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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le lien à un monde collectif : la solidarité ou l'intérêt privé
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Ce tome contient un essai complet indépendant de tout autre. Il s'agit d'une enquête sur la gestion du chômage en France de 1981 à 1989, et de l'évolution de la situation ensuite. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc de 277 pages, dont la première édition date de 2021. Elle a été réalisée par Benoît Colombat et Damien Cuvillier, avec un lettrage réalisé par Stevan Roudaut. Cet ouvrage s'ouvre avec une préface de Ken Loach qui évoque le développement du néolibéralisme en Angleterre et les quatre leçons à en tirer. Il se termine avec quatre pages de références des différentes citations incluses dans l'exposé.

Prologue. Fin 1973, Georges Pompidou entre dans la salle du conseil des ministres. Il annonce une nouvelle terrible : la France va passer le cap des 400.000 chômeurs. Chapitre 1 : on a tout essayé. À Saint Malo en octobre 2016, au Festival Quai des Bulles, Benoît Colombat discute à table avec un éditeur de Futuropolis : il indique qu'il aimerait écrire sur la violence économique. L'éditeur propose qu'il le fasse en bande dessinée et le dessinateur à côté de lui indique que c'est un sujet qui l'intéresse. Il se souvient quand il était petit et qu'il accompagnait sa mère à l'autre bout du département en Picardie pour se rendre à l'Agence Nationale Pour l'Emploi. Sa mère aura été au chômage, entrecoupé de petites missions par-ci, par-là, avant d'être définitivement radiée, en 2005. En août 2019, les deux auteurs se retrouvent devant un monceau de documents, et se demandent par où commencer. Ils sont frappés par la continuité du discours des politiques sur le sujet, et par le fait que la dernière réforme sur l'assurance chômage s'inscrit dans un cadre idéologique qui est resté le même depuis quarante ans.

En France la barre du million de chômeurs est franchie en 1977, celle des 2 millions en 1983. En 1993, 3 millions. Et aujourd'hui : 2,4 millions selon l'INSEE. En réalité, plus de 6 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi. Et 9 millions de précaires. Avec des conséquences aussi sur la santé des populations. En fait, le chômage et la précarité tuent, au sens propre. Selon une étude de l'Inserm, entre 10.000 et 14.000 décès peuvent être attribués chaque année au chômage : suicides, maladies ou rechutes de cancers. En passant en revue des articles de journaux, les auteurs retrouvent des chroniques écrites par François Hollande pour le journal le Matin, développant un discours libéral. Quand Emmanuel Macron accède à la présidence, Jean-Pierre Mignard, avocat proche de Hollande et de Macron, reconnaît dans son projet, celui qu'il avait décrit avec Hollande, Jean-Yves le Drian et Jean-Pierre Jouyet en 1985, dans un livre intitulé La Gauche Bouge. Les deux auteurs se mettent à la recherche de cet ouvrage : un exemplaire disponible chez un vendeur berlinois. L'enquête peut démarrer sur ce fil conducteur présent déjà dès les années 1980, et intact en 2019. Elle commence au printemps 2017. Elle va durer trois ans et demi, jusqu'à l'automne 2020. Ils vont interviewer des hommes politiques, des hauts fonctionnaires, et ils commencent avec le porte-parole du Mouvement national des chômeurs et précaires.

Parmi les premiers interlocuteurs que les auteurs interviewent, l'un d'eux fait la réflexion que le format choisi (une BD) fait que c'est un livre pour les jeunes. le prologue commence doucement avec simplement l'annonce du premier ministre en 1973. À partir de la page 16, le lecteur parvient à la densité d'informations qui va être présente tout du long du récit. Elle est élevée et il en est ainsi pendant tout l'ouvrage, ce qui correspond bien à une approche adulte. Celui-ci se focalise beaucoup sur le premier septennat (1981-1988) de François Mitterrand, en le complétant par d'autres éléments antérieurs ou postérieurs. le lecteur voit ainsi passer beaucoup d'hommes politiques de cette époque, et également un peu d'avant et d'après : Michel Debré, De Gaulle, Raymond Barre, René Monory, Maurice Papon, Jean-Pierre Chevènement, Pierre Mauroy, Jacques Delors, Pierre Bérégovoy, Laurent Fabius, Édouard Balladur, Dominique Strauss-Kahn, Helmut Kohl, Margaret Thatcher. S'il a été témoin de cette époque, ou s'il l'a déjà étudiée, l'assimilation des nombreuses informations lui en est facilité. de même, les auteurs font appel à de nombreux experts : les ministres eux-mêmes, mais aussi le secrétaire général de l'Élysée, le Porte-parole du Mouvement National des Chômeurs, des sociologues, un maître de conférences en sociologie, un directeur du trésor, des directeurs de cabinet de ministre, un Commissaire au Plan, des économistes. Ils font oeuvre de pédagogie et de vulgarisation, mais le sujet exige qu'ils développent de nombreux points bien au-delà de la vulgarisation.

Les lecteurs annoncent explicitement dans le premier chapitre leur objectif : essayer de retracer les moments de bascule historiques relatifs à la gestion du chômage, retrouver les pièces à conviction correspondant aux grands choix économiques. L'ouvrage est divisé en 5 chapitres, avec un prologue, un épilogue et un post-scriptum : 1 On a tout essayé, 2 Des protections inadmissibles, 3 Vive la crise !, 4 Les vents dominants, 5 Y a pas d'argent magique. Ils commencent par s'interroger sur le début de la mondialisation, l'arrivée du libéralisme en France, le genre de ce libéralisme (en l'occurrence Ordolibéralisme), l'idée que le marché se régule lui-même, la crise et la rigueur budgétaire, les paramètres qui font que le chômage ne fait que croître et à qui ça profite. Cette enquête les amène à évoquer de nombreux phénomènes historiques qui ont contraint la France, ou justifié ces choix : les accords de Bretton Woods, le lien entre les banques de dépôts et les banques d'affaires, la financiarisation de l'économie, la construction du Deutsch Mark, la conversion du patronat français à l'ouverture à la concurrence internationale, la désindexation des salaires du coût de la vie, la désinflation compétitive, le plan Marshall, le traité de Rome en 1957, la construction d'une monnaie unique en Europe, etc. Ils éclairent certains faits récents à l'aune de ces choix : le référendum de 2005, la crise financière de 2008, la crise grecque de 2009, les Gilets Jaunes. Afin d'expliquer tous ces choix, ils citent également des économistes et des conseillers en économie tels que John Maynard Keynes, Walter Lippman, Friedrich Hayek, Jean Monnet, Robert Marjolin, Ludwig Erhard. Enfin, ils soulignent l'importance des idées et des actions de Jacques Delors, Michel Camdessus (directeur du Trésor), Tomaso Pado-Schioppa. À quelques reprises, le lecteur peut souffler un peu, par exemple avec les spots publicitaires où Paul-Loup Sulitzer explique la libre concurrence.

Très rapidement, le lecteur constate la densité des informations et le fait que les chapitres sont thématiques, ce qui entraîne des va et vient chronologiques. À l'évidence, il ne s'agit pas d'une bande dessinée qui raconte une histoire, mais effectivement d'une enquête qui développe une thèse. le titre est explicite : les responsables politiques ont fait le choix du chômage, et il s'agit d'une violence économique. En fonction de ses convictions, le lecteur peut souscrire à ce point de vue a priori, ou y être opposé : les auteurs sont transparents sur leur point de vue, et la manière dont ils présentent les faits. le lecteur se rend vite compte des limites d'un tel ouvrage sous la forme d'une bande dessinée, mais aussi que ce format apporte à cet exposé. Bien souvent les auteurs exposent des faits historiques, des explications économiques, des avis d'experts, des prises de position d'élus et de leurs conseillers. C'est ce qui rend l'ouvrage dense, et ce qui rend compliqué la mise en images. L'artiste sait représenter les personnalités connues qui sont immédiatement reconnaissables. En fonction des passages, il met les intervenants en situation : à la tribune, dans leur fauteuil, en train d'écrire, en réunion, sur le terrain, dans leur bureau, chez eux. C'est le premier effet du format BD : montrer des individus prononçant ces propos, les rendre concrets, mais aussi de simples êtres humains. En outre, les auteurs se mettent en scène de manière chronique pour montrer leurs difficultés, ou un entretien, ce qui sert également à expliquer visuellement le travail qu'ils ont accompli, ce qui permet au lecteur de ressentir une forme d'empathie pour leurs efforts, et de mesurer l'énormité des décisions de simples êtres humains, engageant la vie quotidienne des citoyens d'une nation.

La narration visuelle ne se limite pas à des individus en train de discuter, d'expliquer ou de discourir. Tout au long de ces 277 pages, le dessinateur utilise de nombreuses mises en scène différentes : des schémas, des reproductions d'articles, des références culturelles comme Charlot dans le film Les temps Modernes, l'âne du parti démocrate, Marianne, un match de boxe, Tintin en train d'expliquer une leçon à de jeunes africains comme dans Tintin au Congo, la différence entre la carpe et le brochet, une étape du Tour de France, une scène de théâtre, l'aigle américain, un sorcier avec un chapeau pointu. Il représente également des événements historiques comme le général De Gaulle descendant les champs Élysées, ou la chute du Mur de Berlin. le lecteur peut ne pas y prêter attention s'il est fortement concentré sur le texte : l'artiste change également de registre graphique pour des séquences particulières, passant d'un registre réaliste et descriptif, à un registre simplifié, ou de contours avec des traits encrés, à un rendu en nuances de gris. Cette variété et ces images permettent au lecteur de plus facilement fixer son attention, et d'associer un visuel à une séquence, ce qui la démarque mieux des autres et la rend plus facilement mémorable. Même si ce n'est pas forcément perceptible tellement les images sont subordonnées au texte, le travail du dessinateur est remarquable de bout en bout et apporte beaucoup au texte, à son animation, à sa clarté, à sa compréhension.

Quelles que soient les convictions et le niveau de connaissance du lecteur, cet ouvrage est remarquable. Il aborde des notions basiques telles que les 3% ou les différentes formes de libéralisme économique (La galaxie libérale : Adam Smith, Milto, Friedman, Friedrich Hayek & Ludwig von Mises, Walter Eucken & Wilhelm Röpke), et propose une logique de progression historique qui fait froid dans le dos. Sa structure est rigoureuse : par exemple, le lecteur a bien noté la distinction entre les banques de dépôts et les banques d'affaires faite à l'occasion de la crise de 1929 aux États-Unis, et il la retrouve à la fin de l'ouvrage, cette distinction prenant une tout autre ampleur. le lecteur en ressort avec la sensation que l'avènement planétaire du néolibéralisme était inéluctable, et qu'il fut porté par les socialistes en France, ainsi qu'avec une vision claire du détricotage du programme du Conseil nationale de la Résistance. Après coup, il se rend compte du travail de narration visuelle, vivant et diversifié, un défi pour un ouvrage de cette nature.
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Il est difficile de résumer cette grosse BD de 283 pages, très dense, ramifiée en plusieurs chapitres et par moment assez ardue par les rouages économiques qu'elle explique. Au début, je dois le dire, j'ai été un peu déçu par le chapitre 1. Non pas que, rétrospectivement, après avoir terminé l'ouvrage, il ne soit pas dans le ton du récit, mais parce qu'il indique très tôt, trop tôt sans doute, à quel point la conversion au libéralisme du PS vient de loin, depuis le début des années 80 par le courant proche de Jacques Delors auquel appartenait… François Hollande.
Le chapitre 2 révèle l'origine et le développement de ce que les auteurs appellent « la galaxie libérale ». C'est le chapitre un peu ardu, assez abstrait, où la lecture est un peu lente pour bien suivre l'idéologie libérale et son évolution.
C'est au chapitre 3 que la BD devient passionnante. Elle explique le dilemme qui s'est posé peu après l'arrivée de la gauche au pouvoir. le Franc était surévalué (par rapport au Mark allemand) et la compétitivité des marchés français en souffrait. On pouvait dévaluer, comme souvent depuis la libération. Une monnaie plus faible redonne de la compétitivité sur les marchés étrangers (nos produits sont moins chers), les usines produisent de nouveau, l'emploi est préservé. le seul écueil est l'inflation, mais l'indexation des salaires sur les prix permettaient aux salariés de ne pas voir baisser leur pouvoir d'achat.
A cette époque, pour dévaluer, il fallait sortir de ce qu'on appelait le Serpent Monétaire Européen (SME) qui fixait les taux de change entre les monnaies européennes et empêchait la dévaluation. La lutte fut rude au sein du PS, mais le choix de Mitterrand (une buse en économie) sous l'influence de Jacques Delors et d'un cercle étroit qui travaillait avec lui, fut de ne pas sortir du SME, donc de ne pas dévaluer, d'inventer une règle sortie du chapeau et absolument non scientifique comme quoi le déficit de la France ne devait pas être supérieur à 3% et enfin, comble du comble pour un parti qui se prétendait de gauche, de supprimer l'indexation des salaires sur les prix. C'est la conversion au libéralisme et le début du déclin français. C'est aussi la fin de la gauche.
Non dévalué, le Franc fort ne permet plus de vendre nos produits (trop chers et les autres pays préfèrent alors acheter à l'Allemagne), en conséquence notre industrie se délite, les délocalisations s'accélèrent, les usines ferment, le chômage augmente, sans compter que les salaires sont bloqués puisqu'ils ne suivent plus l'inflation qui, certes, est réduite (environ 2%) mais bien réelle néanmoins.
Stopper l'inflation n'est d'ailleurs qu'une préoccupation des financiers, des créanciers et des rentiers, qui voient leur profit diminuer quand elle est forte et aiment la voir contenue dans des limites faibles.
Je n'ai pas l'intention de décrire tout le contenu de cette BD mais le chapitre sur la construction européenne, entièrement basé sur la mise en place d'une économie libérale (vous savez, les fameuses réformes structurelles ?) est tout à fait passionnant et d'une tristesse aussi, à pleurer.
Accompagnée et même cornaquée par le PS au cours des deux mandats de Mitterrand, cette construction européenne se termine en apothéose par l'instauration de l'euro, c'est-à-dire une monnaie trop forte (l'ancien Mark allemand) qui a coulé les pays du sud, les a privés de leur souveraineté monétaire (donc de leur souveraineté tout court) et de l'arme de la dévaluation pour demeurer compétitifs.
Notons par ailleurs que cette construction européenne, qui part de loin elle aussi, dès la libération avec Jean Monnet, sera un temps freinée par De Gaulle, trop nationaliste pour abdiquer la souveraineté de son pays et accepter l'instauration d'une institution supranationale (la commission européenne) qui prive les pays membres de toute décision politique. De Gaulle souhaitait une union européenne, mais intergouvernementale et politique, et non une Europe supranationale, économique et libérale. Il faudra attendre son départ et l'arrivée de Pompidou pour reprendre cette trajectoire funeste qui nous a conduits où nous sommes : un pays qui n'a plus d'industrie, avec un effondrement des salaires, une augmentation de la précarité et toujours, encore et encore, un chômage de masse bien pratique pour taire les revendications salariales (« si vous refusez cet emploi, dix personnes sont prêtes à le prendre »…).
Le néolibéralisme conduit aux drames à venir. L'augmentation des inégalités (effarantes) et la misère poussent la population à rejeter les politiques, à devenir violents, et les gouvernements à se servir de la violence policière pour la faire taire. Ceci ouvre la porte au néofascisme qui grimpe et s'installe un peu partout dans le monde. C'est un vent mondial.
A ce propos, les auteurs finissent sur une conclusion à laquelle je crois depuis longtemps. Une union se fera tôt ou tard entre la finance libéralisée et les partis néofascistes. Elle a déjà commencé du reste, puisqu'en Europe plusieurs gouvernements d'extrême droite sont au pouvoir et restreignent les libertés sans que la commission européenne n'y voie rien à redire. Les loups entrent dans la bergerie tout simplement parce que, dans la bergerie, ils trouvent d'autres loups prêts à s'allier avec eux.
C'est pourquoi, petite réflexion personnelle pour finir, ceux qui votent Macron au second tour, acceptant à contre coeur le libéralisme et son lot de misère pour éviter le néofascisme, se trompent du tout au tout. Au final, ils auront les deux.
Une BD à lire impérativement pour mieux comprendre l'ampleur du désastre.
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Une BD pas comme les autres puisque celle ci se propose de mettre le dessin et la plume au service d'une démonstration politique. le propos est ambitieux, se confronter aux discours, aux paroles échangées, aux rapports écrits, pour faire l'historique de la montée du néo-libéralisme en France et dans le monde. L'histoire de la Vème République met en relief alors, une profonde continuité au-delà de l'alternance politique au pouvoir pour faire triompher les impératifs du libéralisme, celui qui casse et dérèglemente les lois sociales. Les choix de Mitterand sont profondément soumis à cette logique: les nationalisations au rabais, la préparation de l'Europe économique et monétaire qui sacrifie aux mêmes dogmes, tout y est. le chômage prend alors tout son sens, non pas un accident conjoncturel mais un choix assumé pour la flexibilité nécessaire. L'ouvrage est dense , très riche, toutes les personnalités politiques qui ont fait le 20ème siècle sont là, et tiennent leur rôle dans ce scénario du pire. Désormais c'est bien la vie économique et financière qui dicte sa loi au politique et non l'inverse, l'état social a vécu. Une lecture passionnante.
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Cette bande-dessinée, volumineuse, bien documentée et illustrée, entend montrer comment le libéralisme économique et les marchés financiers ont fixé des orientations économiques intangibles, pour stabiliser la monnaie et lutter contre l'inflation, au détriment du chômage.
Les thèmes économiques sont abordés de manière pédagogique. La bonne idée d'illustrer l'enquête en train de se faire, avec le portraits des interlocuteurs interviewés et des personnalités évoquées, facilite la compréhension des sujets les plus difficiles et les allers-retours temporels.
La qualité des dessins, l'inventivité des cadres, la diversité et la précision du trait sont remarquables. Quelques cases cèdent au raccourci caricatural.
L'ouvrage impressionnant, fruit d'une enquête sérieuse et ambitieuse, mérite d'être lu pour se faire une première opinion sur les influences de l'économie sur le politique, depuis 70 ans. Libre à chacun de discuter, ensuite, le parti pris des auteurs de démontrer une sorte de mécanique libérale, engagée de longue date, assumée et impulsée par l'Union européenne, qui aurait sacrifié les acquis sociaux et les chômeurs sur l'autel du Veau d'or.
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Le journaliste Benoît Collombat, accompagné de l'illustrateur Damien Cuvillier, ont rencontré d'anciens ministres, conseillers de présidents de la République, directeurs du trésor ou du FMI, des économistes, des juristes, des sociologues, des philosophes des banquiers. Tous ont contribué ou assisté à la victoire idéologique du néolibéralisme, qui a permis de mettre l'État au seul service du marché, et l'organisation du monde à celui de l'économie et de la finance. Résultat de trois ans et demi d'enquête, cette bande dessinée retrace les « moments de bascule historiques » et démontre comment le chômage est délibérément utilisé depuis quarante ans dans l'intérêt du système économique.
(...)
La réforme des retraites, la crise de 2008 pendant laquelle les quatre grandes banques françaises se sont retrouvées au bord de la faillite, sont également abordées, avec toujours autant de perspicacité. le cynisme des logiques néolibérales est magistralement mis en lumière, par ses protagonistes même. En 1998, par exemple, le gouvernement Jospin autorise le rachat de leurs actions par les entreprises, confondant les intérêts de celle-ci avec ceux de ses actionnaires. Pour obtenir une rentabilité financière à tout prix, il est nécessaire d'économiser sur les coûts, en détruisant l'emploi là où il est le plus cher et en délocalisant. La répression est désormais la seule réponse apportée aux révoltes populaires engendrées par la violences économiques. Plusieurs interviewés pointent la menace d'une convergence des néolibéraux avec l'extrême droite. Bien d'autres faits, dont l'accumulation fait sens, mériteraient d'être ici rapportés et démontrent combien la violence économique est bel est bien un choix politique. Aussi ne pouvons nous qu'inviter fortement à la lecture de cette somme extrêmement documentée et dans laquelle on sera incité à se replonger régulièrement.

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