La critique de Christian Tarente. - Politique Magazine, septembre 2011.
Aliénor, ce diable de femme. Vie passionnante que celle d'Aliénor d'Aquitaine, passionnante à vivre sans doute, passionnante à lire sous la plume de
Philippe Delorme certainement. Élevée à la Cour de Poitiers, une des plus brillantes d'Occident, elle voit, à 15 ans, son mariage avec le futur Louis VII organisé par l'abbé Suger, conseiller avisé de Louis VI. Reine de France, Aliénor, de fort tempérament, se plaint de ce mari trop monacal. Elle le suit quand il part secourir les Chrétiens de Syrie, mais l'échec de la croisade précipite l'échec conjugal. le mariage qui, en quinze ans n'a donné que deux filles, est annulé.
Redevenue duchesse d'Aquitaine, Aliénor épouse en 1152 Henri Plantagenet, héritier du trône anglais. Deux ans après, la voilà reine d'Angleterre. Elle donnera huit enfants à Henri II, dont deux rois, Richard Coeur de Lion et Jean sans Terre. Quand ceux-ci se rapprocheront du roi de France, Alénor les soutiendra. Arrêtée, emmenée à Salisbury, elle passera quinze ans en résidence surveillée.
En 1189, Henri meurt : Aliénor, veuve, a encore quinze ans à vivre, qui seront bien remplis. Aussitôt roi, Richard Coeur de Lion la libère, et part en croisade : elle assure brillamment la régence. Pour marier son fils, elle parcourt mille et mille lieues et décroche la main de Bérengère de Navarre qu'elle emmène en Sicile rejoindre Richard pour l'épouser... à Chypre! Et au retour, quand Richard est capturé par Léopold d'Autriche, Aliénor réunit la rançon et le fait libérer.
le sort tourne en 1199 : Richard tué d'un coup d'arbalète, son frère Jean sans Terre se révèle incapable de tenir tête à Philippe-Auguste, qui fait prononcer la "commise" de ses fiefs, conquérant ainsi la Normandie et l'Aquitaine. A Fontevraud, entourée d'une cour de lettrés et de troubadours, Aliénor assiste à l'écroulement de ses rêves : l'heure est capétienne. le 1er avril 1204, à quatre-vingts ans, elle meurt à Fontevraud où elle repose toujours.
Des chroniqueurs anglais et même Michelet l'ont accusé d'adultère avec son oncle Raymond lors de la croisade avec Louis VII, et du meurtre de Rosamonde, la favorite d'Henri II...
Philippe Delorme fait justice de ces ragots.