AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,87

sur 322 notes
5
23 avis
4
35 avis
3
12 avis
2
5 avis
1
0 avis
Je n'avais plus rien lu de Marie Darrieussecq depuis Truismes, et je dois dire que cette biographie romancée est une très agréable surprise. Comme biographie, c'est un peu léger, mais c'est un très bel hommage rendu à Paula Modersohn-Becker, remarquablement écrit, plein de sensibilité. Je ne connaissais pas grand-chose de cette peintre allemande, amie de Rilke, morte très jeune peu après un accouchement et pratiquement inconnue en dehors d'Allemagne (Je connaissais quand même deux tableaux d'elle, mais sans rien savoir sur leur auteur). Marie Darrieussecq a elle-même découvert cette peintre par hasard en 2010 à travers une petite reproduction sur une invitation à un colloque de psychanalyse. Attirée par cette artiste elle sait, d'une plume sensible, délicate, parfois poétique, communiquer son ressenti face à ses oeuvres. Elle arrive, dans un livre sans illustration autre que celle sur la couverture, à donner envie au lecteur de connaître et découvrir Paula Modersohn-Becker. Chapeau, c'est très réussi !
Commenter  J’apprécie          221

Des visages ronds, plats, lunaires, des centaines de visages de face qui nous regardent, droit dans les yeux. Les regards sont intenses, directs. Que cherchent-ils ces yeux ? Vers quelle immensité sont-ils tournés ? Beaucoup sont des autoportraits. Paula Modersohn-Becker s'est reproduite sur la toile à de très nombreuses reprises, offrant son drôle de petit visage enfantin comme autant de déclinaisons stylistiques. Quelle quête artistique et intime l'animait-elle ? Des portraits de femmes pour la plupart d'entre eux, jeunes ou vieilles parfois, des enfants, des mères avec des bébés, des femmes enceintes. Elle sera la première femme à se peindre nue.
Paula Modersohn-Becker peint la féminité, une féminité lumineuse, brute, sans emphase, sans discours. Elle va à l'essentiel, au travers d'un jeu de couleurs posées à plat, de formes simples, cloisonnées par un trait marqué. Les influences sont perceptibles, au fil de l'évolution des compositions, l'expressionnisme, Gauguin, Cézanne, la peinture des Nabis, l'art japonais, le cubisme. Elle semble faire la synthèse de l'ensemble des courants artistiques du début du XXème siècle.
L'émotion nous étreint à la lecture du livre de Marie Darrieussecq, l'émotion engendrée par la démarche de l'autrice qui fait le choix de porter à notre connaissance l'existence et l'oeuvre de cette pionnière, reconnue en Allemagne mais ignorée en France, et de participer à l'organisation de sa première exposition à Paris - là où elle fit plusieurs séjours et où elle a peint résolument dans des conditions précaires -, l'émotion déclenchée par la trajectoire de cette jeune femme qui se bat contre les préjugés et le classicisme de l'époque pour aller au bout de son projet mais qui ne connaîtra aucun succès puisqu'elle ne vendra que trois tableaux, et enfin celle qui nous fait chavirer lorsque nous apprenons sa fin tragique à l'âge de trente-et-un an, après un accouchement difficile.
Paula Modersohn-Becker aura vécu au sein de la communauté d'artistes de Worpswede en Basse-Saxe, où elle y rencontre son futur mari, le peintre veuf Otto Modersohn, ainsi que le poète Rainer Maria Rilke, avec qui elle entretient des liens d'amitié. Elle fait un premier séjour en Angleterre puis plusieurs à Paris, où elle travaille sans relâche et rencontre de nombreux confrères. Malgré l'anonymat dans lequel elle évolue et le peu de retours qu'elle reçoit, elle ne se départit jamais de sa tâche et de son objectif. Elle ne connaîtra de son vivant, ni reconnaissance, y compris de son mari, ni assurance, et son talent ne sera découvert qu'après sa mort.
Une oeuvre singulière et magnifique à découvrir grâce à l'ardente biographie que lui a consacré Marie Darrieussecq à partir de son journal et de sa correspondance.
Commenter  J’apprécie          339
Dans un texte court, Marie Darrieussecq nous raconte l'histoire de Paula Becker, peintre allemande du début du XXe siècle.

Morte jeune, cette peintre a été souvent oubliée, pourtant elle a côtoyé des hommes, eux, restés en mémoire, et a peint de nombreuses toiles.
J'ai écouté cette biographie en livre audio, ça a été un peu compliqué au début, il y avait beaucoup de noms à assimiler, je pense que c'est plus facile en lecture papier, mais une fois qu'on est lancé, c'était plutôt intéressant, j'ai beaucoup aimé les passages où l'auteure parle de son rapport à la maternité à travers la peinture de Paula.

En tout cas, c'est un texte que je voulais lire depuis longtemps et je suis contente d'avoir pu le découvrir !

Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          10
J'ai trouvé difficile de lire ce livre. J'adore les biographies et encore plus celles des femmes mais dans celle-ci, je me suis perdue. Je n'avais jamais lu un livre de cette autrice avant et c'est sans doute son style qui ne me convient pas. J'ai trouvé le récit éclaté et j'ai eu de ce fait beaucoup de mal à continuer ma lecture. La seule chose qui m'a fait perdurer, c'est que le livre est court et que je ne connaissais pas cette artiste. Mais je n'ai pas l'impression de beaucoup mieux la connaître maintenant. Dommage.
Commenter  J’apprécie          00
Avant de lire cette biographie (quel vilain mot pour ce court récit d'une vie et d'une acuité incroyable !), je ne connaissais rien de la vie ni de la peinture de Paula M. Becker. Il faut dire que cette artiste peintre allemande est morte prématurément et qu'elle n'a vendu que deux toiles de son vivant, dont une à Rilke, son cher ami.
Pour une jeune fille de son temps, elle fait preuve d'une étonnante clairvoyance et indépendance. Si elle accepte dans un premier temps la formation d'institutrice à laquelle la destine son père, elle n'a de cesse, encouragée par sa mère, de prendre des cours de dessin et de peinture.
Elle fait le choix d'un mariage d'amitié avec Otto Modersohn tout en échappant à un couple à trois avec Rilke et son amie Clara Westhoff, qui deviendra l'infortunée femme de ce dernier.

Marie Darieussecq, avec une économie de moyens notable, parvient en 140 pages à nous faire entrer dans l'esprit d'une jeune femme et d'une grande artiste extrêmement moderne, au point que son mari, peintre reconnu, s'apercevra très vite de sa supériorité. Malgré tout, séjourner à Paris, retarder une possible maternité, préserver ses heures de peinture au détriment de sa maison, sont des privautés arrachées à sa condition de femme du début du XXème siècle.

Son regard sur ses modèles (souvent femmes et enfants de conditions modestes, mais aussi son entourage) est sans concession, terriblement innovateur. Elle peint des compositions brutes, sans perspective, où la couleur prend une place très importante. Un bocal de poissons rouges est traité comme une source de couleur et de formes, bien avant Matisse... et elle est la première femme à se représenter nue, puis nue et enceinte, avec un naturel et une absence de chosification remarquable.

Il est étonnant que malgré sa proximité avec Rainer Maria Rilke, ce dernier n'ait jamais utilisé que l'expression "une amie" pour parler d'elle ("Requiem pour une amie"). Sa disparition précoce, l'audace incroyable qui lui valut tant de critiques, ont-elles été à l'origine de son effacement jusqu'à ce que sa fille Mathilde créée sa fondation en 1978 ?

Brillamment, Maie Darrieussecq explore le continuum de ces phénomènes à travers également le devenir de Clara Westhoff, son amie sculptrice, mais aussi la résonance de cette oeuvre dans sa propre pensée et écriture. Une lecture à la fois profonde, instructive et agréable. A ne pas manquer, donc !
Commenter  J’apprécie          60
Paie ta chronique.
Très peu, pour ne pas dire pas connue au-delà des frontières germaniques jusqu'à son exposition au musée d'Art Moderne de la ville de Paris en 2016, Paula M-Becker est une peintresse de génie.
Avant-gardiste, audacieuses et surtout invisibilisée, ce petit roman lui rend hommage, à travers des extraits de journaux. Les siens, ceux de son mari, le peintre Otto Modersonh et ceux du poète Rilke.
Marie Darrieussecq nous parle plus de sa vie privée, de sa vie de femme, de son émancipation, un peu au détriment de ce qui fait sa peinture (petit bémol à mon goût).
Mais comme avec "une femme en contre-jour" de Gaëlle Josse, qui brossait par touches le portrait de Vivian Maier, Darrieussecq nous dévoile par réminiscences et sensations toute la fougue et la délicatesse de cette grande artiste.
Et c'est très plaisant.
Commenter  J’apprécie          00
En lisant ce très beau livre de Marie Darrieussecq - biographie de la peintre allemande Paula Modersohn-Becker, amie de Rilke - j'ai retrouvé l'atmosphère qui m'est si chère, tremblante et troublée, des écrits et de la correspondance de Rilke.
Marie Darrieussecq décrit une vie de campagne où se forge une volonté absolue de devenir artiste.
Commenter  J’apprécie          60
Quand la romancière écrit la vie bien réelle.
Marie Darrieussecq se fait biographe de la peintre Paula Modersohn-Becker.
Une artiste présente une autre artiste.
S'appuyant sur des archives, Marie Darrieussecq retrace la brève carrière artistique de Paula.
La responsabilité de l'écrivaine est grande face à la postérité.
Mais l'intérêt de ce livre est que Marie Darrieussecq va au-delà de la biographie.
Avec retenue, MD exprime les non-dits des échanges épistolaires policés de l'époque.
On devine une identification forte au peintre dans sa liberté et son combat de femme des années 1900.
Un siècle après sa mort, Paula Modersohn-Becker redevient vivante, moderne.
La vie de Paula est un roman.
Commenter  J’apprécie          30
La première fois que Marie Darrieussecq a rencontré Paula Modersohn-Becker, c'était vers 2010, dans le fichier spam de sa boîte mail : un grand nu peint par l'artiste, une scène d'allaitement qui illustrait une annonce pour un colloque de psychanalyse sur la maternité. En 2014, elle la retrouve dans un musée à Essen. Un autoportrait de Paula (je me permets de l'appeler par son prénom puisqu'elle hésitait entre plusieurs noms) y est exposé, relégué au sous-sol du bâtiment, avec les autres oeuvres de femmes.

Marie Darrieussecq a écrit cette biographie parce que cette femme qu'elle n'a pas connue lui manque. Parce qu'elle lui aurait souhaité une vie plus longue et parce que c'est injuste, parce que c'est dommage. Elle réhabilite une peintresse dont le talent, apres sa mort (elle n'a vendu que trois tableaux de son vivant), n'a pas été reconnu au-delà des frontières de son pays natal.

Pourtant, Paula est une pionnière. La première femme à s'être représentée nue, puis nue enceinte. Elle avait une manière unique de peindre les choses, les gens, les femmes, détachée de ce qu'on théorise aujourd'hui sous le nom de male gaze. Traitée de dégénérée par les nazis, beaucoup de ses tableaux ont été détruits.

En faisant se croiser les journaux de la peintre, son mari, le poète Rainer Maria Rilke et Clara Westhoff (femme de Rilke et amie de Paula), Marie Darrieussecq a accompli un travail colossal. Aujourd'hui, Paula a son propre musée, son histoire est enfin contée. Qu'en est-il de toutes les autres femmes qu'on a effacées ou qui n'ont pas pu s'exprimer ? Combien d'oeuvres sont encore cachées dans les sous-sol des musées ?
Commenter  J’apprécie          91
Ce livre est une belle surprise parce qu'il m'a permis de découvrir une artiste peintre allemande quasiment inconnue en France.
Marie Darrieussecq est tombée sous le charme de Paula Modersohn-Becker et de ses tableaux et elle le raconte dans "Être ici est une splendeur".
J'aime bien les biographies romancées d'artistes surtout quand il s'agit de rendre visible les créations féminines à une époque pas si lointaine où elles avaient trop peu de place. Celle-ci est émouvante.
Si Paula est allemande originaire de Brême, c'est Paris qui l'inspire au début de ce 20eme siècle.
Certaine de sa vocation elle cherche à s'améliorer toute sa vie. Elle est obstinée et volontaire dans son art bien qu'elle ne vendra que trois tableaux de son vivant. Il faut dire que la vie de Paula a été courte puisqu'elle meurt à trente-et-un an.
Elle croisera notamment Kafka, Rodin, Thomas Mann et son amie sculptrice Clara Westhoff épousera le poète Rainer Maria Rilke.
C'est d'ailleurs à lui que l'on doit ce beau titre et le poème qu'il lui a dédié Requiem pour une amie.


Challenge Plumes féminines 2022
Challenge Riquiqui 2022
Challenge Multi-défis 2022
Commenter  J’apprécie          190




Lecteurs (724) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1721 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}