Des kilomètres de banquise
se détachent sur ma langue
sans âge je cours avec et contre toi
nos enfances superposées à l’infini
ce n’est pas un baiser ce sont deux corps
aussi bien dire l’Occupation ou la préhistoire
ou plus loin avant feu ou eau
c’est la forêt qui va me recracher
tu disais que le deuil est un piano défait
et qu’un jour pur on s’enfoncerait
dans la tourbe bleue le soleil cru
on fermerait les yeux
à la première volée de carouges
la suite en fugues claires
tu respires mal mes mains
le livre toute la rue tombe
la terre les herbes de juin