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3,9

sur 2122 notes
La question du contrôle technologique est au coeur du roman d'Alain Damasio. Cette société imaginaire dans laquelle les rues et parcs sont privatisés et les individus surveillés en permanence ne semble pas si loin de la nôtre : jusqu'où sommes-nous prêts à aller dans la cession de nos données au profit d'un sentiment de sécurité et de personnalisation? Quelle est la place de la solidarité, de l'égalité et simplement du droit à être tranquille dans le futur?

Grâce à la quête des furtifs, Alain Damasio tient son lecteur en haleine malgré des longueurs certaines (la découverte du langage des furtifs m'a semblé interminable !) et une fin "anti-système" étirée en longueur . Mais LE truc qui rend ce roman fantastique, ce sont tous ces caractères insérés au coeur du texte! Chaque personnage est associé à des signes (parenthèses, points médians, accents, etc.) et à un rythme de langage particuliers permettant de les identifier... à la manière des furtifs, qui s'expriment aussi par des glyphes tracés sur les murs et des sons uniques. Alain Damasio inscrit donc son imaginaire au coeur même du support de lecture. Une astuce fantastique et immersive qui rend l'expérience de lecture exceptionnelle!
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N'ayant pas lu La Horde du Contrevent, je ne peux comparer les romans, mais la lecture des Furtifs a été un grand moment. C'est un texte qui est à la fois très dense et très inventif, sans pour autant que cela se dilue dans des longueurs. Des codes typographiques très élaborés transmettent des charges émotionnelles inattendues au lecteur, en plus de donner des repères de narration. C'est malin, ludique et remarquablement maîtrisé. Au delà de cette forme exubérante, il y a aussi un fonds, passionnant, une belle histoire d'amour dans une légère anticipation : 20 ans dans le futur, c'est loin et c'est proche. Suffisamment pour qu'on se dise, oui, notre monde peut évoluer comme cela. Ce côté réaliste contrebalance les pures inventions et dans ce tourbillon de mots, on se prend à se demander... et si c'était vrai ?
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Alain Damasio explore notre dépendance à la technologie et notre déconnexion avec la nature. Il imagine une société où le statut électronique des individus leur ouvre ou leur ferme l'accès aux droits les plus primordiaux de l'existence. Jusqu'au jour de la révélation des furtifs, petits êtres qui vivent à nos côtés mais que l'on ne peut voir sous peine de les tuer. Un plaidoyer politique pour que l'humanité reprenne le contrôle de son existence, refuse les diktats de la technologie et se reconnecte à son environnement. Brillant.
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Difficile de critiquer à froid, même à très froid, mais bon..


Alors, j'ai plutôt bien aimé.

Certes, je vais étayer.

Ce que j'ai aimé:
-la typographie aide à situer les personnages, c'est très pratique, et graphiquement joli
-Les personnages sont plutôt humains, et pour la plupart, pas trop clichés. Ils le reflètent par leurs actions parfois incompréhensibles, qui les font paraître plus qu'humain.
- La critique, quoique au début implicite, puis totalement explicite, de la société est plutôt pertinente.

Ce que je n'ai pas aimé:
-Les noms sont compliqués, j'ai déjà tendance à confondre les personnages, mais là, c'est le pompon!!

C'est à peu près tout, j'ai sûrement oublié des choses en chemin. J'ai plutôt bien aimé, mais je pense être passé à côté.
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C'est mon premier Damasio. Dans cette dystopie qui présente un futur récent, l'auteur nous présente notre monde régie par un libéralisme sur lequel les populations ont perdu tout contrôle. Les corporations rachètent les villes, voir les états et il faut être un civile premium pour avoir accès à certaines rues, certains services, certains droits. le décor est planté et il est assez ressemblant avec celui que nous vivons au présent. de ce fait, le monde de Damasio est extrêmement crédible, presque palpable. On est révolté par certains aspects de ce monde et pourtant nous le supportons déjà un peu aujourd'hui. Ce livre est un peu une réponse à tous ceux qui disent "moi ça ne me dérange pas, je n'ai rien à me reprocher".

Dans ce décor, nous allons suivre Lorca, le protagoniste principal à la recherche de sa fille disparu. Il est chasseur de Furtifs, des être qui vivent à la lisière de notre vision, toujours en mouvement. Les chasseurs les repèrent à l'aide d'instruments électroniques, mais principalement aussi grâce au "frisson", un son que peu entendent propre à chacun d'eux. Lorsqu'on arrive enfin à en voir un il se fige et devient une statue pour qu'on ne puisse pas l'étudier. Ultime système de défense pour préserver l'espèce.
On le comprend très vite, le Furtif est la virgule flottante de ce système policé, le maillon disruptif qui va aider les renégats à s'émanciper de cette société.

En terme d'écriture Damasio nous livre son récit à travers tous les personnages, on passe des uns aux autres sans transition, une action commence par les yeux du personnage principal pour s'achever à travers le regard d'un autre personnage et continuer ainsi de suite. Chaque personnage est signifié par des caractères spéciaux. Par exemple lorsqu'on est avec Lorca ça commence par deux points centraux, lorsqu'on passe à sa partenaire de chasse Saskia les trois premiers mots sont entrecoupés de parenthèses fermées etc. Chaque personnage à son signe distinctif, mais aussi sa manière de penser. Toni va penser avec des mots d'argot, des termes cybers ou en inventant des mots. Les furtifs qui parlent le font aussi en inventant des mots, en mélangeant des syllabes de deux mots etc. Toutes cette richesse linguistique réinventée confère une certaine poésie au récit.
Les Furtifs c'est une ode à la liberté et une mise en garde sur l'avenir que nous nous préparons. Ce livre est à la fin un récit passionnant de divertissement et un cas d'étude présentant un futur possible et les clés pour s'en affranchir.
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Les Furtifs de Damasio est une expérience de lecture (et pas seulement) singulière, inédite, totale. C'est fabuleux. Ce roman de science-fiction est difficile à résumer, car ce sera forcément réducteur. C'est l'histoire d'un père à la recherche de sa fille disparue, qu'il croit avoir été enlevée par les furtifs, des êtres mystérieux extrêmement vifs, qu'on ne peut voir sans les détruire. C'est une réflexion sur notre société de l'hyper contrôle, de la marchandisation omniprésente, mais aussi sur la liberté, l'amour, la paternité. Damasio est un écrivain extraordinaire, qui joue avec les mots, la ponctuation, la langue dans son ensemble comme personne.
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Je pensais m'être pris des claques en matière de romans mais c'est que j'avais jamais lu Alain Damasio. La science-fiction, j'y vais à tâtons, j'essaye, je m'inquiète. Ce n'est pas rien comme genre, ça fait peur car les écrits peuvent vite faire écho à notre quotidien. C'est là le propre à la science-fiction, non ?

Alain Damasio a cette écriture particulière où les points de vue se mélangent et s'articulent à l'aide de signes mnémotechniques. On sent que ce roman a été pensé et bichonné pendant quinze ans avec cette plume si aboutie, changeante selon les personnages témoins de l'histoire ! Alain Damasio est une personne engagée dans sa vie quotidienne, et ça se sent. Les Furtifs n'a pas ce relent de romans fades où les idées présentées sont prémâchées par la littérature antérieure. Ce n'est pas tout neuf, ce que Damasio véhicule, mais sa voix est bien plus harmonieuse que les autres que j'ai pu lire, elle fait écho au vécu. Je pense notamment aux prises de bâtiments et ilots, chapitres magnifiques, qui sont le pendant futuriste des ZAD actuelles.

La diversité des personnages que nous propose Alain Damasio est également très satisfaisante. Si, de primes abord, il y a un certaine sexualisation des protagonistes féminins qui m'a dérangé, cela disparaît vite entre les lignes. Nous avons des personnages tout sauf binaires, entièrement gris. C'est très jouissif à lire, à décortiquer leurs point-de-vue en craignant le pire. Notre auteur les a fait filé dans l'histoire avec une main de maitre.

Lire Alain Damasio avec les Furtifs, c'est comme avoir une sorte de manuel informel à la révolution. Ca grise, ça donne envie de sortir dans les rues pour faire entre nos voix. Je vais avoir la chance d'assister au concert Entrer dans la couleur, qui est un album illustratif de son romain. Écoutez donc quelques musiques, quelques minutes, et plongez dans son oeuvre colossale, perchée tout en ayant les pieds droit sur terre.
Lien : https://lamouchequilouche.wo..
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Oh je ne vais pas vous faire une critique de 3 km sur les furtifs. Pourquoi ? parce que je ne m'en sens absolument pas capable; trop foisonnant de thèmes abordés, de langages utilisés, je pourrai en parler pendant des heures entières. Je lis beaucoup mais là, j'ai tripé comme jamais ! Lire Les furtifs a été pour moi une véritable expérience littéraire. le travail de l'auteur (et du linguiste) est juste absolument formidable, extraordinaire, tant sur le fond que sur la forme, c'est du grand art. Impossible pour moi de lâcher ce pavé et depuis que je l'ai terminé ses personnages me hantent. Je n'ai qu'une envie, en reprendre une dose ! et encore, et encore.
Merci !!!!!
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J'ai pris une méga claque à la lecture de ce roman : non seulement l'idée de base est excellente, mais l'univers est extrêmement fouillé, les personnages très bien incarnés, et l'intrigue ultra prenante.
Bref, c'est clairement un ouvrage complètement abouti, et particulièrement génial, dont la lecture est tout de même assez exigeante - mais quel plaisir !
Le futur proche dépeint par Damasio est noir - mais réaliste, et nous plonge dans une société qui pousse la connectivité à son paroxysme. On sent, dans le propos, un petit côté anarchiste et anti-capitaliste, c'est assez drôle. Je ne parle même pas d'une certaine aversion à l'encontre d'un opérateur très connu de téléphonie (l'auteur a-t-il eu une mauvaise expérience avec le SAV ? On pourrait se le demander). le point de vue de l'auteur est donc assez clair - mais pour ma part, ça ne m'a pas dérangé.
L'intrigue, outre les furtifs, ces créatures fascinantes qui donnent son titre au roman, tourne autour de la parentalité. C'est inattendu mais pas désagréable, quoique parfois un peu gnagnan. Toutefois, on sent la sincérité derrière tout ça. Il y a aussi un petit côté prévisible, mais que l'on pardonnera aisément à l'auteur.
J'ai aimé que pendant un bon gros bout du roman, on ne parvienne pas à savoir si notre narrateur est fou, si les furtifs ne sont que pure invention, ou s'ils existent. Cette ambiguïté était particulièrement délicieuse.
Il y a également un rapport au son et à la musique qui est une véritable leçon. Plusieurs fois Damasio m'a perdu, tant je n'ai pas les compétences musicales pour comprendre cette sensibilité. Mais qu'importe, ça n'empêche pas la compréhension de l'ensemble, et ça contribue à étoffer ce récit d'une richesse inouïe.
Les personnages sont également tous attachants (bon, il y en a un qui est moins attachant que d'autres, cela dit), ils ont une personnalité propre, leur style, leur vocabulaire. La ponctuation, qui permet de les repérer, donne une dimension supplémentaire au récit.
Bref, j'ai été soufflé par ce roman, qui m'a donné l'impression d'être le roman le plus abouti que j'ai pu lire depuis longtemps. Les quelques longueurs n'entament pas le plaisir de la lecture, et Damasio prouve avec ce roman que c'est un auteur de génie.
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Alain Damasio est un auteur de science-fiction que j'estime énormément. Je l'avais découvert il y a plusieurs années en lisant ce qui est sans doute son roman le plus connu, La Horde du Contrevent, une épopée mémorable. J'avais ensuite lu son premier roman, La Zone du Dehors, un roman très politique sur le pouvoir et les sociétés de contrôle.

Ce que j'apprécie dans l'oeuvre d'Alain Damasio, c'est sa capacité à mêler des univers crédibles, des futurs possibles, une critique acérée de nos sociétés de consommation, de spectacle et de contrôle, et un grand talent littéraire à la fois esthétique et créatif.

Les Furtifs n'est finalement que son troisième roman, après La Zone du Dehors en 1999 et La Horde du Contrevent en 2004. Entre temps, Alain Damasio est publié un certain nombre de nouvelles et de contributions sur ses thèmes de prédilection.

Je peux donc dire que j'attendais ce nouveau roman avec impatience, d'autant que les premiers éléments dévoilés par l'auteur et son éditeur au fil des années et des mois précédant la sortie me laissaient espérer quelque chose de bon, voire de grand. Ce pressentiment n'a pas été démenti par le résumé du roman :

" Ils sont là parmi nous, jamais où tu regardes, à circuler dans les angles morts de la vision humaine. On les appelle les furtifs. Des fantômes ? Plutôt l'exact inverse : des êtres de chair et de sons, à la vitalité hors norme, qui métabolisent dans leur trajet aussi bien pierre, déchet, animal ou plante pour alimenter leurs métamorphoses incessantes.

Lorca Varèse, sociologue pour communes autogérées, et sa femme Sahar, proferrante dans la rue pour les enfants que l'éducation nationale, en faillite, a abandonnés, ont vu leur couple brisé par la disparition de leur fille unique de quatre ans, Tishka – volatilisée un matin, inexplicablement. Sahar ne parvient pas à faire son deuil alors que Lorca, convaincu que sa fille est partie avec les furtifs, intègre une unité clandestine de l'armée chargée de chasser ces animaux extraordinaires. Là, il va découvrir que ceux-ci naissent d'une mélodie fondamentale, le frisson, et ne peuvent être vus sans être aussitôt pétrifiés. Peu à peu il apprendra à apprivoiser leur puissance de vie et, ainsi, à la faire sienne.

Les Furtifs vous plonge dans un futur proche et fluide où le technococon a affiné ses prises sur nos existences. Une bague interface nos rapports au monde en offrant à chaque individu son alter ego numérique, sous forme d'IA personnalisée, où viennent se concentrer nos besoins vampirisés d'écoute et d'échanges. Partout où cela s'avérait rentable, les villes ont été rachetées par des multinationales pour être gérées en zones standard, premium et privilège selon le forfait citoyen dont vous vous acquittez. La bague au doigt, vous êtes tout à fait libres et parfaitement tracés, soumis au régime d'auto-aliénation consentant propre au raffinement du capitalisme cognitif. "

Dès les premières pages, j'ai retrouvé avec plaisir les traits saillants de l'écriture d'Alain Damasio : des personnages attachants et construits avec finesse, un récit prenant et puissant, et un style à la fois inventif et captivant.

Ainsi, on retrouve la technique déjà utilisée par l'auteur dans La Horde du Contrevent pour distinguer ses narrateurs, avec la typographie propre à chaque personnage au début d'un nouveau paragraphe pour marquer le changement de narrateur.

Dans ce roman, Alain Damasio va surtout beaucoup plus loin que dans ses deux précédents romans dans son jeu avec le langage. Entre le vocabulaire inventé mais intuitif et les multiples jeux de mots et acronymes, l'auteur nous immerge dans un futur proche plus que crédible.

Je vais avoir du mal à parler clairement de ce livre sans en dévoiler l'intrigue, je vais donc tenter de me concentrer sur l'essentiel, ou en tout cas sur ce que j'en ai retenu, ce qui m'a marqué au cours de ma lecture.

A travers son récit et ses personnages, Les Furtifs aborde de multiples sujets, certains habituels chez Alain Damasio, d'autre qui m'ont semblé nouveaux dans ses écrits.

Avec les Furtifs, ces créatures furtives qui doivent échapper au regard humain sous peine d'être tués par pétrification, l'auteur nous parle d'évolution, d'écologie, de la place de l'humanité dans son environnement. Il nous parle également de langage, de son, de musique, d'expression corporelle, et plus généralement de ce qui fait à la fois la vitalité individuelle et la vie collective, sans que l'une puisse être distincte de l'autre.

Alain Damasio nous parle enfin, comme souvent dans son oeuvre, de politique, de société de contrôle, du pouvoir excessif des multinationales, du droit à la propriété vs. le droit de vivre, d'engagement militant, et d'alternatives au modèle dominant.

C'est sur ce dernier volet que j'ai trouvé le livre particulièrement réussi et, à vrai dire, touchant. J'ai ressenti certains passages du roman comme un véritable hommage d'Alain Damasio pour celles et ceux qui luttent au quotidien contre un monde qui ne les convient pas et qui cherchent des solutions, avec leurs moyens, leurs limites, leurs préoccupations, leurs approches, leurs méthodes, etc. En ce sens, ce roman compose une ode à l'engagement militant, quel qu'il soit, et en tant que tel est porteur d'espoir.

Il n'est jamais facile pour moi de parler après coup d'un livre qui m'a autant plu, voire bouleversé. Il y a l'écueil de tomber dans l'excès d'enthousiasme, qui mène au soupçon de subjectivité et d'idolâtrie envers l'auteur. Il y a aussi la crainte de ne pas pouvoir exprimer clairement, rationnellement, ce qui m'a plu dans ce livre et qui pourrait, je l'espère, plaire à d'autres.

Sachez simplement que j'ai adoré ce livre, qui devient d'un coup mon roman préféré d'Alain Damasio, tant il fait la synthèse presque parfaite entre la critique socio-politique acérée de la Zone du Dehors et l'épopée poétique de la Horde du Contrevent. Et déjà, cette impatience qui renait tout doucement au fond de moi : que pourra-t-il nous proposer de mieux encore la prochaine fois ?
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