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EAN : 9782878582758
137 pages
Viviane Hamy (30/04/2008)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Sicile, printemps 1861. Une jeune noble en habit d’homme rejoint la bande du brigand Spaziante, le temps d’un été à l’atmosphère lourde et charnelle, tissée dans la toile d’araignée d’interdits, d’attirances et de répulsions qui tient prisonniers Margherita, Cosimo, Carmino et Antonia.

Vingt ans plus tard, la Briganta entreprend le récit de sa vie : « Écrire ses Mémoires est chose audacieuse pour une femme, peut-être encore plus que d’aller mener une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Apres avoir ferme ce petit livre je n'ai qu'une question en tete: Ou? Ou etes-vous, mes amies babeliotes? Que faites-vous? Vous devriez etre en train de publier des pamphlets incendiaires sur cet opus! Mais ou sont les feministes d'antan?


Parce que nous avons la un piquant racconto de la revolte paysanne de la Sicile et du sud de l'Italie contre les garibaldiens et les troupes piemontaises du roi Vittorio Emmanuelle venues unifier La Botte de force. Une revolte connue sous le nom de “Brigantaggio" (Brigandage), soutenant la legitimite du royaume Bourbon des Deux-Siciles, mais qui n'etait en fait que la hargne desesperee de paysans depossedes ou craignant de l'etre.

Nous pouvons y suivre une de ces bandes. Son regroupement, sa vie dans le maquis, ses faits d'armes, ses petits succes et sa grande debandade. Aussi et surtout les raisons pour lesquelles ces rustauds ont pris le maquis, leur colere, et leur fierte, et leur amertume, et leurs joies et leurs doutes et leurs peurs. Car l'autrice sait faire parler le silence bourru de ces taiseux.

Un episode historique interessantissimo bien que brevissimo (ici ce sera un printemps, un ete) et tres bien rendu.


Mais parla parla, sto parlando, il giorno muore et j'oublie ce que je voulais souligner: c'est le cahier ecrit par une bagnarde, pour raconter ses faits et gestes en cette annee de 1861, en cet ete qui lui a valu d'etre emprisonnee a vie, et ses sentiments d'alors, et ses pensees quand elle ecrit, vingt ans apres.

La narratrice est donc une femme. Una briganta. Pas une femme de brigand. Une brigande. Qui prend part aux actions de la bande. Qui porte armes et pantalons et casaque d'homme. Ultime offense aux moeurs patriarcales de l'epoque, jusque dans le paraitre, pas seulement dans l'etre et les actions, d'une femme qui s'est insurgee contre la place etriquee, bornee, que voulait lui imposer ce patriarcat. Elle avait recu de sa mere une vraie education, moderne, complete, mais mariee contre son gre, son mari jette ses livres et son pianola, la releguant a n'etre que chair sinon servante. L'incomprehension, la frustration, la colere engendreront un geste fatal: une sombre nuit, elle lui enfoncera une epingle d'argent dans le cou et fuira. le maquis la rattrappera et elle en fera partie pour une demie annee ou elle realisera a fond la conscience de sa liberte. Ce n'aurait surement pas ete possible ailleurs que dans ces bandes brigandes unitaires, qui donnerent aux femmes un role nouveau, de compagnonnes et non seulement de compagnes. Se rememorant son proces, elle ecrit: “De quel crime m'accusait-il, sur quels mefaits dissertait-il avec tant de ferveur ? Ce meme homme, avec le meme ton de voix, me posa ensuite une infinite de questions minutieuses auxquelles je ne donnai aucune reponse, jamais. Il me demanda entre autres s'il etait vrai que j'eusse l'habitude de m'habiller de vetements masculins, et si je ne trouvais pas cette habitude repugnante. A cet instant – et a cet instant seulement durant tout le proces – je crois avoir esquisse un sourire. Il me passa par l'esprit que peut-etre Jeanne d'Arc etait montee sur le bucher pour cette raison-la aussi, pour avoir porte des vetements masculins. Tant les hommes sont jaloux de leurs prerogatives, meme des plus infimes.” […] “Tandis que je retournai dans ma cellule j'entendis, claire, a l'interieur de moi-meme, la voix de la Bizzarra qui repondait aux plaisanteries peu prisees d'un chef de bande : « Je suis une brigande, moi, pas une femme de brigand. » Et le souvenir de ces mots me rendit force et dignite".
Mais cette dignite reclamee, conquise, est quand meme teintee d'ombres, des fois des gestes inconscients, presque ataviques, qui amenent plus tard des pensees insidieuses. Quand elle a ete attrapee, elle a ouvert sa casaque, montrant sa poitrine. “Pourquoi avais-je evite la mort ? Pourquoi avais-je revendique (et conquis) le droit de vivre en exhibant ma feminite, mes seins nus ? C'est une question que je me suis posee un nombre infini de fois durant toutes ces annees.”
Et elle note, en fin de cahier: “En repensant aux evenements de ma vie, je reconnais que j'ai agi et que j'agis encore sous l'impulsion de sentiments forts, qui ont emporte les resistances de mon corps comme celles de mon ame. J'ai oublie, sous la force de ces impulsions, que j'etais femme”.


En definitive, un tres bon livre d'action, et de ressentis d'hommes et de femmes pris dans un engrenage belliqueux, et un beau discours sur la societe et les relations sociales de l'endroit et du moment, et un tres fort argument feministe. Et une ecriture provocante, accrocheuse.
J'ai beaucoup aime. Mais comment se fait-il que je sois le premier a en poster un billet sur ce site? Ou vous cachez-vous, mes amies? Et vous, mes amis? Ce livre est d'une lecture inclusive!
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