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Séverine Daucourt-Fridriksson (Autre)
EAN : 9782359630350
36 pages
Editions Lanskine (15/10/2020)
4.5/5   3 notes
Résumé :
La maladie de Parkinson est caractérisée par la disparition de neurones dans une zone particulière du cerveau appelée « substance noire » ou « Locus Niger ». Noire substance est un texte, le résidu d’une expérience intime : la mort programmée du père de l’autrice, touché par cette pathologie. Il tente de relater cet étrange voyage au cours duquel le moi se délite et où le corps seul finit par compter et imposer sa façon de parler. Même s’il intègre à la narration le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Livre formidable qui traite du sujet de manière singulière, avec une grande force d'écriture, sans aucun pathos. le récit est très court, on le lit d'un trait. L'autrice vient de la poésie et ne renonce pas à l'exigence littéraire des ses précédents ouvrages. On voit ce que la maladie de Parkinson engendre et détruit, chez le malade comme dans son entourage. Tout est relaté de manière objective, aucun blabla ni apitoiement. C'est minimaliste et en même temps plein de douceur. Un beau texte sur la vie, ses épreuves, la solitude de chacun.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Elle vient le matin, s’appelle Sylvie, ou Josiane. Elle embarque le corps vulnérable et nu du vieux dans la salle de bains, celle autrefois réservée aux amis, aujourd’hui dédiée à la dépendance : fauteuil de douche, accoudoirs pivotants et autres objets aussi hideux qu’utiles. Il est docile avec elle, la trouve gentille. Elle lui fait du bien. Un jour, il lui caresse la main. Il est comme l’enfant, qui ne parle pas encore, l’agneau qui se muera plus tard en sauvage, l’homme passionné de pouvoir, le même et son contraire.
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TROIS



La fille regarde le visage du vieux...

La fille regarde le visage du vieux. C'est un soir particulier. Il a ce jour 81 ans. Elle comprend. Malgré le vertige, elle respire, une force inédite chevillée au corps. Le vieux commence à mourir. Quelque chose a basculé. Quelque chose a démasqué en tous — épouse, fille, fils — une indicible fragilité. Leurs gestes sont d'une prudence extrême, respectueux de cette chose omnipotente quoiqu'impalpable. L'auxiliaire de vie craint de ne plus pouvoir (aider). La fille cherche à savoir, à trouver des éléments de prédiction. Le fils, de sa présence masculine, et parce qu'il est aussi médecin, passe du baume, apaise. L'aîné, fuyant, laisse aux autres le soin de racheter sa souffrance. La mère, en pleine frénésie, fait des courses, le ménage, un tri aussi colossal et épuisant qu'inutile. « Gardez vos forces, vous allez en avoir besoin », suggère l'auxiliaire. Juillet se met entre parenthèses.

...
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Dans cette maladie, le visage ne lutte plus, ni contre l’apesanteur ni contre la laideur : bajoues fatiguées, cernes bistres, rougeurs dues aux traitements. Les yeux sont comme toujours, voilés, les cils englués. Le regard ne voit plus, il traverse les choses, se noie à leur côté. Le vieux est absorbé, loin, extrait de tout, y compris de sa pensée. Rien ne le concerne. Une absence en cours de phrase, les mots s’avalent, la bouche demeure ouverte. Salut la compagnie. A l’hôpital, il se repose. Il donne le change. C’est bien connu, même quand la raison est morte, demeure la capacité – comme celle des enfants bien dressés – de singer la politesse, les bredouillements de bienséance. Il perdure ainsi chez lui un talent ancien quoique désormais ambigu de faire appel à ce brio de circonstance, qui moins d’une heure plus tard s’est déjà bien étiolé quand il se pisse dessus.
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Chacun s’accorde à dire que « pour le conjoint, c’est difficile. » « Il faut des plages de repos », sans quoi : « on flanche. » L’épouse acquiesce, va aménager des plages, se heurte à sa propre culpabilité. Comment demander à une institution d’accueillir son mari, sans avoir l’air de vouloir s’en débarrasser ? « Je ne peux pas. » La fille va parler à sa place. Le dossier est constitué. Avis de la commission, liste d’attente, passe-droit… La vie continue. Personne ne rappelle. Il faut prouver sa motivation. « Téléphone !
Insiste ! » suggère-t-on. « Je ne peux pas », répète l’épouse qui s’épuise sous les bons conseils et l’inertie d’un système saturé. Il est trop dépendant pour les uns, trop valide pour les autres qui, de toute façon, sont trop chers. Elle ouvre la fenêtre pour à défaut de plage, trouver de l’air.
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TROIS



On peut oublier ses clés…

On peut oublier ses clés, rater son train, laisser trop infuser le thé, mais dans nos esprits, mourir a un caractère plus exceptionnel. Parfois cependant, la mort survient et rompt le cours des choses. Nous en restons alors effarés. Toutefois, elle peut porter d'autres masques, comme lorsqu'elle rôde autour du vieux, qu'elle prend le temps d'instaurer son climat. Elle s'annonce du bout des lèvres, semble replier un à un les draps avant le départ, s'apprête lentement — et dans le même temps, nous prépare. Majestueuse, elle tyrannise l'ordre établi. Elle balaie l'immuable, donc l'éternité. Elle nous désarme.

...
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