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3,9

sur 2120 notes
Difficile de comprendre les critiques élogieuses sinon par le prisme de l'aura de Damasio, acquise au fil d'ouvrages remarquables (comme la Zone du Dehors naturellement).
Mais là je dois dire que mon admiration est tombée. J'avais déjà eu quelques doute avec la Horde, mais là je reste perplexe tant il m'a été difficile de lire ou plutôt de tout lire. Des passages de dialogues ou de monologues indigestes - trop de mots! - une histoire qui s'étire sur 600 pages alors qu'avec une telle intrigue 200 à 300 auraient largement suffit. Il ne se passe strictement rien pendant les 50 premières pages sinon l'apprentissage de la capture d'un furtif. Et puis on comprend que Damasio a dû devenir papa ou un truc du genre, qu'il a voulu pondre le roman de la maturité.
Il en ressort un monde sans grande imagination, un univers plat, une ambiance de ZAD, un vague parfum de rébellion mais sans le souffle épique. Et une histoire longue, mais longue!
Damasio, reviens!
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Etonnant roman, du début à la fin... je l'ai lu très rapidement alors que c'est un pavé qui pèse son poids. J'ai été complètement happée par cette histoire et j'ai beaucoup aimé le travail (et le jeu) autour des mots, du langage. Je peux comprendre ceux qui le trouve trop lent mais vraiment ce n'est pas ce que j'ai ressenti, pour moi, c'était un beau voyage.
Merci
PS : Et il faut absolument que je lise La Horde du Contrevent à présent !
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Ce roman m' a épuisé, m' a refilé une terrible migraine, m' a fait sentir mal mais m' a aussi remuée ,terrifiée, attristée.
J' ai plongé dedans une première fois il y a presque 18 mois quand mon fils aîné me l ' a offert et abandonné à la 107 ème page .
Trop compliqué, trop atypique,trop bizarre et puis il y a 3 jours il m ' a appelé et je ne l ' ai plus lâché. Au départ je voulais surtout le lire par amour pour mon fils mais la tâche me paraissait peu réjouissante et puis finalement je suis rentrée dans cette histoire si particulière et pourtant par beaucoup d ' aspects me touchent ,m ' interpellent ,me fait réfléchir.
La société décrite est terrifiante et pourtant elle fait écho sur beaucoup de points à ce que nous vivons déjà.
J ' ai été énormément émue par plusieurs passage surtout celui où Lorca exprime ce que signifie pour lui le mot papa.
C 'est magnifiquement bouleversant et si puissant tout en étant exactement ce que je ressens avec le mot maman.
Il y a également des phrases qui surgissent sur un modèle de société que je fais mien et qui fait battre mon coeur, un monde ouvert, empathique, solidaire .
Ce livre condamne notre modèle capitaliste et froid ou l ' humain n ' est pas la priorité, absolument pas la priorité.
Cette lecture a été difficile mais utile et je suis heureuse d ' avoir réussi à m ' accrocher .
Je sais déjà que je vais y repenser souvent et relire plusieurs passages que j ' ai écrit dans mon cahier et dans les premières et dernières pages blanches de ce roman.
Pour terminer par une note un peu rigolote, histoire d ' alléger tout cela ,j ' y ai trouvé une citation que j ' adore et qui le résume très bien:Ça craint du boudin .
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J'hésite entre 0* ou 5* alors j'ai mis une note entre les deux.
Il y a quand même un énorme potentiel. Dans l'imaginaire déployé, les idées, les symboles, la profondeur de certains personnages, et surtout dans la forme, dans cette volonté de renouveler la littérature, de jouer avec la langue et les mots. Pour tout ça, le roman mériterait la note maximale, parce que cette richesse et cette innovation font du bien dans le paysage littéraire.
Oui mais.
Oui mais Alain Damasio a des défauts qui me dérangent beaucoup.
Le premier, c'est celui de s'écouter parler. On dit aux auteurs qu'il faut d'abord écrire pour eux-mêmes, pour se faire plaisir, avant de penser à leurs lecteurs. Mais là, on est au niveau masturbation littéraire. Dès qu'il y a une bonne idée à développer, il en rajoute des couches et des couches. Soit avec des chapitres totalement inutiles dans l'intrigue mais qui servent uniquement à amener des délires oulipiens (wahoo, trente pages avec des aveugles qui écrivent des textes en n'utilisant qu'une partie de l'alphabet !). Soit avec des longs monologues politiques / philosophiques (un quart des pages du roman, à la grosse, en particulier la fin où s'entassent plein de bouts de dialogues décousus entre des personnages indéterminés à travers lesquels l'auteur essaie de caser toutes les idées qu'il n'a pas réussi à répéter plus de dix fois dans le reste du bouquin). Soit en répétant inlassablement les mêmes scènes pour rabâcher entre deux actions ses convictions politiques (le BrightLife, Porquerolles, Marseille, ...)
Ses convictions politiques, justement. Ca me gène beaucoup, parce que je les partage en partie. Mais là, c'est amené de façon lourdingue et incohérente. Et on retrouve exactement les mêmes ressorts (voire le même scénario, à quelques nuances près) que dans la zone du dehors. Car il semble que l'auteur fasse passer la politique avant l'imaginaire. Et ce n'est pas ce que je recherche dans la littérature de fiction. Pas de cette manière là, en tous cas. J'aime quand c'est suggéré, et équilibré entre les points de vue. Là, on a juste des gentils anarchistes contre le méchant système politique capitaliste établi. Les communautés qui veulent s'autogérer et vantent l'action pacifique, mais qui deux pages plus loin sont en train de tuer du flic et de la milice parce que c'est des méchants pions d'un méchant système. Bon, sur quelques pourcents du roman, ça aurait pu passer, à la limite. Mais là, non, pas pour moi.
Voilà, à mes yeux, Damasio a d'excellentes idées, mais il en fait trop quand il s'agit de les développer. Et toute la beauté et la poésie qui pourrait se dégager de l'oeuvre se retrouve étouffée sous les redondances, les répétitions, les inutilités et les hors sujets. Et toute la réflexion qui pourrait naître dans l'esprit du lecteur se retrouve éteinte par la voix de l'auteur qui lui martèle ce qu'il doit penser.
Bref, une grosse déception, dans le sens où j'avais de belles attentes qui ont été froidement douchées.
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France 2041

Lorca Varese fait partie d'une section spéciale dans l'armée, le Récif. Ce département est chargé de capturer un furtif, vivant ! Car un furtif, être invisible, caméléon se déplaçant à la vitesse du son, se suicide si on le regarde : il se fige en sculpture …
Les motivations de Lorca sont de retrouver Tishka, sa fille (et un peu de renouer avec son ex-femme). La petite fille a disparu de l'appartement familial il y a deux ans, elle avait alors 4 ans. Est-elle encore en vie ? Enlevée par un maniaque ? Un furtif ? Lorca est séparée de Sahar la mère de Tiskha, celle ci le prend pour un fou de croire aux furtifs et veut faire son « deuil » de la petite fille …

Entrer dans le monde d'Alain Damasio est toujours un choc : l'univers est riche en vocables inventés, bruits, odeurs, fulgurances…
Comme dans la « horde du contrevent », les personnages parlent tour à tour.
Il y a Lorca bien sûr et aussi Sahar. Parmi l'équipe du Recif, il y a Aguero, le chef d'équipe, Saskia, un peu amoureuse de Lorca, une ingénieure spécialisée dans le son, Asharin leur supérieur. J'ai aussi apprécié le ton de Toni tout fou, un jeune homme qui rejoint la bande un peu plus tard. Il faut un peu s'accrocher au début le temps de repérer qui est qui, le vocabulaire et le style de chaque personnage.

Passons à la partie politique de cette dystopie : Dans ce monde où les villes ont été et privatisées, tout le monde est bagué, épié surveillé (à côté Big brother c'est de la gnognote :-)). L'action principale se passe à Orange, ville qui a été rachetée par l'opérateur de télécommunications éponyme. Les individus ne peuvent circuler que dans certaines rues en fonction du « forfait » de leur bague, il n'y a plus d'éducation gratuite (à part les proferrants, sorte d'enseignants hors la loi qui font « classe » dans la rue et qui risquent la prison… (enfin les TIC Travaux d'Intérêt Commerciaux ). Quelques personnes résistent à ce conformisme et cette absence de liberté (tagueurs, zadistes…).

Le président de la République apparaît tardivement dans le roman et c'est le seul personnage que j'ai trouvé peut être un peu caricatural : un politique insensible qui veut éradiquer les furtifs afin de mieux asseoir son pouvoir… prêt à tout et même à tuer. D'ailleurs, Alain Damasio ne lui donne pas la parole mais décrit ses faits et gestes par l'intermédiaire des autres personnages… La découverte par les français de l'existence des furtifs mettra le feu aux poudres….

Pour ma part, ce livre restera le livre de « mon année 2019 » et détrône « La horde du contrevent » dans mon panthéon personnel : L'histoire (la quête) est encore plus captivante que celle de la Horde (la recherche de la petite fille disparue, cette nouvelle espèce vivante que sont les furtifs … ) et surtout les personnages sont beaucoup plus subtils que dans la Horde du contrevent ….Dans « la horde… », les personnages les plus réussis étaient tous des hommes et il faut bien dire que les quelques femmes présentes étaient un peu « cliché » et réduites à des faire- valoir…
Ici il y a deux personnages féminins magnifiques et sans concession Sahar (la proferrante qui finit par avoir un poids dans l'histoire aussi importante que Lorca) et Saskia spécialisée dans l'étude des sons furtifs…

Ils évoluent tous et c'est un plaisir de les voir changer de passer de la « traque » pure et dure à l' "apprivoisement" et la découverte d'une nouvelle espèce …

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J'ai été bouleversée par ma lecture de la Horde de Contrevent à ma première lecture, mais aussi à toutes mes relectures. J'étais donc émerveillée d'avance par ce nouveau roman d'Alain Damasio, mais j'ai finalement été tout à la fois agacée et renversée.
Des défauts voire des problèmes, oui. Une difficulté pour rentrer dans le récit d'abord, car le style " actions échevelées de façon cinématographique "ne me plaisait pas : l'auteur vaut mieux que des tirs de militaires façon super-héros américains. Mais je me doutais qu'il y aurait plus que ça. Autre problème, le gadget typographique. Dans la Horde, l'écriture et les signes sur la page avaient un sens, retranscrire le vent. Ici, je le qualifie de gadget, car cela ne sert pas directement l'intrigue, et on identifie vite les personnages. Et j'en viens à un autre problème : ces personnages ressemblent énormément à certains de la Horde. Sahar a la grâce physique et l'intelligence d'Oroshi, Agüero a en lui la hargne de Golgoth, Toni la fougue de Caracole moins sa poésie - et avec un langage "banlieue" parfois exaspérant, Ner ressemble à Erg à une lettre près, Arshavin a la noblesse de Pietro... Tous ressemblent donc trop à leurs aînés littéraires.
Enfin, autre problème pour moi, l'aspect politique. Les convictions personnelles de l'auteur prennent trop de place, puisqu'elles ne sont pas au coeur de l'intrigue. Certes, c'est de l'anticipation, mais les idées sur le contrôle omniprésent, la reconnaissance faciale, l'usage commercial de nos données, la marchandisation des relations humaines... ne sont pas si originales : Black Mirror et le gouvernement chinois sont passés par-là. Elles permettent d'établir le cadre, mais auraient pu rester un cadre. Cependant, les passages sur le politicien prêt à tout, à n'importe quelle manoeuvre électorale avec son storytelling, étaient plus convaincants. La fin est peut-être trop longue, trop optimiste et positive d'ailleurs, et aurait pu arriver plus tôt dans le récit.
Mais finalement, pourquoi ai-je trouvé ce roman si fort, et si bouleversant ? Pour l'écriture de Damasio, ses trouvailles, ses slogans qui claquent, ses scènes d'amour et de sexe qui sont à la fois poétiques et expressives, les chants de Saskia. Ses furtifs aussi et surtout, qui, s'ils ressemblent aux Chrones de la Horde, se révèlent si riches et mystérieux.
Et surtout, surtout, pour tous les passages sur les relations parentales, l'amour paternel et l'amour maternel. J'ai plusieurs fois eu les larmes aux yeux, j'ai pleuré aussi, reposant le livre pour souffler avant de pouvoir continuer. Quiconque a connu un deuil peut se reconnaître dans ses douleurs. Victor Hugo a élevé les Contemplations comme tombeau pour sa fille Léopoldine, Lorca et Sahar sont prêts à tout pour Tishka. C'est un roman d'amour, un cri d'amour polyphonique. Retrouvons l'enfant qui est en nous, pour être plus vif et plus heureux. Tiskha, son père et sa mère, m'accompagneront longtemps, et sont bien plus importants que les défauts du livre.
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Quinze ans après La horde du contrevent, Alain Damasio nous livre une dystopie glaçante de réalisme où le futur se fait bien trop proche. Un futur où les entreprises rachètent les villes et pénètrent à coup d'ultra-connectivité et sous couvert d'ultra-optimisation dans nos foyers, nos vies et nos têtes. Rien de totalement neuf sous le soleil ? Peut-être, mais quelle parfaite remise au gout de 2019. La critique est évidente, sans détours, parfaitement ancré dans l'actualité. Un futur parfaitement plausible. Et proprement terrifiant.

Lorca et Sahar ont vu leur couple brisé par la disparition de leur fille unique de quatre ans, Tishka – volatilisée un matin, inexplicablement. Sahar ne parvient pas à faire son deuil alors que Lorca, convaincu que sa fille est partie avec les furtifs, intègre une unité́ clandestine de l'armée chargée de les chasser et d'en découvrir les secrets. Là, il va découvrir que ceux-ci naissent d'une mélodie fondamentale, le frisson, et ne peuvent être vus sans être aussitôt pétrifiés. Qu'ils sont des êtres de chairs, de vitesse, vivant dans les espaces de liberté de nos angles morts.

Nous suivons particulièrement Lorca et sa quête est l'enjeu central de la narration : c'est celle d'un père qui refuse de renoncer et qui veut retrouver sa fille. Quoi qu'il en coûte, quoi qu'elle soit devenue. La paternité et la parentalité par le prisme croisé de Sahar sont au coeur du récit. C'est une histoire d'amour de bout en bout, de résilience, d'acceptation, d'ouverture. C'est en grande partie ce qui m'a touché. Les personnages sont vrais, humains, dans leur grandeur et leurs erreurs, ils sont authentiques. Les paragraphes alternent les points de vue, et on se fera rapidement au fait qu'ils sont signalés par des ponctuations, des points, des signes, différents selon les personnages, au point de ne plus avoir besoin du récapitulatif des noms/signes.

Sans aucun doute, la force du récit c'est le souffle qui le porte. le rythme, la musicalité dans un style irréprochable. On est embarqué dans chaque phrase, on glisse d'un mot sur l'autre, s'arrêtant parfois sur la poésie d'un segment, la force d'une conviction, la terreur d'un concept pointé du doigt, et on glisse d'une phrase à l'autre, d'une émotion à la suivante. La langue est ciselée, incroyablement, mais que pouvions nous attendre d'autre ? Elle réussit à porter la voix de chaque personnage, à le faire parler, à le faire sonner de manière radicalement différente, à former un récit polyphonique où le thème de chacun ne brise aucunement l'harmonie générale. Chacun porte sa voix, qui ses tics de langages, qui son franglais, qui son franc parler, sa langue natale qui ressort et se fond parfaitement dans la narration. Cela nous amène d'autant plus à s'attacher aux personnages, à leurs voix si reconnaissables. C'est une expérience de lecture multi-sensorielle, le récit fait clairement appel à tous les sens, et j'ai particulièrement hâte d'écouter la bande son (que je n'avais pas dans mes épreuves).

Si la forme est impeccable, les jeux de langages incroyables, la musicalité omniprésente, le fond n'est pas en reste loin de là, et c'est sans doute ce que j'applaudis le plus. Cet équilibre parfait entre forme – l'intrigue, la langue, les personnages, et le fond. La critique est évidente, mais n'est pas le seul point à relever. le confort de chacun, l'enfermement dans la réalité virtuelle, l'acceptation de l'exploitation des données, le Big Data everywhere, l'échec de l'éducation conventionnelle sont parfaitement traités, mais c'est surtout le « et pour ne pas en arriver là, on fait quoi ? » qui m'a enthousiasmé. Les ébauches de réponses, les pistes de réflexion pour bâtir un demain différent de cet ultra-libéralisme. Ces ZAD, ces ZAG, ces espaces urbains à reconquérir ensembles, ces cours en dehors des classes, des cadres, ces luttes sociales, humaines. le récit est clairement emprunt d'humanité et de valeurs. La crise migratoire est évoquée, le vivre-ensemble et ses richesses. C'est une vision clairement positive mais qui fait un bien fou. L'oeuvre est évidemment engagée et je me suis parfaitement retrouvée dans ces visions, dans cet alter mondialisme qui survit et qui essaime. Et je me retrouve dans ce retour à la nature, dans cette hybridation entre l'homme et le vivant, dans les thèmes centraux des furtifs. Un nouveau transhumanisme où le cyberpunk ploie devant la nature.

On pourra s'arrêter au côté science-fiction, apprécier le récit pour lui-même. Moi, je l'ai reçu aussi comme un appel à l'action. Et c'est comme ça que je veux le transmettre. Alors, lisez-le et devenez vous aussi, un peu des furtifs.
Lien : https://leschroniquesdekelle..
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Dans un monde imaginaire, pas si loin du nôtre puisque l'auteur se projette dans la France de 2040, les villes ont été vendues par l'état au plus offrant, c'est-à-dire des multinationales capables de prendre à leur charge logement, commerce et surtout police car il s'agit comme il se doit d'un monde très "polissé". Parmi elles, le groupe Orange (oui, le célèbre spécialiste des télécommunications) a fait main basse sur la ville du même nom dont il a fait sa vitrine. Les citoyens se répartissent en trois groupes, "standard", "premium" et "excellence" avec des accès limités ou illimités à des niveaux de réalité "augmentée" voire "ultime", selon leur revenu, grâce aux piercings, boucles d'oreilles, lentilles de contact et autres gadgets connectés permettant un contrôle total de la population. Un futur proche à faire frémir, ou jouir, c'est selon. Fort heureusement, la résistance s'organise et la récente découverte d'êtres étranges, habitant notre monde à notre insu depuis des millions d'années mais ayant échappé jusque-là à toute investigation grâce à leur exceptionnelle faculté de se cacher, va changer la donne. Sur cette trame dystopique digne de George Orwell, Aldous Huxley, René Barjavel et quelques d'autres moins célèbres, se greffe l'histoire touchante de Lorca et Sahar Varèse, un couple désuni ne parvenant pas à faire le deuil de leur fille Tishka, mystérieusement disparue à l'âge de trois ans alors qu'elle dormait tranquillement dans sa chambre. le roman est envoûtant, attachant par sa tonalité politique exaltant la révolte, finalement victorieuse, contre l'utilisation des progrès technologiques aux fins d'asservir l'humanité, et le parcours de quelques personnages solaires, Lorca, Sahar et leurs amis. Il s'agit aussi d'un très beau travail sur le langage, avec de superbes envolées poétiques sur le mode du rap et du slam, mais la référence constante aux concepts de la sémiotique et de la linguistique comparée rend la lecture souvent chaotique, au détriment du message politique et l'attachement du lecteur aux personnages et à leur destin contrarié. Dommage…
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Première découverte de Damasio. Dystopie? Science fiction? Finalement, est ce qu'on est réellement si loin de l'univers que nous décrit Damasio?

Les villes sont privatisées et divisées en secteurs, accessibles ou non selon le "forfait citoyen" auquel vous avez les moyens de souscrire. Un quotidien hyperconnecté, complètement pollué par les publicités ultra personnalisées, parce que le produit: c'est vous!

Et c'est dans cet univers où l'espace privé n'existe plus, que se cachent les furtifs, présence animale? humaine? végétale? qui vit dans nos angles morts.
Une branche de l'armée tente de les étudier. La dessus, sans vraiment croire à leur existence, le gouvernement est hautement intéressé par le matériel technologique de pointe développé par l'armée dans la chasse aux furtifs.

Toute l'histoire s'articule autours d'un couple magnifique, d'une quarantaine d'année dont la fille de 4 ans a disparue. Déchirés depuis le deuil, ils vont se jeter à corps perdus dans cette quête dès les premières lueurs d'un nouvel espoir. Leur histoire est absolument bouleversante, chaque berceuse, chaque dialogue entre eux est une poésie en soi.

L'écriture et les néologismes de l'auteur passent crème! Il faut s'y plonger sans craint et se laisse emporter dans cet univers linguistique fascinant qui évolue au fil de la lecture et au fil des personnages!

Une bouffée d'oxygène et d'espoir, pour privilégier le lien humain. Déconnectez-vous! Lisez! Vivez!
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Á la hauteur des l'amour et des espérances, la chute et la déception n'en ont été pour moi que plus brutales.

Comme je l'attendais ce Damasio. Comme nous l'attendions religieusement, nous les conquis, ce nouveau livre de l'auteur de l'extraordinaire Horde du Contrevent.

Damasio, c'est Damasio.
Tautologie presque de rigueur pour un auteur non seulement très doué mais au style reconnaissable entre tous.
Car personne n'écrit comme Damasio.
Sans doute que personne ne le peut.
Alors oui, cent fois oui, la qualité de l'écriture, la grâce et la simplicité de l'enchevêtrement de ces phrases déployées -certainement fruits d'un immense travail- sont au rendez-vous dès les premières pages dans une séquence d'ouverture à la fois intrigante, nerveuse et lumineuse, sur les traces de ce furtif insaisissable.
On suit sans déplaisir le parcours des personnages, on découvre leur passé, leurs motivations, on est à l'affut, on renifle, on chasse avec eux, on s'apprête à être transportés, émus... jusqu'à….

Eh bien jusqu'à ce que Damasio se vautre à plat ventre dans un programme électoral d'extrême gauche qu'il semble appeler de tous ses voeux comme le seul mode de société possible, s'en faisant le porte-voix avec une soudaine poésie de comptoir d'une naïveté à la limite du cliché éleveurs de chèvres dans le Périgord et qui aurait presque réussie à me faire rire si je n'avais pas été littéralement scotché par ce soudain tract Trotskiste à la mode technologico/religioso/politico 21ème siècle.
Tout se termine dans une épiphanie qui dégouline du monde de demain qui sera meilleur si on voulait bien se donner la peine d'ouvrir nos yeux (et notre coeur bien sûr).

Je suis d'ailleurs particulièrement estomaqué des critiques dithyrambiques reçues par ce livre dans la presse qui en parle comme d'un brûlot politique.
Il est impossible de nier l'intérêt d'un livre (ou de quelque support que ce soit) à propos de nos résistances nécessaires à l'autoritarisme et la surveillance des individus par l'état mais fallait-il pour cela lâcher son grand talent au profit d'un demi pamphlet si niais que j'en suis presque venu à me dire que je ne trierai pas mes déchets cette semaine pour faire les pieds au donneur de leçons qu'est devenu ce cher Alain ?

Je suis réellement fatigué de ces oeuvres qui pensent mieux parler du monde parce que leurs créateurs ou créatrices désertent la fiction au profit de l'étalage de leurs idéologies.
Ce n'est pas "mode", c'est dommageable.
Ce n'est pas efficace, c'est rebutant.
Ce n'est pas de la littérature, c'est une opinion sur un réseau social, c'est-à-dire rien.

Par pitié, écrivez des livres, faites des films, et faites confiance à vos lecteurs et lectrices pour que cela fasse écho dans leurs vies.
Les fictions sont puissantes.
Nul besoin de les surligner.

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