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4,09

sur 720 notes
Connaissez-vous la théorie des niveaux de fiction ? Celle qui stipule que chaque élément, chaque histoire que vous imaginez se situe dans un niveau de fiction inférieur au nôtre et qu'il possède une conscience propre, et qu'il subit tout ce que nous imaginons... Et pourquoi ne serions-nous pas, nous aussi, le fruit de l'imagination d'un être se situant dans un niveau de fiction au delà du nôtre ?

C'est dans le prolongement de cette théorie que l'auteur de la Maison des Feuilles nous partage un récit absolument fascinant et palpitant. L'histoire mêle différents niveaux de fiction dans tous les sens, amenant souvent le lecteur à se perdre (mais toujours avec délice) et ce avec une plume extraordinaire.

Ce livre n'est pas pour tout le monde. Par ailleurs, il est écrit sur la toute première page "Ce livre n'est pas pour vous". Vous serez transformé, effrayé, captivé. Aucun autre livre ne lui ressemble. L'auteur sait-il seulement lui-même ce qu'il a vraiment écrit ?

Un véritable trésor de la littérature, à la frontière entre fiction et réalité...
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Ce livre de Mark.Z. Danielewski ? Non ! Cette oeuvre. Oui une oeuvre.
Une expérience en soi dont on n'est pas sûr d'en avoir saisi tous les contours. Une désorganisation qui se développe dans la tête du lecteur, à l'image de ce qui arrive dans ce long récit, je devrais dire, ces longs récits en fait qui s'entremêlent.
C'est une oeuvre dense, complexe dans son architecture, complexe dans sa forme, dans « son » sujet, dont il est vain d'en faire un résumé « accessible », et fidèle.
C'est voulu, il me semble.

Sombre, avec l'exploration de thèmes comme, la folie, la perception altérée, les obsessions, qui transpirent des couches de narration entremêlées !

Quand « La maison, les couloirs et les pièces deviennent toutes le moi - un moi qui s'effondre, s'agrandit, bascule, se ferme, mais toujours en rapport parfait avec l'état mental de l'individu », que peut-on en dire simplement ?
Quand le livre se transforme en une expérience visuelle- lui-même- avec ses rajouts, ses pages qui s'inversent, ses notes de bas de page qui développent une histoire parallèle, un autre « labyrinthe »…
Quand les polices de caractères, en fonction de l'état mental du personnage, se transforment progressivement en suivant le développement de sa maladie.

Une oeuvre qui frise une tentative d'art total, qui inclut l'observateur dans son champ d'action et qui combine la force classique de projection mentale de l'écrit, dans celui du périmètre de la représentation propre aux arts graphiques.
Une combinaison « décoiffante ».
Et on comprend alors l'étonnement qu'elle suscita à sa sortie en l'an 2000. Et qu'elle fut, je crois, l'oeuvre unique de Danielewski !
On ne peut que modestement conclure, que c'est une tentative qui a ambitionné le Graal- celui de l'art total- par cette combinaison de l'écrit multidimensionnel et du graphique.
Y en a-t-il eu d'autres dans cette veine, mises à part les explorations des surréalistes du...siècle dernier?
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Vertigineux ! livre culte, livre fou, même dans sa mise en page et sa calligraphie, savant, labyrinthique, empli de mises en abyme, de clins d'oeil, de pistes et de connexions par-delà l'histoire d'une maison dont l'espace intérieur est plus volumineux que son contenant ; le livre des livres, oeuvre d'art, comme celles auxquelles subtilement il fait allusion.

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Un roman extraordinaire, pour les amateurs de curiosités. Mettre à ce point la forme au service du fond et de l'histoire, c'est remarquable. 4 étoiles seulement car c'est un texte réellement exigeant, si bien qu'on a tendance à décrocher si on est pas hyper concentré ou si on n'a que de courtes périodes de temps en temps à consacrer à sa lecture...
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J'en suis sortie . Presque indemne, mais avec un grand sentiment de vacuité , tant cette lecture m'avait occupé l'esprit quelques jours durant .
J'en suis sortie riche et pauvre . Riche d'une infinité de connaissances, vraies ou fausses, que renferme la Maison. Riche des histoires entrecroisées qu'elle renferme et qu'il faut remailler, ravauder avec patience . Pauvre en mots, car il serait bien difficile d'expliquer en quoi réside la magie de ce monument littéraire .
C'est l'histoire d'une histoire qui évoque une histoire, qui parle du néant .
Non, pas tout à fait le néant . Un néant . Un espace vide, immensément ramifié, mouvant , un gouffre abyssal aux circonvolutions toujours nouvelles. Un labyrinthe d'ombre, une architecture malsaine et délirante qui ronge de l'intérieur une maison de campagne . Apparu subitement . Une nouvelle porte dans un mur, rien de plus, rien de moins . Une maison intérieure bien plus vaste que la maison apparente . Un entrelacs de couloirs, d'escaliers, de halls cendreux, qui absorbent la lumière et dont la configuration se modifie constamment .
Ce grand rien qui hante sa maison, Will Navidson veut l'explorer, le dompter. Et il va mettre tout son talent de reporter au service de cette pensée obsédante , sans réaliser que plus il s'enfonce dans son projet d'exploration , plus le monde - le vrai monde - s'effondre autour de lui . Femme, enfants, amis, c'est comme si l'ombre emportait tout . Mais filmer, filmer ce vide, voilà ce qui importe.
Le film, les films de la famille Navidson, voilà ce qui compte pour Zampano . Un vieillard aveugle qui goûte la compagnie des chats, des lectrices venues lui procurer un peu de loisir, et qui meurt après avoir accumulé un monceau de notes éparses au sujet de la bâtisse d'Ash Tree Lane. Une thèse universitaire, un puzzle de citations, de références savantes, une quête effrénée et obsédante visant à reconstituer l'expérience de "Navy", peut-être pour échapper à cette même créature qui hantait le souterrain de la Maison.
Un tas de papiers que Johnny Errand récupère à la mort du vieux . Et qui aiguisent sa curiosité , avant qu'il ne plonge à son tour dans la recherche, la folie de cette guête, rajoutant des extensions à l'ouvrage de Zampano, vérifiant des sources impossibles à trouver, recousant les morceaux de cent façons diverses . Johnny, curieux mélange de gamin des rues et d'érudit , Johnny qui sombre à son tour.
Et nous, enfin . Nous, qui découvrons avec effarement ce grand micmac de textes , ces pages couvertes d'écritures diverses, ces notes qui prennent le dessus sur le texte originel, ce chant aux mille langues. Décrire l'ouvrage, l'objet, est déjà difficile; décrire son contenu est au-delà de nos possibilités . Comme la maison des Navidson, l'intérieur est plus grand que l'extérieur. Et chacun peut le lire de la façon qu'il veut .
La seule constante, c'est sans doute l'envoûtement exercé par ces histoires . Certes, la lecture en est exigeante, et parfois rébarbative. Mais on en sort changé .
Une expérience unique .
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Mark Z. Danielewski peut mourir, il a écrit son livre, indépassable.
Oui, certains artistes, écrivains, fous vont jusqu'au bout de quelque chose, d'eux-mêmes. Et arrivent à le proposer brut.
Et parfois, ils sont édités. Et là on a un chef d'oeuvre pour lequel l'humanité doit juste dire merci et s'incliner.
Même (et surtout) si le livre est insupportable, incompréhensible, trop long, trop de détails, trop de points de vue, trop de tout. Oui, il faut dire merci. Parce que réaliser et offrir ça c'est un sacerdoce, c'est un sacrifice, c'est un don pur.
Je félicite l'éditeur américain, et pour ma part l'ayant lu en français, Monsieur Toussaint Louverture d'avoir osé et magnifiquement mis en page ce "texte".
Je félicite Claro, le traducteur, qui ne doit pas être loin d'être aussi fou que Danielewski.

Vous pourriez lire et relire ce livre indéfiniment. Parce que chaque mot, chaque idée, chaque invention, chaque référence, peut prêter à des recherches, des études, des rêves... à n'en plus finir.
Chaque bout pris peut amener à l'infini.

En parlant d'infini. Moi qui pensais que L'infinie Comédie de David Foster Wallace poussait les curseurs au max., je crois qu'on est encore un cran au-dessus. Même si, j'ai trouvé un peu plus d'humour dans DF Wallace, c'est peut-être le "défaut" de cette Maison des Feuilles.

Evidemment ce livre c'est pour les lecteurs courageux.

Ai-je déjà parlé de la Bible dans la critique ? ... Je ne crois pas. La Bible est sans doute le livre le plus fou de l'humanité, et certains le lisent et le commentent à n'en plus finir. A tel point qu'on se demande pourquoi encore écrire. Ce livre-ci est une réponse.
Il n'aura cela dit jamais le niveau de diffusion de la Bible.

(La Bible est l'un des rares livres que je n'ai pas pu lire en entier (encore)).

Bref, courage à toi, lecteur curieux, et merci aux fous d'éclairer ou d'apporter leur ombre à l'humanité.
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Etrange objet, étranges histoires... Celle de l'écriture du livre lui-même, qui a débutée sur internet, car l'auteur, au départ, ne voulait pas écrire un livre, mais voulait juste écrire une histoire qui fasse participer les lecteurs. le média web était encore un territoire méconnu du grand public, et permettait encore de faire des expériences intéressantes en direct, en étant connecté à des centaines, puis des milliers de lecteurs assidus.
Puis, devant l'ampleur qu'avait pris son concept et la complexité des histoires qui en résultait, Mark Danielewski décida d'en faire un vrai livre, avec du vrai papier, et que cet objet virtuel, - qui renvoyait en miroir cette mise en abîme perpétuelle, le film dans le film, "l'histoire derrière l'histoire dans l'histoire de l'histoire"... et cette maison, point de départ de tout - devait se matérialiser. Ce livre devenait littéralement La Maison des feuilles, celui qui abrite toutes ces feuilles pour les relier entre elles.
Et comme cette écriture "vivante" et partagée avec les internautes, au cours de ces 12 années, avaient parfois été chaotiques et au bord de la rupture, ou encore, inspirées et touchées par la grâce, on retrouve cela dans cet objet-livre/livre-objet, qui se lit comme on regarde un film compliqué et prenant, dont on ne comprendra tous les tenants et les aboutissants qu'à la fin, lorsque l'on aura tous les éléments en main... Ou comme un tableau qui mélangerait toutes sortes de styles, et qu'on ne pourrait pas interpréter ni analyser d'un seul tenant, et qui nécessiterait beaucoup de recul.
Oui, définitivement, ce livre est un curieux et bel objet d'art conceptuel et Danielewski a sans doute été inspiré par la technique du cut-up de William Burroughs, et l'a remise brillamment au goût du jour avec l'outil internet...
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C'est l'histoire d'un mec, Johnny Errand qui a trouvé le travail en cours de Zampanò, un vieux type désormais décédé obnubilé par le film de Will Navidson sur son étrange maison qui semble créer des pièces...
.
Sous la forme d'un travail de recherche perclus de notes soit tout à fait authentiques soit inventées (oui on se met à vérifier à un certain moment), l'obsession de Navidson devient celle de Zampanò et, on le voit au travers de ses notes très personnelles, celle de Johnny. Et nous, lecteur.ice abasourdi.e, nous plongeons à la fois dans une folie composite et dans les entrailles sombres de la maison de Ash Tree Lane.
.
Avec ce roman pas comme les autres, Mark Z. Danielewski remet au goût du jour le genre désuet du récit à tiroir. Mais il en profite pour se moquer gentiment des travaux trop sérieux et proposer une mise en page incroyable qui a dû filer des cheveux blancs à la conception du traducteur à l'imprimeur (et qui, si vous lisez ce titre dans les transports, risque de vous faire passer pour zinzin). L'auteur arrive au difficile équilibre entre le récit cohérent et l'exercice de style bluffant. Ce qui est sûr c'est que pour "La maison des feuilles" l'expression "ovni littéraire" n'est pas galvaudée.
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J'ai retourné ce livre dans tous les sens (oui pour des besoins pratiques mais au figuré aussi) et rien y fait que voulez -vous , même s'il est loin de mes yeux il ne sera plus jamais loin de mon petit coeur de lectrice ⬇️

🔦❤️‍🔥 coup de coeur magistral ❤️‍🔥🔦

📝 trouver les mots 📝

Parfois il faut littéralement les chercher oui. Des notes de bas de pages qui en font 3 ou 4 (de pages), des textes à l'endroit où à l'envers, en bleu en rouge ou en noir ; de digressions sur les isotopes en souvenirs d'une soirée arrosée , y'en a pour tout le monde !

🎦 et …..ACTION ! (Ou vérité) 🎦

Une famille qui se filme en emménageant dans sa maison. Un habitat qui va jouer avec leurs nerfs et leurs outils . Des vidéos surprenantes et des esprits imprégnés de cet endroit. Voilà ce qui résulte de cette expérience cinématographique. Je rembobine ? Il est question d'un film sur lequel le public et les professionnels débattent encore de l'authenticité. Un homme a pris des notes et rassemblé un véritable mille-feuilles de papier dans une malle. À son décès le narrateur va creuser le sujet, et ajouter ses incursions personnelles au récit que nous avons là. 2 histoires en 1.

🔦 spélolé…non spolélo…non plus arthurienne! Spéléologie ! 🔦

Il va falloir ne pas craindre les espace clos , ni trop grands. Avoir envie de passer 2 jours en immersion dans ce livre sans penser à manger ni dormir. C'est à se métamorphoser comme notre narrateur qui se « prend au jeu » de la devinette de la véracité des images. Et si quelqu'un écrivait sur nous lecteurs en train de lire ce livre d'un narrateur qui lit les notes d'un … la spirale de la mise en abyme apparaît sans limite. Et je vais mettre très très longtemps à m'en remettre et ce sera toujours aussi difficile d'en parler.

La Maison des Feuilles ne se lit pas, elle se vit!
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"Ceci n'est pas pour vous.''

Ainsi commence ''La maison des feuilles'' de Mark Z. Danielewski. Autant dire que ce n'est pas une manière très classique de commencer un livre, et pour cause : ici, rien n'est classique !

Véritable OVNI littéraire, ce livre est totalement à part, tel un véritable labyrinthe qui ne compte pas se laisser découvrir facilement. Entremêlement de plusieurs histoires qui se coupent et se recoupent, cette maison-là est bien difficile d'accès, comme si elle faisait tout pour se défendre des intrus. Rien n'est facilité, rien n'est expliqué. Il appartient à chacun de trouver son propre Fil d'Arianne et d'entreprendre ce dangereux voyage.

Et si l'histoire est bonne, ma mise en page est un coup de génie ! Totalement au service du fond, la forme se tord et se plie, dessinant littéralement ce qu'elle raconte, érigeant des forteresses qu'il faudra comprendre avant de pouvoir accéder au récit. Les notes de bas de page sont nombreuses, parfois dénuées de logique ou de sens. le labyrinthe prend vie, nous étouffe en temps que lecteur, nous capture dans ses pages jusqu'à provoquer le malaise (avec des effets de corde, de marches ou de tunnel).

Difficile de trop en dire tant cette maison-là doit se découvrir par soi-même, mais c'est indéniablement un chef-d'oeuvre comme il n'en existe que trop peu.
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