Maigret se leva comme si cela lui demandait un effort, choisit une pipe qu'il visa et se mit en devoir de bourrer, se dirigea enfin vers une fenêtre devant laquelle il resta debout, cherchant des yeux certain café-restaurant du quai des Grands Augustins. La façade était peinte en jaune. Il y avait deux marches à descendre et, à l'intérieur, il devait faire presque aussi frais que dans une cave; Le comptoir était encore un vrai comptoir d'étain à l'ancienne mode, avec une ardoise au mur, le menu écrit à la craie, et l'air sentait toujours le calvados.
On était le 4 août. Les fenêtres avaient beau être ouvertes, on n’en était pas rafraîchi car elles faisaient pénétrer un air chaud qui semblait émaner du bitume amolli, des pierres brûlantes, de la Seine elle-même qu’on s’attendait à voir fumer comme de l’eau sur un poêle.
Il ne devait être resté que le quart des Parisiens à Paris et tous devaient penser avec la même nostalgie aux autres qui avaient la chance, à la même heure, de se tremper dans les petites vagues ou de pêcher, à l’ombre, dans quelque rivière paisible.
"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon.
Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.