans son rôle d'épouse modèle et de mère au foyer, au point de se sentir absente à elle-même et au monde qui l'entoure. Et de craindre par moments de glisser dans la folie.
Michael Cunningham imagine les pensées et les sensations de ces trois femmes avec délicatesse et sensibilité. Son écriture, comme celle de
Virginia Woolf, est fourmillante de détails psychologiques hyper réalistes, de fines notations sur la nature ou le quotidien urbain.
Le personnage de Richard est devenu le meilleur ami de Clarissa, amant d'un jour dans leur jeunesse, poète tourmenté atteint du sida. C'est lui qui porte la note tragique de ce roman plutôt triste car il s'attarde sur le passage du temps qui défait les êtres. Malgré cette tristesse, c'est une lumière heureuse que j'en retiens, comme dans les romans de
Virginia Woolf. La lumière des instants merveilleux qui subsistent dans les souvenirs, la lumière du présent que Virginia et Clarissa savent cueillir, vivre avec passion.
Donc un bel hommage et un beau roman aussi, sensible et émouvant.