Mur Méditerranée

Destins croisés de trois femmes, des migrantes, réunies par le hasard à bord d'un chalutier, unies par le désir d'une vie meilleure en Europe. Tout le reste est dissemblable : pays d'origine, religion, classe sociale, raison du départ. Nous attachons nos pas à ceux de Chochana, nigériane d'origine modeste, juive, qui se rêve avocate et fuit un pays devenu trop aride pour qu'on puisse en cultiver la terre ; Semhar, érythréenne, catholique, qui a déserté l'armée dans laquelle elle a été enrôlée de force, et enfin Dima, syrienne aisée, musulmane, qui a fui Alep avec sa famille pour échapper aux bombardements. Au fil de chapitres alternant les points de vue de ces trois femmes, Louis-Philippe dAlembert en brosse un magnifique portrait, tout en nuances, en subtilité, rempli d'humanité. Ou comment il est trop simple de généraliser sous une seul terme, “migrants”, des êtres humains aux parcours si différents.
le roman s'inspire de ce que les journaux classeraient dans la rubrique “faits divers” (probablement après un reportage sur l'attente dans les files des parcs d'attraction), le naufrage d'un bateau en provenance de la Libye avec un peu plus de 800 réfugiés à son bord en route vers l'île de Lampedusa et secouru par un pétrolier danois en 2014. Louis-Philippe d'Alembert s'est bien documenté (il a lui-même séjourné un mois à Lampedusa), mais son roman va bien au-delà d'une simple radiographie de la situation actuelle. Grâce à un style et une construction admirablement maîtrisés, il transfigure ces femmes qui deviennent de véritables symboles, des conquérantes en quête de liberté et d'espoir. Et du courage, de la constance, il va leur en falloir des caisses.
le roman est dur, très dur parfois, et sans concession : ni du côté du réseau de passeurs, esclavagistes modernes sans scrupule, exploitant la misère et le malheur, ni du côté européen (la France notamment en prend pour son grade, pays bien plus doué pour expliquer aux autres ce qu'ils doivent faire que pour agir). le roman prend également le temps de nous dépeindre les relations entre les passagers du bateau : c'est pas le monde des bisounours en mode “serrons-nous les coudes, on n'est dans le même bateau (sans mauvais jeu de mots), non, ceux que nous regroupons si commodément sous l'appellation “migrants” et que nous considérons de manière indifférenciée, bein en fait ils sont différents, et parfois même ils peuvent pas se piffrer.
Construction hyper maîtrisée disais-je, où l'auteur retrace, à partir de la traversée, le parcours de chacune des femmes grâce à de subtiles analepses, ménageant une attente quant à leur devenir.
Enfin, mention spéciale au titre, formidable, associant horizontalité et verticalité. Ou comment un espace incarnant l'horizon et la liberté peut devenir une pierre d'achoppement.

Exil forcé de trois femmes à travers le continent africain jusqu'en Europe, Mur Méditerranée raconte le calvaire de Chochana, Semhar et Dima pour survivre et construire une nouvelle vie.

Nigéria, Erythrée, Syrie… Ils se retrouvent par milliers chaque jour jetés sur les routes, forcés de quitter leur terre natale et leur famille pour se chercher un avenir meilleur ailleurs. Mais, pour y parvenir, ils doivent faire face à la cruauté des passeurs qui les considèrent comme du bétail, à la dureté de conditions de voyage inhumaines et aux pertes autour d'eux. Louis-Philippe Dalembert nous transporte aux côtés de ces trois femmes qui risquent tout et nous raconte leur périple, du moment où elles prennent la décision de partir à celui où elles mettent le pied sur le chalutier qui doit les emmener en Europe.

Chochana vit au Nigéria avec toute sa famille. Les conditions de vie sont de plus en plus difficiles, et le changement climatique rend les phases de sécheresse et de famine de plus en plus fréquentes. La jeune femme n'a plus de perspectives et décide donc de quitter le pays avec son jeune frère, sa meilleure amie et deux connaissances. Semhar, elle, veut devenir institutrice pour aider les jeunes Erythréennes à s'éduquer. Mais la dictature militaire qui sévit dans son pays en décide autrement et l'envoie faire son service militaire pour une durée indéterminée. Elle rencontre là-bas une jeune fille qui a prévu de s'enfuir avec son fiancé et se joint à leur projet. Et enfin, Dima et sa petite famille ont quitté Alep sous les bombes pour se réfugier à Damas où ses deux filles peuvent continuer à aller à l'école. Mais quand la guerre civile rattrape aussi la capitale syrienne, Dima et son mari doivent prendre la décision de quitter leur terre natale. Chochana, Semhar et Dima embarquent toutes trois pour un voyage dans lequel elles mettent toutes leurs économies sans être sûres d'arriver à destination.
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Un livre magistral

Il y a des critiques plus difficiles à écrire que d'autres ; comment trouver les mots justes pour dire que l'on a tant apprécié un livre inspiré d'événements véridiques et dramatiques.

J'ai été terriblement émue par le destin de ces migrants qui tentent par centaines de rejoindre l'Europe dans l'espoir d'une vie meilleure.

Trois femmes, trois pays, trois religions … une même rage de vivre

Servi par une écriture fluide, avec infiniment d'humanité et juste ce qu'il faut de poésie pour rendre le récit supportable, Louis-Philippe Dalembert brosse le portait de trois femmes qui vont se retrouver à bord d'un chalutier, ultime étape au départ de la Lybie d'un épouvantable périple acheté à prix d'or.

Chochana est une jeune nigériane de confession judaïque. Son père caressait pour elle des rêves d'avocate mais le bouleversement climatique ruinera ces projets. Semhar, Érythréenne chrétienne orthodoxe qui s'imaginait institutrice a fui la dictature et le service militaire. Dima, musulmane accompagnée de son mari et de leurs filles, famille d'une classe sociale beaucoup plus aisée, quitte Alep prise entre les feux d'une armée aux ordres d'un dirigeant despotique et des combattants du djihad. Trois pays, trois religions, trois raisons de fuir mais le même chemin de croix.

Le récit, inspiré d'un fait réel précis dont je ne vous dirai rien est une façon habile d'aborder le sujet de la migration sous un angle autre que mathématique et statistique (d'ailleurs on ne sait pas précisément combien ils sont à partir et à arriver tant les étapes sont nombreuses). Ces trois femmes ne sont pas que des exemples parmi des centaines à qui l'auteur rend leur dignité, ce sont aussi et surtout trois femmes fortes et solidaires dont l'auteur brosse un portrait magnifique.

On ne pourra plus dire que l'on ne savait pas

Un livre d'utilité publique (après l'avoir lu on ne pourra plus dire qu'on ne savait pas) car même si on n'a tous une plus ou moins vague idée de ce que peut être le parcours de ces hommes et femmes prêts à tout, même à vivre un véritable calvaire, pour tenter de traverser ce « Mur Méditerranée » , nous sommes bien loin du compte.

Un livre magistral preuve que tragédie et plume lumineuse peuvent se conjuguer au même temps.
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Lois-Philippe Dalembert, dans son roman Mur Méditerranée nous montre la volonté, la détermination des êtres humains condamnés à l exil. Nous suivons les traces de trois femmes, héroïnes malgré elles , issu de classes et d'ethnies différentes. Toutes les trois portent une énergie et une volonté à toutes épreuves, afin de quitter leurs pays, en guerre, dans une situation plus ou moins anarchique, et même pour fuir la misère. le voyage sera long, point de départ, les côtes libyennes, arrivée promise, l'île de Lampedusa, au large de la Sicile, la porte pour l' Europe. de plus, cela coute très cher et les prix évoluent en fonction des étapes et des divers passeurs IL y a surenchère.
Semhar, Erythréenne, et son amie Chochana, Nigériane, ont longtemps croupies dans des camps de regroupement, tels celui de Sabratha, situé sur la côte de la Libye.Elles sont recluses dans des entrepôts désaffectés. Elles subissent ainsi que tous les autres réfugiés des sévices, manque de nourriture, conditions sanitaires déplorables...En attendant le jour de leur grand départ, elles sont exploitées : certaines sont des esclaves sexuelles , soumises à la satisfaction des passeurs, d'autres sont envoyées chez les bourgeois de la ville et une autre catégorie doit effectuer la plonge dans les restaurants.
Et Dima, Libanaise, accompagnée de son époux et des ses deux filles, fuit son pays en guerre. elle aussi est candidate pour trouver un monde meilleur;
Ces trois femmes se retrouvent sur sur le même rafiot pour effectuer la traversée de la Méditerranée, traversée de six heures pour rejoindre Lampedusa, Eldorado pour tous ces migrants. Ce voyage sera beaucoup plus long que prévu. Il y aura même des mutineries à bord, des assassinats, des querelles entre les passagers. Même les éléments naturels se déchaîneront. le bateau subira des avaries très importantes, dues surtout à son mauvais état.
Louis-Philippe Dalembert nous décrit de façon très précise les affres supportés par les êtres humains en partance pour l'Europe. Ce long périple connaîtra la perte d'hommes, au cours d'une rixe, , passage involontaire par-dessus bord, du à violence de la mer et à l'état du rafiot, qui fuit de toutes parts.
Semhar, n'hésitera pas à se jeter à la mer pour sauver de la noyade une fille de Dima. C'est un très bel acte de courage, de générosité.
Ce récit s'inscrit dans la veine de Girl de Edna'O Brien , relatant le récit poignant d'une jeune fille aux mains de Boko Haram. Nos pouvons aussi le rapprocher de l'Odyssée d'Haram, un jeune syrien, qui a du fuir son pays en guerre et mis en scène par Fabien Toulmé. Je me permets de conseiller vivement ces lectures.
Lien : https://lucette.dutour@orang..

Cycle Les 15 pour le Goncourt
« Mur Méditerranée », Louis-Philippe Dalembert, RL2019, Sabine Wespieser

Chochana, juive, Nigériane, n'a aucun espoir de vie dans un pays touché de plein fouet par le réchauffement climatique.
Semhar, chrétienne, Érythréenne, est bien partie pour passer plusieurs années dans le service militaire obligatoire de cette dictature politique.
Dima, musulmane, Syrienne, doit protéger sa famille dans cette ville d'Alep bombardée jour et nuit.
Ces trois femmes courageuses vont choisir l'exil, dans les conditions les plus atroces et les plus monstrueuses que l'homme peut faire subir aux femmes. Seule Dima, fortunée, parviendra jusqu'à Tripoli dans des conditions tolérables.
Mais le voyage en Méditerranée, tombeaux liquide de tant d'humains, où certains parlent d'y construire un mur pour stopper le flux, sera le même pour ces trois femmes : un cauchemar, une tuerie.

Louis-Philippe Dalembert raconte la tragédie d'un massacre bien réel, en imaginant les zones d'ombre de ce naufrage en mer en 2014.
Les protagonistes ont réellement la parole et de manière admirable.
Le style est parfois bancal, avec une alternance de langage soutenu et de langage familier, des longueurs et des répétions. Des manques de détails quant aux démarches que Dima fait en Syrie pour demander l'asile politique en Europe…

Vote : abstention. Mais tout de même, ce roman m'a plu, captivé et je recommande sa lecture, tant il est instructif sur le parcours de ces exilés, le pourquoi de leur fuite, la monstruosité des passeurs et l'importance de l'ouverture de nos frontières.

Un récit nécessaire et terriblement humain sur ces voyages périlleux où des hommes et des femmes tentent le tout pour le tout pour fuir leur pays et rejoindre leur eldorado, l'Europe.

Ces dernières années les écrivains se sont emparés de cette tragédie du 21ème siècle pour informer, dénoncer, sensibiliser, tout simplement écrire sur l'insoutenable.
Des écrits éclairants, Pascal Manoukian, Delphine Coulin et plus récemment Marie Darrieussecq dont la Mer à l'envers m'a séduite.

Louis Philippe DALEMBERT a choisi de narrer l'odyssée de trois femmes depuis leur pays d'origine jusqu'à leur arrivée à Lampedusa : Chochana la Juive Nigériane, Semhar l'Erytréenne et Dima la Syrienne.

Chaque parcours explore les raisons personnelles de chacune, la situation géopolitique du pays d'origine. le texte est fort, remarquablement bien écrit, rigoureusement documenté (sans nuire au récit), les trois femmes sont admirables, à la fois fortes et vulnérables.

De plus, l'auteur éclaire sur les rivalités entre les passagers liées à leurs origines raciales, leurs convictions religieuses, leur milieu social d'origine ; il dissèque les rivalités, source parfois de violence, qui influe sur les comportements et les évènements.

Pour ce récit magistral, Louis Philippe DALEMBERT s'est inspiré d'une tragédie survenue à l'été 2014 lorsque le pétrolier danois Torm Lotte a recueilli des naufragés en mer méditerranée.

Nous le savons tous, la méditerranée est devenue un véritable cimetière, l'actualité en témoigne jour après jour. Notre impuissance est désespérante et nous interpelle face à cette catastrophe humanitaire d'une ampleur qui nous dépasse.

Un livre fort et nécessaire.

Lu dans le cadre du Prix Landerneau 2019.

J'ai eu la chance de lire "Mur Méditerranée" car il fait partie de la sélection du Prix Landerneau 2019. le roman narre le parcours de trois femmes fuyant leur pays sur le continent africain à cause de la guerre ou la misère.
Le style est incisif, le vocabulaire cru comme pour mieux rendre compte de la violence parfois gratuite. L'auteur s'est documenté sur le sort des migrants et cela se sent. J'ai ressenti une immense empathie pour ces femmes courageuses.
Je suis sortie de cette lecture secouée et dégoûtée par la filière des passeurs. Un roman tristement d'actualité.

En 2014, un événement tragique prit brièvement une place dans le ballet de l'actualité : le sauvetage d'un bateau de migrants pour un pétrolier danois et la découverte à son bord de dizaines et dizaines de personnes mortes dans des conditions atroces d'épuisement ou du fait de la violence des passeurs.

Pour lui rendre, toute sa dimension de tragédie humaine, l'auteur nous raconte la vie de trois femmes présentes sur la bateau. Chochana, la nigériane, fuit une terre rendue stérile par la sécheresse et la perte de son rêve d'être avocate. Semhar, érythréenne, fuit la dictature et le service militaire interminable et Dima, syrienne, fuit la guerre avec son mari et ses filles.





Nous suivons au travers de flash back, leur vie d'avant et les raisons qui les ont poussé à partir puis les différentes étapes du voyage interminables. Ce voyage, sous le pouvoir de vie et de mort des passeurs, est une longue série de perte, de renoncement et de souffrance. Semhar et Chochana perdent au fil du temps leurs compagnons de voyage, frère ou amis dont elles sont séparées ou qui disparaissent. Elles perdent leurs illusions et leur dignité et doivent apprendre à se soumettre au bon vouloir des passeurs pour espérer survivre. Viols, humiliations et travaux forcés sont le lot quotidien. le prix du passage augmente à chaque étape. Dima, riche syrienne un peu hautaine, choyée jusque là par la vie, voyage dans des conditions meilleures au départ.

Les différences de classe se marquent sur le bateau entre les pauvres " calais" qui voyagent à fond de cale, entassés comme les esclaves des bateaux négriers et les passagers de surface, comme Dima qui, au moins, n'étouffent pas. Les tensions et le mépris règnent entre les deux groupes, ceux d'en haut et ceux d'en bas. Ceux d'en haut ont peur que ceux d'en bas sortent de la cale où ils étouffent, les violentent ou fassent chavirer le bateau. Ceux d'en bas pensent que ceux d'en-haut sont bien mieux lotis. Quand la tempête se lève, la terreur qui gagne tout le monde va conduire au pire. Les passeurs pour maintenir la paix font usage de la plus grande violence , parfois soutenus par les passagers d'en haut.
Nos trois protagonistes vont survivre et arriver à Lampedusa : et après que devront-elles encore affronter?
Le récit est poignant même si l'auteur sait garder la place à l'humour et à la volonté de vie

Je me suis dis, allez, encore un roman qui surfe sur la vague sensible des migrants. Et puis j'ai plongé et si je n'ai pas été enthousiasmée, ces portraits de femmes bien vivantes, actuelles, ne peuvent qu'aider à changer les regards portés sur ces populations déplacées. Donc, très utile. Nous sommes donc avec 3 femmes, nigérienne, érythréenne et syrienne, 3 religions différentes mais la même résistance, car il leur en faudra pour atteindre l'Europe convoitée. Beaucoup de violence gratuite et toujours cette question, mais pourquoi ces passeurs sont ils des monstres ? parce ce que le terme d'être humain ne leur revient pas. Ils vendent les migrants, en font des esclaves pour en rejeter qq uns à bon port mais, là encore peu souvent, car ici, c'est un pétrolier danois qui va les sauver. Histoire inspirée de faits tristement vrais. Et personnellement, je me suis vraiment demandée s'il ne valait mieux pas rester dans leur pays (et d'ailleurs Dima la syrienne (entre autre) y pense en se disant que même sous les bombes, elle était au moins libre). Alors, l'espoir d'un eldorado, oui, mais on sait maintenant le prix exorbitant que le corps et l'âme doive payer, et pourtant elles partent ? J'avoue en être surprise. Car, dans ce livre, leur vie était loin d'être l'enfer (même si c'était très dur) qu'elles vont vivre pendant quelques mois.
Donc un bon livre pour les problèmes soulevés (notamment bien sûr notre regard européen sur les migrants et les préjugés qui vont avec, les moyens d'accueil etc...).

Le choix de suivre 3 femmes d'origines différentes apporte un intérêt supplémentaire au roman en mettant en mettant en évidence qu'il n'y a pas un seul profil de migrant : raison du départ, âge, moyens financiers impactant les conditions de voyage, etc.
Le récit est un peu répétitif mais ne manque pas d'intérêt grâce à la description sans concession des conditions de voyage. Je recommande sur le même sujet l'excellente BD "L'odyssée d'Hakim".