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Rome, années Berlusconi, juste avant la chute.

La Ville Eternelle est à la merci de Samouraï, ex-leader fasciste reconverti dans la grande criminalité. Il met la dernière main à un gigantesque projet immobilier qui aura pour effet de bétonner tout le territoire compris entre Rome et Ostie, sous couvert d'un philanthropique programme de développement de logements sociaux. le projet est pour l'heure top secret, puisqu'il faut d'abord trouver de quoi corrompre (ce ne sera pas trop difficile) les politiciens qui le voteront bientôt. Il faut aussi éliminer les autres obstacles, à savoir la concurrence, et pour cela, quoi de plus judicieux que de s'associer avec ses ennemis, en les « intéressant » au projet et garantir ainsi sa sécurité. Samouraï est donc sur le point de réaliser une union sacrée entre les différents mouvements mafieux oeuvrant à Rome, en ce compris (oups) la Banque du Vatican. Une belle brochette de riches pécheurs au service du Dieu Argent.

Mais ce beau projet pourrait bien capoter, parce que dans le camp des Gentils, Marco Malatesta, incorruptible chef d'une unité d'élite des carabiniers, a flairé que quelque chose d'énorme mijotait dans le chaudron des Méchants, et s'est donc mis en devoir de déjouer le plan, avec l'aide de sa belle collègue, d'un jeune procureur, et d'Alice, altermondialiste n'ayant pas froid aux yeux.

Crime, luxe, drogue, argent, prostitution, élites politiques et religieuses, hauts fonctionnaires, tous et tout sont inextricablement entremêlés dans des relations de domination, de chantage et de corruption.

On pourrait dire que les personnages de ce roman nerveux et haletant sont stéréotypées, et que toute cette histoire est trop énorme pour être vraisemblable. Et pourtant, c'est là le plus effarant, il paraît que tout cela est très réaliste et même carrément inspiré de la réalité.

Pauvre Rome, splendide déchue. Et combien d'autres, comme elle, corrompues jusqu'à L ADN ? C'est quoi, ce monde ?
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La lecture fut distrayante mais biaisée parce qu'iil me fut difficile de faire abstraction de son adaptation au cinéma : le film est bien meilleur que le livre. En effet le film garde le meilleur du livre en élaguant des personnages et décentrant complètement l'intrigue : le film dépeint uniquement les gangsters alors que le livre est une enquête policière. Les deux sont violents et de style néo-noir.

Le livre n'a pas le temps de développer les personnages trop nombreux et les 55 chapitres sont très courts (9 pages en moyenne). Peut-être est-ce habituel dans les polars, un style qui m'est peu familier.

Challenge Multi-défis 2024
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L'Italie, avec sa corruption politique et religieuse endémique, est un terrain fertile pour la fiction policière. Choisissant l'ère Berlusconi alors qu'elle entre dans sa phase finale attendue depuis longtemps, Bonini et de Cataldo (respectivement magistrat et journaliste) donnent à leur récit le nom de Suburra, un quartier délabré et sans loi de Rome. La crise financière de 2008 a permis à la mafia de gagner encore plus d'influence sur la police, ses propres fantassins criminels, les extrémistes d'extrême droite et une Église catholique profondément compromise en proie à des scandales sexuels.

Il n'y a pas de nuance ici, mais Suburra rappelle que la fiction policière peut en dire autant sur une société que d'autres genres.
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Membre repenti des jeunesses fascistes romaines, le colonel des carabiniers Marco Malatesta assiste impuissant à une série de règlements de comptes entre les diverses mafias de la cité éternelle.

Ce que contrairement au lecteur il ignore, c'est que tout a commencé lors d'une énième nuit de débauche du député Péricle Malgradi au cours de laquelle l'une des deux professionnelles engagées pour l'occasion meurt d'une overdose de cocaïne...

Le grand intérêt cette intrigue haletante c'est qu'elle nous immerge dans plusieurs milieux à la fois : les élites politico-religieuses, les mafieux, les autorités, la gauche caviar ainsi que les laissés pour compte du système méritocratique.

Et, on découvre à quel point tous ces gens s'impactent mutuellement, 24h sur 24, quel que soit la décision qu'ils prennent. En effet, comme le dit Juan Manuel de Prada, « les riches sont détruits par la fascination qu'exercent sur eux la gadoue, la sexualité pressante des servantes et des chauffeurs, à laquelle ils ne peuvent résister. Ce n'est pas à l'usine, mais au lit, où ils se savent irrésistibles et presque divins, que les prolétaires l'emportent, dans la lutte des classes. »

Parmi les fils conducteurs de ce roman, de Cataldo et Bonini insistent d'ailleurs sur l'écart entre l'idéalisme des intellectuels et le réalisme populaire un peu à la manière de Manuel Vazquez Montalban ou Cervantes. Il y a d'ailleurs beaucoup de roman picaresque dans cette histoire.

Dans sa jeunesse, Samouraï (l'actuel coordinateur des mafias romaines) avait choisi de se suicider, car il ne supportait pas la médiocrité humaine qui l'entourait : « Samouraï était déçu. La prison lui avait imposé une promiscuité forcée. Il avait vu et connu les êtres humains tels qu'ils sont vraiment. Il n'y avait pas d'espoir. Impossible de réveiller leurs consciences engourdies. Il semblait que la société qu'il voulait changer n'en ait elle pas la moindre envie. »

Autre thème récurrent, la médiocrité des hauts-fonctionnaires. Même si, pour un pays qui a majoritairement voté Berlusconi durant deux décennies, ça n'est pas si surprenant, il n'en demeure pas moins que le tableau qu'en font ces deux auteurs très proches des arcanes du Palazzo Montecitorio (Chambre des députés) laisse sans voix. La mentalité de ces « serviteurs de l'État » italien me rappelle celle des dignitaires mexicains peints par Carlos Fuentes dans « le siège de l'Aigle ». Pour utiliser un doux euphémisme: inquiétante!

Un seul principe semble diriger leur action, l'argent. Et, peu importe s'il faut s'asseoir sur les lois, l'état de droit et l'intérêt général pour parvenir à ses fins. Ces gens ne sont rien d'autre que des hyènes affamées.

Pour nuancer un peu le pessimisme qu'ils ont instillé, les auteurs nous emmènent à la rencontre du grand amour de Marco Malatesta, l'archétype de la militante cultivée et à l'abri du besoin. le portrait au vitriol peint par Samouraï se veut réaliste, mais il dénote avant tout la capacité de prise de distance des auteurs par rapport à leurs personnages fétiches :

« Alice Savelli ne pouvait être définie stricto sensu comme "communiste". Tout au plus, c'était une de ces idéalistes confuses qui déblataraient sur un nouvel ordre sans tenir un minimum compte de la réalité. Ceux-là, Samouraï les considérait comme des millénaristes médiévaux. Utopistes d'un monde sans banques et sans patrons, sans plus de droite ni de gauche, une lande plate et grise sans beauté dans laquelle ce qui comptait était uniquement ce sot qualificatif, citoyen, qui voulait dire tout et son contraire. Les citoyens étaient ceux qui avaient condamné Socrate à la ciguë et qui choisirent Barabbas aux dépens du Christ. »

Finalement, un roman qu'on ne lâche pas avant la dernière ligne même s'il nous ôte nos dernières illusions sur la capacité du système dit « démocratique » à favoriser le bien commun dans la Cité.

J'ai passé un magnifique moment en compagnie des carabiniers romains et je me réjouis de lire « Romanzo criminale » le premier opus de la série paru en 2006 en France.
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S'il ne fallait lire qu'un seul livre sur Rome et ses dessous, c'est celui-ci. Les personnages sont terriblement attachants, malgré leurs agissements, et j'ai été ravie de voir la série sur Netflix, je l'ai trouvée très fidèle, ce qui suffisamment rare pour être noté !
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Un portrait sans fard de Rome sous les années Berlusconi, Suburra se révèle être un roman passionnant. de Cataldo et Bonini racontent les coulisses criminelles de Rome dans un récit dont l'actualité a mis en évidence la véracité documentaire jusque dans les moindres détails.
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dans la lignée de Romanzo criminale
un portrait vivant de la corruption qui gangrène l'Italie depuis toujours .Plus une histoire d'amour , tout cela donne un très bon roman.
J'ai adoré
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Moi qui ne suis jamais allée à Rome (le destin est contre moi, mais c'est une autre histoire), j'ai suivi sans peine le conseil de mon libraire lorsque j'ai cherché un polar italien pour honorer le rendez-vous prévu aujourd'hui. Rome : capitale de la mafia, un sous-titre évocateur pour se mettre en appétit. Un duo d'auteurs formé par un journaliste d'investigation à La Repubblica grand connaisseur des milieux politiques et un magistrat à la cour de Rome ayant déjà commis nombre de romans noirs, il n'en fallait pas plus pour me convaincre.

Et la balade fut mouvementée, à la hauteur de mes attentes. Je lis assez peu de romans noirs mais j'ai tout de suite plongé dans celui-ci qui développe une impressionnante galerie de personnages. Au coeur de l'intrigue, l'opposition entre deux hommes puissants : Samouraï, l'un des mafieux les plus puissants et les plus mystérieux de la région romaine et le lieutenant-colonel Marco Malatesta. Dans sa jeunesse, pendant un laps de temps très court, Malatesta fut le disciple de Samouraï au sein de groupes d'inspiration néo-fascistes avant de se rebeller et d'entrer dans la police. Un passé commun qui n'est pas sans influence sur la relation ambigüe entre les deux hommes désormais face à face.

"Nous et eux. Nous et eux. Dans quelle mesure toute cette saloperie dépendait-elle de notre faiblesse ? de notre désir de ressembler à ceux que nous disons vouloir combattre et qu'en réalité nous admirons ? Et qu'est-ce que nous admirons en eux ? La liberté ? L'absence de préjugés ? La vie de merde qu'ils mènent ? Voilà une dynamique qu'il connaissait bien. Au fond, tant qu'il n'avait pas décidé de s'en retirer, ça avait été son histoire."

A Rome, Samouraï a de grands projets. Transformer le littoral en un gigantesque Atlantic City, promesse de gains mirifiques et de règne incontesté. Il lui faut simplement parvenir à faire tenir tranquilles les différentes familles qui s'affrontent régulièrement pour quelques arpents de territoire. Pour le reste, tout semble sous contrôle. Députés corrompus pour pousser le projet et obtenir les permis de construire. Journalistes à la botte. Des ramifications jusqu'au sein du Vatican dont l'évêque Tempesta est la figure de proue, vitrine factice d'un volet social du projet destiné à amadouer les décideurs. Mais c'est sans compter sur le petit grain de sable qui ne manque jamais de dérégler une machine bien huilée. En l'occurrence, le petit service que le député Malgradi demande à la mauvaise personne lorsque l'une des prostituées avec lesquelles il occupe une suite d'hôtel décède d'une overdose...

Pas de code d'honneur ici, on plonge directement dans ce qu'il y a de plus pourri au royaume des hommes. On élimine, on piège, on asservit. le lecteur est transporté certes dans les rouages de la mafia qui recrute ses sbires parmi les mouvances fascistes et les nostalgiques du nazisme, mais également dans les coulisses politiques bien contaminées elles aussi par une infection difficile à éradiquer. Un contexte qui sonne terriblement vrai, montrant l'inertie des forces de l'ordre minées par la corruption et le manque de moyens de groupes altermondialistes tentant de lutter contre la pieuvre. Mais la réussite du livre tient vraiment à ses seconds rôles. Chaque personnage apporte sa touche à un tableau d'ensemble saisissant. de la prostituée en fuite qui se recase avec un producteur de cinéma au fils malheureux d'un entrepreneur réduit à servir ceux-là même qui ont poussé son père au suicide. de la passionaria rebelle prête à risquer sa vie pour défendre la cause du peuple à l'ébéniste talentueux, émigré iranien et résistant majestueux. Et j'en passe... Tous contribuent à la réalisation de cette fresque sanglante et dramatique qui nous offre un final à haute dose de testostérone.

L'impression de visiter Rome par les égouts en quelque sorte. D'ailleurs j'ai vraiment regretté de ne pas connaître la ville car les descriptions des quartiers sont si précises qu'on aimerait les matérialiser par des images. Disons que, le jour où j'y mettrai les pieds, je ne la verrai peut-être pas simplement à l'aune des cartes postales touristiques. Quant au quartier de Suburra ...

"Suburra, image éternelle d'une ville incurable. Demeure d'une plèbe violente et désespérée qui des siècles auparavant s'était faite bourgeoisie et qui occupait le centre géographique de la ville. Parce qu'elle en était et en restait le coeur."
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Bonini Calo et de Cataldo Giancarlo – "Suburra : Rome capitale de la mafia" – Métailié, 2016 (ISBN 978-2-7578-6469-2) – éd. originale en italien cop. 2013

Un roman policier tellement caricatural qu'il en perd tout intérêt : ce genre de texte est probablement écrit et conçu d'emblée pour devenir l'une de ces séries standardisées alimentant les heures de grande écoute des diverses télévisions.
Thèse centrale simplissime : "ils" sont tous pourris, ce "ils" englobant toute la classe politique, et plus largement toute la classe dirigeante, y compris bien sûr – nous sommes en Italie – L'Église catholique. Bof. Il n'est pas interdit de penser que même en Italie, il reste tout de même des gens honnêtes, et qu'il existe en revanche une caste de journalistes prenant plaisir à salir toute personne assumant une responsabilité quelconque.

Seul point intéressant en effet : comme par hasard, ce roman est écrit par deux auteurs, dont l'un serait "journaliste d'investigation" et l'autre magistrat.
En France, ce type de collusion (politiquement très orientée) a déjà une longue tradition depuis l'affaire de Bruay-en-Artois jusqu'à l'affaire d'Outreau, menant inéluctablement à des naufrages judiciaires catastrophiques (cf l'affaire Baudis) : les juges acceptent de servir une caste politique pour en discréditer une autre.
La gigantesque manipulation de l'opinion publique qui se déroule en ce moment même (février-avril 2017) à l'occasion des élections présidentielles (on a même vu des juges travailler en quarante-huit heures !) témoigne une fois de plus de la nocivité de cette collusion délibérée... qui assure de copieuses recettes aux journaleuses et journaleux ainsi qu'aux médias.
Beurk.
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J'avais lu avec grand intérêt Rome Brûle (Suburra2) (2016) . J'avais regretté de lire la série à l'envers, j'ai donc acheté Suburra (2013) pour combler cette lacune. Et m'apercevoir ensuite que la série est beaucoup plus longue avec eux autres romans : Romanzo criminale (2006) et Je suis le Libanais (2014). Ceci pour remettre de l'ordre au cas où les amateurs de romans policiers voudraient tout lire. Attention, ces livres sont des pavés et très violents! Je frôle l'overdose de règlements de comptes, vengeances, et coups tordus, je vais laisser reposer et je reprendrais ces ouvrages un peu plus tard.

Court prologue 1993, la suite se déroule à la fin de l'ère berlusconienne (2011), il y a même une scène somptueuse de la retransmission de la démission de Berlusconi (12 novembre 2011) traité de « mafieux » et de « bouffon » par la foule, dans une réunion mondaine de politiciens….mais le Premier Ministre n'est pas en cause dans ce roman. En revanche, la corruption dans Rome est le sujet de l'intrigue. Corruption, cocaine, prostitution et affairisme sont les ressorts de l'action qui mêle allègrement la pègre et le personnel politique, ainsi que certains fonctionnaires et même dignitaires ecclésiastiques.


Plusieurs familles se partagent les affaires, « ceux de la Romanina » les Gitans, « Ceux d'Ostie », des Calabrais, des Napolitains, et même une filière géorgienne. Nous assistons le long des 515 pages à la guerre des clans pour les territoires, le trafic de la cocaïne, et simplement pour les luttes de pouvoir. le Samouraï, la personnalité la plus marquante, un bandit très classieux règne. Il faudra donc assister à de fastidieuses et interminables exécutions. Tout aussi répétitives, les préparations des innombrables rails de cocaïne et descriptions des effets de la-dite substance. Vulgarité du sexe tarifé…. J'ai trouvé des longueurs.

Ce bémol – violence et sexe sont des composantes obligées de la littérature du genre – ne retire rien à l'intérêt de l'analyse du fonctionnement des mafias. L'un des auteurs est journaliste, l'autre magistrat, leur récit est donc tout à fait crédible (malheureusement). le contexte politique est aussi essentiel. Evidemment la promenade dans Rome est plaisante. J'avais été très scotchée par cet aspect dans Rome brûle – presque un témoignage. le thème principal : la spéculation immobilière est aussi très intéressant.

J'avais été un peu perdue dans la foule des personnages de Rome Brûle, ils sont aussi nombreux dans Suburra, heureusement certains se retrouvent dans les deux romans. la psychologie des personnages est très fouillée : certains ne sont que des voyous primaires et brutaux mais d'autres ont des personnalités plus complexes et plus consistants. le samouraï est particulièrement intéressant, alors que dans l'opus suivant, incarcéré, il tire les ficelles sans vraiment apparaître.

Une série passionnante (mais à consommer avec modération).
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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