Ça y est, je suis venue à bout de ce beau pavé de 929 pages ! Et ça m'a plu ! J'avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec ce roman «
Les furtifs » offert à Noël dernier par mon filleul. Je ne connaissais ni l'auteur, ni ce roman, ni son super best-seller «
La Horde du Contrevent ». Mais franchement bien choisi car j'ai énormément aimé. Les premières pages sont étranges mais une fois rentrée dans l'histoire, j'ai été happée et j'ai tourné les pages avidement pour en apprendre plus sur
les furtifs et savoir comment tout cela allait se terminer. Quand je dis que les premières pages sont étranges…. Je m'exprime mal car en fait ce sont toutes les pages qui sont étranges. L'histoire est étrange. Les mots sont étranges. La calligraphie est étrange (les personnages principaux ont leurs propres signes pour qu'on les reconnaisse au fil de la lecture… Par exemple : ··Pour Lorca - ))) Pour Saskia etc. J'ai bien aimé ces petits signes de reconnaissance laissés par l'auteur !).
Les furtifs sont étranges. le monde est devenu étrange. Bref, tout est étrange. Bizarre, biscornu, insolite, curieux sont les maîtres-mots de ce livre. Mais c'est surtout passionnant, émouvant et instructif. Oui instructif sur la nature humaine, sur un avenir qui pourrait se réaliser et qui n'est vraiment pas le meilleur à nous souhaiter. Car ce récit se déroule dans un avenir proche, en 2041. La société est hyper connectée et pratiquement tout est sous contrôle. Plus rien n'est du domaine de l'intime. Les villes ont été rachetées par des entreprises qui n'ont qu'un seul but comme toujours : le profit. L'histoire de ce roman se déroule essentiellement dans la ville d'Orange, en Provence, qui a été rachetée, ça ne s'invente pas, par la société de communication Orange (du coup, la société n'a même pas eu à débourser un centime pour racheter le nom ! Il n'y a pas de petit profit). Tout est connecté, les rues, les parcs, les immeubles, les commerces, les services dits publics… et bien sûr les humains. Suivant votre abonnement et surtout vos moyens (standard, premium ou privilège ou encore pire sans bague), vous pouvez ou non passer dans certaines rues, entrer ou non dans un commerce, un parc pour jouer avec vos enfants etc. Dans ce monde absolument angoissant, vous êtes continuellement surveillés via votre bague et sollicités de toutes parts par des publicités, des injonctions ou plus sournoisement par votre MOA (my own assistant… votre assistant personnel en français). Mais avouons-le, la plupart des gens sont heureux dans ce monde ultra connecté qui n'a plus grand-chose à voir avec la réalité et où la technologie pense pour eux. Dans cette société complètement corsetée, des personnes se révoltent malgré tout, tentent de résister et de changer les choses, de retrouver une certaine liberté. Sahar, proferrante, comprenez « professeur errante » qui enseigne dans les rues aux enfants rejetés de l'Education Nationale et son mari Lorca, sociologue communard qui sur le terrain aide les communautés à s'autogérer en dehors du système, font partie de ces humanistes qui veulent faire bouger les choses. Cela jusqu'à la disparition de leur petite fille de quatre ans, Tishka, il y a deux ans. Chacun a vécu sa disparition différemment. Sahar a tenté de faire son deuil tandis que Lorca, lui, croit de toute son âme que sa fille est vivante, sans doute partie avec
les furtifs, ces êtres invisibles et toujours en mouvement que la plupart des gens estiment n'être qu'une légende urbaine. le couple a explosé, ils se sont quittés. Et tandis que Sahar essaie d'accepter son deuil avec l'aide d'un psychologue, Lorca, lui, a intégré un service bien spécifique de l'armée, le Récif, qui étudie et chasse
les furtifs. Il espère ainsi mieux comprendre les fifs comme ils les appellent et peut-être retrouver sa fille. Lorca rejoint la meute de Agüero, Ner et Saskia sous la houlette bienveillante mais néanmoins directive de l'amiral Arshavin. Commence alors une aventure incroyable et difficile dans le monde des furtifs, mais aussi de toute une panoplie de groupes de personnes tentant de redonner de l'humanité et de l'entraide à ce monde devenu fou et égocentrique. Ces communautés cherchent à redonner du sens à la vie dans le respect le plus total du vivant. Je ne peux pas et je ne veux pas aller plus avant dans l'histoire. C'est à vous de le découvrir en lisant ce très beau livre plein d'humanisme, d'amour et d'amitié. Et d'utopie aussi, un peu… mais ne dit-on pas que l'espoir fait vivre ? J'adhère à cette utopie bienveillante. J'ai été particulièrement touchée voire bouleversée par l'amour que Lorca porte à sa fille Tishka (une sacrée petite bonne femme pleine de vie, d'amour et d'humour très attachante elle-aussi). Amour inconditionnel. Sa mère Sahar aussi bien sûr aime Tishka, mais j'ai eu plus de mal avec ce personnage que j'ai tout de même fini par apprécier à la fin du livre. Mais Lorca est vraiment le personnage le plus émouvant. J'ai bien aimé aussi Saskia et Agüero, un duo fort sympathique. En parlant de Saskia (musicienne et spécialiste des sons), il est à noter que la musique a une très grande importance dans le récit ainsi que le dessin avec les céliglyphes des fifs. Ce roman est dense, complexe, intelligent et forme un tout incroyable ! Je ne suis pas prête d'oublier ce roman qui me tourne dans la tête depuis que je l'ai terminé. Cela me donne évidemment envie de découvrir «
La Horde du Contrevent »… Mais laissons passer un peu de temps, le temps de digérer celui-ci ! Un petit conseil : Osez vous plonger dans ce pavé étonnant !
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